Editoriaux

L'homme a son avenir entre les mains,
il y pense, il s'interroge et s'organise...

 

Liste des éditos

Notre chaine You tube, associée à ce site,
présente les vidéos de nos adhérents et de nos interlocuteurs

« Ne connaitre, ne vouloir connaitre qu’une seule culture, la sienne,
c’est se condamner à vivre sous un éteignoir.»
Paul Veyne, Palmyre, l’irremplaçable trésor / Albin Michel

 

89 éditos sont déjà entrés en scène, les lire après la liste...
 

 

 

********* 2 en 2022

 

********* 5 en 2021

********* 16 en 2019

********* 13 en 2018

 

 

*********** 9 en 2017

 

************ 15 en 2016

  • 12 novembre : De l’indécision à l’action, les pas deviennent de plus en plus difficiles !
  • 13 septembre : Canicule ! Chaud devant…
  • 10 septembre : Difficile d’échapper à la rentrée !
  • 18 juillet : Argumentation & éducation scientifique
  • 20 juin : Argumentation & citoyenneté
  • 3 juin "Catastrophe "naturelle" ?"
  • 10 avril "Transition, transitions…Tous ensemble, soyons les jardiniers de l’avenir !"
  • 27 mars " Croire ? Savoir ? ou croire savoir ? Du doute à la tolérance…"
  • 8 mars "Questions au gouvernement, à l’Assemblée nationale"
  • 2 mars  "Total l’a rêvé, la loi le ferait ?" 
  • 19 février "Le temps est venu de changer…"
  • 25 février "Esperanza21 sème une première "Graine d'espoir" 
  • 22 Février "Nos amis les microorganismes, grands oubliés de la biodiversité !"
  • 29 janvier "Conférence-débat à Montmélian (Savoie)"
  • 13 janvier "Sur les épaules de Darwin : La sculpture du vivant"

 

************ 13 en 2015

  • 16 décembre  "Un accord à Paris 2015 ?  Oui, mais comment ?"
  • 13 décembre  "Un consensus vers des développements responsables ?"
  • 5 décembre "Eduquer, est-ce politique ?"
  • 1er décembre" Second jour de la COP 21" 
  • 4 décembre "La faute au changement climatique ?"
  • 29 novembre  "Nous marchons pour l’avenir… et pour notre santé"
  • 21 novembre "Esperanza21 va vers ses 6 mois !"
  • 16 novembre "Esperanza21 est en deuil !"
  • 12 novembre "Pourquoi le message de l'urgence climatique a tant de mal à passer ?"
  • 8 novembre  "La COP21, négociation politique, sera-t-elle scientifique ?"
  • 1er novembre "Le livre blanc de la jeunesse" Les enfants ont la parole 
  • 10 novembre "Esperanza21 est-elle vieille comme le monde ?"
  • 28 octobre "Bonjour, heureux de vous rencontrer !"

 

Les éditos...
 

 

30 octobre 2023

Rien à gratter… des biodiversités ! (édito 90)

Rien d'autre que quelques sous populaires…

Lundi 23 octobre, sur France Info,  Mme la Secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité auprès du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, fait la promotion d’un nouveau jeu à gratter ‘’Mission Nature’ organisé avec la Française des jeux (FDJ)…

Hallucinant ! Déficient ! 100% market…
 

Alors que le vivant est de plus en plus financiarisé, même lorsqu’il reste encore un peu ‘’naturel’’, ce ‘’grattage’’ révèle comment ce gouvernement pollue les enjeux essentiels de la vie. Non qu’il n’en connaisse pas les dimensions, mais parce que son logiciel ‘’néolibéral’’ ne sait jouer que le fric d’abord. Avec un vernis de communication, en même temps !

Le CV de Madame la Ministre indique : « Elle a travaillé dans divers cabinets de levée de fonds pour ensuite intégrer le Groupe Up en qualité de déléguée régionale jusqu’en 2017 »... avant d'embrasser la sphère politique…

 

Comment jouer à Mission Nature ?

  • Jeu 1 : Grattez le lac de gauche. Si vous retrouvez plus de symboles [ARBRE] que de symboles [BOUTEILLE], vous remportez le montant de la case GAIN. 
  • Jeu 2 : Grattez le lac de droite. Si vous découvrez 3 fois le même montant, vous le remportez. 
  • Bonus : Grattez le papillon pour multiplier le total de vos gains éventuels. 

Sur chaque prise de jeu, 0,43€ sera reversé par l'Etat à des projets locaux sélectionnés par l'OFB

                     En effet, pourquoi ne pas gratter ?

Rien de plus simpliste…

 

Consultons ensemble la liste des projets

Chacun précise les «Enjeux pour l’écosystème», sur son territoire.

 

Mais, combien de gratteurs auront l’élan de curiosité pour consulter cette liste ?
Et chacune des fiches descriptives ?

 

Il serait intéressant de savoir comment le Secrétariat d’Etat et l’OFB ont organisé la concertation en vue du choix des projets. Qui a participé ?

Mme El Haïry souligne leur souci de représenter l’ensemble du pays. Démocratie oblige !

 

Voyons la définition de ‘’la’’ biodiversité selon l’Office français de la Biodiversité (OFB) :
La biodiversité dans notre quotidien

Elle produit notre oxygène avec les végétaux terrestres mais aussi les micro-algues qui purifient parfois même l'air en captant certains polluants.
Elle fournit des matières premières : le bois pour bâtir, s’abriter, se chauffer ; les fibres, coton et laine, pour nous vêtir sont des produits de la biodiversité, tout comme le pétrole dérivé du plancton, le charbon issu d’anciennes forêts.
Elle est la base de notre alimentation, un trésor de ressources alimentaires avec des végétaux, de la viande, les produits de la mer... La richesse des récoltes dépend des insectes pollinisateurs mais aussi des champignons, vers de terre et autres invertébrés qui rendent la terre fertile.
Elle amortit les chocs. Les forêts préviennent l’érosion et les glissements de terrain. Les plantes côtières maintiennent les dunes et le trait de côte. Les zones humides régulent les inondations.
Elle assure une eau de qualité. Les différents micro-organismes et champignons qui vivent dans les milieux humides contribuent à épurer l’eau en dégradant les pollutions organiques et en piégeant les métaux lourds.
Elle régule le climat. Les formes de vie dans l’océan, le sol et les forêts régulent le climat en fixant une partie du CO2 présent dans l’atmosphère. Les milieux naturels absorbent 60 % de nos émissions de gaz à effet de serre.
Elle est gage de bonne santé. La biodiversité est une véritable armoire à pharmacie. Plus de la moitié des principes actifs pharmacologiques ont été découverts chez les êtres vivants avant d’être synthétisés

Une vision bien lacunaire et utilitariste !!! Vision à courte vue de l’intérêt des humains.

Et pourtant, tellement plus réaliste que les projets ‘’financés’’ par ‘’Mission Nature’’ de la FDJ ! Seule une part minime de ses gains contribuera à leurs réalisations.
Non que ces projets ne méritent pas financement, mais ils donnent des biodiversités une image tellement déformée, indigente et publicitaire !

Quant au Ministère, voilà son analyse… sur le même registre !

La biodiversité à quoi ça sert ?

Vous respirez ? Vous mangez ? Vous buvez ? Vous vous habillez ? Et vous vous soignez ? Bref vous vivez. Et bien sans le savoir, vous respirez biodiversité, vous mangez biodiversité, vous vous habillez biodiversité et vous vous soignez biodiversité !

La biodiversité offre des biens irremplaçables et indispensables à notre quotidien. L’oxygène que nous respirons, notre nourriture et l’eau que nous consommons, les médicaments ou encore de nombreuses matières premières qui nous servent à nous loger ou nous vêtir (bois, fibres telles que laine, coton, chanvre…) : tout cela nous vient de la nature.

Lorsqu’ils sont en bonne santé, les milieux naturels et les espèces nous rendent aussi des services.

Autant d’objectifs à mettre en marche et financer réellement, au plus vite.
Qu’attend le gouvernement ? Il est urgent qu’il honore son devoir…

 

Qui expliquera l’abîme conceptuel avec les ‘’projets’’ retenus et mis en valeur par ‘’Mission Nature’’ ?

Evidemment, il est tellement plus facile de dire que seule l'école se doit de le faire…

Si un pédagogue avait été consulté il aurait très certainement plaidé pour la qualité de l’air, de l’eau, des sols, de tous les écosystèmes… Il aurait expliqué les multiples interdépendances et l’essentiel enjeu santé de l’ensemble du vivant… macro et microscopique, végétaux et animaux, y compris l’être humain. Partout…

Hélas pour un ‘’communicant’’, vers de terre, collemboles, abeilles, oiseaux, insectes, plancton, algues (etc.) ne feraient certainement pas assez rêver les gratteurs !!!
Et puis, les menaces qui pèsent sur elles et eux montreraient trop les désastres des pesticides, insecticides, pollutions… Toute cette chère et irremplaçable chimie pourvoyeuse de juteux bénéfices… et d'un PIB indispensable… 
Rien à gratter des biodiversités !

Quant à notre santé… confions-la, en toute sécurité, aux ‘’bonnes molécules’’ de nos médicaments !

 

Choquée et inquiète, Esperanza21 rappelle que la réflexion sur les biodiversités remet en débat l’idée, trop globale, de ‘’Nature’’
 

Elle invite à distinguer trois types de biodiversités :

> biodiversité écotique (nature fruit de l’évolution),
> biodiversité domestique (issue de la sélection opérée par agriculteurs et éleveurs),

> biodiversité de laboratoire (obtenue de manipulations génétiques).

Car chacune vit sa propre dynamique, requiert des attitudes et solutions spécifiques.

Par exemple, en ce qui concerne la biodiversité domestique, il aurait été bon de subventionner au moins un conservatoire de variétés végétales ou de races animales (fruitiers, pollinisateurs, légumes…).
 

Le site Esperanza21 , en particulier ses éditoriaux, offrent une base de réflexion sur les enjeux du vivant et de santé.

Retenons particulièrement cinq contributions majeures à propos des biodiversités :

Biodiversité, biodiversités... Tous vivants (28 mai 2018)

Biodiversités : des enjeux vitaux pour la santé ! (8 mars 2019)

Exigeons que la santé soit l'objectif politique majeur ! (22 avril 2020)

Les biodiversités en tête de gondole en 2021 (13 janvier 2021)

La biodiversité, c’est la santé ! (18 janvier 2021)
 

De quoi gratter nos neurones pour nous mobiliser réellement, en conscience !

Bonne lectures et, surtout, bonne santé.

 

 

30 août 2o23 :

Derniers espoirs ?

« Tout a une fin » dit-on !
Mais, avec fins heureuses… ou fins désespérées ?

Comme son nom l’indique, Esperanza21 est optimiste.
Ce qui ne l’a pas empêchée de porter une acuité critique sur les événements et les paroles, de nos gouvernants en particulier, ces dernières années.

Incontestablement, les idées ont évolué depuis 2015, alors que se préparait la COP 21, écocentrée sur le climat et ses perturbations provoquées par les activités humaines. Principalement l’augmentation de températures dues aux gaz à effets de serre, dont le CO2.
Augmentation qui s’accompagne d’événements extrêmes avec leurs lots de destructions.

C’était ignorer un autre danger, plus important encore : l’effondrement des biodiversités !
Esperanza21 utilise le pluriel car il est indispensable de distinguer leurs trois domaines ou dimensions : ‘’naturelle’’ pour désigner les dynamiques de l’évolution, domestiques’’ façonnées par l’Homme, ‘’ de laboratoire’’ (OGM) pour lesquels des technicien-es œuvrent à une échelle plus inquiétante, et trop souvent, non transparente…
Chacun de ces champs a sa propre dynamique et requiert donc des actions et réactions spécifiques.

C’était ignorer que chaque argument concernant les changements climatiques se traduit, de fait, par des enjeux de biodiversités. C’est la dimension essentielle.
Flagrante dès lors que sont atteintes des températures insupportables pour les humains…

C’était ignorer que les pertes subies par les biodiversités aggravent les changements climatiques.

Dix ans plus tard, il est rare qu'une personne informée ne lie pas les deux enjeux : climat et biodiversités. Esperanza21 s’en réjouit, mais ce n’est pas suffisant.
Actuellement, les actions pour rendre notre Terre plus vivable, plus conviviale, sont insuffisantes ! Loin de là…
Malgré quelques bonnes paroles, parfois trompeuses à bon ou mauvais escient, les situations se détériorent encore et encore.

Les mutations politiques ne sont pas à l’ordre du jour. Car il s’agit là, fondamentalement, de problématiques politiques, au sens de rapports de forces en sociétés.
Celles et ceux qui ont acquis privilèges et pouvoirs dans les organisations actuelles ne sont pas prêt-es à les abandonner ! Certain-es l’affirment même, sans la moindre honte : « America first » !

L’égocentrisme et l’anthropocentrisme, à tous niveaux, ne peuvent qu’altérer les écosystèmes et donc engendrer ou augmenter des catastrophes.
L’ensemble du vivant fait système, et tous les systèmes contribuent positivement ou négativement à la santé du vivant. Donc à l’habitabilité de la Terre.

Esperanza21 l’a formalisé dans un appel pour que la Santé soit au cœur, le cœur de tout projet humain.

Elle parle ici de la santé commune à tous les êtres vivants . Celle qui a été conceptualisée dans le cadre de l'OMS.

Le dicton populaire dit : « quand la santé va, tout va » ! 
Esperanza21 vous souhaite donc « Bonne santé »
Une bonne santé globale pour l'humanité et le Vivant dans sa totalité.

Pour l’heure, l’objet dominant est incontestablement le fric ! L’individualisme sur-consommateur. Le pouvoir et la force des finances ! Cela se traduit, dans sa version extrême par des organisations mafieuses… et leurs violences, jusqu’aux guerres écocides.

Dans ce contexte, les organisations démocratiques sont, à défaut d’être pleinement mobilisées, bien trop faibles… Il ne s’agit pas seulement des protocoles de désignation de ‘’représentants’’ plus ou moins bien élu-es.
Sont en jeu les personnes, les citoyen-nes, leur éducation et leur information comme processus d’émancipation individuelle et d’organisation collective.
Là encore, la diversité doit être actée, ce qui impose à nouveau le pluriel : éducations et informations constituent la diversité des cultures.

 

Derniers espoirs ?
Assurément. Esperanza21 qui, à l’aube de ses dix ans, va bientôt tirer sa révérence.
Elle aura milité activement pendant 5 ans. Bloquée en plein essor encore, par les confinements de l’année 2020 !

L’épidémie Covid 19, une histoire de biodiversités quelque soit sa véritable genèse, aurait dû être une opportunité.
La menace était suffisamment grave pour que de nouveaux modes d’organisations soient discutés et adoptés. Changer de paradigme et prendre enfin au sérieux les enjeux écologiques pour organiser, démocratiquement, des développements plus sains.

Une fois encore, les voix des puissants auront imposé leur inaction d’abord : ne même pas se préoccuper de la disponibilité de masques et ne les rendre obligatoires dans tous les espaces publics seulement plusieurs mois après l’alerte de novembre 2019 !
Laisser croire, ensuite, qu’un toit familial pouvait être une parade à la contamination… Bloquer l’économie enfin et procéder à de gigantesques transferts d’argent du public vers le privé !
Fort heureusement, la découverte de vaccins aura permis, non sans problèmes, de freiner la pandémie. Mais, son histoire n’est pas terminée…

Il ne revient pas à Esperanza21 de dresser un bilan économique de ces choix politiques. Pour autant, elle observe que les inégalités ont encore augmenté, scandaleusement et partout !
Les inégalités, inhumaines, ne sont pas de la diversité. A un certain niveau, elles sont le terreau de violences et de menaces pour les plus vulnérable. Au rebours de la santé pacifiante, les injustices font violence !

Et cette violence sociale, inacceptable, risque fort de provoquer des réactions… encore plus violentes !

Derniers espoirs ?
Ils ne manqueront pas. Chaque jour, ils sont exprimés par de nombreuses associations.

C’est le cas de ‘’La troisième voie du vivant’’ récemment plaidée par Olivier Hamant, aux éditions Jacob 2022. Fort de l’observation des process du vivant au niveau moléculaire, ce chercheur propose des stratégies de robustesse, adaptables et transformables, des chemins de viabilité, à la place des objectifs d’optimisation à court terme chers aux technosciences et au capitalisme. Une théorie qui incorpore la sobriété.

Mais, quels espoirs lorsque des appareils d’Etat mobilisent, détournent et pervertissent, les forces républicaines contre l’expression de vies meilleures ?
Quand les voix du mieux vivre en société se heurtent aux cupidités des dominants, reste-t-il des espoirs de partages et de convivialité ?

Des espoirs de paix et de santé ?

Quels espoirs lorsque la faim progresse  ? Que qualité et durée de vie régressent ?
Qu’air, eaux, sols, océan sont pollués chaque jour plus ? Que des fortunes monstrueuses affichent leurs arrogances comme modèle ? Qu’informations et éducations sont trustées par les plus riches ?

Quels espoirs lorsqu’il est possible de polluer sciemment même si des ‘’compensations’’ peuvent être demandées ? Des champs d’arbres en place de forêts, voilà bien le mirage de la surexploitation !!! Et l’on s’étonnera que ces systèmes monoclonaux puissent être dévastés en un clin d’œil par des pathogènes ? Ou bien périr facilement dans le feu ? Qui est ‘’Ecoterroriste’’ ?

Quels espoirs lorsque l’on donne à penser que ‘’la santé’’ ne serait qu’une question de soins ? de réparation ! de thérapeutique ! de médicaments… de capitalisations quoi ! (sacrosaint PIB)…

Quels espoirs lorsque les processus et organisations démocratiques sont dépecées par les pouvoirs en place ? Pouvoirs politiques et médiatiques associés…

Avant de partir, Esperanza21 vous invite à garder espoirs car ils font notre vie.
Notre vie personnelle et en société.

Exigeons que la santé soit l'objectif politique majeur !
Esperanza21 le 22 avril 2020

La Santé est précieuse nous le savons Toutes et Tous.
Elle est centrale, le socle de nos vies, de nos espoirs, de nos projets et défis,
de nos réussites et de notre persévérance, de notre créativité et de nos innovations...
Tout cela à titre individuel et, au moins aussi important, à titre collectif.
 

Esperanza21 propose 7 exigences citoyennes
qui peuvent guider la co-construction d’un autre monde après les crises actuelles.

Déclinées en objectifs opérationnels, que de nombreuses associations ont déjà formalisés,
elles ouvrent des droits et des devoirs qui s’appliquent donc à toute institution et à toute personne.

La santé, l’objectif politique majeur

Alimentation saine et suffisante
ODD 1, 2, 3 et 12

 

Air, eau, sols et écosystèmes non pollués
ODD 6, 12, 13, 14, 15

 

Processus économique et de production responsables
ODD 1, 7, 8, 9 11, 12 et 13

Paix et démocratie, égalité et dignité
ODD 3, 4, 5, 8, 9, 10, 11, 13, 16 et 17

 

Revenus, logements décents et équitables
ODD 7, 8, 9, 11, 12 et 13

 

Education, information, formation et expressions culturelles accessibles
ODD 2, 3, 4, 5,16 et 17

 

Accès aux activités physiques et aux soins thérapeutiques
ODD 1, 3, 6, 12, 16 et 17

La Santé est un objectif impératif de développement individuel et collectif.
Il ne s'agit pas que de la santé des citoyen-nes,
mais bien de la santé de tout le vivant, macroscopique et microscopique.

Car la santé du Vivant est la première garante de la santé humaine.

 

 

Le 30 mars 2022

Combien de Goliath(s) et combien de David(s) ?

Esperanza21 se permet de vous recommander le film GOLIATH.

Elle aimerait tant que vous aussi lui communiquiez les films, livres, évènements, etc. que vous souhaitez partager

 

GOLIATH, Film très actuel… où toute ressemblance avec des faits réels ne serait pas surprenante ! Tout en l'étant quand même… enfin, pas tout à fait… C'est la force de ce film !

Le spectateur arrive plus ou moins sensibilisé à la question des pollutions en général et à l'emploi de ‘’phytosanitaires’’ dits ‘’indispensables’’ pour la production de céréales, légumes et fruits, en quantité. Et comme la population humaine ne cesse d'augmenter !... 
A la fin du film, il repartira avec des éléments majeurs pour s'interroger, argumenter sa propre pensée... Et faire comme s'il ne savait pas ?

Nous ne verrons quasiment pas de cultivateurs et maraîchers dans leurs champs. En revanche, nous suivrons les acteurs de production et vente de ces « phytosanitaires », un joli mot à l'instar de leurs beaux salons et bureaux.

De plus en plus de cultivateurs prennent douloureusement conscience que l'usage de tous ces produits chimiques, pourrait être la cause de la dégradation de leur santé, et celle de leurs proches...
Le film fait de nous les témoins des prouesses des producteurs et des vendeurs de pesticides qu'ils n'hésitent pas à déclarer « nécessaires, et plus inoffensifs que des bonbons pour enfants » !!!

Consommateurs des aliments « bénéficiant » de ces traitements honteusement qualifiés de ‘’sanitaires’’ ou qu'ils en soient les producteurs, tous connaissent dans leurs environnements respectifs des victimes, malades ou décédées.
Le rapport funeste avec l'usage de ces produits s'avère de plus en plus évident. Mais, les vendeurs, quant à eux, sont prêts à tous les mensonges et falsifications de preuves pour ‘’démontrer l'innocuité des traitements’’ dont ils louangent les bons services rendus.

Entre en scène, un avocat, qui nous est présenté comme en baisse de notoriété, et en difficulté financière. Donc vulnérable. Il réagit à la détresse d'une jeune femme, qui vient de perdre sa compagne. Très affectée par ce décès, elle veut faire un procès à la marque qui vend les pesticides dont elle est convaincue qu'ils sont la cause de la mort de celle qu'elle aimait. Elle se battra jusqu'à la fin de sa vie.

L'avocat quant à lui, malgré de graves menaces, ne cessera courageusement de chercher les preuves de ses convictions. Et en fera un brillant usage.

 

Au 21ème siècle, Goliath n'est plus tout seul, les lobbies se comptent par dizaines ou milliers… Mais, les David par millions, voire milliards…

Déjà des actions en justice ont condamné les Goliaths du Roundup ‎et de l'agent orange‎...

Esperanza21 ne peut rien toute seule, il en est de même pour chacun.e d'entre nous.

Mais, l'Homme a son avenir entre les mains, et il y pense...
Saura-t-il se responsabiliser et s'organiser ?

 

Goliath : un film à dimension politique et sociale
(16 mars 2022) https://www.bewaremag.com/goliath-film/

À travers un thriller haletant qui ne cesse de faire monter la tension, le metteur en scène nous emmène dans les coulisses du monde du lobbying agro-alimentaire. 

Trois protagonistes, trois histoires, trois chemins qui vont finir par se croiser.

Après le suicide d’une jeune agricultrice désespérée sur la place publique, les destins de trois personnages totalement distincts les uns des autres vont être amenés à se rencontrer. La première, France (interprétée par Emmanuelle Bercot), est professeure de sport et activiste. Pierre Niney joue quant à lui le rôle de Mathias, un lobbyiste froid et saillant au caractère presque « reptilien » pour reprendre les mots de Gilles Lellouche. Enfin, Patrick, un avocat engagé prêt à tout pour défendre ses convictions, est incarné par Gilles Lellouche.

Un réalisateur passionné par le cinéma de réflexion
Très influencé par le cinéma engagé, Frédéric Tellier a toujours aimé se plonger dans les films de Costa-Gavras, un réalisateur qui glisse souvent dans ses films des questionnements sur le pouvoir. Le metteur en scène de Goliath est aussi très inspiré par de nombreux autres réalisateurs du même genre tels que John Boorman, Yves Boisset ou encore Alan J. Pakula. Cette influence d’un cinéma qui s’intéresse au fonctionnement des sociétés avec une dimension presque sociologique se ressent dans les films de Frédéric Tellier. 

Une fiction inspirée de faits réels
Le film relate l’histoire d’un scandale phytosanitaire : celui de la Tétrazine, un produit chimique fictif présent dans les pesticides et causant maladies mortelles et déformations à la naissance. Ce récit peut faire penser au scandale du glyphosate. Substance chimique très controversée et classée « cancérogène probable » pour l’Homme par l’OMS en 2015, le glyphosate est pourtant autorisé par l’Union européenne jusqu’en décembre 2022 où la dispense de son usage expirera. Ce lien avec le glyphosate n’est pas un hasard, Frédéric Tellier s’en étant inspiré pour la réalisation de son film.

 Une véritable enquête 
Goliath, c’est le résultat d’un long travail d’enquête. Sphère assez impénétrable de la société, Frédéric Tellier a fait, pendant cinq années, de multiples recherches sur le monde du lobbying. « Je me suis lancé alors dans une enquête qui a duré plus ou moins cinq ans car le milieu est très opaque. Peu de livres parlent du milieu des lobbies et très peu de lobbyistes de l’agrochimie, d’hommes politiques soi-disant engagés ou de journalistes spécialisés acceptent de raconter, de témoigner », raconte le réalisateur. Frédéric Tellier  (suite ?...)arrivera finalement à rencontrer des lobbyistes repentis ce qui donnera à son film une certaine justesse dans l’imagination du monde du lobby et du rôle de Mathias. En revanche, même si Frédéric Tellier a cherché à comprendre tous les points de vue, son film n’en reste pas moins engagé.

La dénonciation d’une société axée vers l’argent
« Moi, ce qui me tue, c’est comment des hommes dits civilisés peuvent, au nom du profit, provoquer autant de tragédies en mentant éhontément. Je ne me sens porte-étendard de rien mais je crois, pour l’avoir vécu, qu’un film peut bouleverser une vie. Et c’est ce qui m’a animé pour faire de Goliath un film de combat », confie le réalisateur au magazine Première. Dans son film, Frédéric Tellier brosse en effet le portrait d’un lobbyiste dépourvu de toute conscience et prêt à défendre n’importe quel produit, pourvu que cela lui rapporte de l’argent. A travers ce film et ce personnage, le réalisateur espère dénoncer les rouages d’une société tournée vers le profit en alarmant son public. Goliath, c’est aussi un film engagé.

Lire aussi : Goliath : va-t-on trouver la fronde ?
https://blogs.mediapart.fr/ruffin-francois/blog/170322/goliath-va-t-trou...

 

Le 19 mai 2021

La santé : priorité n°1 des citoyens
Et pour les candidats et les médias ?

Le 20 février, le JDD a publié un sondage IFOP plaçant la santé comme le premier enjeu « déterminant au moment du vote » lors de l’élection présidentielle pour 74% des électeurs. Pourtant, à moins de deux mois du premier tour, nos organisations s’inquiètent du peu de place qui est consacré à ce sujet dans les débats.

Note : Exceptionnellement, Esperanza21 emprunte ce communiqué de Presse,
publiée par le Club-Mediapart, car il rejoint notre appel :
 Exigeons que la santé soit l'objectif politique majeur !
édité le 22 avril 2020

Notre texte distingue, avec conviction, les mesures et actions qui relèvent d’une politique de santé, de celles qui concernent les soins, la thérapeutique. Une distinction qui a été argumentée
 le 1er juillet 2019, dans l’édito : Quelques obstacles à toute politique de santé ?
http://esperanza21.org/sites/default/files/Edito58_sante-obstacles%20%28...

 

Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) et ONG Santé Diabète

Abonné·es du Club-Mediapart Communiqué de presse — Lundi 21 février 2022
https://blogs.mediapart.fr/edition/transparence-dans-les-politiques-du-m...

Nos organisations appellent les candidats et les médias à être à la hauteur des demandes des citoyens et des enjeux en matière de santé et de politiques publiques, notamment en matière de lutte contre les conflits d’intérêts, de politiques du médicament et de politiques en liens avec l’alimentation et la santé.

Toutes ces questions en amènent d’autres : quelle place souhaite-t-on donner à la santé dans notre société ? Comment sauver notre système de santé et garantir l’accès de tous à des soins de qualité ? Comment promouvoir cette vision de santé à l’internationale ? C’est la préoccupation première des citoyens, avant même celle du pouvoir d’achat, et c’est pourtant une question majoritairement absente des débats à l’élection présidentielle.

Reprendre la main sur les politiques publiques

Jamais, l’urgence de mettre la santé au cœur des politiques n’aura été aussi forte qu’après ces deux années de pandémie de COVID-19, qui a révélé au grand public les inégalités en santé, mondiales et nationales, ainsi que les dysfonctionnements structurels qui affectent en France l’hôpital public, la recherche, la production et l’approvisionnement en médicaments, vaccins et produits de santé. Chaque citoyen a fait l’expérience des conséquences immédiates des défaillances du système de santé sur son quotidien immédiat et sur l’économie du pays. Les récentes informations révélées dans le livre Les infiltrés (Matthieu Aron, Caroline Michel-Aguirre, Éditions Allary, février 2022) montrent par ailleurs l’emprise des cabinets de conseil sur les politiques publiques en santé menées en France, notamment pendant la crise. Les nombreux contrats signés avec des cabinets privés posent la question des conflits d’intérêt avec le secteur privé, et de l’affaiblissement structurel des administrations en charge de mener les politiques publiques en santé, alors que dans le même temps des moyens essentiels au bon fonctionnement de l’hôpital public sont régulièrement ponctionnés.

Reprendre la main sur les politiques du médicament

Par ailleurs, la lutte contre le diabète offre de nombreux exemples des enjeux autour de l’importance de mener des politiques de santé cohérentes : les enjeux autour de l’accès à l’insuline et de son prix à travers le monde imposent de mettre en place la transparence sur toute la chaine du médicament et de repenser le système de fixation du prix des produits de santé, comme le recommandait dans son avis n°135, le Conseil consultatif national d’éthique (CCNE) sur l’accès aux innovations thérapeutiques. L’accès aux vaccins contre le COVID-19, la prise en charge de nouveaux médicaments ou dispositifs médicaux sont autant d’exemples qui invitent à repenser largement ces politiques et envisager la mise en place de pôles publics du médicament.

Aborder l’alimentation également sous le prisme de la santé

Les liens entre alimentation de mauvaise qualité, le développement des Maladies Non Transmissibles comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires, qui raccourcissent l’espérance de vie, sont désormais bien établis. De nombreuses études montrent aujourd’hui ces liens entre santé et alimentation. Une modélisation par des chercheur-ses parue le 8 février dans Plos montre par exemple qu'une alimentation « riche en légumineuses, céréales complètes, fruits à coque, et fruits et légumes, et pauvre en viande, pouvait faire gagner plus de dix ans d’espérance de vie à un individu nord-américain aujourd’hui âgé d’une vingtaine d’années (10,7 ans pour une femme, 13 ans pour un homme) par rapport à un régime alimentaire occidental moyen, où la consommation de féculents, produits laitiers et viande est plus importante. ».

Par ailleurs, on estime qu’en moyenne chaque Français absorbe 35 kilos de sucre par an. Les aliments plus sucrés ou plus salés ont souvent pour objectif de faire oublier la qualité médiocre du produit, et leur consommation conduit souvent à des comportements addictifs et des consommations absurdes. Dans les départements d’outre-mer (DOM), les aliments vendus sont plus sucrés qu’ailleurs. On estime que le coût de la prise en charge des maladies liées à la mauvaise alimentation s’élève à 50 milliards d’euros par an, sans compter les complications pour les personnes qui auraient pu être évitées. Les débats sur la qualité de vie, le pouvoir d’achat, l’espérance de vie en bonne santé doivent impérativement prendre en compte ces considérations. Pourtant, de façon peu compréhensible, les débats sur l’alimentation qui ponctuent la campagne depuis deux mois ne tiennent pas compte de cette réalité.

Renforcer l’approche nationale et le leadership en santé mondiale

La santé mondiale est en pleine mutation sous l’effet du changement climatique, de la mondialisation des échanges et des connaissances, des transitions démographiques, économiques et épidémiologiques, de l’explosion des maladies non transmissibles et de nouveaux enjeux de nutrition, et des épidémies nouvelles comme le COVID-19. Face à tous ces défis, la réponse mondiale doit s’adapter et la France réaffirmer un leadership réel depuis trop longtemps abandonné.

Les Nations Unies soutiennent un nouvel Agenda du développement 2030 et de nouveaux Objectifs de développement durable (ODD). L’OMS milite pour la mise en place de la Couverture Santé Universelle (CSU). Suite à l’Accord de Paris pour le climat, les enjeux d’adaptation face au réchauffement climatique sont désormais mieux reconnus et justifient de penser la santé de façon intégrée, associant les enjeux de santé humaine et de santé animale (One health), ou de santé environnementale (pollution de l’air, villes «vertes»…). Tous les acteurs, États du Nord et du Sud, doivent réviser leurs approches et travailler mieux ensemble, de façon plus intégrée alliant les capacités des États et de la société civile mondiale. La France doit réinvestir massivement la santé mondiale pour redevenir le pilier qu’elle a été historiquement. Pour faire face aux nouveaux enjeux sanitaires et réaffirmer un leadership réel dans le domaine de la santé mondiale, la France doit se doter d’une stratégie qui soit réellement innovante et ambitieuse, et mobiliser des ressources à la hauteur des enjeux.

Nous appelons les candidats, mais aussi les médias, à répondre aux attentes des citoyens et à faire enfin de la santé une priorité de cette campagne.

 

Le 19 mai 2021

Horizon TERRE : SANTE, pour une recherche responsable et engagée

« Horizon TERRE est une initiative des associations Sciences Citoyennes, Ingénieurs Sans Frontières et Atelier d'Écologie Politique qui a rassemblé une quarantaine de chercheur.es en sciences expérimentales ou sciences humaines, expert.es associatifs et étudiant.es engagé.es. Elles ont imaginé ensemble un programme de recherche alternatif à la stratégie de recherche européenne, laquelle ne semble pas en mesure de répondre aux principaux défis sociétaux contemporains.

La finalité de ce projet est de faire adopter d’autres choix scientifiques par les institutions orientant la recherche et l'innovation aux échelles régionale, française et européenne, ainsi que d’offrir à la société civile et aux futur.es chercheur.es de l’inspiration et des propositions concrètes de recherche
 

Horizon TERRE a rédigé des propositions dans les domaines de la SANTÉ, de l’AGRICULTURE et de l’ÉNERGIE-MOBILITÉ-HABITAT ; ainsi que des propositions transversales dans les domaines AGRICULTURE et SANTÉAGRICULTURE et ÉNERGIE-HABITAT-MOBILITÉ et SANTE et ÉNERGIE - MOBILITÉ -  HABITAT
Enfin, des propositions pour quatre autres sujets primordiaux : 
Épuisement des ressources naturelles, Usages du numériqueÉconomie de la transition écologique et transition de l’économieDémocratie dans la recherche et démocratie des transitions.

Horizon TERRE sollicite des propositions pertinentes de thématiques de recherches scientifiques qui répondent aux besoins des citoyen.nes d’aujourd’hui et de demain. »

 

Esperanza21 a décidé de contribuer aux propositions du plaidoyer via la plateforme Décidim. [Contribution à demander via http://esperanza21.org/contact] 

En effet, la santé est très rapidement devenue, pour elle, le point focal de tous les enjeux humains, sociaux et environnementaux.
Il s'agit, bien sûr, de la Santé telle que l'OMS la définit dans sa dimension la plus élargie. []

Les liens entre santé du Vivant au sein des écosystèmes et santé de l'humanité sont maintenant confirmés.

D’ailleurs, il y a un an, Esperanza21 a lancé un appel
«Pour que la Santé soit l'objectif premier de tout projet politique».

Parallèlement, elle plaide pour retrouver le sens du mot santé dont l'usage quotidien a fait un quasi synonyme de soins.

Les actuelles pratiques, dites ’’de santé’’, se limitent le plus souvent à des soins, luttant contre les symptômes des maladies. Bien que nécessaires, elles ne peuvent être tenues pour de véritables ‘’politiques de santé’’.
Celles-ci agiront pour la conservation et le développement de la santé de toutes et tous.
Ce qui nécessite la plus grande attention aussi bien à la santé des écosystèmes naturels ou artificialisés qu’à la qualité des environnements sociétaux et des relations sociales.

Esperanza21 est convaincue par ailleurs qu'une démocratie éclairée est un facteur absolument nécessaire à la réalisation d'un tel projet de santé pour tous, humains, animaux, végétaux et organismes microscopiques...

C’est une véritable révolution culturelle qu’il faut engager…

Nous pensons que la crise actuelle est également culturelle dans la mesure où une éducation scientifique de base fait énormément défaut afin que tout citoyen-ne comprenne les enjeux auxquels l’humanité et le vivant sont confrontés.
Non seulement les systèmes éducatifs ne développent pas suffisamment ces objectifs, mais les médias ‘’grand public’’ apportent plus de confusions que d’informations raisonnées et argumentées… Combien de nos concitoyens sont-ils conscients de nos erreurs collectives ?

 

Des propositions d’Horizon-Terre, compte tenu de nos expériences, nous avons retenu tout particulièrement les domaines de la SANTÉ  et de l’AGRICULTURE. 

Ainsi que deux des sujets primordiaux : Épuisement des ressources naturelles ; Démocratie dans la recherche et démocratie des transitions

L’objectif est de redonner un sens ‘’de bien-être physique, mental, social et sociétal’’ à toute activité humaine.

Favoriser les comportements individuels propices à une bonne santé, sera vraiment efficace si les décisions politiques deviennent durablement favorables à l'amélioration de la qualité de l'atmosphère, des eaux, sols, écosystèmes… habitats, lieux de travail ,etc.
Ainsi qu’aux exigences de santé publique qui, souvent, sont des précautions face aux risques inévitables. Autant d’enjeux qui s’avèrent encore plus cruciaux en cas de crise.

« Les objectifs de santé impliquent de considérer les conséquences positives et négatives de tout projet d’activités, et, sur un territoire donné, de les conduire en accord avec les populations concernées »

Comme il s’agit de changer de paradigme culturel, il est utile de s'intéresser à l'histoire et ses évolutions qui façonnent le sens de mots, certains subissant des ‘'effets de modes'’.
Cette instabilité du sens est souvent masquée par une illusion de consensus.

Echapper à la pensée globalisante, qui nous envahit, est nécessaire afin de distinguer des leviers efficaces pour l’action.

Nombre de polysémies posent problème, jusqu'à constituer un véritable obstacle à une compréhension partagée et à la mise en œuvre d'actions pertinentes.
Souvent elles affectent profondément les processus de pensée et d’argumentation.

Ainsi, nous devons interroger la notion de ‘’ressources’’ qui, le plus souvent, n'est ni plus ni moins qu’une confiscation de fonctions écosystémiques au bénéfice d’activités humaines, très inégalitairement partagées… Il ne s’agit pas de se priver de toute ‘’exploitation’’ des écosystèmes, mais de la contrôler afin de maintenir, voire d’en améliorer les capacités de renouvellement.

Interroger la notion de ''progrès'', et ne pas se contenter de la démarche marchande qui justifie le changement par ses seuls avantages… le plus souvent à court terme !
Nous devons apprendre à envisager et anticiper, non seulement les points positifs mais aussi les conséquences négatives de toute nouvelle pratique.

Il en est de même du mot ‘’environnement’’, pour lequel quelques repères d'histoire récente sont présentés par le « Dictionnaire d'histoire et philosophies des sciences (D. Lecourt)

Pendant longtemps, le mot « environnement » a signifié «ce qui entoure». Au XIXème siècle,il désignait «un lieu naturel».

Polysémique par excellence, le mot ‘’environnement’’ a été ensuite assimilé par chaque domaine disciplinaire à un mot qui lui était propre : «complexe d'écosystèmes » pour le biologiste, «milieu» pour le géographe, «ambiance » pour les ergonomes, etc.
Le mot environnement a très vite eu des sens diversifiés, laissant d'autant mieux entrevoir la possibilité d'articuler, autour de l'écologie,leurs contributions respectives...

Du point de vue politique, dès 1960, la définition en vigueur précisait « l'ensemble des conditions naturelles et culturelles susceptibles d'agir sur les êtres vivants et les activités humaines », faisant ainsi de l'environnement un domaine de responsabilité et de devoirs, domaine de compétence de l'appareil d'Etat.

Mais, ‘’l’environnement’’, dans son acception la plus largement utilisée aujourd’hui, se substitue à l’idée, elle aussi trop vaste et trop vague, de ‘’nature’’.

Tandis que la dimension sociétale, et principalement sociale, de nos environnements est passée sous silence, occultée ou aseptisée. Il s’agit pourtant de tout un pan constitutif de notre santé au moment où plus de la moitié de l’humanité vit en milieux urbanisés !

Pour Esperanza21, parler de nos environnements plutôt que de ‘’l'environnement’’, c'est exprimer la réalité. Une réalité changeante…
Chacun de nous est au centre d’un faisceau de relations, à chaque instant, en chaque lieu.
Ces composantes mixtes, écologiques et anthropiques, constituent autant d'environnements plus ou moins propices à notre santé physique, mentale, sociale et culturelle.

Ainsi, ces relations fondent les théories d’écologie de la santé (ecohealth) et de santé commune (One Health).

C’est un enjeu politique, et scientifique, majeur. Et donc un sujet de recherche !

Ceci étant dit, Esperanza21 souscrit pleinement à la stratégie d’Horizon TERRE.
L’Europe pourrait proposer les fondements d’une véritable politique de santé, qui, de plus, s’appuierait sur nombre de ses recommandations déjà en cours.

 

 

 

Le 1er mars 2021

Une écologie, deux regards : scientifique et politique ?

Dans un article qui date de 2018, repris en février par la lettre d’ESPRIT, Catherine Larrère analyse et retrace l’histoire des mises en problématiques et en perspectives de la vie sur notre planète.

« L'écologie politique existe-t-elle ?

L’écologie ne peut se contenter d’être scientifique ; il lui faut aussi être politique.
Dès lors, elle doit faire place à ce qui divise, aux intérêts et aux conflits. Donner leur place aux contenus sociaux des contraintes écologiques, c’est rouvrir la possibilité d’une action politique autonome. »
Catherine Larrère janv./févr. 2018

« …Dans cette succession d’appels, les scientifiques ne servent pas seulement de lanceurs d’alerte, ils présentent aussi un diagnostic de l’état de la planète et proposent une série de mesures pour corriger la situation. Mais quel que soit l’appui scientifique de ces mesures, elles font appel aux pouvoirs politiques pour être appliquées…/…

...on peut considérer que les humains, en tant qu’êtres vivants, peuvent être étudiés, comme tous les autres organismes, dans leurs relations avec leurs milieux et d’autres êtres vivants. Mais l’écologie de l’espèce humaine a ceci de particulier que les relations des hommes à leur environnement social et naturel font l’objet d’une organisation et de projets de transformation conscients, ce qui la rend politique…/… »

Par ailleurs, l’économiste Adrien Fabre, spécialiste des questions de développement, propose une définition large de l’écologie, en incluant les sciences anthropologiques qui ont pour objet plus particulier l’Homme, ses activités, ses cultures et ses relations…
[L’écologie, c’est pas ce que tu crois ]

En ce qui concerne la dimension politique de l’écologie, le débat, très actuel également, porte les clivages soulignés par Catherine Larrère.

Ils occupent un vaste panel qui part de la vision politicienne, souvent qualifiée ‘’écolo’’ avec plus ou moins de rejet, voire de mépris, jusqu’à la revendication d’une analyse écologique de toutes les situations. Une lecture écologique de tous les projets et de toutes les activités des Hommes.

Mais, goûtons quelques phrases de C. Larrère avant d’apprécier pleinement la puissance de ses arguments.

« …il ne faut donc pas se demander comment l’écologie, comme science, peut fournir une doctrine applicable à la situation présente (à la façon dont le marxisme pouvait se présenter comme science de la lutte des classes et des révolutions, du socialisme et du communisme), mais comprendre comment les politiques en charge du traitement de la situation écologique font appel à une grande variété de disciplines scientifiques…/…

…on ne peut changer les rapports des hommes à la nature sans transformer les rapports des hommes entre eux et réciproquement. Toute la question porte sur l’importance et l’étendue de ces transformations…/…

…la transition écologique se déploie entre deux pôles : celui, minimaliste, d’une transition énergétique (substituer les énergies renouvelables aux énergies fossiles) et celui, maximaliste, d’une modification de fond en comble de nos formes de vie…/…

…Parce que l’écologie est politique, elle est conflictuelle. Mais ce conflit n’est pas réductible à un antagonisme simple…/… Politique en ce qu’elle vise le rassemblement, elle ne dresse pas deux camps l’un contre l’autre, mais elle oscille entre un pôle minimaliste et un pôle maximaliste…/…

…Mouvements de lutte contre les inégalités environnementales, nouvelles formes d’économie solidaire, mise en place de circuits locaux liant production et consommation, façons de produire qui sont aussi des façons d’expérimenter d’autres modes de vie, comme la permaculture, mobilisations autour de la question animale ou de l’alimentation : la transition écologique s’engage dans un foisonnement d’expériences…/…

…la démocratie ne doit pas se comprendre seulement comme des institutions, ni même comme des contre-pouvoirs, mais comme une forme de vie. L’écologie politique s’invente ainsi, à l’écart des polarisations entre maximum et minimum, entre les luttes environnementales et la désobéissance civile. »

Bonne lecture de l’article dans son intégralité

Dès lors, se pose la question de l’unicité de l’écologie.
La tentation serait grande de dissocier les deux regards, les deux analyses, mais ce serait inévitablement brider leurs pouvoirs et leurs moyens d’action…

 

A chaque science d’apporter sa contribution aux débats, d'offrir ses propres éclairages…
mais, qui portera la lucidité et la force d’une synthèse ? De synthèses ?
Le GIEC s’est vu conférer cette mission pour le climat. L’IPBES s’est engagé dans cette voie pour les biodiversités.

Mais, ce n’est pas suffisant…
L’écologie oblige à considérer toute la vie, sous ses multiples faces, scientifiques et politiques !

 

 

Le 24 janvier 2021
 

Une planète, une santé

L'actualité nous rappelle tous les jours à quel point la santé est un des grands défis du monde actuel.
Quelles sont les interactions entre santé environnementale, santé humaine et santé animale ?

Le 10 octobre, à l’occasion de la Fête des sciences, le Museum national d’Histoire naturelle de Paris organisait une tribune, sous forme de conférence racontée : Une planète, une santé.

Enfin, elle est consultable sur le site du MNHN (1h56 min)

Un chapitrage interactif en dix parties vous y est proposé,
comme autant de séquences autonomes…

0:00 Introduction / 7:23 L'apparition du virus Nipah /
15:32 Domestication animale et maladies infectieuses
28:58 L’éradication de la neurocysticercose au Pérou /
35:12 Une planète, une santé / 42:00 L'introduction de l'écureuil de Corée en France /
46:22 Des écosystèmes fragiles / 55:26 Interview d’Erik Orsenna par Aurélie Luneau /
1:08:05 6 solutions pour améliorer la santé globale /
1:31:50 Les solutions préférées des participants/ 1:54:18 Conclusion

 

« Il était une fois, sur la planète bleue… »
Cet après-midi-là, se sont métissés conte et recherche, comédien, experts et participants, pour échanger sur la santé, la nôtre et celle de tous les écosystèmes de notre planète.

Sur le plateau de l’amphithéâtre Verniquet, superbement végétalisé, animé par Clémentine Bricout et Matteo Merzagora de l’association TRACES, Benjamin Lhommas, comédien, a introduit trois thèmes de réflexion par de brefs contes élaborés au cours de ses « voyages sur la planète Terre ».

La démarche choisie consistait à faire entendre d’abord le conteur décrire ses observations à la fois précises et chargées d'émotions, puis un-e spécialiste, faisant jouer au récit du conteur le rôle d’hypothèse, la confirmait ou l’écartait, arguments scientifiques à l’appui.

 

  • Jian-Sheng Sun, directeur du département d’adaptations du vivant, MNHN
  • Coralie Martin, parasitologue, INSERM-Muséum
  • Serge Morand, écologue et biologiste de l’Évolution, CNRS-CIRAD (en visio-conférence)
  • Julie Marmet, coordinatrice de l’observatoire des chauve-souris, MNHN
  • Pascal Boireau, vétérinaire, virologue, ANSES
  • Benoît Pisanu, écologue, Muséum-Office Français de la Biodiversité

Une démarche d’une grande richesse pédagogique, invitant à une réflexion sur les multiples dimensions de la santé.

En première réaction, Erik Orsenna, académicien et économiste, et Aurélie Luneau, journaliste à France Culture, ont ouvert une porte essentielle dès lors que l’on prend en compte la complexité à laquelle nous sommes confrontés.
Erik Orsenna nous a invités à ‘’être religieux’’ au sens étymologique du mot, ‘’ligare’’ en latin. C’est à dire à chercher ou à établir des liens. A relier les idées et les analyses, comme les hommes et les cultures afin de donner tous leurs sens à nos vies, à nos sociétés…

Puis, dans un second temps, les chercheurs ont été invités à traduire leurs savoirs dans des propositions concrètes et essentielles à la santé, ici et partout, la nôtre et celle de toute la biosphère.

Enfin, les participants, présents à la conférence, ont été sollicités avec l’objectif de débattre, entre voisins, afin de parvenir à une hiérarchisation consensuelle entre les 6 propositions des chercheur-es. Une vraie réussite !

Esperanza21 a été ravie de participer à ce forum, elle qui revendique la santé comme exigence majeure de tout projet politique ou d’aménagement

Chacune des propositions a souligné l’importance de relocaliser les activités humaines et d’en mesurer les impacts écologiques ou économiques.
L’enjeu de relocalisation/démondialisation se traduirait directement sur la santé des écosystèmes, des plantes, des animaux et des microorganismes, donc de la nôtre.

Une indispensable sobriété trouverait son expression dans des relations plus localisées, épargnant notre biosphère de transports, voyages et pollutions aux longues distances…

Esperanza21 a également accrédité l’idée qu’il serait important que les produits mis en vente portent l’indication de leurs coûts en eau et en gaz à effet de serre (GES).
Mentions que chaque entreprise aurait obligation d’annoncer clairement afin que le consommateur averti puisse, en citoyen éclairé, faire des choix responsables.

En guise de conclusion Jian-Sheng Sun a d’ailleurs souligné le pouvoir citoyen du consommateur.

Esperanza21 rappelle que l’objectif Santé n’est pas encore suffisamment reconnu comme essentiel.
Encore trop souvent la santé n’est vue qu’au travers des pratiques de soins et leurs accessibilités.

 

Pourtant, depuis le début des années 2000, le concept de l’unicité de la santé du vivant est formalisé, en particulier à l’ONU.

« L’initiative One Health (une  santé commune) promeut une approche intégrée, systémique et unifiée de la santé publique, animale et environnementale aux échelles locales, nationales   et planétaire. Elle vise notamment à mieux affronter les maladies émergentes à risque pandémique. »

S’y rattache la nouvelle approche de l’alimentation dans ses propres relations systémiques : nutrition, agriculture, transformation, conservation, commercialisation…

Approche à adopter pour l’ensemble des enjeux de développements responsables.

Elle est explicitement synthétisée dans un schéma de l’OMS, tissant les liens entre les 17 Objectifs d’un développement durable, formulés par l’ONU en septembre 2015.

 

 

Le 18 janvier 2021

La biodiversité, c’est la santé !

Dans les médias, et tout autour de nous, on ne parle plus que vaccins et vaccination, tant est grand l'espoir provoqué par l'arrivée ’’sur le marché’’ de ce moyen qui devrait immuniser les personnes vaccinées en nombre suffisant pour, non pas éradiquer le coronavirus, mais freiner sa multiplication jusqu'à rendre sa cohabitation supportable, comme elle l'était avant qu'il soit amené à se rapprocher des hommes.

Comme souvent, la perspective fiévreusement attendue de concrétisation de cet espoir suscite paradoxalement interrogations et méfiances.

Elles portent pêle-mêle sur des préoccupations individuelles : les réactions à l'injection, l'efficacité de l'immunisation, sa durée… et surtout sur l'absence de recul pour connaître les effets secondaires.
La principale préoccupation collective, de santé publique, est quantitative : pourrons-nous atteindre un nombre suffisant pour bénéficier d'une ‘’immunité collective’’ ?

Mais ce n'est pas vraiment cette actualité qui pousse Esperanza21 à écrire ces lignes. Il lui semble bien plus dangereux que notre attention soit monopolisée par cette urgence, laissant dans l'ombre le risque d'un grave oubli généralisé.

En tant que telle, cette vision à court terme, très partielle et même partiale, occulterait la nécessité de sortir positivement des crises conjuguées : écologique, sanitaire, culturelle et démocratique...

Ces crises enchevêtrées que nous vivons et dont les causes sont de plus en plus évidentes et reconnues : surexploitation, destruction et pollution par des activités humaines dont les bénéficiaires sont très peu nombreux alors que, a contrario, leurs effets délétères sont très largement partagés... Ils pèsent même beaucoup plus sur les pauvres, individus et pays, alors que ces derniers ont bien moins de responsabilité quant aux dégradations de la biosphère !

Aucun vaccin ne pourra prévenir de telles conséquences injustes, dévastatrices des écosystèmes, de leurs biodiversités !

Et pourtant, chacune des biodiversités fait la santé du vivant.
La biodiversité écotique, reste malheureusement qualifiée de ‘’sauvage’’ ! Alors que les sauvages sont les prédateurs humains qui, pour des intérêts privés, nuisent, souvent jusqu'à la mort, à ces espèces animales et végétales. Certains souillent, pillent et détruisent en nombre les lieux de vie de ces flores et faunes spécifiques, qui pour une grande part sont des espèces préexistantes à l’Homme. Or, les expulser de leurs lieux de vie met nos vies en danger.
 

La biodiversité domestique, que nous nourrissons afin qu’elle assure notre alimentation, est paradoxalement en perte de vitalité. Son industrialisation conduit à des élevages et des cultures à grande échelle, mono-spécifiques, souvent monoclonales.
Ainsi sont formés des écosystèmes artificiels, fragiles et vulnérables, propices à l’apparition de nouvelles bactéries et de nouveaux virus, à l’origine de zoonoses qui peuvent être pathologiques pour l’humain également. Comme les H5N1,2,3…, N8 et peut-être le coronavirus dans ses diverses variantes.

La biodiversité de laboratoire, celle qui est obtenue par manipulation génétique et dont nous ne connaissons pas encore les effets sur la biosphère et sur notre santé.

Enfin, comment ne pas parler de l’immense diversité des micro-organismes ? Certes, elle est de mieux en mieux connue par les spécialistes, mais pas du tout présente à l'esprit du plus grand nombre, dont les politiques, pourtant garants de la santé publique.

 

Médiapart a publié fin décembre un article d'Amélie Poinssot relatant son interview de Benjamin ROCHE, chercheur biologiste virologue, sous le titre «Pour prévenir les prochaines pandémies, on ne peut pas en rester à une approche médicale » .

Découvrant avec plaisir et admiration la qualité remarquable de cet article, nous optons pour vous le transmettre intégralement et vous invitons fortement à le lire à votre tour.

Les conclusions de ce chercheur sont claires : passée la période de sidération, nous devons agir à toutes les échelles spatiales et temporelles. Lutter contre la pandémie actuelle, tout en empêchant le développement de celles qui suivront.

Les vaccins sont, nous sommes nombreux à le souhaiter, des ‘’outils’’ pour diminuer de façon conséquente la pandémie actuelle, épargnant des vies humaines. Mais notre tâche est beaucoup plus grande !...

Nous devons être les acteurs du «Plus jamais ça». C'est à dire ne plus jamais avoir à combattre quelque pandémie que ce soit, qui serait provoquée par des activités humaines souvent liées à des fins spéculatives.

Nous devons faire cesser, ou tout au moins, ramener à des normes raisonnables et respectueuses du vivant, les activités qui ont favorisé la rencontre du virus et de l'Homme.

Un consensus se dessine sur les causes qui ont rendu possible cette rencontre : les déforestations mondialement répandues … qui, détruisant les écosystèmes, amènent leurs occupants à se déplacer.

A chaque écosystème correspond une biodiversité. On estime à plusieurs centaines le nombre d'espèces de virus participant à leur vie...  Les déforestations seraient donc susceptibles de créer autant de pandémies qu'il y a d'espèces de virus… Un bel avenir pour la production de vaccins spécifiques à chacune d'entre elles !!! [http://esperanza21.org/sites/default/files/Biodiversites_pandemies%20%28...

A ce sujet, Benjamin Roche concluait : « Il faut, en tout cas, que la protection environnementale entre dans le calcul des coûts de production. Il faut également introduire des moratoires sur la déforestation. »

Il ajoute qu'il est possible et nécessaire de lutter contre le commerce des animaux «sauvages», en lui appliquant des taxes conséquentes pour en diminuer l'attractivité.

Même les ‘’Anthropocentrés’’ les plus rétifs conviendront que, si protéger l'espèce Homo sapiens est un devoir, cela nécessite d’éliminer tout ce qui la met en danger.
La maltraitance par l'Homme des écosystèmes et de la biodiversité, est en fait une maltraitance indirecte de l'Homme. Indirecte, mais bien réelle, nous en avons la preuve depuis plusieurs mois. Mais n'oublions pas que cette maltraitance affecte l'ensemble de la vie sur la planète.

Nous devons donc, bien sûr, nous protéger chacunE par les ‘’gestes-barrière’’, les précautions sanitaires et les moyens qui permettent d'enrayer cette pandémie. Mais, il est tout aussi urgent de modifier parmi nos activités, celles qui prédisposent l'ensemble de la biodiversité à de nouvelle pandémies.

Le 11 janvier dernier, la France organisait à son tour Un One Planet Summit pour la biodiversité. 
Le président Macron avait réuni à cette occasion une trentaine de personnalités politiques. Toutes ont prononcé des engagements forts pour sauver la biodiversité dont nous faisons partie… Espérons qu'ils garderont intactes la même sincérité, la même détermination. Si ce n'était pas le cas, soyons nombreux à leur rappeler leurs engagements et l'espoir qu'ils ont soulevé.

Nous devons donc résister à la pandémie Covid19, mais ce n'est pas suffisant.
Nous devons tout faire pour éviter d'autres pandémies. Exiger que les causes reconnues comme responsables des déséquilibres, ou facilitatrices des perturbations lourdes de conséquences, soient significativement réduites, et si possible qu'elles soient éliminées.

Cela impose que nous nous en tenions seulement à nos vrais besoins et aux manières d'y répondre tout en respectant la biosphère. Elle a été, elle reste notre berceau.
Mais, la voilà en risque de devenir l’immense cimetière de toutes sortes d'espèces détruites par quelques humains.

Reste une grande inconnue, une lourde question :
Jusqu’à quand sera-t-il acceptable socialement, économiquement, culturellement, psychologiquement… de constater le pillage et la pollution des écosystèmes, de toute la biosphère, au bénéfice d’une toute petite minorité qui détient les pouvoirs financiers et politiques ?

De le constater et de savoir que la plupart des maladies trouvent leurs origines dans cette exploitation organisée.

Notre santé dépend des biodiversités !

Lire aussi  [https://blogs.mediapart.fr/paul-cassia/blog/281220/fermeture-des-theatre...

 

Le 13 janvier 2021

Les biodiversités en tête de gondole en 2021 ?

La quatrième édition du One Planet Summit consacrée à la biodiversité, a été organisée ce lundi 11 janvier, à Paris, avec pour objectif de définir des convergences d’actions et de nouveaux objectifs opérationnels.
Il convient en effet de relancer les objectifs d’Aïchi en perdition, le ‘’plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020’’, adopté par les Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) en octobre 2010 à Nagoya (Japon).  [] Ainsi que la Convention d’Aarhus de 1998

Une trentaine de personnalités sont intervenues, principalement par visio en raison de la crise sanitaire. Parmi elles, le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, le président de la Banque mondiale, David Malpass, l’héritier du trône britannique, le prince Charles, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la chancelière allemande, Angela Merkel, les premiers ministres britannique, Boris Johnson, et canadien, Justin Trudeau, le président du Costa Rica, Carlos Alvarado, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, ou le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus…

Outre ce plateau très prestigieux, qui devrait garantir des actions concertées et efficaces (mais restons prudents !), le mérite du sommet est de tisser des convergences entre des thématiques qui font système.

Au premier rang desquelles les biodiversités, énoncées au singulier mais développées dans leurs dimensions plurielles, et le climat qui focaliseront les attentions en fin d’année.
> En chine, à Kunming, pour les biodiversités lors de la COP15* du 17 au 30 mai 2021.
> En Ecosse, à Glasgow, avec la COP26 pour le climat**, du 1er au 12 novembre.
> A Marseille, le Congrès mondial de la nature*** du 3 au 11 septembre 2021.

Un duo biodiversités-climat devenu, fort heureusement, chaque jour de plus en plus indissociable et qui trouve une résonnance particulière, en cette année 2021, avec la question des pandémies.
Des pandémies, au pluriel, puisque nous ne pouvons fixer notre regard seulement sur la Covid-19 et le coronavirus SARS-CoV-2 et ses variantes, mais nous devons intégrer aux réflexions toutes les pandémies en cours, dont les zoonoses (animales).

Et pourquoi pas les infections végétales dont la maitrise constitue également un défi alimentaire et environnemental ?
Est-il prudent et sérieux de cultiver ou d’élever à très grande échelle une espèce, monoclonale, alors que nous savons qu’un tel système, très fragile même sous haut contrôle sanitaire, est propice à épidémie ? S’il n’est pas un foyer de mutations microbienne ou virale !

Autant dire que la santé va enfin prendre la place centrale, devenir le point focal de nos stratégies, comme l’ont souligné les directeurs de l’OMS et de la FAO.
L’enjeu est une santé qui allie dans les mêmes dynamiques tous les êtres vivants.

 

Mais, parcourons le programme de ce sommet, car il vaut synthèse comme l’a rappelé le Président de la République en conclusion :
Protéger les espaces terrestres et marins / Promouvoir l’agroécologie / Mobiliser des financements pour la biodiversité / Protéger les forêts tropicales, la biodiversité et la santé humaine / Prévenir les pandémies –initiative PREZODE

Parmi les objectifs, celui de préserver 30 % des terres et de l’océan (aujourd’hui 7 et 15%) sous forme de ‘’réserves de nature’’ semble faire consensus. Est-ce suffisant pour assurer les dynamiques d’évolution ‘’naturelle’’ des espèces et des écosystèmes ?

Incontestablement, il est essentiel de porter les efforts sur la totalité des écosystèmes, incluant les terres et terroirs agricoles puisqu’ils assurent l’alimentation humaine.
La biodiversité des sols, des prairies, des agroforêts… comme la diversité des espèces, races ou variétés domestiques constituent des enjeux et des équilibres primordiaux, en terme de santé.

Ainsi les projets d’agroécologie prennent une importance primordiale, et il est heureux que le Président ait annoncé qu’il constituerait une priorité en 2022, alors que la France assurera la présidence du Conseil de l’Europe. [http://esperanza21.org/sites/default/files/agriculuture_agroecologique_T...

 

Cependant, il ne faudrait pas qu’inciter les entreprises à mesurer leurs prélèvements et leurs impacts sur les écosystèmes se réduise à l’opportunité d’un nouveau marché !

Il n’est plus possible de puiser impunément dans un patrimoine qui relève des biens communs. L’économie doit comptabiliser ce qu’elle prélève de la biosphère ou de la Terre, en préserver le ‘’capital’’, voire le valoriser… et le restituer à la collectivité.

C’est à cette condition, à ce prix, que s’instaureront des relations apaisées et productives entre le marché financier et les enjeux écosystémiques. Ce type de reconnaissance qui fut celle des chasseurs-cueilleurs s’imposant de respecter et entretenir leurs milieux de vie, aujourd’hui valorisé par la conception de ‘’La Pachamama’’ (la Terre Mère).
Cela nous incite à créer et mettre en œuvre une organisation compatible avec 8 milliards d’humains et des productions industrialisées. Permettre de nouveaux équilibres vitaux, ceux qui préexistaient n'ayant pas survécu au capitalisme dérégulé d’une société de consommation irresponsable.

 

La stratégie ‘’Une santé – One Health’’ trouve ainsi un de ses piliers clairement énoncé.

Un second, la lutte contre les pollutions, et leurs évitements, a été également souligné par plusieurs intervenant-es. Elle concerne tout autant les grandes enveloppes : atmosphère, hydrosphère, pédosphère, cryosphère… que les agents pollueurs : CO2, plastiques, métaux lourds…

Esperanza21 se réjouit de ces belles promesses et perspectives…
Elle réaffirme que la santé, celle de tout le vivant, doit devenir l’objectif politique majeur.

 

* Prévue initialement en octobre 2020, la 15e conférence des parties (COP 15) signataires de la Convention sur la diversité biologique (CDB) se tiendra finalement du 17 au 30 mai 2021, à Kunming en Chine. https://www.climate-chance.org/agenda/2020-un-biodiversity-conference

** La COP 26, sur les changements climatiques est une conférence internationale organisée par les Nations unies qui se déroulera du 1er au 12 novembre 2021 à Glasgow, en Écosse. Elle est la 26e Conférence des parties (d'où son acronyme : COP26), qui réunit les pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). L’organisateur est le Royaume-Uni, en partenariat avec l’Italie. https://ukcop26.org/

***L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et le gouvernement français ont convenu d’organiser le Congrès mondial de la nature 2020 du 3 au 11 septembre 2021 à Marseille. Il mettra plus particulièrement en lumière les problématiques du bassin méditerranéen, dans le vaste ensemble Eurafricain. https://www.iucn.org/fr/a-propos/congres-mondial-de-la-nature

 

Le 1er décembre 2020

Globalisation, réagir à l’endormissement de notre pensée !

Esperanza21 a déjà développé ce thème, aujourd’hui sous les feux de l’actualité d’une loi dite de ‘’sécurité globale’’.

Elle ne traitera pas de la globalisation, cette uniformisation des modes de vie sous la pression d’échanges marchands mondialisés…

En revanche, elle propose de réfléchir à quelques concepts clés pour penser des transitions capitales, car vitales.

‘’La Nature’’, un concept dont nous devons revisiter la perception à l’aune de l’Anthropocène. Trop souvent, le mot fait référence aux végétaux et animaux… visibles à l’œil nu.
Oubliant de ce fait l’ensemble des micro-organismes qui constituent pourtant la plus grande part de la biodiversité.

De plus, ne pas distinguer les plantes et animaux domestiqué-es des espèces et populations écotiques (toujours qualifiées de ‘’sauvages’’ !), c’est se priver d’une analyse essentielle à la compréhension des enjeux locaux et/ou globaux des activités humaines.

Les biodiversités donc, qui méritent bien le pluriel puisqu’elles présentent des caractéristiques fort différentes selon que l’une est issue de la longue évolution des espèces et des populations, tandis que l’autre est le fruit des sélections successives et orientées de la domestication par les Hommes.

Sans oublier la troisième, la diversité des organismes génétiquement modifiés en laboratoire, qui ouvre des problématiques dont nous ne pouvons pas encore mesurer l’ampleur.

‘’L’environnement’’, globalisation qui, le plus souvent, a tendance dans la ‘’culture générale’’ à devenir synonyme de ‘’la nature’’.
Or, nos environnements sont multiples et polymorphes. Plus ou moins intuitivement et consciemment, chacun sait adapter ses comportements aux diverses situations quotidiennes.

En aucun cas, les environnements éco ou biologiques ne doivent occulter nos environnements sociaux et humains. En effet, plus de la moitié des humains sont citadins et tous vivent en société… Cette distinction est nécessaire.
Les sciences de l’écologie et de l’anthropologie devraient utilement croiser leurs regards sur ces problématiques !

 

‘’Le développement durable’’, qui laisse supposer qu’il y aurait une voie privilégiée, à défaut d’être unique, pour atteindre ce qui est considéré comme ‘’développement’’.
Derrière les principes sur lesquels il est possible de trouver un accord, tels les 17 objectifs de développement (ODD) signés par les Etats en septembre 2015, chaque territoire doit élaborer et évaluer les objectifs, les conditions de son ‘’développement’’ local, en harmonie, sinon en coopération, avec celui des territoires voisins.
Voilà qui restreint de beaucoup la durabilité et l’effectivité des objectifs tant ils sont tributaires de leurs périmètres d’espace et de temps…

 

‘’La science’’, évoquée souvent à tort, parce que ce raccourci langagier pour un certain type de connaissances, confond ce qui relève de la recherche, des sciences, de leurs applications et des techniques ou technologies qui s’en inspirent…

Les sciences, donc, se définissent par leurs méthodes et leurs champs d’investigations. Par leurs visions, analyses, interprétations, codifications, hypothèses, doutes, vérifications et, in fine, leurs explications… Chacune apporte ses représentations et ses modélisations qui prennent sens, aussi, avec la complémentarité ou la confrontation aux autres sciences.

Spécificité, pluralité et diversité fondent, ensemble, la valeur de connaissances rationalisées et objectivées.
 

Sur un autre registre, quelques exemples d’effets pervers de globalisations

‘’La France’’ ! Combien de décisions, combien d’actions lui sont-elles attribuées ? Combien d’évènements et d’exactions aussi ?
Autant de situations qui nécessitent de savoir Qui a pris la décision, Qui en a tiré bénéfice et Qui en a subi les conséquences. Une invitation à préciser les données institutionnelles de cette ‘’France’’. ‘’Qui’’ est réellement au gouvernail ? ‘’Qui’’ est réellement responsable ?

‘’L’Afrique’’, appellation tant utilisée, alors qu’elle globalise les diversités d’un continent aux histoires, aux cultures et aux conditions environnementales si diverses et déterminantes.
Ou bien, qui exclut, en particulier vue depuis la France hexagonale, des régions considérables, hors ou même dans l’espace francophone… Il est d’ailleurs possible de reprendre la même critique avec ‘’l’Afrique noire’’ !

‘’L’Amérique’’, en réalité les USA, ignorant tous les autres états d’un continent à cheval sur deux hémisphères !
’Les Etats-Unis’’, en réalité les ‘’Etats-Unis anglophones d’Amérique du Nord’’, ignorant les ‘’Estados unidos de Mexico’’ !

Les ‘’Femmes’’, ‘’Noirs’’, ‘’Blondes’’, ‘’Paysans’’, ’’Voilées’’, ’’Banlieusards’’…
Toutes catégories sociales dont il est inutile de souligner les ravages d’intolérance et de domination-soumission ! Des catégories excluantes, racisantes pour certaines, méprisantes le plus souvent…
Toute catégorie sociale ou culturelle ne peut en effet être choisie que temporairement, ici et maintenant, aux fins de réflexion.

‘’Le Peuple’’, ‘’les Gens’’, ‘’les petites Gens’’, ‘’les Gens de rien’’… aux mêmes effets délétères ! Vision d’une autre catégorie sociale qui, le plus souvent, s’arroge le droit de porter des jugements catégoriques, négatifs ou positifs, sur une population globalisée de laquelle elle souhaite se distinguer, voire la dominer.

‘’Dieu’’. Osons le blasphème ! La perfection du ‘’Tout’’ qui est partout, en étant totalement invisible et indivisible. Totalement flouté, totalement floué-es !

Terminons par ‘’LE Covid’’, ou ‘’LA crise du Covid19’’ et leurs variantes...
Un amalgame qui agglomère un virus, le SARS-CoV-2 ; la ou les maladies qu’il provoque dont les syndromes respiratoires ; la pandémie Covid-19, et, enfin les mesures qui ont été mises en place par les gouvernements !

 

Comment, dans une telle imprécision, se forger une opinion claire des effets, positifs ou non,  des divers confinements comme frein de la pandémie ? Les chercheurs ne seront probablement jamais en mesure de démêler les données afin de proposer un audit, pourtant très utile pour faire face aux prochaines pandémies.

En revanche, chacun a conscience des effets dramatiques, durables, produits sur des personnes, des familles, sur les économies, les liens sociaux, les dispositifs culturels et d’éducation…

Distinguer, partout et toujours, c’est se donner la possibilité de penser et d’agir efficacement.

Cette réflexion critique de globalisations occultantes n’écarte évidemment pas le recours à des concepts globalisants, car, à leur niveau d’analyse, ils ont pour fonction d’identifier des entités essentielles pour la pensée et l’action.
 

Par exemple, en lien avec les exemples ci-dessus : la biosphère.

Autre concept, ‘’Une santé’’. Il tisse les liens entre tous les compartiments de la biosphère, la santé des écosystèmes reliée à celle des Humains. Il pose une unicité de condition et d’objectifs essentielle à sa réalisation.

‘’La santé’’, une référence totalement dévoyée quand elle est attribuée, trop souvent, non pas à l’objectif de ‘’bonne santé’’ mais à un système de soins thérapeutiques. Quelle que soit l’importance, même vitale, de ce dernier.
C’est une autre perversion de langage, un glissement de valeur très utilisé aux fins de marketing et par la publicité.

Constatons toutefois, à l’écriture de ce billet, qu’il est bien difficile, et parfois délicat, de se départir d’une pensée globalisante, d’un vocabulaire trop approximatif.

Raison de plus pour faire l’effort de distinguer, qualifier, documenter et requestionner les catégories intellectuelles utilisées. D’interroger même les évidences…
Des analyses opérationnelles ne sauraient se suffire de globalisations qui affaiblissent la pensée ou la rend inopérante. 

 

Le 27 octobre 2020

Enjeux politiques de l’information scientifique

Le 16 octobre, ‘’Sciences Citoyennes’’ organisait un webinaire Les enjeux de l’information scientifique.
"Dans le projet de loi de programmation de la recherche adopté le 23 septembre 2020 à l’Assemblée Nationale figure la proposition de « créer, à l’instar d’autres pays (Allemagne, Australie, Japon, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni) une dynamique d’actions ou un réseau « Science et médias » (…) pour développer les relations et permettre la mise en contact rapide entre journalistes et chercheurs, favoriser l’accès des citoyens à une information scientifique fiable et accroître l’apport d’éclairages scientifiques dans les débats publics sur les grands sujets actuels…"

En effet, il y a lieu de réfléchir et de questionner le projet du gouvernement.

D’une part, tous les centres et instituts de recherche sont dotés d’un service de communication, et, souvent d’un service d’édition, en relation régulière avec les journalistes et les médias qui s’intéressent aux sciences, à la recherche ainsi qu’aux nouvelles analyses ou informations.

D’autre part, il existe des ‘’revues scientifiques’’, reconnues et plus ou moins spécialisées, avec comité de lecture, qui assurent la promotion des articles et publications des chercheurs. Au point que leurs sélections valent pour évaluation des recherches…

Le projet se situerait donc à un autre niveau de communication, en dehors des champs spécifiques de la recherche et ses publications scientifiques. Avec un autre registre de langage destiné à informer une population plus large, une majorité de citoyen-nes, en vue de « favoriser l’accès des citoyens à une information scientifique fiable et accroître l’apport d’éclairages scientifiques dans les débats publics sur les grands sujets actuels » ?

A juste titre, « Sciences Citoyennes » nous invite à nous interroger... Quel besoin ''d’un centre Science et médias’’ qui, assurément, filtrerait l’information pour lui donner un ‘’label national’’ ?

« une information scientifique fiable ? »  Qu’est-ce qu’une information ‘’scientifique’’ ? Une information ‘’scientifique fiable’’… ou, au contraire, non fiable ? Toute information n’a-t-elle pas, au moins, une assise scientifique ?

D’ailleurs, le premier intervenant du webinaire, Philippe Huneman, philosophe, directeur de recherches au CNRS, attire l’attention sur la légitimité d’une information. [1]

Or, aujourd’hui encore dans les échanges quotidiens, se pose la question de ‘’la vérité’’, une conception idéologique face à la description ou l’interprétation scientifique des faits et des expériences, d’une ‘’réalité’’ objectivée.

Toute information nécessite d’être contextualisée et d’en préciser les conditions ou les limites. Ce n’est pas toujours simple ! Le plus souvent, les seules ‘’certitudes’’, dans le cadre d’une recherche scientifique, sont celles qui permettent de réfuter une hypothèse…
 

L’information scientifique, une communication spécifique
Dans le schéma de communication proposé par Jacobson, les locuteurs constituent le premier facteur déterminant fortement les données de la communication. [2]
Souvent, d’autres acteurs s’invitent pour peser dans les débats : pouvoirs politique ou financiers, voire pouvoirs idéologiques.

En ce qui concerne les messages et leurs référents, il convient de distinguer avec attention ce que sont les sciences et la recherche ; les sciences, les expertises et leurs applications ; ainsi que les techniques, les technologies, voire les ‘’technosciences’’…

Beaucoup trop souvent ces dimensions sont confondues, amalgamées et conduisent à accuser, tout aussi globalement, ‘’la science’’ ! A lui faire porter des conséquences et des erreurs qui ne sont pas imputables aux sciences.

Mais, il est vrai que si la démarche scientifique se caractérise par l’émission d’hypothèses, voire de théories, avec une mise à l’épreuve pour les infirmer ou les confirmer, les résultats obligent le plus souvent à poursuivre la réflexion quant à leurs conséquences dans leurs mises en œuvre.

Le passage d’un savoir scientifiquement établi à sa traduction dans des activités humaines peut se faire au bénéfice du plus grand nombre, mais également avec des effets induits fort peu désirables ! C’est un acte politique.

A cet effet également, distinguons bien LES scienceS, au pluriel et non « LA science ».
Les chercheurs ont développé, pour chacune des sciences, sa spécificité, ses regards particuliers, ses objets, méthodes, savoirs, doutes, questionnements, vérifications, mesures, expérimentations, représentations, débats… En deux mots, la diversité de leurs méthodologies et de leurs langages. Des sciences codifiées, qui offrent des complémentarités dans chacun de leurs champs.

De ce point de vue, le pire est à craindre avec ‘’un centre ou réseau Science et médias’’.
Comment vouloir synthétiser et unifier sans édulcorer ni amalgamer ? Donc effectuer des choix plus ou moins conscients, reconnus ou non avoués, avec leur cortège d’implications et de conséquences politiques.

Qui peut être porteur ‘’d’information scientifique’’ ? Un chercheur, un scientifique (mais que désigne ce qualificatif ?), un médiateur, un journaliste, un professeur… ?
Hors de leur champ scientifique, iels sont des citoyen.nes comme les autres… certes mieux informé-es dans leur propre domaine, au risque d'oublier des évidences ‘’de bon sens’’ que d'autres, non spécialistes, évoqueraient spontanément.

Tous les jours, nous sommes témoins de personnes qui abusent de leur notoriété dans un domaine pour imposer leurs opinions ou croyances dans d’autres. Au premier rang, les ‘’médiatiseurs’’ qui omettent tout simplement d’argumenter leurs commentaires avec des données établies et vérifiables. Ils peuvent bien sûr proposer leurs avis, à condition de respecter la déontologie de rigueur pour toute parole publique. Il est vrai que, souvent, notre école ne prépare pas à pratiquer ainsi une argumentation qui puisse être contredite !

A ce titre, la question des locuteurs, émetteur et destinataire, est loin d’être anodine.
Souvent entrent en jeu, des intérêts financiers, des pouvoirs idéologiques, des lobbies… quand ils ne sont pas les enjeux dominants ! C'est tout l'intérêt, la nécessité, d'associer les citoyen-nes dès le début d’un projet, et même, en amont de la naissance de ce projet.

Où se situe une information ‘’scientifique’’ lors de la traduction du fait à sa représentation, du fait à ses interprétations, du fait aux hypothèses ou aux théories explicatives ? Hypothèses qui de plus ne sont pas toujours explicitées !

Alors que la démarche scientifique a pour caractéristiques la recherche d’objectivité, la reproductibilité, l'universalité, la prudence et l’humilité face au doute et à l’extrapolation… ces qualités sont trop souvent absentes de l’action politique, de la communication des médias voire même de l’information scientifique !

La culture scientifique de chaque citoyen-ne constitue une matrice de sens pour les informations qu’iels reçoivent. La méthode est première.

Or, l’enjeu des informations présentées à une population se situe dans une articulation entre des langages singuliers et des expériences différentes, au sens sociologique. Souvent, ces ‘’informations’’ questionnent, plus ou moins, des systèmes de représentation du monde. Parfois, elles bousculent peu ou prou des idéologies.

Cet enjeu implique donc une pédagogie.
Une pédagogie, non pas au sens commun ‘’d’explication’’ et encore moins de ‘’simplification’’, mais, par un long processus de rencontres, d’échanges et de confrontations d’idées, une pédagogie qui vise à construire du sens entre des locuteurs aux sensibilités historiques, aux opinions et aux vécus différents.
 

Une culture scientifique se structure progressivement au fil de nombreuses réflexions.
Information, éducation et culture correspondent à des dynamiques, des stades, des constructions culturelles distinctes.

De ce point de vue, quelles images sont élaborées à l’école, tant aux cycles des premiers et second degré, qu’en université ou encore dans les écoles professionnelles ?

Par exemple, que vaut chaque information sur la Covid-19, si, en référence, on n’a pas une vision claire des champs et enjeux respectifs du coronavirus, des pathologies induites, de la pandémie… et des mesures prises par le gouvernement ? Le confinement, hier généralisé à tout le territoire national, aujourd’hui le couvre-feu dans certaines métropoles, auraient-ils rencontré la même acceptation sociale, si chacun et chacune avait eu accès à l'information claire de ces distinctions ?

Au sens plein du terme, l’information scientifique relève d’une communication spécifique.

L’information scientifique est un enjeu politique
La question centrale est fondamentalement celle du passage de l’univers académique, codifié par chaque science et par la recherche, au monde éminemment politique de la société citoyenne.

Avec un centre ‘’science et médias’’, le gouvernement souhaite-t-il préempter les questionnements sociétaux ? Par exemple, qu’est devenu le grand débat national organisé suite à la révolte des Gilets jaunes ?

Autre expérience récente, le Conseil scientifique, réuni à l’Elysée sous la main de la présidence de la République, a-t-il bien joué sa fonction dans l’explicitation de la pandémie Covid-19 ? Force est de constater un grand décalage au regard de ses ‘’recommandations’’ comparées aux communiqués ‘’d’institutions scientifiques’’ telles que l’Académie des Sciences, l’Académie de Médecine, l’Institut Pasteur… ou encore de personnalités de divers pôles de recherche, reconnues au-delà de leurs propres instances. [3]

Une telle diversité d’analyses, d’informations ou de points de vue ferait-elle peur au pouvoir politique ? Ou bien est-ce la cacophonie des commérages médiatiques qui justifierait cette volonté d’un centre unique ? D’ailleurs, la majorité des centres de recherche se sont dotés d’une instance de réflexion déontologique.

Nous connaissons également, d’expérience, les moyens colossaux employés par certains industriels afin d’obtenir, développer ou conserver des marchés.

Si les sciences, en tant que telles, sont à l’écart de ces influences, il n’en est pas de même des structures et modalités de certaines recherches ou bien de la publication de travaux en apparence ‘’scientifiques’’. Encore moins des applications technologiques, totalement tributaires de leurs mises en œuvre par les systèmes de production et leurs enjeux sociaux et/ou sociétaux.

Le pouvoir financier ou économique pèse donc dans ces débats et sur les décisions, de concert ou non avec le pouvoir politique.

Quelle place peut alors occuper ce qu’il est convenu d’appeler la ‘’société civile organisée’’ ? Ou le pouvoir citoyen ? A ce titre, en fin du webinaire ‘’Sciences citoyennes’’, Joël Labbé, sénateur du Morbihan, apporte un témoignage riche d’enseignements. [4]

A priori, il existe en France une institution ‘’représentative’’, le Conseil économique, social et environnemental, le CESE, dont la fonction devrait être de documenter ces grands débats de société. Quel en est le fonctionnement ? Avec quelles méthodes ? Quelles prérogatives lui sont-elles reconnues ? Quelles forces a t'il la possibilité d'exercer dans le jeu des pouvoirs politiques normalisés ?

Au-delà de la participation, reconnue, de citoyen-nes expert-es à des inventaires ou autres enquêtes, la demande citoyenne peut et doit, elle aussi, compter pour la recherche. Les interrogations, les grands débats sociétaux sont légitimes pour orienter, enrichir, voire passer commande à la recherche. Ce sont les modalités qui restent à définir et à mettre en place.

Les sciences et la recherche, monde de l’observation, de l’expérimentation et de la mesure, du doute et non de la vérité, de l’hypothèse et non des certitudes, de l’objectivation et non de l’opinion, des savoirs et non des croyances, de la raison et non de l’affectivité… sont bien éloignées des pratiques insatiables, des médias et des politiciens, gouvernées par l’audience, la propagande et le pouvoir.

« …favoriser l’accès des citoyens à une information scientifique fiable et accroître l’apport d’éclairages scientifiques dans les débats publics sur les grands sujets actuels… »
Un objectif que nous pourrions partager à la condition qu'il s'agisse de ranimer la démocratie en donnant l'envie d’une citoyenneté active et apaisée, en vue d’organiser un monde plus convivial.

Nous devons en débattre démocratiquement, car ce projet n’est pas réductible !

[1] https://sciencescitoyennes.org/les-enjeux-de-linformation-scientifique-w...

[2] https://www.techno-science.net/definition/10697.html
  > https://courses.ex-machina.ma/downloads/CPI2/S3/Communication/Schema_de_...

[3] Voir les témoignages Covid19 dans la rubrique ‘’ Partager idées et documents’’ http://esperanza21.org/documents

[4] https://www.youtube.com/watch?v=BKPEpA0IH8M

 

Le 3 septembre 2020

Les écosystèmes étouffent, la biodiversité se meurt…
Nous aussi ! 

Cette année, depuis le 22 août 2020, l'humanité a dépensé l'ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en un an. 
Ce constat, devenu rituel, est plus qu’un signal d’alarme ! Et pourtant, il n’est suivi d’aucune décision accompagnée d’un suivi vigoureux.

Comment en sommes-nous arrivés là ?
Selon le récit historique conventionnel l’Humanité serait passée d’une subsistance nomade de cueillette et de chasse à des économies sédentaires fondées sur l’élevage et l’agriculture, puis l’industrie et maintenant la ‘’révolution numérique’’…

Interrogeons ce scénario construit à la gloire d’une économie capitaliste de marché, d’une urbanisation galopante, d’une mondialisation forcenée des activités (in)humaines… Elles conduisent à l’érosion dramatique des biodiversités, compromettant aussi notre avenir.

Sommes-nous réellement sédentaires ?
Nous qui ne cessons de bouger, de nous déplacer, de voyager, de migrer… Tandis que l’économie (dite ‘’néolibérale’’ !) fait circuler les marchandises en tous sens ! Elle impose des déplacements immodérés de travailleurs, pour des durées variables. Voire de populations entières…
Mais, nous n’aborderons pas ici les multiples formes de migrations, souvent portées par des objectifs ou des nécessités de tous ordres :  économiques et climatiques, sociaux et sociétaux…

 

Sommes-nous encore cueilleurs, chasseurs ou pêcheurs ?
La liste serait longue des fruits, herbes, algues, champignons, insectes, poissons et autres animaux… encore prélevés directement aux écosystèmes !

Certes, globalement, nos prélèvements contribuent bien moins à notre alimentation que le produit de nos cultures et élevages. Mais, certains de ces prélèvements se déploient au détriment de territoires où les espèces pouvaient coévoluer. Or, la coévolution - adaptations et innovations - assure la diversification de la vie ! Nous en sommes les enfants…
L’actuelle pandémie Covid-19 nous rappelle sévèrement l’importance des équilibres écologiques.

Cueillettes, chasses, pêches, prélèvements, exploitations, colonisations, constructions, urbanisations, extractions, pollutions… sont trop souvent insoucieuses et toujours insoutenables, au détriment ou au péril de tous les écosystèmes et de leur durabilité…

Leur dégradation coute très cher par la perte des services écologiques : épuration des eaux, pollinisation des fleurs, impacts sur les sols… Sur la planète, 22 % seulement des terres émergées peuvent être cultivées.

Autant dire qu’une seule espèce, l’homme, impose à toutes les autres ses contraintes de consommateur.

Tous les hommes en sont-ils responsables ?
Certes pas ! Chacun participe, mais ni de la même manière, ni à la même échelle… Les conséquences écologiques dépendent de la prise de précautions, ou non, lors de l’extraction et des prélèvements. Elles dépendent aussi du nombre d’acteurs : individus isolés, familles, entreprises, institutions, Etats…

Ne plus détruire les écosystèmes, la biosphère est doublement payant ou plus précisément, fait baisser la note : pas de compensations à payer, et des services primordiaux gratuits !

Les superficies artificialisées pour les habitations, les transports, les services… sont autant de territoires retirés à l’évolution du vivant.

S’ajoutent les privations collatérales induites par les pollutions chimiques et les destructions systématiques d’écosystèmes entiers. Elles ne cessent d’augmenter leurs impacts mortifères. Privations non prises en compte parce que totalement ignorées par les uns, sous-estimées par d’autres, voire délibérément écartées par ignorance ou incompétence !!!

Autant de pressions sur la santé des écosystèmes donc de la biosphère. Une biosphère unique dont nous faisons partie et dont dépend notre santé.
 

Quels sont les statuts politiques, économiques et juridiques de ces prélèvements ? Comment sont-ils insérés dans nos organisations et nos législations ? Comment sont-ils intégrés à nos économies ? En fonction de quelles habitudes culturelles ? De quelles coutumes ?

Interrogeons-nous sur les désastreuses extractions provoquées par les intérêts insatiables de l’économie capitaliste de marché, favorisant la consommation à outrance et le gaspillage éhonté.

 

Trop d’équilibres sont rompus !
Des hydrocarbures aux minéraux, de l’eau à la biodiversité, des forêts aux océans… autant d’impacts qui déstabilisent très fortement les équilibres vitaux que sont les cycles du carbone, de l’eau, du minéral à l’organique… Des impacts qui altèrent gravement biosphère et santé !
En France, 92% des cours d’eau sont contaminés de pesticides et de nitrates ! On y dénombre plus de 1 300 sites Seveso, sites industriels particulièrement dangereux.

De plus en plus de signaux alertent pourtant sur les ‘’surexploitations’’ qui menacent, jusqu’à l’effondrement, des ‘’ressources’’ que se sont appropriées quelques groupes de forces et de pressions. Un petit nombre de personnes imposent leurs intérêts pécuniers à l’ensemble de l’humanité, au détriment de la vie sur Terre.

Aux dégâts écologiques s’ajoutent les atteintes aux sociétés humaines qui partagent les mêmes territoires…
‘’Partager’’ n’est hélas pas la bonne expression ! Les actionnaires des entreprises, sociétés financières ou institutions imposent leurs intérêts particuliers contre l’intérêt général ! Même en dépit des lois instituées par les Etats ! Trop souvent, en délogeant l’ensemble de la biodiversité, humains y compris, et en privatisant des biens communs ancestraux…

 

Equilibrer les enjeux économiques, écologiques et sociaux
Dès 1972, le ‘’Rapport Meadows publié par le Club de Rome’’ alertait sur le sujet.
Depuis, celui-ci n’a cessé d’être documenté… En vain ! 

Les crises que nous sommes en train de vivre, dont l’ampleur et les conséquences ne nous apparaissent pas encore, devraient - auraient déjà dû – mobiliser toutes nos expertises et nos intelligences pour réorienter nos projets de développements. Pour repenser nos organisations tant locales que mondiales. Que nenni !

Aujourd’hui encore, dans ‘’le monde d’après’’, le principal espoir, pour beaucoup, c’est le retour à ses propres privilèges, alimentant ainsi un engrenage mortifère. Comme avant mais en pire !!!

Encore une fois, seuls quelques grands bénéficiaires en tireront un profit aussi cupide que meurtrier. Les conséquences, elles, risquent de devenir irréversibles pour tous !!!
Pourtant, le modèle économique actuel, linéaire ‘’produire-consommer-jeter’’ a atteint ses limites. De plus en plus, il est remis en cause…

A l’instar de l’OMC, une ‘’Organisation mondiale pour les biodiversités et les enjeux environnementaux’’ devrait mettre fin, ou au moins réguler toutes les prédations humaines !
 

Nous devons changer d’organisation et d’économie !
Nous ne pouvons plus ignorer la nécessité de mettre en balance les enjeux économiques avec les exigences écologiques. Les enjeux économiques avec les exigences sociales. Les enjeux économiques, écologiques et sociaux avec les exigences de santé.
La santé de l’ensemble des espèces, donc de la biosphère.

L’enjeu, la difficulté est de prélever, d’extraire ou de valoriser des ‘’ressources’’ de manière raisonnable, en s’assurant de leur renouvellement. « La Terre n’est pas héritée de nos ancêtres, elle est empruntée à nos enfants »

Il n’y aura pas de transition écologique réussie sans équité sociale, sans volonté démocratique !

Les enjeux, les difficultés obligent à débattre et décider des projets de développement, puis à redistribuer équitablement les produits et leur plus-value, en fonction de possibilités soutenables aux différentes échelles de territoire, du local au régional, de la commune au département, de la région à la nation… En réponse aux enjeux mondiaux de la planète, de la biosphère. Au bénéfice des différents écosystèmes, du plus restreint au plus global.

Nous ne pouvons plus dépasser les possibilités de régénération de la biosphère, considérables mais limitées !
Notre biosphère est unique, c’est le berceau de notre santé et de notre durabilité.

                       

 

Le 6 juillet 2020

Humain, trop humain ?

La revue ESPRIT, publie, dans son infolettre du 26 juin 2020, un texte essentiel de Philippe Descola, « Humain, trop humain ? », écrit fin 2015 à la veille de la COP 21.

Philippe Descola est professeur au Collège de France, créateur de la chaire d’anthropologie de la nature. Cet article est le texte de la conférence inaugurale du colloque « Comment penser l’anthropocène ? » organisé par Philippe Descola et Catherine Larrère. 

Revenons sur ses propos avec quelques extraits choisis, bien difficilement, tant le texte est dense, cohérent et documenté… (10 pages)
 

Notre rapport à la nature a atteint un point de rupture qui requiert une manière responsable d’habiter la Terre. L’anthropologie peut nous apprendre à considérer les milieux de vie comme titulaires de droits, dont les hommes ne seraient que les mandataires, et à leur accorder une représentation politique.

Si Alexandre de Humboldt (1769-1859) voyait la Terre comme un grand organisme vivant où tout est connecté, anticipant ainsi l’hypothèse Gaïa de Lovelock (1970), il était clair aussi pour lui que les hommes étaient partie prenante de cet organisme et que, de ce fait, l’histoire naturelle de l’homme était inséparable de l’histoire humaine de la nature.

Comment avons-nous enclenché un processus qui va rendre la Terre, non pas de plus en plus, mais de moins en moins habitable, et comment faire pour enrayer ce mouvement ?
Que s’est-il passé entre le constat optimiste de Humboldt que toutes les forces de la nature – dont les humains – sont entrelacées et l’évidence de plus en plus manifeste que ce qui ne s’appelait pas encore à son époque l’anthropocène est devenu le symptôme et le symbole d’un terrible échec de l’humanité ?

Un seuil critique

Il s’est passé au moins deux choses : …/… des produits nouveaux comme les antibiotiques, les pesticides et les OGM se conjuguent à la dissémination de nouvelles espèces dans de nouveaux habitats, à la circulation d’agents pathogènes aptes à sauter les barrières d’espèces, à la monoculture intensive et aux effets sélectifs des températures plus élevées de l’atmosphère et des océans pour altérer les processus évolutifs ; comme l’écrit le spécialiste d’écologie marine Stephen Palumbi (2001), « les humains sont [maintenant] la plus grande force évolutionnaire sur la Terre ».

La seconde différence… une petite partie de l’humanité s’est entre-temps approprié la Terre et l’a dévastée pour assurer ce qu’elle définit comme son bien-être, au détriment d’une multitude d’autres humains et de non-humains qui payent chaque jour les conséquences de cette rapacité. Ce n’est donc pas l’humanité en général qui est à l’origine de l’anthropocène, c’est un système, un mode de vie, une idéologie, une manière de donner sens au monde et aux choses …/…

Tout indique en effet que nous sommes au bord d’une rupture majeure du système de fonctionnement de la Terre dont les conséquences peuvent être envisagées à grands traits au niveau global sans que l’on sache encore très bien comment elles vont se traduire localement dans l’inévitable bouleversement des modes d’existence qu’elles vont engendrer. …/…

J’ai fini par prendre conscience que l’anthropisation et l’anthropocène sont des choses bien différentes. La première résulte de ce mouvement de coévolution des humains et des non-humains, ininterrompu depuis 200 000 ans, qui a façonné la Terre en altérant les écosystèmes et leurs conditions de fonctionnement, de façon parfois irréversible et avec des effets régionaux non intentionnels …/…

Tandis que l’anthropocène désigne un effet systémique plus global, auquel les altérations d’écosystèmes locaux contribuent sans doute pour une part, mais dont le résultat général est une transformation cumulative et en voie d’accélération du fonctionnement climatique de la Terre…/…

Le système naturaliste

…/… La cause principale de l’entrée dans l’anthropocène, c’est le développement depuis quelques siècles…, d’un mode de composition du monde que l’on a diversement appelé : capitalisme industriel, révolution thermodynamique, technocène, modernité ou naturalisme.

Depuis des millénaires, les sociétés agraires reposaient sur l’énergie solaire, c’est-à-dire la photosynthèse de diverses espèces de plantes et leur conversion en nourriture, et sur l’énergie fournie par l’action dirigée des humains et des animaux. …/…

Le développement du capitalisme marchand et le système colonial puis impérialiste sur lequel il s’appuyait ont permis la diversification globale des sources d’énergie, de matières premières et de biens manufacturés en même temps que leur péréquation grâce à la monnaie : tout devenait convertible en argent …/… qui devenait l’instrument permettant d’obtenir une énergie bon marché déconnectée du contrôle de la terre agricole. …/…

On entrait ainsi de plain-pied dans l’illusion majeure de ces deux derniers siècles : la nature comme ressource infinie permettant une croissance infinie grâce au perfectionnement infini des techniques. En ce sens, la machine de Watt n’est pas tant la cause première de l’entrée dans l’anthropocène que le premier résultat de l’accélération des échanges marchands, accélération qui rendait nécessaire le contrôle des énergies fossiles désormais plus importantes pour la production et le transport que l’énergie stockée dans les êtres vivants.

Des réponses globales

…/… Si l’anthropocène n’est pas l’anthropisation, si la nouvelle ère géologique signale l’irruption d’une nouvelle science des interactions terrestres qui, comme nous le rappelle Clive Hamilton, n’est pas l’agrégation des savoirs sur les écosystèmes, les géosystèmes et les anthropo-systèmes, alors que faire de ces savoirs ? Comment les intégrer pour mieux comprendre les effets à différentes échelles des boucles de rétroaction connectant transformations environnementales, changements climatiques, évolutions des communautés biotiques et pratiques humaines ? …/… Comment imaginer une science qui serait capable de le faire à l’échelle de la planète en respectant chaque niveau de pertinence et chaque mode d’inter agentivité ? Celle-ci reste à construire sous la forme d’une vaste intelligence collective et c’est sans doute l’un des défis les plus pressants que nous lance l’anthropocène…/…

On peut comprendre que des phénomènes se déployant à une échelle globale requièrent des mécanismes globaux – c’est-à-dire interétatiques, comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) ou la Conférence des parties sur le réchauffement climatique …/…

 

Il me semble qu’il faut repenser en profondeur trois processus qui jouent un rôle central tant dans les relations entre humains que dans les rapports qu’ils entretiennent avec les non-humains : la manière dont les humains s’adaptent à leurs milieux de vie, la manière de se les approprier et la manière de leur donner une expression politique.

L’adaptation

…/… Pour faire face à l’urgence de la transformation climatique, il nous faut apprendre et propager l’idée encore neuve que notre destinée ne se résume pas à un face-à-face plus ou moins hostile entre l’homme et la nature médiatisé par la technique, ainsi que la tradition moderne a voulu nous le faire croire, mais qu’elle est tout entière dépendante des milliards d’actions et de rétroactions par lesquelles nous engendrons au quotidien les conditions environnementales nous permettant d’habiter la Terre. …/…

L’appropriation

…/… Il est ainsi urgent de redonner aux biens communs leur sens premier, non pas tant d’une ressource dont l’exploitation serait ouverte à tous, que d’un milieu partagé dont chacun est comptable.

…/… Sans doute est-il plus urgent encore d’étendre le périmètre des composantes intangibles de ce milieu commun collectivement approprié bien au-delà des objets habituels que j’ai mentionnés auparavant pour y inclure aussi le climat, la biodiversité, l’atmosphère, la connaissance, la santé, la pluralité des langues ou des environnements non pollués. …/…

Envisager un dispositif dans lequel ce seraient plutôt des écosystèmes ou des systèmes d’interactions entre humains et non-humains qui seraient porteurs de droits dont les humains ne seraient que des usufruitiers ou, dans certaines conditions, des garants.

La représentation

Il s’agit ici de la délégation de responsabilité ou de libre arbitre permettant à des agents engagés dans les collectifs d’humains et de non-humains de faire valoir leur point de vue par personne interposée dans la délibération sur les affaires communes. …/…

C’est pourquoi il faut imaginer que puissent être représentés non pas des êtres en tant que tels – des humains, des États, des chimpanzés ou des multinationales ; mais bien des écosystèmes, c’est-à-dire des rapports d’un certain type entre des êtres localisés dans des espaces plus ou moins vastes, des milieux de vie donc …/…

Une véritable écologie politique, s’attacherait à ce que des milieux de vie singularisés et tout ce qui les compose – dont les humains – deviennent des sujets politiques dont les humains seraient les mandataires. …/…

Ce que permet l’anthropologie, c’est d’apporter la preuve que d’autres manières d’habiter le monde sont possibles puisque certaines d’entre elles, aussi improbables qu’elles puissent paraître, ont été explorées ailleurs ou jadis, montrer donc que l’avenir n’est pas un simple prolongement linéaire du présent, qu’il est gros de potentialités inouïes dont nous devons imaginer la réalisation afin d’édifier au plus tôt une véritable maison commune, avant que l’ancienne ne s’écroule sous l’effet de la dévastation désinvolte auquel certains humains l’ont soumise.

Voir les références bibliographiques citées par Philippe Descola
[http://esperanza21.org/sites/default/files/Transition_Humain_Ph.Descola%... 

 

 

 

 

 

 

Le 17 mai 2020

Mot ami & mot à maux...

« Une profonde “discrimination systémique” ».
C'est par ces mots que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, conclut sa décision rendue le 12 mai dernier sur les contrôles d'identité répétés et abusifs.

Cette ‘’discrimination’’ serait donc produite par un système, celui de la police elle-même. Ou celui de notre société, police y compris ?

Et voilà que le qualificatif ‘’systémique’’ est repris à longueur de communiqués, d’articles et de conversations… Il fait mode !
Pourquoi ne pas avoir utilisé discrimination ‘’structurelle’’ ?
Ou bien, ‘’systématique’’, qui met l'accent sur le caractère répétitif et quasi automatique, sans la moindre interrogation.

 

Or, en sciences, ‘’systémique’’ porte un tout autre sens : il qualifie les multiples relations d’un système, où chaque élément est à la fois indispensable et dépendant des autres.

Auto-entretenues dans ce système, ces relations en font sa dynamique, sa vie et lui confèrent des caractéristiques spécifiques, une identité. Elles font système.
 

Faut-il s’émouvoir de ce décalage sémantique ?

Assurément, il convient de l’analyser et de rester vigilant sur l'usage qui en est fait, selon le contexte.

Il en va ainsi de nombreux substantifs ou qualificatifs :

Un écosystème, emprunté à l'écologie, transposé en économie, ou en politique… Pour gagner une aura de "naturel" ?

Une valeur, qui de morale devient monétaire, rassurant ainsi quant à la ‘’moralité’’ de l'opération.

L’ADN, sorti de son contexte biologique, pour gagner la société, voire le marketing est aussi un gage de ‘’naturel’’ !

De même pour le parasitisme de l'écologie, qui, en société, prend un ton moralisateur, évidemment exclu dans un contexte scientifique…

Dans certains cas, la dérive est un effet de langage, mais elle peut également se révéler idéologique. Parfois même, elle recouvre une stratégie politique voulue bien proche d’une manipulation.

Ainsi de la récente ‘’distanciation sociale’’ employée pour désigner une distance physique qu’il faudrait laisser entre deux personnes pour éviter une contagion par le coronavirus.

A analyser le contexte politique où cette expression a été instaurée, elle s’avère hélas très parlante. En décrétant le confinement et l’état d’urgence, le gouvernement a mis en place un dispositif qui distancie, met à distance, les forces sociales !

Alors que chaque énoncé, chaque mot de chaque science se doit d’être monosémique afin de décrire et mettre en partage la même réalité, l’emploi des mots ou des qualificatifs dans la communication courante est très souvent polysémique.

Dans ce deuxième cas, c’est le contexte qui permet de saisir, ou pas, l’idée exprimée. C’est alors le contexte qui fait sens. Mais, celui-ci est-il bien connu ? Le plus souvent il n’est possible que de le supposer…

Or, chacun de nous interprète une expression à l’aune de son ‘’bagage culturel’’.

Dans le premier cas, une science crée un mot pour distinguer, identifier une part de réalité et ses propriétés.
Dans le second, l’emploi d’un mot ou d’une expression est souvent à double sens, ou plus ! Laissant à l'interlocuteur l'impression de choisir, alors que c'est souvent le sens le plus "martelé" par la pub, les médias, etc. qui sera ‘’choisi’’…

Les ‘’médiatiseurs’’ de toutes sortes en jouent ! Parler politiquement ou moralement correct mais sous-entendre ou sous-tendre une autre signification…

Les publicistes sont maitres en la matière. Le transfert de sens, ou de qualités, étant la base de fonctionnement des messages publicitaires.

Quant aux politiciens, ils en abusent au point d’en faire leur fonds de commerce… Paraître démocrate, jouer citoyen… et conduire ses ‘’propres’’ affaires !

Pour les citoyen-nes, l’exercice n’est pas facile, tant il mobilise des savoirs et une culture à élaborer dans de multiples domaines.

Restent l’intelligence et la vigilance collectives qui sont le propre d’une démocratie active et participante.
Encore faudrait-il qu’il y ait réellement place à ces décryptages… Ce pourrait être le rôle d’associations mais qui le souhaite ? Trop peu de médias autonomes en font leur objectif.

Une mobilisation culturelle est nécessaire afin de réinterroger nombre d’expressions admises, devenues des évidences. Il est nécessaire et urgent d’en éclairer au moins l’origine et les enjeux.
Afin d’organiser une société plus fraternelle et plus solidaire, plus responsable et plus émancipatrice…
Pour ce faire, éviter et résister à toute manipulation.

 

Le 29 mai 2020

Rupture de paradigme

Dès 1938, dans ‘’La formation de l’esprit scientifique’’, Gaston Bachelard proposait l’idée de rupture épistémologique pour parler de ces bouleversements culturels qui intègrent et réorganisent la conception (d’une partie au moins) du monde dans lequel nous vivons...

Nous pourrions citer rapidement : la conception de l’univers, la pensée systémique, l’écologie, la connaissance de notre corps et les relations avec ses environnements, les enjeux climatiques, les développements soutenables…
 

Aujourd’hui, Bruno Latour dessine quelques concepts qui apparaissent essentiels pour penser, organiser et habiter le monde. Essentiels pour organiser les activités des sociétés en accord avec les enjeux vitaux de la biosphère, des biodiversités.

Le premier, déjà évoqué dans notre éditorial du 23 décembre 2019, donne forme à la notion de territoire socio-culturel.

Le second, plus récent, développe la nécessité de prendre en compte l’habitabilité de notre planète et de nos territoires, à toutes les échelles.

« Tout change s’il s’agit, non pas de maintenir ou d’accélérer la production pour avoir plus à redistribuer et le faire plus équitablement, mais d’assurer le maintien des conditions de subsistance de tous les participants nécessaires à l’habitabilité des humains. »

« Si l’on tient à maintenir la notion de biopolitique – cette idée que l’administration gère la vie, le nombre, le bien-être des populations sur lesquelles elle a des droits –, il faut alors distinguer une biopolitique numéro un, celle décrite par Foucault, dès le XVIIIème, et qui n’a cessé de se renforcer depuis, en particulier autour des questions sanitaires…
Il n’existe pas de biopolitique numéro deux, celle qui aurait étendu la notion de bien-être des populations humaines pour y inclure les conditions beaucoup plus larges qui permettent aux humains d’exister (de respirer, de croître, de prospérer).
C’est le cœur de la question et c’est là où il faudrait étendre la notion de ‘’vie’’, et même de ‘’bonne vie’’ et de ‘’santé’’ pour absorber la notion, maintenant bien développée en écologie scientifique, ‘’d’habitabilité’’.»

« … La question capitale en termes d’habitabilité – et donc de ‘’santé’’ à long terme des humains – est bel et bien de savoir combien d’hectares de sol on maintient en capacité d’assurer la subsistance des humains et de ceux dont ils dépendent pour vivre. »

La troisième idée propose de nouvelles lecture et écriture ‘’biopolitiques’’ de nos activités selon nos appartenances en ‘’classes géosociales’’.

« Pas étonnant ainsi que l’administration, héritière de la constitution de l’État providence, se trouve démunie faute de pouvoir s’orienter dans les nouveaux conflits de classe que nous appelons ‘’géosociaux’’ parce qu’ils portent bien sur des classes mais dont le lien aux questions de lieux, de sols, de terre et d’occupation des terres, est décalé par rapport aux classes sociales liées, comme on le sait, aux positions dans ce qu’on appelait le ‘’système de production’’. »

Sur la base de ces trois regards, B. Latour distingue ainsi un monde ancien et l’émergence d’espoirs nouveaux.

Il pose ainsi la question du passage du premier, marqué par la surexploitation des écosystèmes et du travail (in)humain, à une organisation plus soutenable, plus équitable et plus durable.

Pour dessiner ce futur, il s’agirait de passer d’un monde des pouvoirs ‘’macho-fachos’’, à un monde du vivant où coopérations et solidarités conduiraient à un partage équitable et soutenable des ressources. Un monde dédié à la santé et à la vie.
BL
« Il me semble qu’il faut aviver le contraste entre l’autorité dont dispose l’État pour imposer des mesures concernant la santé, au sens traditionnel du terme, et celle dont il disposerait s’il en venait à nous imposer des mesures drastiques pour notre santé, au sens élargi qu’impose l’écologie. »

Cette nouvelle organisation implique la démocratie, comme mode d’expression et de gouvernance. Elle s’appuie assurément sur des connaissances scientifiquement fondées.

« … Avec les questions dites écologiques, c’est l’administration qui est souvent considérée comme un obstacle aux efforts encore timides de la société civile pour imaginer ce que peut vouloir dire une alternative écologique aux sociétés industrielles du passé. »

« Pour mener à bien une telle exploration, il faut pouvoir s’adresser à une administration rendue capable d’apprendre de ses citoyens »

Osons proposer un petit pas institutionnel, un grand pas pour les citoyens et la démocratie : le CESE peut être le lieu institutionnel de la construction et de la synthèse collectives d’expertises sur les grands thèmes d’actualité sociétale. Il en porte le nom : Conseil économique, social et environnemental. Encore faut-il lui accorder le pouvoir politique de son expression…

Non seulement il aurait la fonction d’instruire les dossiers, sur sa propre saisine ou bien à la demande de l’exécutif et des deux autres chambres parlementaires, mais ses avis et recommandations devraient absolument être étudiées, discutées et, au minimum, faire l’objet de déclarations parlementaire et gouvernementale.
La composition du CESE, et de ses correspondants permanents de la société organisée, reste à définir. Pourquoi pas en Congrès au moment de l’actualisation de la Constitution ?

B. Latour poursuit : « La question devient donc celle de construire peu à peu, à partir de la société civile et de proche en proche, une représentation commune de la mutation nécessaire, pour ensuite partager avec l’administration les tâches de mise en œuvre, de suivi, d’évaluation et de rectification éventuelle.
Ce travail de la société civile sur elle-même pour savoir ce qu’elle désire, rien ne peut le remplacer. »

« Tout change s’il s’agit, non pas de maintenir ou d’accélérer la production pour avoir plus à redistribuer et le faire plus équitablement, mais d’assurer le maintien des conditions de subsistance de tous les participants nécessaires à l’habitabilité des humains. »

Or, cette remise en question est en cours depuis de nombreuses années déjà.

En 1972, le rapport Meadows, issu de la concertation du Club de Rome allait trouver une première traduction politique avec le rapport Brundtland ‘’Notre avenir à tous’’, en 1987, puis avec les engagements pris au Sommet de la Terre, de 1992 à Rio.

Cette première ‘’révolution culturelle’’, cette nouvelle conscience écologique, inscrit l’analyse et la compréhension des activités humaines dans l’espace fini de la planète et de la biosphère.

Elle a été suivie d’une seconde phase, concrétisée en 2000 par les huit ‘’Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)’’. Les dirigeants de 189 États Membres de l’ONU se sont engagés dans nouveau partenariat mondial visant à réduire l'extrême pauvreté et construire un monde plus sûr, plus prospère et plus équitable.
La dimension sociale est (enfin !) inscrite dans l’approche environnementale.

Le pas suivant sera formulé, en 2015, au cœur de l'Agenda 2030, avec les 17 Objectifs de développement durable (ODD). Ils couvrent l'intégralité des enjeux de développement dans tous les pays tels que le climat, la biodiversité, l'énergie, l'eau, la pauvreté, l'égalité des genres, la prospérité économique ou encore la paix, la santé, l'agriculture, l'éducation…

Cette même année 2015, la COP 21, Conférence de Paris sur les changements climatiques, engage un accord international qui inclut (de manière bien trop timide), les autres enjeux de développement…

Après 5 années, force est de constater que ces accords ne se traduisent pas dans les transformations nécessaires des activités humaines, de la production à la consommation...

Or, la pandémie Covid 19 et, surtout, le coup de frein imposé par les mesures de confinement au niveau planétaire, imposent de penser et de prendre très au sérieux ce que Bruno Latour appelle, à propos, ‘’l’habitabilité de la Terre’’.

 

Rendons possible et effective une rupture de paradigme.

Dans un article, publié par Médiapart le 23 mai 2020, Fabien Escalona et Romaric Godin identifient Les quatre scénarios pour l’hégémonie politique du ‘’monde d’après’’ : Le néolibéralisme restauré ; le néo-illibéralisme, plutôt que leur repli nationaliste ; un douteux renouveau social-démocrate ; la voie escarpée de l’écosocialisme…

Pour sa part, Esperanza21 propose dexiger que la santé soit au cœur de tout projet politique. Un socle de construction et un critère impératif d’évaluation.

 

Le 27 mai 2020

Cette crise ? Un système de ou en crises…

Voilà plus d’un demi-siècle que notre pays est en crise… Cela n’a donc plus beaucoup de sens de parler de ‘’crises’’, puisque ce mot désigne un événement bref et soudain !

Cependant, la pandémie Covid-19 a bousculé les déséquilibres branlants en cours…
Et, nous sommes face à des constats que seuls les aveugles ne voient pas, comme l’aurait dit Brassens.  Rejoints par ceux qui tirent tant d’avantages de la situation qu’ils font tout pour qu’ils durent, encore plus ! Pour le pire, pour tous… et le meilleur pour eux.

 

Crise sanitaire
Elle est indéniable, avec son nouveau virus, SARS-CoV2, nouveau d’une liste qui ne cesse de s’amplifier et d’accélérer…

A regarder, un peu cyniquement, la pandémie n’est pas si mortelle… comparée aux ravages non médiatisés de la sous-alimentation, des eaux non potables, des pollutions, de toutes les maladies environnementales… et même des autres épidémies récentes et actuelles…

Covid-19, en revanche, est la première pandémie à bouleverser les organisations nationales et internationales. A mettre à mal, aujourd’hui, les systèmes de soins. De protection sociale demain ?

Les confinements, eux, ont asséné un coup brutal (fatal ?) aux économies et aux libertés.
Etaient-ils nécessaires, indispensables ou inévitables ? Quels sont leurs effets dans tous les domaines de la vie en société ? Nous ne le saurons probablement jamais, malgré des analyses qui viendront éclairer une partie de leurs conséquences…

Soulignons qu’il est important de distinguer ces trois niveaux car ils ne sont pas totalement liés par des causalités directes. La pandémie impliquait-elle le confinement (partiel) de populations, confinements d’ailleurs diversement organisés selon les pays ?

 

Crise sociale
Elle s’approfondit de mois en mois, partout…
Plus de pauvres, plus de mis à l’écart… Toujours autant, si ce n’est plus, de malnutrition, de mal-éducation, de mal-information…
Les objectifs (dits) de ‘’développement durable’’ (ODD) n’ont plus d’horizon prochain… Sont-ils encore inscrits aux agendas politiques des pays qui les ont formulés et signés, en 2015 ?

Au nom d’un modèle économique prédateur et destructeur, l’accès aux emplois, les services publics et les protections sociales sont étranglés. Avec la participation active de gouvernements pourtant issus d’élections, de moins en moins ‘’démocratiques’’ il est vrai…
 

Crise économique
Elle était prévisible, elle était annoncée… Et voilà qu’elle se déploie avec l’augmentation du chômage, la baisse des rémunérations, le recours aux solidarités alimentaires…  Nombre d’entreprises doivent fermer, déposer le bilan…

Les banques centrales font fonctionner la planche à billets… Les citoyens paieront dès demain et pour combien de générations ?

Pendant ce temps, quelques-uns (très peu) continuent à amasser des milliards… A s'auto-autoriser à déroger aux règlements, pourtant déjà trop laxistes pour préserver quelques biens et valeurs indispensables à la vie !
Pierre Baudet parle de ‘’voyoucratie’’…

 

Crise politique
Elle est manifeste, alors que les décisions ont été prises avec tant de semaines de retard, ignorant de nombreuses alertes pourtant insistantes…

Alors, qu’en France, les mesures de prudence ont été bafouées, les stocks de secours dilapidés…

Alors que des privations de libertés ont été décidées dans la précipitation…

Alors, qu’au moment où il était si important de mobiliser la Nation, les citoyens, leurs représentants… le ‘’pouvoir’’ gouvernemental a décrété un ‘’état d’urgence’’, un ‘’Etat d’urgence’’ affranchi des procédures démocratiques !

Alors que les parlements sont bâillonnés, le CESE est ignoré !
Ne serait-il pas en mesure d’éclairer l’exécutif aux plan économique, social et environnemental ? L’éclairer scientifiquement et démocratiquement ?

 ‘’ La guerre a été déclarée’’ ! Contre Qui ? Pour quoi ? Pouvoir établir la ‘’distanciation sociale’’ ? La si bien nommée…
Le comble du cynisme ! Pouvoir utiliser le confinement (sanitaire) comme instrument politique !

Légitimement, nous pouvons nous interroger sur le devenir de la démocratie.
 

Crise écologique
De l’érosion des biodiversités jusqu’à l’extinction de si nombreuses espèces, elle est, maintenant (de plus en plus ?), connue et reconnue…

Moins reconnu, le lien de cause à effet entre les activités d’extractivisme non contrôlé et la manifestation de nouveaux virus pathogènes.

Pas du tout reconnues les sciences écologiques qui informent sur les liens vitaux entre les diverses composantes de la biosphère et ses niveaux d'organisation.

Pour les politiciens, l’écologie ne serait qu’un supplément d’âme !!! Voire un pseudo argument électoral…
Quant aux prédateurs, ils pèsent de tout le poids de leurs fortunes pour éviter la loi… Ils appellent au retour à ‘’la normale’’ ! Ils voudraient revenir à ‘’l’anormal’’ d’avant les lois environnementales !!!

Déjà Karl Marx soulignait que les richesses sont le fruit du travail ET de la ‘’nature’’.
Si les ‘’services écosystémiques’’ et les biens communs que sont l’air, l’eau, les sols, les minéraux… ne sont pas pris en compte, comptabilisés dans les bilans économiques… nous irons dans le mur, une fois encore ! Et les chocs seront de plus en plus brutaux et mortifères…

Ce n’est pas demain ! Regardons l’histoire récente et les bouleversements des équilibres, les déséquilibres géopolitiques à l’œuvre en ce moment…
 

Crise médiatique
Que n’avons-nous entendu, que n’avons-nous lu… ? Que de confusions entretenues par des ‘’tchats’’ sans fin… Les médias, en général, n’assurent plus leur fonction de raison, ils résonnent ! Trop peu de travail journalistique vraiment argumenté…

Ceux qui parlent ‘’au public’’ mesurent-ils les ravages de la mésinformation ? Les effets délétères des peurs montées en cauchemars, voire en paniques…
Se sont-ils réellement documentés sur le sujet dont ils causent ? Peuvent-ils faire la part des faits et de leurs interprétations ? Dire tout simplement une opinion et ses référents rationnellement établis ?

Ou bien, leur fonction de ‘’médiatiseurs’’ a-t-elle trouvé l’opportunité de perturber une société ? De la canaliser ou de l’atomiser ?

Ou bien encore, comme ils le feraient au salon, ont-ils parlé sans retenue ? Sans précaution ? Sans éthique ?

Les uns montrant leur ignorance du dossier. Les autres préconisant de pires mesures radicales, forts de leur expertise dans un autre domaine ? La médecine, par exemple !

 

Crise culturelle
Car la maladie, puis la pandémie n’ont pas été observées et analysées avec suffisamment de connaissances. Pourtant, le registre des épidémies est établi pluri-scientifiquement depuis suffisamment longtemps.

Regardons les comportements dans l’espace public… Observons des citoyens désemparés…

Certes, les consignes ont été floues, voire contradictoires, parfois détournées… mais, enfin ! Un peu de connaissance en écologie et en biologie suffirait, par exemple, à éviter des ports de masques inefficaces, quand ils ne sont pas dangereux.

A écouter certains politiciens ou certain-es élu-es nous pouvons nous interroger !

Mais, quelle est la place des sciences dans les programmes de nos écoles ?

1972, conférence de Rio ; 2000 les objectifs du millénaire ; 2015 ODD et Conférence de Paris pour le climat…  Autant de changements de paradigmes ignorés des fondements de la culture quotidienne… Une culture anesthésiée par le marketing du Roi dollar !

Quelle est la formation de ceux qui parlent dans les médias et ainsi façonnent l’opinion publique ? Comment instaurer un véritable droit de réponse citoyenne ?
 

Un système de crises
Parler d’une crise est trop globalisant, ou trop ignorant des multiples composantes d’un système qui s’auto-entretient… A elles toutes, elles font système et s’amplifient.

« Cette crise n’est pas seulement une crise sanitaire, économique ou politique, c’est une crise anthropologique qui bouleverse nos rapports au temps et à l’espace, entrave ou paralyse notre liberté de mouvement, met le temps à l’arrêt, suspend l’usage des sens et des plaisirs, le toucher, l’odorat, le goût, mais aussi l’écoute et la parole. Elle circonscrit l’espace et le temps de l’expérience. Elle interdit toute rencontre avec l’Autre. Elle isole et enferme. Et expose l’individu à une série de chocs intemporels que ne semble relier aucune logique narrative. Tout ce qui nous arrive depuis le 11-Septembre, terrorisme, catastrophes écologiques, krach boursier, nous lance un même défi narratif. » Que peut la littérature par temps d’épidémie ? Christian Salmon, Médiapart le 24 mai 2020
 

Un système en crise…
Jusqu’à quel stade de déchéance faudra-t-il aller pour que nous, citoyens de la planète, nous organisions politiquement autrement ?
Que cesse l’exploitation du travail par une minorité de détenteurs de la finance ?
Pour que cessent les pillages organisés de la biosphère ? Que cessent les attentats à la vie ?

Pour que l’usage des biens communs soit contrôlé et comptabilisé dans les coûts économiques des entreprises ?

Pour que la SANTE, celle des personnes et de l'ensemble du vivant, devienne le fil conducteur de toutes les décisions politiques, de toutes les activités humaines ?

Pour que la santé allie bien-être, convivialité, équité, solidarités, éducation, information, démocratie…

Bonne santé ! Durablement…

 

Le 6 mai 2020

Confiner, était-ce ''essentiel'' ?

Nous avons bien entendu qu’il fut difficile, au gouvernement français le 17 mars dernier, de prendre la décision de confiner la (presque) totalité de la population. Sauf celles et ceux dont la poursuite de l'activité était jugée ‘’essentielle’’ : les soignants et autres personnels attachés aux services de soins, le Président de la République et les membres élus des diverses chambres, les employés nous permettant d'avoir de l'eau potable, de l'énergie... et bien sûr les commerces alimentaires…

Cette difficile décision avait pour but déclaré de sauver le plus possible de vies humaines et de ne pas encombrer trop rapidement les hôpitaux.
On lui attribue une réussite suffisante pour y mettre fin, ou l'interrompre, ou la modifier… sauf retournement de situation, d’ici au 11 mai.

Si on ne peut que se réjouir de l'amélioration constatée, il est très vraisemblable que l'on n'aura jamais la preuve que le confinement en soit l'acteur principal, ni qu'il ait été la seule solution, et de ce fait la meilleure.

Nous ne saurons probablement jamais non plus ce que le même confinement aura comme conséquences négatives, du moins sur les personnes, car, hélas, les annonces quotidiennes relatives à la (très) mauvaise santé de l'économie nationale ont déjà une réponse.

A des dépenses abyssales, s'ajouteront chaque jour des mises en faillite de petites, moyennes, grosses et même très grosses entreprises.
La gangrène du chômage progressera chaque jour, avec son cortège de drames individuels, familiaux et à toutes les échelles territoriales. « La faute au Covid-19 » …évidemment !

Mais, que saurons-nous des dégâts plus ou moins réparables sur les personnes de tous les âges ? De l'enfermement des jeunes enfants à celui des personnes âgées...
 

 

La pyramide de Maslow, 1943 présente les besoins vitaux regroupés en cinq catégories, et empilés en forme de pyramide à lire de la base au sommet.

Elle illustre l'hypothèse que nous ne pourrions nous consacrer à satisfaire un besoin seulement si le précédent est suffisamment satisfait. Cela a valu à Abraham Maslow, psychologue américain, d'être considéré comme le père de l’approche humaniste.

Puis, cette approche a été considérée comme obsolète dans les années 80. Mais, ce que nous vivons semble rebattre les cartes.
La pandémie Covid-19, peut-être, mais encore plus sûrement cette mesure de confinement très lourde, concernant la quasi-totalité de la population, sont accompagnés de troubles bien identifiés : crises d'anxiété, irritabilité, insomnie, difficulté de concentration et indécision, baisse d’efficacité et de motivation… dont la réapparition des années plus tard à déjà été constatée dans des circonstances similaires.

En France, outre la réduction très sévère de l'activité, on a vu le besoin de sécurité se fixer en bas de la pyramide, juste au-dessus des besoins physiologiques (respirer, se nourrir…).

Les besoins d’appartenance, d’estime ou d’accomplissement passent donc loin derrière ce qui est conçu comme ‘'essentiel’’ : survivre, pour l'individu c'est une évidence. Préserver la force de travail ?

Qu'on le veuille ou non, les conditions mises en place nous ont fait régresser à l'état primaire ! La dimension sociale étant réduite, voire interdite, idem en ce qui concerne la culture, du moins celle qui est accessible au plus grand nombre.
Serait-ce pour cela que l'on aurait opté pour la dénomination ‘’distanciation sociale’’ ?
Plutôt que « distance physique », ou « éloignement sanitaire », moins ambigus ?

Qui peut décider de ce qui est ‘’essentiel’’ ?

Quelles traces resteront de ces huit semaines destructrices ? Pour combien de personnes ?

Avec très probablement, des intensités différentes selon les âges, et sûrement selon les conditions matérielles du lieu de confinement et de la diversité possible ou non des activités habituelles compatibles avec ce lieu et l'âge.

Une tranche d'âges, sous couvert de bonnes intentions, a payé cher cette épreuve : les séniors. Qu'on les nomme ‘’personnes âgées, vieilles et vieux ou ancienNEs’’, ils ont été discriminés et réduits à une image datant de leurs propres grands-parents.

Leurs caractéristiques n'ont été vues que sous l'angle négatif. Alors que certainEs, de plus en plus nombreux, ont la chance et l'entretiennent, de vieillir en bonne santé, c’est-à-dire en bonne forme physique, intellectuelle, psychologique... avec une vie sociale active.

Cette bonne santé est le résultat de diverses activités stimulantes : des projets quotidiens, des relations familiales et sociales continues, une participation culturelle…

Rappelons une fois encore que l'OMS a précisé que « La Santé, ce n'est pas seulement l'absence de maladie, mais un état d’équilibre dynamique du bien-être physique, mental et social ». Nous pourrions ajouter ‘’culturel’’…
 

Ne confondons pas l’âge et les aptitudes…
Evitons de créer des catégories sociales ! De la ségrégation, en conséquence…

Les ‘’baby-boomers’’ ont été les heureux bénéficiaires d'une enfance dans des environnements nettement moins pollués, où ce qu'ils ont respiré, mangé et bu était d'une bien meilleure qualité que ce que respirent, mangent et boivent leurs petits-enfants. Ils ont connu l'élan émancipateur de 1968, le développement des communications et de l'informatique.

 

Pour beaucoup d'entre eux, ils ont une vie riche d'expériences, qu'ils soient restés sur leur lieu de naissance ou qu'ils aient parcouru le monde...

Ils ne souhaitent rien d’autre que de continuer à bien vivre, en bonne santé, et ainsi pouvoir partager, transmettre ce que la vie leur a appris !

Or, le confinement les a tenus et mis à l'écart, trop souvent seuls !

Les structures d'accueil manquent cruellement de personnels et de moyens pour se préoccuper vraiment de leur bien être psychologique....

Beaucoup sont morts, ils avaient le tort d'être ‘’vieux’’. Il est vrai que privés de liens psychologiques et sociaux, ils étaient déjà préparés...
Et sans possibilité pour leurs proches de les accompagner dans cette ultime épreuve.

Aurait-on imaginé que le confinement serait aussi destructeur, aussi inhumain ?

Au nom de quoi ? Au nom de quelle ‘’économie’’ ? Au profit de Qui ? De quel projet ?
Ou bien pour quelles incompréhensions ? Quelles peurs ? Quels désespoirs ?

Qui peut décider de ce qui est ‘’essentiel’’ ? Pour soi, pour la collectivité ?

 

 

 

Le 22 avril 2020

Exigeons que la santé soit l'objectif politique majeur !

La Santé* est précieuse nous le savons Toutes et Tous.

Elle est centrale, le socle de nos vies, de nos espoirs, de nos projets et défis,
de nos réussites et de notre persévérance, de notre créativité et de nos innovations…
Tout cela à titre individuel et, au moins aussi important, à titre collectif.

Nous proposons 7 exigences citoyennes qui peuvent guider
la co-construction d’un autre monde après les crises actuelles.

 

Déclinées en objectifs opérationnels, que de nombreuses associations ont déjà formalisés,
elles ouvrent des droits et des devoirs qui s’appliquent donc à toute institution et à toute personne.

> Alimentation saine et suffisante ODD 1, 2, 3 et 12

> Air, eau, sols et écosystèmes non pollués ODD 6, 12, 13, 14, 15

> Processus économique et de production responsables ODD 1, 7, 8, 9 11, 12 et 13

> Paix et démocratie, égalité et dignité ODD 3, 4, 5, 8, 9, 10, 11, 13, 16 et 17

 > Revenus, logements décents et équitables ODD 7, 8, 9, 11, 12 et 13

 > Education, information, formation et expressions culturelles accessibles ODD 2, 3, 4, 5,16 et 17

> Accès aux activités physiques et aux soins thérapeutiques ODD 1, 3, 6, 12, 16 et 17
 

La Santé est un objectif impératif de développement individuel et collectif.

Et il ne s'agit pas que de la santé des citoyen-nes,
mais bien de la santé de tout le vivant, macroscopique et microscopique.

Car la santé du Vivant est la première garante de la santé humaine.
L’Homme a trop tendance à oublier ses liens avec les espèces disparues ou contemporaines.

*L'Organisation Mondiale de le Santé, l’OMS, a d’abord proclamé : « La Santé, ce n'est pas seulement l'absence de maladie », puis «La santé est un état d’équilibre du bien-être physique, mental et social ».
Elle a progressivement introduit l'idée politique qu'il ne s'agit pas d'un état figé mais d'une quête permanente d'équilibre entre ces différentes composantes, auxquelles s'ajoutent enfin les facteurs environnementaux.

 

Dans le contexte de pandémie actuelle, il est criant que nous sommes, de plus ou moins bon gré, tous concernés par les mêmes évènements, par leurs conséquences, et par les mesures prises à leur encontre.

La Santé ne se mesure donc pas seulement à l'échelle individuelle, mais bien plus à l'échelle de la population.

Nous naissons chacunE avec un « potentiel santé différent ».
Nous sommes chacunE responsables de le développer tout au long de notre vie, c'est notre devoir.
Mais, il est évident que nous ne sommes pas dans des conditions équitables pour ce développement, ni même pour la simple préservation du potentiel santé hérité.

 

Tout organiser en fonction de la santé, c'est le devoir de l'appareil politique et des structures administratives dont notre pays est doté.
C'est notre droit !
Nous le revendiquons comme objectif fédérateur et structurant.

Un projet politique de santé doit d'abord permettre au maximum de citoyens d’entretenir, de consolider et de conserver leur santé en bon état.
C'est le tout premier service santé dû à la population, à toute la population.

Quand ce service s'est avéré insuffisant ou inadapté, alors, et alors seulement, les instances politiques et administratives doivent faciliter l'accès aux soins, soins de qualité. C'est un service public dû au malade

Cela n'est en rien révolutionnaire, l’article 3 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme de 1948 stipule : « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. » C’est dire que la santé exprime chacune de ces exigences, et toutes à la fois.
 

Nous n'avons été que trop longtemps spoliés par des choix politiques favorisant de plus en plus les biens privés au détriment du bien commun.

En revendiquant la santé collective, nous ne réclamons que ce qui nous est dû.

Nous ne voulons plus que la Santé soit sacrifiée au profit d'une économie de marché, et qui plus est injuste.

Nous savons combien de nos activités professionnelles, et domestiques, à une échelle plus faible, sont contraires au développement de la santé collective (pollutions de tous ordres, qualité dégradée de l'eau, l'air, les sols, et d'une grande partie de nos produits alimentaires...).

Il est urgent de faire de la santé collective l'objectif politique inspirant les instances nationales et internationales.

Plus récents que la déclaration des droits de l'Homme, les Objectifs de développement durable (17 ODD) formulés en septembre 2015 par les Etats réunis au sein de l’ONU, constituent un outil de référence, pensé à l'échelle de la planète. Ils ont le mérite d'inclure clairement les objectifs environnementaux associés aux objectifs sociaux.

Nos exigences se déclinent en organisations gouvernementale, étatique et administrative. Elles impliquent également un engagement citoyen de tous les instants et le changement de nos comportements de consommateurs imprévoyants.  Tout se complète, tout converge.

Exigeons que la santé soit l'objectif structurant de toute politique
 

 

Le 12 avril 2020

Parole de scientifique et parole de citoyen-ne ?

« Les scientifiques sont particulièrement exposés dans la crise sanitaire actuelle, où les gouvernements recourent à leur avis pour consolider leurs décisions.
Ainsi convoqués comme experts, également par les médias, ils se trouvent à la fois mis en responsabilité collective, comme c’est le cas des conseils scientifiques mobilisés autour du gouvernement français, et exposés individuellement.
Ils constituent aussi un phare, auquel on peut se référer pour se construire, progressivement, en tant que citoyen, une compréhension de la situation.
Le rôle de la science au sein de la société et vis-à-vis des arbitrages politiques majeurs devant être opérés est ainsi extrêmement actif, dans diverses configurations, et soumis à des pressions multiples.
Quelles questions cette situation pose-t-elle, pendant la crise ? Et que peut-on anticiper comme conséquences à plus long terme pour la relation entre science et politique ? »

Sébastien Treyer IDDRI // Billet de blog, le 2 avril 2020

La question posée nous interpelle :  que peut-on anticiper comme conséquences à plus long terme pour la relation entre des sciences, avec chacune son éclairage singulier, et des choix politiques, avec chacun leurs objectifs idéologiques ? 

D'où la mise en garde de Sébastien Treyer :
« … les relations entre sciences, politiques et sociétés se construisent aussi dans les interstices et les interactions individuelles, et cela supposera une attention permanente de chacun de ces acteurs. »

 Et la place qu'il donne aux citoyens, y compris dans les processus de recherches scientifiques : « …il sera essentiel que l’expertise d’usage des citoyens, tous directement concernés par cette crise, même au-delà des malades, retrouve également une place, notamment pour anticiper et évaluer l’impact des mesures de gestion de crise sur nos vies, également pour ne pas (re)donner l’image d’une expertise déconnectée de la société. »

Sébastien Treyer propose un exemple :
« La première question est très bien illustrée par la posture de l’expertise médicale telle qu’elle est mobilisée par les pouvoirs publics, dans un rôle classique de conseil du décideur politique (cf. conseil scientifique autour du Président de la République française… Ne manquez pas de consulter ces documents, très éclairants !!!). Rassurante par sa collégialité [en principe*], gage d’un pluralisme indispensable pour la qualité de l’expertise [en principe], et indépendante de la décision politique et de sa responsabilité finale [en principe], cette figure qui permet de consolider une autorité nécessaire pour avancer en temps de crise interfère cependant inévitablement avec deux autres enjeux.

D’abord, le processus dynamique de la science au travail, en train de se faire, avec toutes les difficultés de données imparfaites et dont le recueil lui-même est évolutif, et les tensions entre démarche empirique sans dispositif expérimental optimal et nécessité d’une validation scientifique (cf. activités du Pr Raoult sur la chloroquine).

Ensuite, les risques qu’il y a, dans le feu de la gestion d’une crise extrêmement rapide, à exclure les profanes, les usagers des services de santé, les malades, et les citoyens, de la construction de l’expertise scientifique elle-même…

L'écologie scientifique a néanmoins toute sa place, aux côtés de la virologie, de la microbiologie, de l'épidémiologie, de la géographie et d'autres disciplines dans les travaux scientifiques menées par des équipes pluridisciplinaires et publiées dans les revues les plus réputées. Elle avait très bien documenté des liens de causalité entre dynamiques écologiques et risques de pandémies.
L’écologie scientifique en lien avec la médecine a développé le concept de ‘’santé planétaire’’ (One Health) pour unifier les enjeux de santé des écosystèmes, de santé vétérinaire et de santé humaine…

Beaucoup appellent à construire ou mandater des institutions d’expertise scientifique pour définir explicitement ces interfaces et s’assurer que leur mandat est porteur d’une réponse stratégique à chacune des questions soulevées ici. C’est effectivement essentiel, comme on le voit avec le GIEC ou l’IPBES.

Les relations entre sciences, politiques et sociétés se construisent aussi dans les interstices et les interactions individuelles, et cela supposera une attention permanente de chacun de ces acteurs. » (déjà cité)

 Revenons à cette autre idée, énoncée mais peu développée par Sébastien Treyer :
« Le rôle de la science au sein de la société, et vis-à-vis des arbitrages politiques majeurs devant être opérés, est ainsi extrêmement actif dans diverses configurations, et soumis à des pressions multiples. »

Que se passe-t'il quand un/une scientifique souhaite, ou est amené(e), à prendre la parole "en tant que citoyen(ne)" ?

Familier(e) de la rigueur de la communication scientifique entre pairs, par crainte d'indisposer son auditoire, il ou elle choisira souvent de "raconter", plutôt que "démontrer", "argumenter". Pourquoi pas ?
Mais, il est des précisions nécessaires qui peuvent ou doivent être fournies par ‘’le conteur’’, s'il se l'autorise, ou tout simplement s'il est conscient de cette nécessité.

Le domaine des sciences n'a rien de commun avec celui des croyances, et pas plus avec celui de la magie.
Les sciences rendent compte des faits et phénomènes qu'elles étudient, des facteurs qui sont nécessaires ou au contraire qui empêchent que tel phénomène se produise. Mais, elle en rend compte ‘’hic et nunc’’. Ce phénomène qui se produit, ici et maintenant, se produira-t'il ailleurs et à un autre moment ?
Ainsi, toute conclusion d'une recherche scientifique se termine par une ou des questions qui appelle(nt) à poursuivre la recherche ou en débuter une autre…

C'est une première observation, mais elle n'est pas la seule.

Confronté à des ‘’pressions’’ socioculturelles ou politiques, comment le scientifique, censé être porteur de ‘’vérité’’, pourra-t'il ou saura-t’il conserver l'humilité du chercheur et le doute nécessaire à tout énoncé scientifique ?

Sa parole prend alors un poids politique…
De plus, ‘’les politiques’’ n’hésitent pas à s’emparer des énoncés ou des expertises ‘’scientifiques’’ afin de servir leurs options ‘’idéologiques’’…
Les discours factuellement fondés et discutés deviennent autant de pseudo-vérités !

En fait, ce qui est à interroger, c'est à la fois  l'image que l'on a des savoirs scientifiques, et le rôle que l'on accorde, ou que l’on cherche à faire jouer, à la personne auréolée de cette image.

Est-ce bien ce rôle qui est souhaitable pour la collectivité, pour la société ?
Dès lors qu'un ''scientifique'' sort de son univers méthodologique de recherche, sa parole change de statut et de fonction, voire de sens, en tous cas de poids sociétal…

Par exemple, pour la pandémie du Covid19, le gouvernement a mis en place, près de lui, un ‘’conseil scientifique’’ dont les avis (peu ou pas explicitement argumentés scientifiquement) ont été rendus publics.

Pourtant, il existe une instance démocratique, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dont la fonction est [en principe*] d’alimenter la réflexion sur les grandes questions sociétales en documentant, articulant et discutant scientifiquement, ces trois problématiques rassemblées.
Or, en ce temps propice à une mobilisation citoyenne, même les chambres parlementaires ont été écartées de la décision politique, au motif de l’urgence sanitaire ! A cet effet, une loi dite ‘’d’urgence’’ a été votée, au simple scrutin majoritaire et séparément par les deux chambres…

Quel contrôle, quelle appréhension citoyenne sont-ils possibles ? Sont-ils effectifs ?
Alors même que les médias diffusent toutes sortent d’informations… Organisent polémiques et controverses souvent éloignées des enjeux identifiés par les sciences médicales et sociétales… Que d’espaces ouverts aux glissements idéologiques !
Et nombreuses sont les personnes ou les institutions qui s’en saisissent, en lieu et place d'une véritable expression citoyenne !
 

Le Collectif Malgré Tout  nous interpelle via son Petit manifeste par des temps de pandémie, dont voici quelques extraits.

« Nous assistons aujourd’hui à un événement historique et inédit : pour la première fois, l’humanité entière produit une image de la menace. Cette image ne se réduit pas à une connaissance scientifique des faits qui ont conduit à l’apparition et la diffusion du virus. Ce qui est profondément en jeu est l’émergence d’une expérience partagée de la fragilité des systèmes écologiques qui étaient jusqu’ici niée et écrasée par les intérêts macro-économiques du néolibéralisme (pourtant nullement novateur...)

Nous vivons tous à l’ombre d’une menace majeure et généralisée : celle d’un dérèglement écologique global dont les effets toujours plus massifs (réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité, pollution de l’air et des océans, épuisement des ressources naturelles...) touchent déjà l’ensemble du vivant et des sociétés humaines.
…Et pourtant, nous ne parvenons pas à en produire une connaissance par les causes, la seule capable de former une image concrète du danger qui déclenche l’agir…
Quotidiennement, nous recevons des nouvelles du désastre mais l’information, loin de provoquer l’acte, conduit à l’impuissance et au pâtir.
Qui dès lors agit vraiment dans ce contexte ? Il s’agit, selon nous, de ceux qui participent à la recherche des causes : victimes, scientifiques, lanceurs d’alerte... Autrement dit, ceux qui sont engagés dans un agir propre à faire émerger une représentation claire de l’objet.

Face à des menaces conscientes mais vécues comme des abstractions, nous restons paralysés par l’angoisse. À l’inverse, en présence d’une cause identifiée, c’est bien la peur que nous ressentons. Et la peur, contrairement à l’angoisse sans objet, pousse à l’agir.

Comme l’écrivait Proust, « les faits ne pénètrent jamais le monde où vivent nos croyances ». Il n’existe pas de faits « neutres » qui expriment une signification en soi.

Tout fait n’existe que dans un ensemble interprétatif qui lui donne son sens et sa validité. La science traite des faits tout en construisant dans le même temps son propre récit interprétatif.
 

Contrairement à ce que prétend le scientisme, l’activité scientifique ne consiste pas à produire de simples agrégats de faits nus. Le récit à travers lequel la science ordonne les faits émerge d’une interaction avec les autres dimensions que sont, entre autres, l’art, les luttes sociales, l’imaginaire affectif et plus globalement l’expérience vécue. Autant de dimensions qui participent à la production du sens commun.

 … Le rôle de la pensée structurée n’est certainement pas d’ordonner et discipliner le sens commun, mais plutôt d’ajouter des dimensions de signification qui peuvent ensuite devenir majoritaires et hégémoniques.

C’est pourquoi tout projet émancipateur, loin de représenter le dévoilement d’une scène cachée de vérité, est toujours une création libre d’une subjectivité nouvelle.

Il ne s’agit donc pas de penser au jour d’après en vivant le présent comme une simple parenthèse.
Notre vie se déroule aujourd’hui. C’est pourquoi ce petit manifeste est un appel à celles et ceux qui souhaitent imaginer, penser et agir dans et pour notre présent. »

Nous, citoyens savons par expérience du quotidien ou professionnelle, que la précipitation est l'ennemie de l'urgence. Mauvaise conseillère, elle relève de l'émotion et donc ne permet pas d'écouter et d’évaluer les divers possibles.
Certes, il faut faire vite, mais pas au prix d’éliminer d’emblée toute réflexion diversifiée !

Nous, citoyens avons besoin d’une parole scientifiquement argumentée, d’instances de délibération, de contrôle de la mise en œuvre et d'évaluation des résultats, instances auxquelles nous entendons participer.

 

Le 6 avril 2020

Des gestes-barrières contre le retour à la production avant-crise

           D’après Bruno Latour (extraits) + un exercice d'autodétermination
           Texte en intégralité sur le blog de Jean-Marc B, édité le 30 mars 2020

En s’appuyant sur l’analyse proposée par Bruno Latour,
 Esperanza21 invite à pratiquer l’exercice qui lui est associé.

Elle pourra accomplir le travail de collection et de synthèse de vos propositions.
Faites-les parvenir à :
Esperanza21@esperanza21.org 

 

Si tout est arrêté, tout peut être remis en cause, infléchi, sélectionné, trié, interrompu ou au contraire accéléré… A la demande de bon sens : « Relançons le plus rapidement possible la production », il faut répondre : « Surtout pas ! ». La dernière des choses à faire serait de reprendre à l’identique tout ce que nous faisions avant.

Il y a peut-être quelque chose d’inconvenant à se projeter dans l’après-crise alors que le personnel de santé est, comme on dit, ‘’sur le front’’, que des millions de gens perdent leur emploi et que beaucoup de familles endeuillées ne peuvent même pas enterrer leurs morts.
Et pourtant, c’est bien maintenant qu’il faut se battre pour que la reprise économique, une fois la crise passée, ne ramène pas le même ancien régime climatique contre lequel nous essayions jusqu’ici, assez vainement, de lutter.

En effet, la crise sanitaire est enchâssée dans ce qui n’est pas une crise – toujours passagère – mais une mutation écologique durable et irréversible. Si nous avons de bonne chance de ‘’sortir’’ de la première, nous n’en avons aucune de ‘’sortir’’ de la seconde. Les deux situations ne sont pas à la même échelle, mais il est très éclairant de les articuler l’une sur l’autre.
En tout cas, ce serait dommage de ne pas se servir de la crise sanitaire pour découvrir d’autres moyens d’entrer dans la mutation écologique autrement qu’à l’aveugle…

[en revanche] L’occasion est trop belle, pour eux (les globalisateurs), de se défaire du reste de l’État-providence, du filet de sécurité des plus pauvres, de ce qui demeure encore des réglementations contre la pollution, et, plus cyniquement, de se débarrasser de tous ces gens surnuméraires qui encombrent la planète [1] …

…Il ne faut pas oublier que ce qui rend les globalisateurs tellement dangereux, c’est qu’ils savent forcément qu’ils ont perdu, que le déni de la mutation climatique ne peut pas durer indéfiniment, qu’il n’y a plus aucune chance de réconcilier leur ‘’développement’’ avec les diverses enveloppes de la planète dans laquelle il faudra bien finir par insérer l’économie. C’est ce qui les rend prêts à tout tenter pour extraire une dernière fois les conditions qui vont leur permettre de durer un peu plus longtemps et de se mettre à l’abri eux et leurs enfants. ‘’L’arrêt de monde’’, ce coup de frein, cette pause imprévue, leur donne une occasion de fuir plus vite et plus loin qu’ils ne l’auraient jamais imaginé [2] …
 

C’est là que nous devons agir.

Si l’occasion s’ouvre à eux, elle s’ouvre à nous aussi. Si tout est arrêté, tout peut être remis en cause, infléchi, sélectionné, trié, interrompu pour de bon ou au contraire accéléré…

De fil en aiguille, si nous commençons, chacun pour notre compte, à poser de telles questions sur tous les aspects de notre système de production, nous devenons d’efficaces interrupteurs de globalisation…

C’est qu’il ne s’agit plus de reprendre ou d’infléchir un système de production, mais de sortir de la production comme principe unique de rapport au monde...

Ce qui ne veut pas dire décroître ou vivre d’amour ou d’eau fraîche, mais apprendre à sélectionner chaque segment de ce fameux système prétendument irréversible, de mettre en cause chacune des connections soi-disant indispensables, et d’éprouver de proche en proche ce qui est désirable et ce qui a cessé de l’être…

Un outil pour aider au discernement

Comme il est toujours bon de lier un argument à des exercices pratiques, proposons aux lecteurs d’essayer de répondre à ce petit inventaire. Il sera d’autant plus utile qu’il portera sur une expérience personnelle directement vécue. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer une opinion qui vous viendrait à l’esprit, mais de décrire une situation et peut-être de la prolonger par une petite enquête.

C’est seulement par la suite, si vous vous donnez les moyens de combiner les réponses pour composer le paysage créé par la superposition des descriptions, que vous déboucherez sur une expression politique incarnée et concrète - mais pas avant.

 

Pour comprendre les nouveaux cahiers de doléance
 

Attention : ceci n’est pas un questionnaire, il ne s’agit pas d’un sondage.
C’est une aide à l’auto-description*

Il s’agit de faire la liste des activités dont vous vous sentez privés par la crise actuelle,
qui vous donnent la sensation d’une atteinte à vos conditions essentielles de subsistance.
Pour chaque activité, pouvez-vous indiquer si vous aimeriez que celles-ci reprennent à l’identique (comme avant), mieux, ou qu’elles ne reprennent pas du tout.

 

Veuillez répondre en décrivant votre point de vue (document word en annexe) :

1 : Quelles sont les activités maintenant suspendues dont vous souhaiteriez qu’elles ne reprennent pas ?

 

2 : a) Pourquoi cette activité vous apparaît nuisible/ superflue/ dangereuse/ incohérente ?
 

      b) En quoi sa disparition/ mise en veilleuse/ substitution rendrait d’autres activités que vous favorisez plus facile/ plus cohérente ?

 

3 : Quelles mesures préconisez-vous pour que les ouvriers/ employés/ agents/ entrepreneurs qui ne pourront plus continuer dans les activités que vous supprimez se voient faciliter la transition vers d’autres activités ?

 

4 : Quelles sont les activités maintenant suspendues dont vous souhaiteriez qu’elles se développent/ reprennent ou celles qui devraient être inventées en remplacement ?

 

5 : a) Pourquoi cette activité vous apparaît positive

     b) Comment elle rend plus faciles/ harmonieuses/ cohérentes d’autres activités que vous favorisez
      et permettent de lutter contre celles que vous jugez défavorables ?

 

6 : Quelles mesures préconisez-vous pour aider les ouvriers/ employés/ agents/ entrepreneurs à acquérir les capacités/ moyens/ revenus/ instruments permettant la reprise/ le développement/ la création de cette activité ?

 

Esperanza21 mettra en parallèle votre description avec celles d’autres participants.
La compilation puis la superposition des réponses devraient dessiner peu à peu
un paysage composé de lignes de conflits, d’alliances, de controverses et d’oppositions.
Cette synthèse sera communiquée ensuite à chacun-e d’entre vous.

 Quelques documents pour mieux comprendre les nouveaux cahiers de doléance

L’auto-description reprend la procédure des nouveaux cahiers de doléance suggérés dans Bruno Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique. Paris, La Découverte, 2017 et développés depuis par un groupe d’artistes et de chercheurs.

[1] Voir l’article sur les lobbyistes déchaînés aux Etats-Unis par Matt Stoller,
« The coronavirus relief bill could turn into a corporate coup if we aren’t careful », The Guardian, 24.03.20.
[2] Danowski, Deborah, de Castro, Eduardo Viveiros, « L’arrêt de monde »,
in De l’univers clos au monde infini (textes réunis et présentés).
 Ed. Hache, Emilie. Paris, Editions Dehors, 2014. 221-339.

[3] L’auto-description reprend la procédure des nouveaux cahiers de doléance
suggérés dans Bruno Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique. Paris, La Découverte, 2017 et développés depuis par le consortium Où atterrir ?

 

 

Le 31 mars 2020

Questions d’échelles !

Il n'est pas question ici d'une quelconque échelle miracle qui permettrait d'enjamber les crises en cours !

Et, il ne s’agit pas non plus de l'échelle sociale, cet ‘’ascenseur’’ que l'Ecole avait pour mission de rendre accessible à tous, et particulièrement les moins dotés.  

Il s’agit plutôt d'une façon de penser, d’un exercice nécessaire pour analyser et comprendre le monde, tout simplement de l’exercice de notre pensée rationnelle.

Mais plus exigeant encore, d'un meilleur usage de notre esprit critique s'appuyant sur la mesure d’un fait ou d’un phénomène. Ce qui revient en quelque sorte, à une première évaluation des informations que nous recevons….

Par exemple, puisque le Covid-19 occupe une grande part de nos préoccupations actuelles, après une semaine de polémiques, les médias ont fini par s'obliger à évaluer combien de masques il faudrait, chaque jour, pour équiper tout le personnel soignant ! Combien pour tous les travailleurs ? Tous-tes les Français-es… et tous ceux qui vivent sur le territoire national ? Y compris l’outre-mer, évidemment !

De même, sachant qu’un test ne renseigne que sur la contamination ou non d’une personne au moment du prélèvement biologique, combien faudrait-il de tests pour obtenir une image hebdomadaire de la pandémie ?

Voilà qui pondère les débats que les médias savent si bien faire monter en mousse !

En réponse aux questions du Sénat, le gouvernement indiquait que les assurances étaient prêtes à abonder le fonds de solidarité sanitaire à hauteur de 200 millions d’Euros. Que représente cette valeur comparée au fonds lui-même ? Quel en est le montant prévu ?
Quelle valeur par rapport aux besoins pour faire face aux situations très difficiles de nombreuses entreprises ? Quel pourcentage par rapport aux sommes réunies par les compagnies d’assurance ?

Autre exemple, on dit du virus qu'il est un ennemi ‘’invisible’’… A l’œil nu, incontestablement ! Et pourtant, il est bel et bien visible avec un microscope approprié … Beaucoup d'entre nous ont d'ailleurs vu des photos du ‘’virus couronné’’.

On dit qu’on ne sait pas combien de temps va durer la pandémie Covid-19… Oui, hélas ! Pourtant, nous avons l’expérience acquise des pandémies précédentes, en particulier des SRAS (depuis 2003) et MERS (depuis 2012) … ce qui permettrait au moins d'émettre des hypothèses… Une sortie de crise encore trop lointaine ?

 

‘’Être à l’échelle’’, c’est également, évaluer l’ampleur à accorder à une action, le seuil à partir duquel elle va devenir efficace.

Par exemple, dans toute pathologie, il faut une certaine charge virale ou bactérienne pour qu’un organisme soit infecté et déclenche la maladie. C’est probablement le cas pour le SRAS-CoV2 ? Mais a-t-on pu le chiffrer ?  

A l’échelle d’une population, on estime à environ 60% le nombre de personnes immunisées pour que l'expansion d'une épidémie commence à régresser. Raison pour laquelle les vaccinations sont un acteur important de santé publique. Il reste du chemin à parcourir pour la pandémie Covid-19…

 Pour éviter la contamination, rester à distance (1 mètre au minimum) se transforme en mesures de confinement !...  Si l'on admet leur nécessité, elles devraient au moins être liées explicitement à ce que l’on sait des modalités de la diffusion de l’épidémie !

La distance corporelle par rapport aux autres doit être respectée en toutes circonstances, dehors… et chez soi dès lors qu'on n'y est pas seul-e.

Il est bien regrettable que les conditions dérogatoires insistent sur le motif, l'éloignement et la durée de toute sortie de chez soi, brouillant le message essentiel des distances corporelles à respecter pour la santé de toutes et tous ! En ce cas, le confinement apparaît prioritaire par rapport au fond ! Et tant pis pour ceux qui ne peuvent s’y soumettre, ou bien à quel prix !!!

De la distance de précaution pour éviter une contamination, un mètre au moins, à la consigne de confinement, il y a non seulement changement d’échelle, mais également changement de registre… Un glissement d’objectif ? Assurément, c’est un choix politique !
Et les surenchères de se multiplier, alors que nous avons besoin de consignes claires pour préserver notre santé et celle d'autrui.

Face à une menace mondialisée et mal connue (*), nous devons tous apprendre...
Apprendre à penser des systèmes différents ; penser une autre échelle et un autre niveau d’organisation… Penser aussi à des échelles différentes ; aux relations entre les systèmes ;
à d’autres niveaux d’organisation…

Si pour les médias, c’est moins vendeur que les histoires et drames personnels, c’est sûrement plus stimulant intellectuellement et souvent plus fécond !

Les crises révélées par la pandémie Covid-19, nous inviteront peut-être, nous le souhaitons à reposer, à repenser quelques questions de base, quelques options sociétales…
à changer d’organisations, de système… de paradigme, diraient certains…

A quelle échelle ? Nationale, continentale ou mondiale ?
 

Or, analyser et comprendre le monde ne peut se faire seul !
Cet exercice partagé, cette façon de penser et de faire le meilleur usage de notre esprit critique s'incarne dans la démocratie.
Cette intelligence collective se développera avec d'autant plus d'efficience, que la démocratie sera participative, implicative !

Rien n’est individuel sans être collectif, ce paradoxe apparent nous rappelle que « L'homme est un animal social » (Aristote), et aussi un être ‘’cultivé’’ !

Nous sommes tous inscrits sur la grande échelle de l’Humanité ! 
Nous sommes tous intimement liés à l’histoire du vivant…

 

(*) Serons-nous amenés à établir un lien causal entre ces virus d'un genre nouveau
et nos environnements artificialisés, où les écosystèmes sont déséquilibrés et la biodiversité appauvrie ?
Un appauvrissement redouté, comme un danger, y compris pour la survie de l'espèce humaine...

[23 septembre 2019 : L'écologie, ici & partout, maintenant & toujours…]

 

 

Le 29 mars 2020

Impressions d’Asie

De retour de notre voyage au Vietnam (32 jours) et au Cambodge (18 jours), en janvier et février 2020, essayons de partager quelques impressions dominantes.
Des impressions vécues depuis une ‘’bulle à touristes’’ bien difficile à percer…

Dès l’arrivée à Hanoï, l’activité urbaine et l’abondance des produits en magasins frappe et déstabilise nos visions franco-gauloises !

Par la suite, l’assurance d’un développement avancé s’imposera du Nord au Sud. Nous ne nous fions pas ici aux chiffres administratifs qui s’appuient sur le très mauvais indicateur qu’est le PIB (voir ci-après) !

 

Respect et admiration pour un pays qui était à genoux, il n’y a même pas 50 ans ! Deux générations seulement… Nous pensions rencontrer beaucoup de pauvreté, nous en avons vu bien moins qu’à Paris !

Passé la frontière, le Cambodge apparaît encore sous-développé malgré de nombreux projets en gestation, vergers et infrastructures notamment... Le dollar US, utilisé comme monnaie principale, révèle le rêve d’un mode de vie ‘’à l’américaine’’… Etonnant ! Et, de fait, la vie y est plus chère qu’au Vietnam ! Ici, les inégalités s’avèrent plus perceptibles encore…

Pourquoi un tel décalage, alors que, par exemple, les deux pays se partagent le delta du Mékong ?
En ce début d’année, les plaines du Cambodge apparaissent arides, malgré une nappe phréatique sous-jacente à quelques dizaines de centimètres…
Le Vietnam est vert, partout cultivé dans ses moindres espaces… Nous pourrions en tirer des leçons d’horticulture urbaine ! Là, chaque territoire semble assurer une base alimentaire autonome qui évite des flux de marchandises inconsidérés, malgré des échanges, de fruits par exemple, entre le Nord et le Sud…

Ici, les infrastructures font défaut alors que là, elles favorisent la vie économique. Ici, les ordures sont omniprésentes, souillant jusqu’aux plus beaux sites… alors que là, la propreté est un succès…

Mais, dans les deux pays, les aménagements grignotent des espaces cultivables, sans préoccupation semble-t-il !

Dans les deux cas, le développement d’un tourisme de masse laisse des traces. Difficile de se promener en nature ! Voire impossible au Vietnam qui est plus peuplé, il est vrai… Seules les pentes vraiment inaccessibles échappent aux activités humaines !

Dans les deux pays, la quête première d’argent est palpable, en permanence.
Du communisme, nous n’avons perçu que la couleur des drapeaux, largement déployés à l’occasion de la nouvelle année du Rat (débutée le 25 janvier) !

La performance économique se traduit par une bonne santé apparente de la population, du moins celle que nous avons vue au Vietnam. Mais, des signes d’inégalités sont flagrants : véhicules, habitations, vêtements...

 

Cette même recherche de performance économique interroge aussi.
Par exemple, la région de Dalat, hier réputée pour sa beauté, est envahie de serres qui en font autant de ‘’marigots’’ sous plastiques ! Dans les montagnes du Nord, le succès touristique de Sa Pa fait surgir des hôtels et tracer des routes de toutes parts…
Au Cambodge, le magnifique site du Bogor, près de Kâmpôt, est déjà gangrené par des projets immobiliers voués à recevoir des lots impressionnants de touristes (surtout chinois), à l’échelle des 4 milliards d’Asiatiques ! A Angkor, le problème a été reporté, jusqu’à ce jour, sur la ville de Siem Reap qui sert de base logistique aux visiteurs de la merveilleuse et grandiose architecture Khmer.

 Là aussi, le modèle capitaliste pose question ! Avec une acuité qui ne peut que nous inquiéter pour le futur de notre monde...

D’autre part, la hiérarchie de la circulation est parlante quant à la représentation sociétale : le plus gros, le plus fort a priorité !!! Les camions et autobus sur les voitures… Les voitures sur les motos et scooters… Ces derniers sur les vélos… Autant dire que les piétons ne peuvent que se méfier et slalomer dans les flux (denses) des véhicules. Heureusement, très rares sont les personnes qui dérogent au flot régulier de la circulation. Paradoxalement, cela finit même par nous paraitre plutôt efficace !

Et les trottoirs ? Spacieux pourtant, lorsqu’ils ne sont pas mobilisés par toutes sortes de commerce, ils servent quasi exclusivement aux stationnements, notamment des motos !!!
Serait-ce un choix d’organisation ? En tout cas, un signe fort, un révélateur des rapports sociaux…

Mais, soulignons à nouveau notre admiration pour ces boutiques débordantes de marchandises ; ces femmes, souriantes, sans cesse en activité ; pour ces combattant-es qui ont conquis leur liberté et repris le pouvoir aux colons chinois, français, japonais, yankees…

Sans oublier les petites guides de Sa Pa si vives, aimables, efficaces, simples… qui parlent l’anglais mieux que nous et d'autres langues, elles aussi apprises au contact des touristes seulement …

 

Pour terminer sur une nouvelle interrogation, comment ne pas parler du coronavirus ?
Comme notre nuage de Tchernobyl, il n’aura pas franchi des frontières fermées partiellement à la mi-janvier. Puis, plus drastiquement contrôlées fin février, et plus encore début mars…
L’information, ici comme ailleurs, n’a pas circulé convenablement ! Un, puis plusieurs foyers, ont été déclarés au Vietnam, mis sous quatorzaine… Quelle sera la suite dans un pays carrefour de l’Asie du Sud-Est alors que d’ores et déjà, son économie est affectée. A commencer par celle liée au tourisme…

De plus, si de nouveaux virus renouvellent périodiquement nos pathologies, comment envisager l'avenir ? Quels systèmes économiques sont en mesure d’assurer alimentation et santé ?

Ici comme ailleurs, la question de la démocratie, de l’éducation et de l’information, porte en germe le futur de nos organisations sociales et sociétales… Nos relations au vivant, aux écosystèmes, à l’agriculture et à l’alimentation… Au poids de l’argent et de la consommation… Nos relations entre hommes et femmes, entre ‘’nés localement’’ et personnes en visite ou en transit…

 

Comment peuvent s’épanouir nos vœux de transition globale vers un monde meilleur, vers plus d’émancipation et de solidarités ?

Si les voyages, les rencontres forment la jeunesse, comment pourraient-ils contribuer à plus de sagesse ? (Pdf avec quelques photos)

Vietnam : superficie 330 967 km2 (cf. la Norvège)  96 000 000 d’habitants / PIB 2 551 $US par habitant (classé 47ème pays) voir : https://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Viet-Nam

Cambodge : superficie 181 035 km² (cf. La Tunisie) 16 500 000 d’habitants / 1 504 $US par habitant (classé 110ème) voir : https://www.coface.com/fr/Etudes-economiques-et-risque-pays/Cambodge

 

 

Le 21 mars 2020

Quel après ?

Demain, pour l'humanité l’essentiel sera, encore plus qu'hier, la santé…

Non pas celle de l'industrie des soins thérapeutiques destinée à panser les maladies provoquées par l'économie productiviste !
Mais la santé, dans sa plénitude, telle que définie par l’OMS.

L’appareil médical, maltraité et affaibli depuis des années, se mobilise généreusement face à Covid-19, même au-delà des moyens qui lui ont été contestés…
Merci, grand merci à toutes celles et tous ceux qui le rendent performant, malgré les restrictions du service public.
 

Oui l’humanité résistera à cet épisode de crises. Assurément, elle en sortira différente.
Et le moment des bilans sanitaires et politiques viendra…

Aujourd’hui, il semble consensuel que « L’ampleur de la crise du coronavirus représente le défi le plus sérieux auquel nous n’avons jamais été confrontés. Pour nous tous, cependant, cette pandémie [révèle] la nécessité de l'humanisme, de l'inclusion et l'ouverture des frontières, de la démocratie et la transparence... comme moyens pour l'humanité de prospérer et de protéger la vie sur notre planète.
C'est aussi la seule façon de combattre un virus encore plus dangereux : le virus de la xénophobie et de l'autoritarisme qui se propage le mieux en période de confusion et de peur.
 »

De nombreux messages invitent à la solidarité et à la concertation, aux actions communes...

Nul doute, hélas, que les privilégiés d’aujourd’hui, que les partisans d’un repli égoïste, essayeront par la force, qu’elle soit idéologique, politicienne ou autoritaire, de museler la société et d’attenter encore plus aux organisations démocratiques !

Déjà l’appel à la Nation,’’en période de guerre’’, annonce des restrictions qui ne seraient pas évitables ! Et, ‘’en même temps’’, ceux-là mêmes qui voulaient détruire les services publics, au bénéfice de quelques privés, font appel aux solidarités !!!     

Quelle rupture souhaitons-nous ?

Nous ne voulons plus payer, deux fois, à cause des pillages et des pollutions dus à quelques privilégiés et prédateurs ! De même nous ne voulons plus de soi-disantes ‘’offres gratuites’’ dont nous ne saurons jamais le coût réel ! Les prédations ne peuvent plus durer !

Avec un éclairage nouveau, se pose en permanence la question de s'organiser afin d’éviter les obstacles qui sont répertoriés  et documentés depuis le Club de Rome, dans son rapport Meadows  en 1972 !!!
Bientôt 50 ans, soit deux générations… Combien de sommets internationaux ? Combien de ‘’bonnes intentions’’ ? Combien d’évitements ou de renoncements ?

Hier encore, les ‘’entreprises’’, les ‘’patrons’’ pleuraient pour payer moins d’impôts… tout en distribuant des dividendes généreux ! Aujourd’hui, le gouvernement fait appel à la Nation, aux solidarités et aux services publics qu'il met à mal depuis tant d’années !!!
 

Et demain ? Le travail serait encore moins payé ? C'est inacceptable !

Nous devons obtenir un équilibrage des poids respectifs du travail, du capital et des ressources communes dans les process de production.

La durabilité implique la transformation du partage des biens et des forces.
 

Nous devons cultiver notre santé comme un (bien) commun !

Seule une organisation véritablement démocratique peut y parvenir. Nous devons donc repenser l’articulation entre démocraties représentatives et participatives.
Aux citoyens de s'impliquer à chaque niveau d’organisation, pour l’intérêt collectif.

Les agricultures contribueront à une alimentation saine, tout en préservant et valorisant biodiversités, écosystèmes, ainsi que l'ensemble des biens communs que sont l’air, l’eau, les sols… le vivant.
L’écologie est un enjeu du vivre ensemble, ici et partout, maintenant et toujours...

Avec les biodiversités, l’enjeu du climat est devenu majeur. Aussi, nous devrons changer de modèle énergétique et laisser les gisements fossiles carbonés dans le sol. Place aux énergies décarbonées et renouvelables…

Les entreprises devront être mobilisées au service des citoyens. Ainsi, le travail, producteur de richesse, sera rémunéré équitablement. Finie l’autocratie du capital !

Les entreprises partageront la responsabilité de leurs environnements et contribueront à la valorisation des biens communs. Pour cela, il faudra enfin leur donner une personnalité juridique qui définisse leurs droits et leurs devoirs, à la fois sociaux, environnementaux et économiques, sans dérogation.

Il reviendra à l’économie ainsi réorientée d'en finir avec les objectifs financiers dont seuls quelques privilégiés ou despotes profitent, au détriment de tous les autres et même au détriment de la vie !

La responsabilité c'est aussi les droits humains. Le droit à une vie décente et émancipatrice. Le respect des autres et de la vie.

La responsabilité c’est l’exercice de cultures tolérantes…
Le droit à l’éducation, à l’information et à l’expression. Le droit et le devoir à l’exercice citoyen de ses choix collectifs et personnels.

Vivre en société est un ensemble d'actes politiques qui impliquent des savoirs partagés, des savoirs vérifiés, testés rationnellement, interrogés scientifiquement.
La crise actuelle montre combien quelques consignes simples ne sont pas suivies, probablement parce que non comprises…

Toute la société souffre des inconséquences des infox et du défaut d’éducation !

 

Nous n'accepterons plus un simulacre de démocratie.

Nous avons besoin d'une démocratie éclairée, participative, collaborative, implicative...et durable !

Greenpeace plaide « Nous avons enfin besoin que les hommes et les femmes politiques agissent dans l’intérêt de tous et toutes, et prennent des décisions structurantes, non pour maintenir un système défaillant mais bel et bien pour protéger les populations des périls sanitaires et climatiques, en anticipant les transformations à mener dès à présent. 
Nous avons besoin que les scientifiques et les expertEs puissent mener leurs travaux sans répondre à des intérêts privés grâce à des financements publics. Nous devons aussi compter sur des médias qui puissent travailler en toute indépendance.
»

L'implication citoyenne pour l’intérêt général est nécessaire pour garantir la démocratie.

Les citoyen-nes doivent pouvoir se documenter, réfléchir, échanger, argumenter, s’exprimer afin, ainsi éclairé-es, de pouvoir contrôler, comparer, évaluer… et décider, collectivement. Et à nouveau, se documenter, évaluer, comparer, argumenter, s’exprimer… et décider, encore… collectivement et démocratiquement, toujours !
 

A cet effet, nous avons besoin d’un CESE (Conseil économique, social et environnemental) qui documente et porte les grandes questions sociétales et les expertises qualifiées au nom de la Nation. Et qui oblige les deux Assemblées à délibérer ainsi que le gouvernement, l’exécutif à argumenter et justifier ses choix et options.
Nous avons besoin d’un contrôle démocratique, éclairé, argumenté, transparent, sincère… Citoyen !

« Dans toute crise, il y a une opportunité de redéfinir l’avenir. Celle-ci est terrible, mais elle nous permet de repenser l’importance de l’humain et du travail dans notre bien-être, de redéfinir nos besoins réels et de mettre fin aux illusions concernant les impossibilités de financement. Elle peut donc nous permettre de réfléchir à la place de la marchandise dans notre société. » Emeric Godin, économiste. Médiapart, le 17 mars 2020.
 

Sans oublier les enjeux écologiques, les enjeux environnementaux…

Nos ‘’ressources’’ sont limitées, nous devons les gérer en toute responsabilité et clairvoyance… La biosphère est notre maison !
Tout contribue à notre santé… ou à nos pathologies quand nous le négligeons !

La santé n’est pas seulement biologique ou physiologique, elle est psychologique, sociale, culturelle, relationnelle… Individuelle et collective… Elle est la plénitude de nos vies.
La santé… ce sont nos expressions, nos réalisations et nos émanci-passions…

La santé est un droit et un devoir. C’est la raison et l’objectif central !

Bonne santé à Toutes et à Tous

 

 

Le 23 décembre 2019

Décadences d’une société de l’outrance !!!
De l’illusion de consommation à la gestion de pénuries…

Forêts, zones humides, coraux… Insectes, oiseaux, poissons… Eau potable… Phosphates, cuivre, terres rares…

La liste est longue des minerais, espèces ou écosystèmes surexploités, en risque de disparition…
Certains théorisent l’effondrement, ce basculement qui, avec le réchauffement climatique, pourrait se produire.
Alors, nous ne trouverions plus, dans nos environnements, les ressources dont nous avons besoin pour vivre.

Mais, une autre menace nous guette, plus immédiate si nous n’y prenons garde.
Notre système d’alimentation, notre source d’énergie vitale, repose sur des réseaux de production, de commerce et de distribution à flux tendus.
Disparition des greniers, absence de réserves en précaution !
Les stocks, lorsqu’ils existent, ne sont que des variables marchandes pour la spéculation financière…

On admet qu’une ville pourrait vivre 2 jours sur les réserves de ses commerces !
Ne soyons pas trop pessimistes et espérons que ce soit une semaine, en cas de rupture d’organisation. Or, les risques sont réels : coupure d’électricité ou de carburant, nuit numérique, grèves très sévères… Ceux qui ont subi de fortes tempêtes ou inondations le savent... Inutile de penser se réfugier à la campagne, les ruraux ne sont pas mieux lotis que les citadins ! Seuls leurs congélateurs sont peut-être un peu plus conséquents...

Or, quels politiques se préoccupent de ce problème ?
Même si un projet de loi vient d’être proposé à l’Assemblée Nationale, jeudi 12 décembre...

Nous devons repenser notre organisation !
D’abord abandonner cette illusion d’une consommation qui serait sans limites ! Une organisation du gaspillage !

De fait, notre dépendance est extrêmement inquiétante…
Nos pays ne sont désormais ni autonomes, ni souverains en alimentation.
Par exemple, si toutes les terres cultivables du Bassin parisien étaient dédiées à une production alimentaire locale, elles seraient dans l’incapacité de nourrir la seule population d’Île de France !
Qu’est devenue la ceinture maraîchère qui alimentait le Paris de la fin du XIXème siècle ?

Quel projet sérieux d’agriculture de proximité ? Alors que fleurissent les promesses démagogiques ‘’d’agriculture urbaine’’ ?

Quel crédit est accordé par les politiques aux projets d’agroécologie qui eux prennent en compte nos besoins en nourriture saine, tout en restaurant des biodiversités ?
L’étude TYFA en établit la fiabilité à l’échelle européenne.

Nada ! Rien que des sols et des cultures soumis aux désastres chimiques, aux aléas climatiques, aux érosions, aux infrastructures démesurées… Sources et rivières polluées… Plastiques envahisseurs… Déchets sans destination… Autant d’enjeux qui suscitent déjà des tensions géopolitiques…

Le colloque ‘’AGIR sans SUBIR’’, réuni les 25 & 26 novembre, s’est interrogé sur la capacité des territoires à relever les défis écologique et social. De nombreuses expériences de terrain y ont été échangées. Des espoirs éveillés ?

 

Bruno Latour a souligné : « Ce qui permet notre maintien en vie est plus important que nos lieux de vie ».

De quoi avons-nous besoin ? Quels sont les lieux de production ? Quels sont les circuits de distribution ou d’échanges ? Qui sont nos partenaires ? Nos alliés ? Nos ennemis ?

Autant de questions qui viennent interroger les organisations mises en œuvre dans les territoires géographiques ou administratifs… Autant d’enjeux humains, sociaux et sociétaux...

En exemple, Bruno Latour cite le Brexit qui conduit maintenant les Grands Bretons à s’interroger plus sérieusement sur les coopérations et les alliances qui leur permettent de vivre. L’Europe est-elle vraiment cet ailleurs, cet ‘’étranger’’ contraignant ?

Catherine Larrère, quant à elle, observe un déplacement des préoccupations sociales... De la revendication pour une rémunération décente, de moyens de subsistance suffisants, vers la revendication de milieux de vie sécurisés et sains.
 

Du pouvoir d’achat au pouvoir de vivre...

Avec quels territoires, avec quels partenaires, avec quels objectifs, dans quels environnements… devons-nous et pouvons-nous construire des systèmes économiques pérennes et résilients ?

Pour nous organiser de manière durable, quelles échelles de territoire sont-elles les plus favorables ? Quels groupes socio-politiques mobiliser ?

Le 9 décembre, dans un hémicycle - quasi vide - de l’Assemblée nationale, s’est ouvert l’examen d’une ‘’loi contre le gaspillage et pour l’économie circulaire’’ dont l’objectif est de « stopper la surconsommation capitaliste » (Brune Poirson)

 

Aujourd’hui, les rayons des supermarchés ne sont que des vitrines d’illusion…
Tant d’accumulation de déchets potentiels ! Au seul bénéfice de quelques-uns...
Nombreux sont ceux qui le savent... hélas, le plus souvent à leurs dépends !

Pouvons-nous encore faire confiance au marché ?
Un marché qui ne connaît que la rentabilité financière maximale, tout de suite !!!

Nous devons (ré)apprendre à vivre avec les probables pénuries et à établir des espaces de sécurité, pour tous. Apprendre à penser ‘’développements responsables’’ !
Apprendre à relocaliser les productions vitales… A constituer des réserves de précaution…

Mais, est-il possible, aujourd’hui, en France ou en Europe, de construire un projet politique commun ? Pour l’intérêt du plus grand nombre ?

Et, tant mieux si les craintes de disettes n’étaient, in fine, que craintes injustifiées !!!
Prévoir et s’organiser, n’est-ce pas assurer collectivement demain ?

 

Le 8 décembre 2019

Éloge de la pédagogie

Novembre 2014.
Voici 5 ans, alors que le changement climatique est porté au devant de la scène médiatique, quelques collègues éducateurs décident de militer pour les enjeux de biodiversité.

La première idée vise la réalisation d'une émission de télévision. Hélas, le budget nécessaire (200 k€) ne sera pas réuni. Aussi, est crée Esperanza21 dont le moyen de communication principal est ce site web.

 Les enjeux de biodiversité, des biodiversités soulignons-le , sont rapidement reliés à ceux de l'alimentation, de l'agriculture, des énergies, du climat évidemment, des inégalités, des droits de l'homme, des développements, des gouvernances... autant d’enjeux de santé.
Ainsi, Esperanza21 tend une main fraternelle et solidaire pour mieux comprendre les défis du moment.

Elle se lance donc dans un travail culturel.
La culture, ce pilier essentiel, oublié du schéma reconnu d'un développement... encore espéré durable ! Durable et singulier ? Quel serait ce développement providentiel ? Miraculeux ?  Qui plus est... durable !!!

Notre culture reste encore totalement entachée d'illusions et de croyances, de rêves et de magies, de superstitions ou de tromperies... Certains savent en tirer profit !

En revanche, notre expérience en pédagogie nous invite d'abord à être à l'écoute.

À l'écoute des autres et du monde. À l'écoute des connaissances acquises, des savoirs conquis, du réel...

Elle nous incite à essayer de comprendre et de conceptualiser nos environnements et nos sociétés. Car le pluriel s'impose : il s'impose à l'analyse du réel et il s'impose dans les projets de toute société démocratique !

Écoute, également et surtout, à l'égard de nos jeunes interlocuteurs, les apprenants, si indignement appelés ‘’élèves’’ selon le vieux modèle autocrate.

 

Pédagogie, d’étymologie grecque, signifie littéralement "guider les enfants".

L'acte majeur de la Pédagogie consiste donc à  guider les apprenants, avec toutes les nuances que l'on imagine entre deux extrêmes:
    > le guide qui ne laisse aucune place à l’initiative de l’apprenant, dont le rôle est limité à « suivre le guide », avec l'intention de le doter de multiples expériences réussies.
    > le guide qui observe le comportement des apprenants, laissés libres de leur itinéraire, dans le but de susciter la prise de conscience de leurs choix, et éventuelles erreurs afin de devenir capable de les anticiper, les modifier, les diversifier, les adapter…

Écoute, bienveillance et exigence sont les qualités premières du pédagogue.

S’il s’intéresse plus particulièrement ‘’aux jeunes’’, le pédagogue s'adresse à des personnes déjà accomplies, pas seulement ‘’en devenir’’ !

Filles ou garçons, ils ont appris et continuent à apprendre de la société, de leur famille, de leurs ami-es... de l'école aussi.

Nous, adultes et pédagogues, devons les considérer comme des interlocuteurs à part entière. Ils sont au cœur, le cœur de notre projet professionnel…

La société constitue l'autre ensemble de référence avec la diversité des cultures, de nos environnements, des systèmes écologiques et anthropologiques, des savoirs conceptualisés et structurés...

Autant que faire se peut, les expressions ne relèvent plus seulement de l'affectif.
Elles s'approfondissent, elles sont argumentées au sein des groupes et des communautés humaines...

Pour le dire autrement, la pédagogie, les pédagogies exigent la mise en relation, en communication des citoyens avec les univers des recherches dans les diverses sciences et philosophies.

Ainsi conçues, les pédagogies sont des outils majeurs pour éduquer à la démocratie et faire que cette éducation se poursuive toute la vie durant.
Qu'elle se fortifie et s’adapte en permanence pour correspondre aux situations collectives nouvelles.

En cela aussi, elle est, par essence, politique.

 

Cependant, la question des objectifs, de la commande de la Nation, reste posée.
Comment préparer au mieux de jeunes enfants ou des adolescents au futur de leur vie en société ?
Déjà en ne les privant pas de leur vie actuelle !

De plus, elle est le meilleur terreau où les graines semées deviendront des plants à la fois robustes et résilients.

Il nous est bien impossible, aujourd'hui encore plus qu'hier, de prévoir la société de demain, son organisation, ses perspectives, ses métiers, ses économies… Aussi, seule l'acquisition de méthodes d'apprentissage, de communication, d'organisation... s’avère fiable et féconde.

La méthode s'impose d'autant plus dans une société où les connaissances, les informations sont rendues disponibles par les moyens numériques. Dans une société où il est nécessaire, et émancipateur, d'apprendre toute sa vie durant.

Dans ce contexte, l'enseignement n'est qu'une des fonctions de la panoplie pédagogique.
Le temps n’est plus à la simple instruction !

Agir sur les environnements culturels implique une balance perpétuelle entre l'épistémologie des faits et des théories, conceptualisée par les sciences et l'histoire des philosophies. Ce ne peut être qu’œuvre commune, participative, partagée, évolutive... sans cesse reconsidérée !

Les techniques et les ressources pédagogiques ont pour objet de modifier, de mettre en scène, l'environnement culturel des apprenants.

Dans des allers-retours, des échanges, des interactions incessantes entre les acteurs concernés : professeurs, parents, accompagnateurs, éducateurs, organisateurs… Chacun étant un apprenant permanent, lui aussi... Quelle situation stimulante !

La liberté et l'identité des uns se nourrit de celle des autres.

Ainsi pourrait se pérenniser une démocratie, permanente quant à ses valeurs et évolutive quant à sa mise en œuvre...

Une démocratie qui reconnaisse et s'appuie sur l'information, les méthodes,
la communication ... en un mot, sur la pédagogie.

La liberté et l'identité des uns se nourrit de celle des autres.

 

Le 18 novembre 2019

Croire ou prouver, la démocratie en questions  ?

La question de ‘’croire ou ne pas croire’’ ne se poserait même pas dans une véritable démocratie : c’est un choix individuel qui ne concerne que la sphère privée de chacune et chacun. La place des religions, en particulier, s’en trouverait clairement délimitée.

Or, l'actualité remet au devant de la scène les religions, ou plutôt les signes extérieurs qui affichent l'appartenance à telle ou telle religion, par choix délibéré ou par conformisme.

Et chacun, même le Président de la République, de décliner sa conception de la laïcité, de façon souvent approximative, revendiquant la ‘’liberté de croire’’, et de ce fait, prenant le risque d'affaiblir cette liberté fondamentale.

Dans le même temps, force est de constater que des informations non vérifiées, voire des opinions sans fondement objectif, sont de plus en plus colportées, sur le même ton que toutes les informations d’actualité... Y compris par des médias ayant pignon sur rue !

Pourtant, chacun-chacune, quelles que soient ses options religieuses ou athées, peut construire avec les autres, tous les autres, les savoirs et leur mise en pratique au regard des réalités sociétales, sociales, écologiques, économiques…

Il ne s'agit pas de ‘’croire’’, car l’enjeu est bien plutôt de rechercher ensemble ce qui représentera, ce qui décrira au mieux les faits et les fonctionnements du réel. Construire des savoirs adossés sur des faits avérés.

Construire des savoirs éprouvés, qui ne soient pas des vérités révélées, mais des faits* prouvés ou des hypothèses pertinentes. Mobiliser des connaissances à interroger sans cesse, dont la validité et les effets sont à réévaluer en permanence.

Autrement dit, élaborer ce qui permettra d'exercer une véritable citoyenneté, de pouvoir participer aux choix concernant la vie collective, quelle que soit son option personnelle de religion ou d'athéisme. Ce qui à un moment donné, dans un contexte donné semblera répondre au mieux à l'intérêt général.

Aujourd'hui, la place croissante prise par les religions rend difficile la structuration d'une pensée politique et d'un engagement de citoyenne ou de citoyen. Parfois, leur radicalité favorise même des comportements peu compatibles avec la vie en société.

Il ne s’agit ni de contester les choix philosophiques ou idéologiques de quiconque, encore moins de remettre en question la liberté de penser.

 

Mais bien plutôt de se demander jusqu’à quel point pouvons-nous, devons-nous tolérer l’intolérance ?

L’organisation propre à chaque idéologie, chaque religion ou à chacune des églises, l’exercice des divers cultes ou les convictions de tel ou tel groupe de pensée, ne peuvent altérer ni la convivialité, ni les solidarités sociétales !

Vivre en société est un ensemble d'actes politiques qui impliquent des savoirs partagés, des savoirs vérifiés, testés rationnellement, interrogés scientifiquement.

La qualité première des sciences est précisément de s’extraire des idéologies, de produire des savoirs factuels, universels et communs. Ceux-ci ouvrent aux débats et aux délibérations démocratiques, avec une prise de distance : observer pour essayer de comprendre...

Des savoirs vérifiés, dont le domaine de validité est éprouvé, qui ne sauraient être mis en balance avec des croyances, trop souvent basées sur des rumeurs colportées à l’infini...

Bien sûr, il ne s'agit pas de faire des sciences la panacée universelle.
Il peut même arriver que les énoncés scientifiques manquent parfois de rigueur, qu’ils présentent des biais méthodologiques, qu'ils soient abusivement généralisés ou hâtivement énoncés. Cela appelle à une vigilance permanente.

Mais il s’agit d'appliquer les principes d'élaboration de savoirs rationnels, avec leur exigence de qualité, aux savoirs du quotidien, du vivre ensemble, tout en incluant la diversité humaine, culturelle, sociale, philosophique...

Au delà des savoirs établis, les débats démocratiques peuvent se nourrir de l’espace d’incertitudes ou de doutes, des possibilités de choix, d’orientations…
Mieux, pour que la démocratie vive, il est nécessaire que des réflexions, des délibérations soient systématiquement engagées et organisées.

La question fondamentale est donc celle de l’information et de l’éducation,
celle des dispositifs comme des moyens de formation et de communication…

Ne nous laissons pas endormir ou berner par les idéologies qui fondent essentiellement leurs pouvoirs sur des croyances !
Ce serait une régression sociétale très regrettable ! Et combien dangereuse...

Parce qu’il est difficile d’échapper aux croyances, concentrons toute notre attention sur la structuration de nos savoirs. Et leurs limites.

 

En démocratie, s’il est admis de laisser ouvert le champ individuel de penser, si la tolérance et la reconnaissance de l’autre sont des impératifs laïques, les organisations collectives ne sauraient s’appuyer sur des croyances ! Ni même sur des convictions dès lors qu’elles ne sont pas partagées ou partageables par tous !

Quelle société voulons-nous vivre ?
Une démocratie éclairée, participative, collaborative, implicative...
ou bien, une société autoritaire, faite de croyances, de soi-disant vérités, de tromperies, de magies ?

* Le fait en question
Coordonné par Guillaume Lecointre et Sarah Proust
/ Editions L’aube / novembre 2019

 

Le 7 novembre 2019

Un troisième cerveau, complexité et paradoxes…

Il est communément admis que nos pensées, notre intelligence, nos savoirs, notre mémoire siègent et sont le fait de l’activité de notre cerveau.
Notre cerveau est le fruit de l’évolution biologique, lente et progressive, qui le fit se développer chez les vertébrés dont les mammifères, puis chez les hominidés.
Difficile de situer à partir de quand la vie en société, la culture contribuèrent fortement à cette évolution.
Fondement de notre identité de femmes et d’hommes ‘’sapiens’’, notre cerveau nous met en mesure d’être libres, conviviaux et démocrates…même si nous ne le sommes pas tous, ni tout le temps...

Aujourd’hui, les neurosciences font florès en étudiant le système nerveux, tant du point de vue de sa structure que de son fonctionnement, de l'atome à l'organisme.

 

Certains considèrent que nous avons un ‘’deuxième cerveau’’, notre abdomen, tant celui-ci est riche de connexions nerveuses et que, de son bon fonctionnement, de sa bonne santé, dépendent notre santé et notre capacité à bien penser…
D’expérience, chacun sait qu’il vaut mieux ‘’être en bonne santé et bien dans sa peau’’ pour réfléchir au mieux !

Un ‘’deuxième cerveau’’ qui vit en étroite relation avec notre microbiote, tout un univers de micro-organismes qui participent également à notre identité…
Un microbiote sous influence de notre alimentation et de la qualité des écosystèmes avec lesquels nous évoluons. Sous influence des diverses pollutions, en particulier des pollutions chimiques de toute nature…

Nous sommes connectés à nos environnements. Ils agissent sur nous, comme nous agissons sur eux !

Mais, considérons plus précisément comment chacun-e d’entre nous a pu constituer son ‘’capital intellectuel’’, ses capacités de savoirs, de mémoire, d’intelligence.
Force sera de constater que c’est grâce aux autres, par nos expériences de vie, nos émotions, nos succès et nos échecs… Chacun a le sentiment, voire la conviction, qu’il a appris par lui-même mais également en coopération et/ou en confrontation avec les autres.

 

Ainsi, les Autres seraient-ils, constitueraient-ils un ‘’troisième cerveau’’ pour chacun-e de nous ?

Pourquoi ne pas le dire ainsi ? D’ailleurs, qui n’a pas rencontré de ‘’maître à penser’’ ?
Nous pourrions dire aussi que nous sommes des animaux sociaux – plus ou moins sociables – et donc que nous sommes structurés par notre société, constitués en société. Que notre identité est une émanation de notre groupe culturel. Et pas seulement...!

Pas seulement... car mon espace vital, mon aire identitaire sont le fruit de mes capacités à voir, à entendre, envisager, comprendre, à modéliser des territoires, des cultures, des opinions, des perspectives qui vont bien au-delà de mon appartenance identitaire… A delà de ma communauté… Au delà de ce qui constitue ‘’ma société’’, mon groupe sociologique.

Je suis ce que je peux ‘’embrasser’’ ! Ce que je peux ‘’voir’’ et ‘’concevoir’’...

Être culturel et culturé, je suis un univers complexe, constitué de diversités et de paradoxes…

Et voilà que l’évolution de nos technologies propose une ‘’intelligence artificielle’’… Des ‘’machines apprenantes’’ !

De quoi s’agit-il ?
Ces objets techniques, conçus et élaborés par de multiples intelligences humaines, sont capables de compiler, comparer, rassembler et traiter de très nombreuses données, à des vitesses considérables… de plus en plus vertigineuses !
Des données qui cependant demandent à être validées, enrichies et confirmées par d’autres très nombreuses ‘’expériences humaines’’…

Fondées sur la mobilisation d’algorithmes, programmées par des humains, ces machines croisent les informations avec une telle capacité de calcul qu’elles pourraient paraître ‘’intelligentes’’ !!! Paraître… seulement !

Le philosophe Gaspard Koenig* observe : « Alors que notre esprit incroyablement agile peut reconnaître tous les chats à partir d’un chat, la très laborieuse IA ne peut reconnaître un chat qu’à partir de tous les chats. » !

 

Voilà qui pose à nouveau la question de l’intelligence.
De cette capacité à percevoir, analyser, comprendre, structurer, extrapoler, concevoir, prédire, anticiper, imaginer, créer…
De cette capacité à coopérer, partager, comparer, confronter, débattre, combattre, fédérer, sublimer…

Cela nous ramène à notre cerveau dans sa complexité, notre corps dans sa santé, notre société dans sa diversité et ses paradoxes, nos environnements dans leurs équilibres fragiles et leurs dynamiques à en changer quand ils y sont contraints.

A nos machines même, tous nos auxiliaires techniques et nos technologies avec leurs qualités et leurs revers…

 

Voilà qui nous conduit à considérer aussi la société à laquelle nous souhaitons participer, par laquelle nous existons, une société qui rende possible notre liberté, notre convivialité, nos solidarités dans un contexte démocratique. Et non autocratique !

Comment l’humanité peut-elle organiser, développer, entretenir une démocratie activement durable, implicative, afin qu’à son tour, elle entretienne chacune et chacun de nous, en dignité, en liberté et en santé ?

Quelle place sommes nous prêts à prendre dans cette aventure, en mobilisant toutes nos capacités à penser ensemble ?

 

* Gaspard Koenig : La fin de l’individu,
Voyage d’un philosophe au pays de l’intelligence artificielle / Éditions de l’Observatoire / Septembre 2019

 

 

Le 26 octobre 2019

La chimie n’est pas la solution !

De trop nombreuses pollutions perturbent et altèrent la vie... sans que  nous connaissions
précisément ni l'ampleur, ni la durabilité de leurs effets, du fait de leur cumul.
Et ceci, sans même évoquer les accidents dévastateurs, prétendus ‘’sous contrôle’’…

Rappelons les principales sources de pollutions : les industries, les transports, l’agriculture industrielle, le chauffage, les produits domestiques et cosmétiques… même les préparations alimentaires et... les médicaments aussi !

Pour la majorité, les problèmes naissent de pratiques mal ciblées et non contrôlées.

Un usage à bon escient permettrait-il  de ne pas dépasser les seuils délétères pour la santé des plantes, des animaux et des écosystèmes ? Notre santé !

A l'évidence, les effets négatifs pourraient être au moins minimisés et plus contrôlés.

 

La chimie est rarement la meilleure solution !

Alors, pourquoi y avoir recours aussi massivement ?
Le réflexe de destruction semble trop largement ancré dans nos habitudes et nos cultures.
Face à des intérêts immédiats et localisés, le bon et le mauvais, comme l’utile et le nuisible, sont édictés et confondus…
De plus, il est si facile de détruire ! Certains y trouvent même du plaisir !

 

Qui traite ou épend ici, ne perçoit pas les conséquences ailleurs !
Qui traite ou épend maintenant, n'anticipe pas les conséquences plus tard !
Et, nombreux sont ceux qui, dans cette escalade, cultivent surtout des intérêts financiers !
Les lobbies de la chimie comptent parmi les plus puissants !

Pourtant, la vie aussi est chimie.

Une chimie du vivant qui opère et évolue très lentement, au gré de multiples interactions, à petites doses, à petits pas...

Chaque être vivant, chaque espèce vit en interaction avec son environnement. Il agit sur lui et, en retour, il  reçoit des signaux, positifs ou restrictifs, qui favorisent son développement ou bien le contraint.

La chimie du vivant, nommée chimie organique pour la distinguer de la chimie minérale, ou plus couramment  biochimie, étudie les réactions chimiques des organismes vivants. Ces réactions chimiques concernent toutes leurs fonctions vitales : respiration, digestion, croissance… et in fine, la production d'énergie !

Sauf dérèglement dû à une cause interne  ou externe (maladie environnementale, par exemple), la complexité de ces processus est  sous contrôle, un contrôle lui même biochimique, au niveau cellulaire ou moléculaire, grâce à de nombreuses et fines interactions.

Souvent organisés en cycles, on retrouve les mêmes processus, non plus à l'échelle d'un organisme vivant, mais à celle des écosystèmes.
La matière organique élaborée grâce à la chlorophylle, au cours de la photosynthèse, après avoir circulé au fil des réseaux alimentaires,  est  appelée à redevenir de la matière non organique, minérale, par l'action des décomposeurs...

Et la roue continuera à tourner... aussi longtemps que l'écosystème pourra trouver un nouvel équilibre, à chaque fois que l'équilibre précédent sera perturbé.

 

Aujourd’hui, le mode de vie de la majeure partie des Homo sapiens pèse trop sur la biodiversité, sur ses propres ressources vitales. De nombreux équilibres sont rompus...
Au point qu’elle perturbe le climat et le fonctionnement du système Terre.
Air, eau et sols sont pollués au détriment de notre santé, de la santé de la biosphère...

S'inspirer de la chimie du vivant serait faire preuve d'une grande sagesse, que notre espèce a eue et dont une partie de ses membres a cru pouvoir s'émanciper - par cupidité, ignorance ou arrogance - au détriment de tous, mais en premier au détriment des plus mal lotis…

Parce que la vie est chimie,
que les équilibres du vivant sont délicats, fragiles...
nous devons réduire résolument l’usage des techniques chimiques.

 

Le 23 septembre 2019

L'écologie, ici & partout, maintenant & toujours…

L'écologie n'est pas que sujet de conversation, voire de controverses !
Ni l’objet d’une propagande politique…

Étymologiquement, l’écologie est «l’étude de la maison».  Elle concerne le vivant et ses lieux de vie, ses nombreuses interactions, ses besoins vitaux, ses diverses productions …

L’écologie est une science, ou plutôt un vaste réseau de sciences, qui étudient les relations du vivant, dans la diversité de ses échanges avec ses environnements physico-chimiques et biologiques. Comme toute science, elle suscite débats, doutes, argumentations, preuves ou réfutations, anticipations et erreurs …

L’écologie est aussi inséparable des activités humaines que le sont l’économie et les autres enjeux politiques.

Elle est donc enjeu du vivre ensemble, ici & partout, maintenant & toujours…

Que ses enjeux aient été mobilisés, et défendus, par des militants associatifs (écologistes), et qu’un mouvement politique soit né de l’idée d’une ‘’écologie politique’’, qu’ils soient devenus des enjeux politiciens… notre attention ne doit pas être détournée de leur importance première : la vie !

De même, elle ne doit pas être détournée des travaux des écologues pour comprendre et expliquer de mieux en mieux la vie et ses propriétés, jusqu’ici particulières à la planète Terre.
Plus précisément, la vie n’occupe qu’une relativement fine couche de celle-ci : la biosphère, au sein de laquelle se reproduisent incessamment de nombreux cycles  (cycles de l’eau, O2/CO2, carbone…) pressentis bien avant que l’écologie n’existe. Déjà, Lavoisier affirmait : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

Les enjeux de l’écologie se conjuguent, se combinent, se confrontent… avec nos enjeux politiques, ceux de la vie en société : la santé, l’économie, la démocratie, la culture…

Pourquoi la prise en compte de ces enjeux est-elle si difficile ?

Probablement, à cause d’une prise de conscience très tardive des limites des ‘’ressources’’ carbonées  de notre planète.
Pourtant toutes les sociétés de cueillette ou agraires l’ont su, et certaines le savent encore aujourd'hui : elles ont appris à vivre en équilibre avec les capacités de régénération du vivant, et à en préserver la richesse.

En revanche, ces potentialités ne s’accommodent pas des surexploitations inconscientes ou cupides, suite à l’explosion des prélèvements dus aux modes de ‘’vie moderne’’, du consumérisme combiné à l’augmentation de la population humaine.

Assurément, le capitalisme d’accumulation puise inconsidérément dans ce qu’il considère comme des ‘’ressources’’ qu’il s’approprie au seul bénéfice de quelques privilégiés.

Aujourd’hui, la durabilité d’un tel système est mise en question, et pour ses inégalités, et pour l’évident épuisement de nombreuses ‘’ressources’’ non renouvelables…

 

L’enjeu du vivant transcende tous les autres !

Lorsque l’Amazonie flambe  et beaucoup d’autres forêts aussi , c’est une perte de biodiversité, une perte de patrimoine, une perte d'oxygène… certes, mais c’est surtout une perte de vie et des conditions qui lui sont favorables !
Cette perte, nous ne savons ni la mesurer, ni en mesurer les effets !!!

Lorsque l’océan, les fleuves et rivières, et tant de territoires terrestres, sont pollués, c’est tout le vivant qui en est affecté. Aquatique ou non, il est resté totalement dépendant de la molécule d’eau, H2O. Or, l’eau est désormais rarissime à trouver à l’état pur dans nos environnements.
Et dire que pour répondre à certains de nos besoins, on en est arrivé à mêler nos eaux non potables à de l’eau pure extraite de nappes fossiles, jusqu’ici protégées de toute pollution, mais non renouvelables !!!
C’est une atteinte insupportable, souvent durable, à la biodiversité, à la vie !

Lorsque diminuent inexorablement les populations de poissons, d’insectes (et pas seulement des abeilles), d’oiseaux, des êtres vivants les plus « visibles »... ce sont les réseaux alimentaires qui sont appauvris et fragilisés, entraînant d’autres extinctions inéluctables.
C’est une atteinte directe et indirecte à la biodiversité, à la vie !

Lorsque les sols sont arrosés de pesticides et autres produits destructeurs de la vie macroscopique et microscopique, c’est le premier maillon des chaînes alimentaires qui meurt et transmet le poison à ses consommateurs…
Alors pollués, déforestés, érodés... les sols meurent, privés de leurs êtres vivants !
C’est une atteinte directe et indirecte à la biodiversité, à la vie !

Lorsque l’air, cette atmosphère qui est propre à notre planète et ô combien liée à la vie de la plus grande partie des espèces actuelles, voit sa  composition modifiée par la présence de molécules polluantes…
C’est encore une atteinte à la biodiversité... à la vie !

Autant de dimensions, autant d’atteintes dont nous ne savons mesurer les effets délétères !!!

 

Quelle évolution du vivant ?

Les activités humaines ne changent pas que le climat, elles affectent également la biodiversité, donc les potentialités adaptatives du vivant, fruit de longs processus d’évolution.
Construits en relations, confrontations et collaborations, ces processus millénaires ont vu émerger l’espèce humaine ainsi que toutes les espèces avec lesquelles nous cohabitons.
Enfants de cette évolution, nous ne savons pas – le saurons-nous un jour ?- mesurer l’importance des empreintes de nos activités sur cette dynamique du vivant.

En revanche, nous savons déjà les conséquences désastreuses que pollutions et surexploitations provoquent sur notre santé. La santé de tout le vivant ! Et combien elles fragilisent la survie de tant d’espèces, y compris la nôtre !
Déjà, les professionnels de la santé observent des maladies environnementales transmises héréditairement !!!

A l’évidence, l’érosion de la biodiversité, et sa modification, constituent l’enjeu principal d’une transformation de notre organisation sociétale et de nos modes de production, à commencer par ceux de notre alimentation.

Toutes nos activités affectent le vivant, d’une manière ou d’une autre…

L’étude de ces interactions et leur prise en compte,
l’écologie, est un sujet majeur.
L’écologie est devenue un enjeu politique premier.

La prochaine COP15-biodiversité sera organisée par la Chine, en 2020.
 

 

Le 5 septembre 2019 

Pour que démocratie fasse école…

La démocratie n’étant ni « naturelle »,  ni innée, elle relève d’un processus culturel et éducatif qui pour certains commencera dès la naissance (et même avant), alors que pour d’autres, les opportunités seront aléatoires.

Pour tout citoyen conscient de la nécessité d’éduquer à la vie démocratique, il est donc évident que l’École doit offrir à tous les enfants cette immersion « en démocratie », et le plus tôt possible…

Mais, ce n'est pas suffisant. Comme tout apprentissage dont on cherche à ce qu'il ne soit pas un simple conditionnement, l'apprentissage de la démocratie devra déborder du cadre de l'école, jusqu'à pouvoir s'exercer dans des espaces et des temps qui ne sont pas spécialement  pensés ni organisés de façon propice à l'exercice de la démocratie. Ils sont de plus en plus nombreux, même si c’est regrettable…

L'enjeu est que tout citoyen devienne capable de vivre et faire vivre une démocratie ‘’tous terrains’’, en quelque sorte!
Ce sera à terme l'indicateur de la réussite, plus ou moins aboutie, de l’apprentissage de longue haleine de cette organisation sociétale sans cesse remise en chantier…

Toutes les éducations, familiales, scolaires, associatives, populaires, l’école de la vie … doivent y participer. Ce qui est loin d’être évident au regard des organisations sociétales d’aujourd’hui, plutôt sous le joug de hiérarchies et de pouvoirs plus ou moins autoritaires et ségrégationnistes !

Esperanza21 l’a déjà souligné, le débat démocratique est un outil important de la vie en société. Il est œuvre de convivialité et d’intelligence !

Une «école démocratique » se doit donc  d’en favoriser l’apprentissage.
Les sujets ne manquent pas, liés au règlement de la vie en collectivité, et  aux modalités d’apprentissage.

Outre les objectifs de méthodes ou de connaissances, apprendre à débattre démocratiquement, c’est accepter de prendre en compte des opinions diverses , voire contradictoires, et s’obliger à argumenter non seulement ce que l’on considère le bien fondé de sa propre pensée, mais aussi, en quoi la pensée de l’autre est à nos yeux exacte, acceptable ou bien erronée.

Cela demande une réflexion approfondie de la part du pédagogue.
Son comportement vis à vis de chacun des enfants, adolescents, adulte, devra être exemplaire sur plusieurs plans : équité, respect, bienveillance, encouragement, …

Une compétence professionnelle qui s’apprend : être à la fois compagnon de route à l’écoute de chacun et ‘’conducteur’’ discret vers une véritable démarche collective de recherche.

Ce même pédagogue sera attentif à des ‘’détails’ : chacun peut-il voir tous les autres  et être vus d’eux, peut-il les entendre et être entendu d’eux…? Cela paraît évident, mais très souvent, la réalité du lieu, du mobilier et du temps est très contraignante. 

Cependant, la plus grande difficulté pour le pédagogue sera probablement de se départir  de son ressenti  affectif plus ou moins positif selon la personnalité, l’âge, le genre, etc…des ‘’élèves’’ ou ‘’étudiants’’.

S’en défendre ne suffit pas, c’est une attitude qu’il doit nécessairement acquérir pour que chacun et chacune, avec sa singularité, soit, comme les autres, une personne, ayant les mêmes droits que lui-même…

S’agissant de jeunes enfants, certains seront entourés ‘’d’adultes pédagogues’’ dans diverses situations quotidiennes (famille, école, autres activités, temps libre...).
Ceux-là n’auront pas de difficulté ultérieurement pour vivre et s’engager  démocratiquement ou participer à la (re)conquête de la démocratie.
Mais, ce cas ne semble pas être le plus fréquent.

En ce sens, l’École porte une lourde responsabilité.
Beaucoup de candidats au concours de recrutement en sont conscients. Ils espèrent que la formation professionnelle leur apportera ce dont ils ont besoin. Cette formation, nécessaire, doit être en permanence interrogée, en s’appuyant sur l’évaluation par ceux qui en ont bénéficié, et en la confrontant à ce que l’on appelle la ‘’réalité du terrain’’.
Il y a urgence !

Les graines de vie démocratique semées entre autres à l’école, doivent germer et s’enraciner dans tous les espaces publics et privés. Et ce, de façon durable en même temps que souple.
Certes, la démocratie révèle ses propres défauts et insuffisances, mais c’est à ce jour «la moins mauvaise organisation collective». Lui donner le temps de s’implanter, la confronter à des évaluations régulières pour en analyser les bénéfices, mais aussi les insuffisances, voire les nuisances, c’est faire preuve d’une citoyenneté vivante et lucide.
Elle a existé en France suite à la 2ème guerre mondiale, efficace et créative.

Nombreux sont ceux qui aujourd’hui déplorent qu’elle se délite, rongée par une financiarisation mondialisée dont le but n’est certainement pas  le développement des valeurs humanistes et du respect de la dignité de chaque Homme… Et quand bien même, ce ne serait pas suffisant!
On ne peut plus ignorer que la préservation de notre espèce  est organiquement liée au respect de la biodiversité dont nous sommes  issus. Or, les équilibres des écosystèmes sont menacés  par certaines de nos activités (agricoles, industrielles, domestiques…). Et ce pour satisfaire des modes de vie inadaptés (surconsommation, gaspillage…) aggravant les inégalités, exclusions, pertes de dignité,  et provoquant  pollutions, destructions d’écosystèmes et effondrement de la biodiversité.

Ceux qui  considèrent la démocratie comme une utopie, et l’idée d’une école démocratique, comme un objectif si  difficile à atteindre qu’il relèverait du rêve,  sont-ils conscients que beaucoup d’entre nous vivent d’ores et déjà un cauchemar intolérable qui ne peut que s’aggraver, si nous ne réagissons pas, pour que la démocratie fasse école...  urgemment !

 

Le 3 septembre 2019

Rêves d’écoles démocratiques…

Dans sa réflexion sur de nouvelles organisations sociétales, plus humaines, plus équitables, plus écologiques… Esperanza21 a constamment souligné l’importance de la culture, de l’information, de l’éducation et des choix démocratiques.

Il nous faut donc interroger l’école dans ses objectifs, ses options et son fonctionnement.
Nous devrions dire ‘’les écoles’’ malgré de très grandes convergences observables pour la majorité des institutions.
Interroger les éducations… dans un prochain éditorial.
Interroger également les médias qui occupent aujourd’hui une place primordiale dans la culture du quotidien. Ce sera un défi immense, car ceux-ci, dominés par les puissances de l’argent, flattent consommation et populisme… Dirigeants et politiciens savent ménager leurs territoires !

Est-il possible d’espérer des écoles plus démocratiques ?
Soyons clairs. Il ne s’agit pas de reporter sur l’école - comme cela est trop souvent pratiqué – les problèmes, espoirs ou échecs de nos sociétés !
Si nous devons améliorer et construire les processus démocratiques de notre société, c’est notre responsabilité de citoyens, a fortiori adultes, dans tous nos lieux de vie.

De grands progrès peuvent et doivent être accomplis pas l’institution ‘’Éducation nationale’’.

Pour autant, pouvons-nous envisager une école démocratique ? Certes pas totalement !
Ne rêvons pas, il faut bien gérer les hiérarchies actuelles ! Mais, son fonctionnement pourrait être plus, et mieux, guidé par les principes démocratiques.

L’école, institution de la République, pourrait mieux préparer, éduquer à la démocratie, organisation incontournable pour réaliser des sociétés où l’humain et l’ensemble du vivant trouvent pleine expression.

Notre seule ambition, ici et en ce sens, sera donc de déceler quelques constituants, quelques caractéristiques, quelques voies afin de participer à une éducation et une formation vers une vie démocratique.
Une urgence quand on observe les raidissements autoritaires déployés en ‘’réponse’’, en réaction, aux difficultés que les tensions sociales ne manquent pas d’importer dans l’école...

En premier, quel statut est accordé à ‘’l’élève’’ en tant que personne apprenante ?
Reconnaître et respecter cette personne avec ses acquis, ses croyances et ses savoirs. Reconnaître ses capacités et ses désirs. Mettre tout en œuvre pour en développer les potentiels individuels qui sont en mesure de s’exprimer dans leurs dimensions collectives et sociétales.

Que l’objectif de l’école reste la socialisation, qu’elle ‘’institue’’ une relation à une société ne doit pas empêcher la reconnaissance de la personne apprenante !

Au contraire, lorsqu’il existe, ce dialogue fait apprentissage. Il ouvre la voie de possibles au service de chacun et de tous. Il mobilise une somme de capabilités individuelles à développer ainsi que l’intérêt général… En ce sens, il fait déjà démocratie.

Ce mouvement, qui est déjà réalisé par quelques ‘’écoles pédagogiques’’, nécessite la participation des parents et de tous les citoyens. Ceux-ci doivent donc écarter l’image désuète de l’école enseignante, de l’école académique qui ne voit que transferts, leçons et contrôles ! L’école pyramidale d’un ruissellement venu d’en haut !!!

 

Quelle société souhaitons-nous promouvoir ?
L’école révèle, reproduit d’abord le modèle sociétal qui l’institue. A nous, citoyens, de revendiquer et participer à son organisation, à sa vie, à son ouverture réelle sur le futur…

L’objectif de préparation au futur est souvent mis en avant par toute école… mais, qu’observons-nous ?
Une institution organisée sur un modèle d’usine, datant d’un siècle révolu ! Des programmes qui, le plus souvent, peinent à suivre les transitions sociétales ou même l’avancée des connaissances… L’absence de méthodes modernes de co-construction des apprentissages… Comment ne pas constater un décalage école-société !

La question des horaires et des rythmes, qui est un aspect émergé de cette relation, constitue un exemple hélas trop flagrant ! La question de l’harmonisation des horaires et des jours de scolarisation n’est pas discutée en transparence et en responsabilité. Persistent des habitudes d’une société qui fut agraire ! Et, toujours, domine la puissance de l’économie des congés et du tourisme qui lui est liée.

N’est-il pas possible de mieux harmoniser ?
Alors seulement, ou dans le même temps, la question scolaire du calendrier et des rythmes de vie, d’apprentissages pourra enfin être bien traitée. Une réflexion que mérite également le calendrier, les rythmes et les conditions humaines de tout travail !
Mais, les forces en jeu sont ailleurs…

 

Préparer au futur, un futur dont les évolutions ne peuvent être imaginées totalement, ne trouve réponse que dans la méthode : ‘’Apprendre à apprendre’’.

L’objectif est de développer des méthodes de travail, d’apprentissages qui ouvrent sur l’adaptation à de nouveaux environnements. D’autant que la question des connaissances est totalement bouleversée par le recours aux technologies numériques.

Ces méthodes sont celles mises en œuvre dans le cadre de la recherche… Or, les jeunes sont friands d’enquêtes, découvertes, recherches, débats et confrontations de leurs points de vue…
 

Pour cela, il convient d’abandonner l’approche par des programmes académiques, trop contraignants et sans cesse remis sur le tapis au fil des divers niveaux scolaires !

Enseigner n’est qu’une fonction, parmi d’autres, une fonction à la disposition de la pédagogie.

Faisons appel à l’esprit de curiosité, à l’initiative, aux projets personnels et collectifs, à la coopération… contre le raidissement dans des contrôles qui n’ont de but que le maintien, fragile et artificiel, de hiérarchies d’un autre temps ! Ou de traditions académiques désuètes !

La question n’est ni une affaire de tuyauteries, de flux, transferts, ‘’remplissages’’ cumulatifs…

Reconnaître la spécificité et la valeur du métier de pédagogue, en organiser la co-construction, voilà le défi !

Reconnaître chaque personne apprenante, ses potentialités, son autonomie et sa dignité, voilà l’incontournable !

L’objectif principal est donc d’ouvrir des possibles, de développer des potentialités tant individuelles que collectives… Autant dire, renoncer aux idéologies du destin ou du mérite… C’est faire confiance à la démocratie !

Enseigner, éduquer, former… autant de points de vue, de prise de positions (lorsqu’il y a réflexion !) qu’il est souhaitable de resituer dans une dynamique sociétale délibérée et explicitée entre citoyens responsables…

 

L’école aussi doit faire société !
En creux, demandons-nous à quel modèle de société réfère aujourd’hui l’école. Par exemple, lisons un règlement intérieur d’établissement en permutant le terme ‘’élève’’ par celui de ‘’citoyen’’… Et vérifions l’acceptabilité du modèle !

Il est possible et hautement souhaitable d’introduire la démocratie dans l’organisation de l’école. D’ouvrir un débat démocratique à tous les niveaux…

Celui-ci n’est d’ailleurs possible que s’il existe des processus de formation, de coformation, tant professionnelle qu’entre partenaires et acteurs citoyens...

Comment sont établies et comment fonctionnent, aujourd’hui, les hiérarchies, les délibérations, les choix, les responsabilités ?

En place de contrôler (quoi, par qui, dans quel but ?), mettons en place des méthodes d’évaluation qui révèlent progrès et défaillances. Qui permettent de trouver les voies pour pallier ce qui est jugé, individuellement et collectivement nécessaire, acquis ou non abouti… en fonction d’objectifs démocratiquement décidés, encore une fois...

Évaluer, devrait être essentiel à tout projet responsable.
Car évaluer implique de débattre des enjeux, de prendre option pour des objectifs consensuels... De porter un regard critique et positif sur la société et ses orientations, ses choix… De discuter démocratiquement des organisations sociétales, de leurs avantages et de leurs faiblesses... Ici & ailleurs, puisque nous sommes dans un monde en inter-relations, dans un monde d’échanges.

Une école démocratique : rêve ou objectif ?
Interrogeons d’abord notre société, en responsabilité.
La société actuelle, dominée par l’économie des grands marchands, ne peut à l’évidence soutenir ce projet qui irait à l’encontre de leurs propres intérêts !

Quelle organisation sociétale, réellement aboutie au plan démocratique, serons-nous en capacité de proposer et de mettre en œuvre au service de l’intérêt général ?
Comment sera-t-elle traduite en organisation éducative ?

Serons-nous tout simplement en capacité d’organiser une école de liberté, égalité et fraternité ? D’équité et de solidarités ?

 

Le 10 juillet 2019

Sciences, technologies, facteurs de développement ?

En première analyse, la réponse semble évidemment : oui !
Mais, le sont-elles au même titre ?
Existe-t-il une différenciation nette entre l’une et l’autre ?
Dans la culture commune, les deux sont trop souvent associées, voire mêlées !

Or, il existe là un enjeu conceptuel essentiel, conceptuel et démocratique, hélas non souligné dans bien des débats qui lui font référence.

Au singulier, qu’est-ce que ‘’la science’’ ? comme dit le plus souvent… La connaissance ?
Les sciences, au pluriel, produisent des connaissances.

Il y a plus de 20 ans, un débat a eu lieu au Ministère de la Recherche, alors dirigé par JP
Chevènement, pour organiser « une fête de la science » ou bien « une fête des
sciences »… En faveur de la première, plutôt des communicateurs, pour la seconde des chercheurs… Vous savez qui a pris le dessus…
En revanche, pour les pédagogues, il n’y a aucune hésitation : il s'agit bien des sciences ! Dans leur diversité et leurs spécificités.

Alors que l’expression populaire dit: « rabaisse ta science ! ».
Sur un autre registre, revient le souvenir d’un collègue Africain qui, sur un ton interrogateur de plaisanterie, relève : «Toi, tu as la science, mais moi j’ai le Coran !»…

Sans prétendre à l’exhaustivité, voici succinctement quelques éléments d’éclairage.

Très tôt, l’être humain a puisé dans ses environnements de quoi survivre, et vivre mieux , sans se douter que ce savoir-faire en réponse à un besoin, une nécessité ou une amélioration, s’appellerait « technique ».
Il s’est également intéressé à comprendre ce qui constituait ses environnements et à accumuler des observations et leurs réitérations éventuelles, pour en tirer la capacité à anticiper les phénomènes ‘’naturels’’ en adoptant, en quelque sorte, une ‘’attitude scientifique’’.

Les sciences n’ont pas tardé à se diversifier, se spécialiser… dans leurs méthodes, leurs outils, leurs champs, leurs objets…
Mais, toutes se fixent pour objectif d’analyser des faits, de regrouper et classifier des données, d’en vérifier l’universalité, de chercher à les interpréter, voire à les théoriser...

Un de leurs principes fondamentaux est d’admettre que de nouvelles données peuvent venir infirmer, limiter ou réorienter les hypothèses, les interprétations ou les énoncés admis jusqu’alors.
C’est donc le doute, et non ‘’la vérité’’, comme trop souvent admis, qui est la caractéristique fondamentale des sciences.
Pourtant, en sortant de leur espace académique de discussion, les ‘’scientifiques’’ opèrent des glissements idéologiques… pour, trop souvent, communiquer des ‘’vérités’’, rarement innocentes !

Mais, le coeur de l’enjeu sociétal se situe réellement entre ‘’technologies’’ et ‘’sciences’’.
A quel moment, pour quelles raisons, avec quels intérêts… les technologies s’emparent-elles des connaissances avérées par les sciences ?
La limite est diffuse car ce sont bien souvent les mêmes chercheurs, les mêmes personnes qui sont acteurs. De plus, les chercheurs utilisent des technologies comme outils et ils ont besoin des entreprises pour les mettre en oeuvre…
Alors, quelles sont les intentionnalités, du chercheur, de l'entrepreneur, de l’institution... ?
Quand y-a-t-il basculement de la recherche scientifique à la fabrication technologique ?

Une science engendre des connaissances, une technologie produit des objets et souvent des process… Elle passe à l’action, en quelque sorte.
Évidemment, les enjeux de l’une comme de l’autre ne sont pas mis sur la table du débat
démocratique…
Au contraire, plus ces enjeux sont sensibles, plus les gouvernements, voire leurs militaires sont vigilants ! Quand les seconds ne sont pas à la manoeuvre… de A à Z !

Ce sont des questions fort délicates, qui ne peuvent apparaître que lorsque sont posées les
spécificités des sciences, dans leur commun et leurs spécificités. Et lorsqu’elles sont
distinguées des enjeux technologiques.
De plus, aujourd’hui, un directeur de recherche passe plus de temps à réunir les financements qu’à organiser les recherches de son équipe. Pour cela, son image médiatique est importante… Vendra-t-il du ‘’doute’’ ou de la sacro sainte ‘’Vérité’’ ?

Pendant ce temps, alors que notre société bruisse quotidiennement de questions à fondement scientifique, à l’École publique, les sciences sont en passe de devenir de bien petites préoccupations, voire des mots bien mystérieux !!!
Et pourtant, le doute et la recherche parlent aux enfants comme aux adolescents… Ils les
motivent en leur ouvrant des espaces et des futurs possibles…
Et pourtant, tous leurs professeurs aussi baignent dans un monde de culture scientifique…
Tandis que beaucoup de médias vibrent à la magie, à l’illusion... renonçant aux argumentaires journalistiques rigoureusement étayés !

Cette distinction étant posée, techniques et technologies ont marqué l’histoire du
développement et quelques changements profonds de nos sociétés : maîtrise du feu,
agriculture et élevage ; des inventions déterminantes : la roue, l’écriture…
Mais aussi les comptes, les techniques de guerre ou de protection jusqu’à la menace de la bombe nucléaire ; l’énergie de la vapeur, des hydrocarbures ; les médias d’information presse, radio et télévision…
Aujourd’hui, informatique, numérisation et réseaux changent de nouveau la donne…
Demain, de nouvelles énergies permettront-elles d’épargner les biodiversités et de rétablir des équilibres favorables à la santé de l’ensemble du vivant ?

Les nouvelles technologies s’appuient sur les avancées des recherches scientifiques.
Les sciences se sont diversifiées et spécialisées de manière exponentielle. Les process de la
recherche et ceux des entreprises de production sont de plus en plus alliés, associés, métissés, mêlés... voire interdépendants.
Tandis que les processus de développement, eux, demandent une intégration des
connaissances, une mise en perspective, philosophique et politique…

S’affrontent même des modèles d’organisation sociétale fort différents, supportés par des
histoires et des idéologies parfois opposées, pas seulement en théorie, mais dans des frictions commerciales ou d’âpres influences spatiales…

Sur ce terrain, les confrontations technologiques pèsent de tout leur poids… et les sciences
restent bien impuissantes lorsqu’il faut soutenir l’intérêt citoyen du plus grand nombre...

 

Le 1er juillet 2019

Quelques obstacles à toute politique de santé ?

Après avoir listé quelques-uns des obstacles à la transition écologique [édito 56
http://esperanza21.org/editoriaux]
, puis s’être interrogée sur la transition culturelle
[édito57 : Obstacles à une transition culturelle], Esperanza21 se doit d’associer à cette course d'obstacles, la santé !

Santé, vous avez dit : « Santé » ?
Pour Esperanza21, c’est l’enjeu central, ultime, universel : l’objectif de chacune et chacun de nous [édito 50 : Objectif « Santé pour tous »]... Elle a même osé déclarer que la santé pourrait, voire devait, devenir contagieuse [Édito 58 : Vivre & mourir en bonne santé] !

Évidemment, toujours, elle nous souhaite le meilleur, le plus important : une excellente santé ! Une santé ‘’de fer’’... qui se passe de soins médicaux, mais pas de ‘’bons’’ soins de notre part.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a définitivement rompu avec la fausse idée que la Santé serait seulement l'absence de maladie.
Elle a progressivement montré qu'il ne s'agit pas d'un état figé, mais ‘’un équilibre dynamique entre des facteurs individuels et collectifs, biologiques et psychiques’’… sociaux, sociétaux, économiques, écologiques, tous en lien plus ou moins direct avec des choix politiques.

Voilà donc un premier obstacle : la fréquente ‘’confusion’’ entre ‘’soins médicaux’’ et ‘’santé’’ !
La santé n'est pas seulement l'absence de maladie… La santé n'est pas un domaine réservé à quelques professionnels. La santé, c’est notre affaire à tous.
Personne ne l'a en soi, chacun doit la construire ou la restaurer au quotidien.

Ainsi, notre santé relève en partie de nos choix, de nos actes individuels mais aussi de choix collectifs.
Voilà un second obstacle, de taille lui aussi !

Ainsi, le plus souvent, à l’échelle individuelle et collective, la pauvreté réduit à zéro ou presque les chances de vivre en bonne santé.

Alimentation suffisante et équilibrée, qualité de l’air et de l’eau, qualité des écosystèmes et des biodiversités, habitats dignes… en sont des facteurs déterminants...tout comme la sécurité (paix, emploi, position sociale, vie privée, lendemain assuré...).

Alors que l’humanité entière (ou presque…) prend conscience des impacts désastreux d’activités inconsidérées, irresponsables, cupides et égoïstes, comment changer de modèle d’organisation ?

Comment mettre fin aux gaspillages, aux pillages, aux paradis fiscaux et toutes autres magouilles pour spolier l'intérêt général au profit d'intérêts privés sans limites, ni même pudeur, mettre fin aux grandes et petites incivilités ? Des écocides aux pollutions du quotidien !
A toutes les échelles, guerres et violences, viols et toutes autres formes d'abus, de contraintes, de stress, sont autant d'obstacles à la bonne santé !

Développer, consolider, voire regagner la santé nécessite un projet politique de SANTÉ qui vise à terme la réduction à leur plus simple expression des politiques de SOINS.
Ne négligeons pas l’importance des soins médicaux mais ils ne doivent être que palliatifs ! Demeurer un recours disponible quand tout a été essayé sans résultat suffisant.

Une réelle politique de SANTÉ aura pour objectif la qualité de vie de toutes & tous.
Par voie de conséquence, elle sera attentive à la bonne santé de l'ensemble de la biodiversité, ‘’écotique’’ et domestique, macroscopique et microscopique [édito N° 50 : Un océan de microbes  et d’interactions].

Une politique de Santé pour tous ne se contentera pas de rendre ‘’vivables’’, acceptables la pauvreté et l’exclusion.

Elle mettra tout en œuvre pour répartir équitablement les richesses produites par la biosphère et le travail de tous. Afin que la dignité de chacun-e soit restaurée ou confortée.

La démocratie est l'organisation collective la plus compatible avec cette perspective politique. Mais elle-même est en souffrance aujourd'hui.

Refonder la démocratie, la reconstruire dans le contexte actuel de changements multiples et nécessaires du rapport à nos environnements, est, consciemment ou non, un enjeu de santé pour l'ensemble du Vivant.
L’information et l’éducation en seront, ou non, des piliers refondateurs.

Santé, Éducation, Démocratie, trois formidables enjeux !
Trois défis pour dépasser les obstacles d’aujourd’hui...

 

Le 8 mai 2019

Obstacles à une transition culturelle
Vers une information et une éducation citoyennes...

 

C’est assurément une gageure de penser les identifier... Mais ce n’est pas une raison pour ne pas essayer !
Après avoir listé quelques-uns des obstacles à la transition écologique [édito 56 ], il est aussi nécessaire de s’interroger sur la transition culturelle qui est à la base de toutes les dimensions de la grande transition.
Comme toujours, convenons que ce texte n’est qu’une contribution à la réflexion pour la faire avancer. Pour s’engager vers une société plus démocratique, sociale et écologique.

Exprimer ses idées, les confronter au réel ou à celles des autres, permet à chacun de faire évoluer ses représentations, sa vision du monde. C’est un premier obstacle à franchir…
Le premier, parce que, au contraire, s’appuyant sur une culture devenue académique, l’école forge une image fixiste de nos environnements, de l’interprétation du monde. Image largement confortée par des médias soumis à la dramatisation obligée et au marketing vorace...

D’où la croyance en l’existence de ‘’vérité’’, voire même ‘’d’objectivité’’ !
La première est le fruit des idéologies. Elle cherche à établir un ordre, un cadre de pensée, une hiérarchie, une norme, souvent une domination…
La seconde, estimable lorsqu’elle marque une recherche d’objectivation ou de référence aux faits, n’est trop souvent qu’un leurre. Une tentation (ou tentative ?) d’imposition...

Préférons l’humilité de ‘’l’interprétation’’ ou de ‘’la représentation’’ qui suggèrent une temporalité et une relativité de point de vue. Un ‘’point de vue’’ qui peut sans cesse être remis en question par un autre regard, un autre fait, un autre argument, une autre idée…

D’abord, notre culture du monde est anthropocentrée : l’Homme serait le centre de tout !
De plus, notre vision du monde est égocentrée, vue de notre seul point de vue. Autant dire au regard de ce qui est supposé être notre intérêt.

Nos perceptions du monde sont trop souvent structurées par une culture dominante. Consciemment pour quelques uns, inconsciemment pour beaucoup, elle impose ses intérêts et ses conceptions tant par les médias que par l’école. Plus encore, par les religions avec le « Si Dieu le veut » communément admis ! Ainsi, sont-elles devenues des obstacles.
Il en est de même pour les idéologies de cultures communautaires et de groupes constitués…

Il est difficile de rompre avec l’idée de sociétés souvent hyper hiérarchisées.
Au point qu’aujourd’hui encore, un très petit nombre accapare la quasi totalité des richesses sans susciter, de fait, la révolte des spoliés. Ces hiérarchies créent des classes, des castes parfois… Elles s’appuient essentiellement sur une idéologie de la compétition, ignorant l’importance vitale des coopérations, des symbioses. Elles entravent la solidarité et empêchent de penser des «communs».
‘’L’intérêt général’’ se réduit alors à l’intérêt d’une poignée d’entre nous.

Or, il est difficile d’écrire un nouveau récit du point de vue de l’intérêt commun, de la majorité des citoyens…

Ainsi, il faut croire que les systèmes d’information ne sont pas à la hauteur de nos exigences citoyennes, celles du vivre démocratiquement en société.
Alors, de plus en plus d’organisations citoyennes choisissent les moyens numériques disponibles pour organiser leur communication.

Tous ces obstacles, auxquels s’ajoute le finalisme, sont néfastes à notre sociabilité. Pourtant, notre identité collective est aussi importante que notre identité individuelle.
De plus, nous sommes intimement liés aux enjeux de l’ensemble du vivant. Le nier c’est couper le lien vital qui assure notre pérennité…

C’est pourquoi il nous faut toujours réinterroger l’histoire, les idées, les concepts, le vocabulaire afin de mieux comprendre et revendiquer leur place dans un réseau cohérent. Sans cesse, nous devons interroger les évidences ! Rien ne va de soi !

Ainsi fonctionnent les sciences dont les résultats sont toujours soumis au surgissement d’une autre hypothèse, d’autres faits, d’autres données... qui viendront interroger, voire invalider, une ‘’certitude’’ qui ne peut être que temporaire ! Hélas, le plus communément, ce n’est pas la manière dont sont perçues les connaissances, estampillées ‘’scientifiques’’ !

Il nous faut être plus précis. Certes, notre connaissance du monde est basée pour beaucoup sur des savoirs issus de la recherche scientifique. Mais pas que !
Les savoirs dits ‘’traditionnels’’ sont le fruit de multiples constats ou expériences, au sens d’expériences de vie…
Et, il convient de prendre en compte les divers récits. Ceux des religions, avec quelques grandes références de livres sacrés ; ceux des proverbes, contes et légendes populaires. Ils marquent si durablement et profondément notre culture au quotidien… Mais, ‘’prendre en compte’’ n’est pas adopter !

 

Savoirs ou théories issus de la recherche scientifique sont donc des connaissances temporaires, marquées par la méthode et le contexte de leur production. Ils ne traduisent que l’état de la connaissance à un moment donné, dans des environnements particuliers, y compris culturels.
Le reconnaître n’est pas enlever de la valeur à une ‘’représentation construite’’ du monde, des phénomènes… C’est seulement en admettre la relativité… et garder la porte ouverte à d’autres modes de penser.
C’est une expression de liberté… Une liberté conceptuelle à reconquérir sans cesse !

Encore faut-il préciser la limite, si perméable et si souvent franchie, entre les savoirs issus de recherches scientifiques et leurs applications, qu’elles soient technologiques ou idéologiques…
Il est tellement tentant, et humain, de franchir le Rubicon d’une exigence méthodologique normalisée, caractéristique d’une démarche scientifique rigoureuse et exigeante, au profit d’arguments aux accents idéologiques !

Que de fois n’entendons-nous « c’est scientifique ! » ? Or, une science, comme une langue, est une convention, une méthode… Elle vaut par la perception qu’elle construit du monde et du ‘’réel’’. Elle vaut par son potentiel de prédiction et sa quête d’universalité… Entre ‘’ici et maintenant’’ et ‘’toujours et partout’’, le risque de généralisation abusive est également un obstacle culturel.

Les connaissances scientifiques, même construites à l’épreuve de faits ou d’expérimentations, restent tributaires des méthodes de cette même science. Là encore, ce n’est pas une restriction, seulement une prudence et une déontologie…

Utilisées dans les débats sociétaux, ces connaissances deviennent des ‘’arguments’’ dont la valeur sera jugée à l’aune d’autres arguments.
Cette éthique est-elle toujours affichée honnêtement ? Non, car se départir de sa subjectivité est difficile… Nul besoin d’ailleurs, à deux conditions : ne pas en être dupes, et, ne pas chercher à duper les autres…
C’est une question de liberté individuelle et collective !

Argumenter, chercher à prouver, évaluer, délibérer, devrait être une exigence citoyenne d’honnêteté intellectuelle. Est-elle communément pratiquée ?
Comme au ‘’bistrot du commerce’’, n’est-ce pas la détermination, l’affirmation ou la conviction, plus que l’argumentation, qui finissent par l’emporter dans le débat ?

Cette même question vaut pour des médias soumis au marketing et à la dramatisation...
Ainsi, les ‘’bonnes formules’’ se transmettent-elles sans le moindre doute, parce que sans critique ni évaluation. Ainsi des expressions valises comme ‘’le développement durable’’, ‘’l’environnement’’, ‘’la planète en danger’’, ‘’la nature’’, ‘’La science’’, ‘’le peuple’’… font-elles florès, sans laisser la moindre place à une analyse critique pourtant indispensable pour comprendre, puis orienter les actions !

Un tel degré de généralisation constatée nous amène à interroger notre école, de la maternelle à l’université comprise !
Au corps défendant de toute une partie des professeurEs, les verrous sont nombreux qui ne facilitent pas l’apprentissage d’une démarche scientifique. Une démarche applicable à la quasi totalité des situations. Une façon de penser, et non la spécificité d’un domaine particulier de savoirs et de méthodes.

Les apprentissages scolaires restent enfermés dans les silos étanches des ‘’disciplines’’ alors que la pensée nécessaire pour entreprendre et réussir les incontournables adaptations vitales doit être une pensée prenant en compte les nombreux facteurs-causes et les divers résultats-effets. Autrement dit, une pensée systémique, et non seulement une pensée analytique.

Cette dernière a été fructueuse, mais n’est plus adaptée au contexte actuel, elle devient même un obstacle.
Après des années d’hyper-spécialisation, la recherche scientifique, lorsqu’elle interroge l’humain et le vivant, s’impose la transdisciplinarité, systémique par essence.

A l’école, après des décennies de frontières entre les disciplines, développons l’argumentation, l’interdisciplinarité et, mieux, la transdisciplinarité.
En tout lieu, prenons en compte les représentations que tout apprenant a élaboré depuis son plus jeune âge et dans toutes ses situations de vie. Suscitons et accompagnons leur mise en interrogation, afin qu’elles ne deviennent pas des évidences, résistances durables à toute adaptation, même les plus nécessaires ou les plus urgentes.
Cela passera par la confrontation collective des représentations individuelles, la pratique du débat, s’appuyant sur l’acceptation du doute, la recherche de preuves, l’humilité du savoir individuel et la valorisation de l’intelligence collective.

Pratiquer et acquérir ces méthodes, intellectuellement exigeantes, rendrait possible les adaptations nécessaires pour faire face au futur.
Encore faudrait-il que les savoirs nouveaux, produits par les sciences, soient accessibles !

Il n’est pas suffisant qu’ils soient ‘’publiés’’. Comment les citoyens peuvent-ils s’en emparer ? Dans quelles instances peuvent-ils en discuter pour faire société ?
Même dans l’Éducation nationale ils circulent mal entre la recherche et la formation !

 

C’est bien une révolution de l’éducation qui est appelée.
Plus largement, une révolution sociétale de l’information
et une refondation de la démocratie.

 

 

Le 16 avril 2019 

Vivre & mourir en bonne santé !
C'est possible, ce devrait même être ’’naturel''... voire contagieux

 

Encore une idée de doux rêveurs!... diront beaucoup. Tant la médicalisation se substitue à la santé.
A croire qu'elle dépendrait bien plus des soins pour la retrouver, que de la prévention pour l'en préserver à minima, et, mieux, la fortifier.

Esperanza21 ne cessera de répéter que la mort, n'est pas un échec de la vie!
Que dans un monde, lui même fini, l'être vivant relève de cette règle générale au sein du vivant.
Qu'Homo sapiens rêve de ‘’remédier’’ à cette issue inéluctable est incontestable. Il s'offre un espoir d'immortalité par des croyances religieuses pour certains, par confiance dans les progrès technologiques, pour d'autres. L'idée du transhumanisme actuel en est une illustration, poussée à l’extrême.

 

Aussi, Esperanza21 salue avec de grandes attentes l'initiative interministérielle du plan «Priorité Prévention» lancé en 2018.
Ce projet interministériel d'envergure se donne pour but de promouvoir la santé de la population, de la conception jusqu'à la fin de vie.

Ainsi, l’ensemble des ministères a pour mission de contribuer à la prévention et à la promotion de la santé. Dans tous les territoires et dans tous les milieux de vie, ils sont appelés à interagir pour favoriser les comportements et les environnements permettant de rester en bonne santé tout au long de la vie.
S'appuyant sur les résultats des mesures prises en 2018, l'accent pour 2019 est mis prioritairement sur l’activité physique, l’alimentation et la lutte contre l’obésité, à tous les âges.

 

Avant d'aller plus loin , il est sûrement utile de rappeler ce que santé veut dire …
La "Charte d'Ottawa" (novembre 1986) définit la santé comme « une ressource et un processus dynamique et global qui doit permettre à chaque individu d'identifier et de réaliser ses ambitions, satisfaire ses besoins et évoluer avec son milieu ou s'y adapter.
La santé est donc une véritable ressource de la vie quotidienne et non le but de la vie; c'est un concept positif mettant l'accent sur les ressources sociales et personnelles, et sur les capacités physiques. »

Ainsi, à la fin du XXème siècle, l'OMS classait parmi les 10 premiers facteurs de mauvaise santé dans le monde, l'analphabétisme et le chômage.

Déjà les plans nationaux Santé Environnement (PNSE) successifs s'appuyaient sur cette définition présentée lors de la 1ère conférence internationale "Promotion de la santé ".
« La santé repose donc sur une approche positive et globale, et pas uniquement sur la réduction des risques. Une politique de santé accordera une part importante à la promotion de la santé et tiendra compte de l'ensemble des déterminants environnementaux, sociaux, économiques et individuels. » (PNSE 3 2015-2019)

Le plan interministériel ‘’Priorité Préventions’’ (2018) se veut volontariste en optant pour la promotion de la santé pour toutes et tous.
Mais, les moyens de cette ambition, que nous revendiquons, sont-ils vraiment à la hauteur de cet objectif ?

Aujourd’hui, on parle de ‘’santé environnementale’’ pour mieux prendre en compte les effets délétères de nos environnements, le plus souvent artificialisés à grand renfort d'apports de produits chimiques, et de nos environnements sociétaux dominés par le stress…
Quant à la ‘’santé publique’’, elle désigne les efforts, bien trop faibles, vers ce qui devrait être tout simplement ‘’la santé’’... la bonne santé !

La dimension collective de la santé, on pourrait dire sa ‘’contagiosité’’ des uns aux autres, est-elle un facteur réellement pris en compte ?
Car, la bonne santé des personnes ne se fera pas sans la bonne santé de nos sociétés humaines. Elle est aussi organiquement liée à la bonne santé du Vivant tout entier et celle des écosystèmes, naturels ou anthropisés.

Dans une société saine et heureuse, dans des écosystèmes sains et dynamiques,
la santé serait/sera contagieuse !

 

 Les documents 2019 :

 

 

Le 8 avril 2019

Quelques obstacles aux transitions...

Alors que nous observons de nombreux mouvements de transition, sociétaux, entrepreneuriaux, politiques... alors que le ‘’Grand débat’’ n’en finit pas de finir … et que la société exprime, de multiples manières, le souhait de changements vers une organisation nouvelle, moins d’inégalités et plus de démocratie, il semble nécessaire de décrire les obstacles, quelques obstacles, qui fondent la forte résilience ou résistance de l’ordre passé.

Esperanza21 l’a déjà souligné, en ce qui concerne les enjeux écologiques. Mais ceux-ci sont très interdépendants des autres enjeux ce qui conduit à un tour d’horizon certes aventureux, forcément non exhaustif, mais assurément nécessaire.
Sans expressions, échanges et confrontations aucune avancée culturelle n’est possible.

Ainsi, analyser le réseau des enjeux, et les liens qui les unissent, vers une transition culturelle, démocratique, sociale et écologique… constitue une première difficulté, tant individuelle que collective. De plus, ceux-ci se conjuguent avec des intérêts économiques et politiques par nature conservatrice. Ils ne seront pas développés ici, en particulier dans leurs aspects politiciens.

En effet, les plus riches (comment les désigner ?) défendent très opiniâtrement, voire férocement, leurs intérêts particuliers avec des moyens financiers, politiques et médiatiques considérables.

Aussi, agir en même temps sur chacun des enjeux nécessite une vision d’ensemble et implique de mobiliser un maximum de citoyens. Or, ceux-ci ont des perceptions et des analyses, voire des intérêts le plus souvent dissemblables, voire divergents…

Percevoir ces enjeux dans leurs dynamiques à différentes échelles de territoires, d’espace et de temporalité, constitue une difficulté supplémentaire.

Il est nécessaire et urgent de sortir d’une pensée du ‘’tout ou rien’’, d’un dualisme primaire, afin de pouvoir envisager des scénarios, des chemins, des stratégies alternatives…

Et puis, au-delà de l’effort intellectuel, vient le temps des actions… et la peur de l’inconnu, même désirable, fonde souvent un renoncement prudent, conscient ou bien caché : « Changeons tout... pour ne rien changer ! »

Changer, si ce n’est par obligation suite à une crise importante ou un évènement qui perturbe profondément l’organisation en place, nécessite une évolution culturelle : voir ou vivre le monde différemment. Beaucoup penseront, ou diront, ‘’ une révolution’’.
Le philosophe Bachelard parle de ‘’rupture épistémologique’’. Ainsi il en fut de la place de la Terre, centrale, puis gravitant autour d’un soleil unique, puis replacée dans un univers dont les limites sont repoussées régulièrement… Ce qui n’empêche pas le soleil de se lever chaque matin !

Ainsi, nous devons reconsidérer notre place, hier distinguée du reste de la nature, aujourd’hui pensée au sein du vivant, et de plus en plus considérée dans le réseau de coopérations vitales : « une entité dans un océan de micro-organismes» dit MA. Selosse… [http://esperanza21.org/editoriaux :Un océan de microbes et d'interactions...]

La conscience nouvelle d’un monde fini, la perception des limites aux ressources que nous utilisons pour vivre, mobilisent nombre de mouvements et de revendications qui tentent de se rapprocher les unes des autres.

Au delà du motif d’espoir, il nous faut intégrer que, ‘’LA solution’’ pour l’une des crises auxquelles nous sommes confrontés pourrait devenir la cause d’un ou plusieurs autres problèmes coexistants.

C’est donc à une série de transitions intimement entrecroisées que nous sommes appelés à réfléchir, à analyser, puis décider et mettre en œuvre, avec la perspective d’évaluations permanentes des résultats, autant ceux qui sont attendus que ceux, positifs ou négatifs, qui s’imposeront inéluctablement.

Désormais, ne cherchons plus la meilleure solution pour remédier à l’une des crises, mais plutôt la moins mauvaise des solutions pour l’ensemble de ces crises. Analyser séparément, décider globalement.

Pour autant, nous allons décliner quelques uns des domaines en crise pour tenter de mettre à jour les obstacles que devra surmonter toute démarche de transition.
 

Transition culturelle :

Le plus souvent, nos perceptions du monde sont structurées par une culture dominante. Qualifiée par certains de ‘’bourgeoise’’ ou ‘’oligarchique’’, elle impose, consciemment pour quelques uns, inconsciemment pour beaucoup, ses intérêts et conceptions tant par les médias que par l’école. Ainsi, sont-elles devenues des obstacles.

C’est pourquoi il nous faut réinterroger l’histoire, les idées, les concepts, le vocabulaire afin de mieux comprendre et revendiquer leur place dans un réseau cohérent.
Sans cesse, nous devons interroger les évidences ! Rien ne va de soi !

Il est difficile d’écrire un nouveau récit du point de vue de l’intérêt commun, de l’intérêt général, de la majorité des citoyens… (voir la note en fin de texte).

Il est difficile de rompre avec l’idée de sociétés hyper hiérarchisées, voire sans foi ni loi… Au point qu’aujourd’hui encore, un très petit nombre accapare la quasi totalité des richesses sans susciter, de fait, la révolte des spoliés.

Il est difficile de penser que ces richesses ne sont pas seulement le fruit de notre travail, mais également celui de l’ensemble du vivant : la production de biomasse sans cesse renouvelée... (sauf quand Homo sapiens s’interpose dans les cycles naturels!).

Il est impératif d’intégrer à l'évaluation de nos productions, ce que nous prélevons de l'activité biophysique et biochimique permanente au sein d’écosystèmes en équilibre.

Même raisonnables ou responsables, ces prélèvements ne sont pas gratuits. Il ont une valeur, nommée aujourd'hui ‘’valeur des services écosystémique’’. En réalité, une coopération exemplaire, élaborée par le vivant.
L'espèce humaine doit savoir tenir sa place, juste sa place dans cet équilibre complexe et fragile qu'elle a tant mis à mal par ignorance et cupidité.

Oui, notre culture du monde est anthropocentrée : l’Homme serait le centre de tout ! De plus, notre vision du monde est égocentrée, vue de notre seul point de vue. Autant dire au regard de ce qui est supposé être notre intérêt. ‘’L’intérêt général’’ se réduisant de plus en plus à l’intérêt d’une poignée d’entre nous.

Tous ces obstacles nous sont néfastes car nous sommes des êtres sociaux et notre identité collective est aussi importante que notre identité individuelle.
Car nous sommes intimement liés aux enjeux du vivant. Le nier c’est couper le lien vital qui assure notre pérennité… Nous n’avons pas le choix !

 

Transition démocratique et sociale :

Les plus riches, si peu nombreux mais dominants, imposent leur organisation via un État qui leur est inféodé. Ils disposent des pouvoirs politique, de l’armée, de la police, de la justice…

Alors, que cette classe ne cesse de rogner les droits sociaux conquis de hautes luttes citoyennes, que reste-t-il des régulations sociales dans une organisation si peu démocratique ? 
Même le socle de la démocratie est maintenant contesté…

La représentation élective n’assure plus la confiance nécessaire à une vie sociale apaisée…
Les citoyens revendiquent la possibilité de participer effectivement aux processus de choix et de décision. A juste titre, ils réclament des procédures transparentes ainsi qu’un réel pouvoir de contrôle.
En ce domaine, l’information et l’éducation constituent deux piliers de la démocratie.

Or, les inégalités se creusent constituant des écarts de richesse exorbitants, de plus en plus inacceptables… Il en est de même dans beaucoup de pays, dénaturant toute organisation démocratique, c’est à dire fondée sur le dialogue et la transparence, l’information sincère et l’argumentation, la négociation et la décision collectives.
 

Dans un monde globalisé, il est devenu indispensable de s’interroger sur les frontières territoriales. Qu’elles soient nationales ou bien régionales, elles conduisent à des grilles d’analyse souvent contestables, masquant des écarts considérables entre les diverses catégories sociales et gommant des disparités pourtant préjudiciables. On pourrait l’appeler l’effet ‘’moyenne’’ ! Or, des ‘’frontières de classe’’, des ‘’plafonds de verre’’, conditionnent de plus en plus les accès aux droits humains, y compris fondamentaux.

Dans une société où la lutte pour le pouvoir use de moyens de persuasion ou d’imposition totalement disproportionnés, il est difficile de s’organiser collectivement. Cela demande du temps et l’acceptation de modalités qui exigent le renoncement à une part de ses intérêts personnels. Or, des intérêts catégoriels l’emportent trop souvent sur l’intérêt général.
 

Transition écologique :

Soulignons encore une fois les dimensions écologiques de notre existence et de nos activités, même si elles étaient présentes dans tous les arguments précédents…

Nous ne le dirons jamais trop : « Nous devons repenser notre place dans le vivant ».
Pas facile de changer alors que la domination de la nature a été l’objectif de tant d’années et de tant de sociétés ?

Or, les sciences écologiques demeurent très mal connues. Elles ont tant de peine à prendre leur vraie place au sein des objectifs de l’Éducation nationale !

L’écologie évoque en même temps un parti politique, une idéologie, une catégorie sociale, une manière de vivre, des revendications pour certains, des contraintes pour beaucoup…

Pourtant, l’écologie, science du vivant et de son tissu très dense d’interactions, est rigoureusement définie. Elle même est en lien étroit avec un ensemble de sciences qui lui sont rattachées, car nécessaires à la compréhension des multiples relations qui fondent le vivant.
De même, les sciences anthropologiques constituent un autre ensemble intimement lié avec lui, tant Homo sapiens tient une grande place dans tout ce qui concerne la biosphère et la planète Terre.

Penser des relations, des systèmes en équilibre dynamique n’est pas aisé. C’est pourtant ainsi que vit la vie…

La pensée systémique est trop peu partagée à l’école, avant l’Université.
Elle s’impose maintenant pour tout projet. Considérer un état, des hypothèses d’actions, des effets multiples et rétroactifs, des procédures d’évaluation, des inflexions ou des renoncements… Edgar Morin a parlé de ‘’pensée complexe’’.

Penser la complexité… C’est déjà tenter de la décrire, d’en distinguer les éléments caractéristiques, les nommer et désigner leurs relations.
Ainsi, des mots comme ‘’la nature’’, ‘l’environnement’’, ‘’le développement’’, ‘’le peuple’’, ‘’la France’’… porteurs d’idées aussi vastes qu’imprécises, ne peuvent donner prise à l’analyse, aux diagnostics et ouvrir sur des voies d’organisation et de transition…

S’ouvrir aux ‘’moins mauvaises solutions’’, des solutions toujours locales, relatives et temporelles, étant données la connaissance, ici et maintenant, des composantes du système et de leurs inévitables tensions.

Nous sommes loin de la fixité suggérée par la formule trompeuse et rassurante de ‘’développement durable’’ ! Pour le vivant, durabilité implique évolution… Cependant, appuyons nous sur l’avancée que représente la définition des 17 ODD, de septembre 2015 !

Nous sommes vivants ! Nous vivons en société. Nous nous sommes coconstruits avec les Autres. Nous sommes en étroites inter-relations avec l’ensemble du vivant...
Notre connaissance du monde, encore bien imparfaite, oblige à repenser notre idée du monde. Elle oblige à repenser nos organisations sociétales, politique, économique et démocratique.

Cette nouvelle perspective est porteuse d’espoirs. De fait, les évolutions historiques et technologiques nous entraînent déjà dans de nombreuses transitions. De multiples signaux sont incontestables. L’informatique et le numérique conduisent à des ruptures tant en organisation qu’en communication.

D’où l’urgence à discuter collectivement de la transition que nous souhaitons. Et de ce que nous ne voulons pas !
Quel monde souhaitons-nous vivre ? Et léguer à nos enfants, aux générations futures?

Nous sommes en mesure de penser, de décrire et probablement de négocier démocratiquement les meilleures conditions de changements inéluctables.
Mais, avons-nous la capacité d’organiser une transition multidimensionnelle, démocratique, sociale et écologique… au bénéfice du plus grand nombre ?

Et la santé dans tout cela ? Clé de voûte et point d’orgue de toutes les transitions...
Parlons bien de santé et non de soins ! Le plus souvent chimiques ils répondent mal aux empoisonnements chimiques devenus quotidiens...

Notre vie est intiment liée à nos environnements et à leur qualité : celle de l’air, de l’eau, de notre alimentation et de nos environnements socio-culturels. Nous pourrions dire psycho-socio-culturels.
Ainsi, toute l’organisation sociétale, de la production à la consommation, des conditions de travail, de vie, de loisirs… devrait-elle être mobilisée aux fins de Santé.

Le modèle actuel, le capitalisme néolibéral, orienté vers la compétition, la consommation, l’individualisme, le profit… doit solliciter toute notre attention et notre pensée critique… En particulier, outre la quantité, la qualité de notre alimentation est de plus en plus reconnue comme un facteur essentiel et déterminant de santé.…
[http://esperanza21.org/editoriaux : Biodiversités : des enjeux vitaux pour la santé !]

Chacun-e porte attention à sa santé, à celle de ses proches, alors que bien peu de ‘’politiques de santé’’ ambitionnent vraiment de développer, voire seulement de protéger lma santé publique… Non, elle se consacre uniquement à soigner les maladies, plutôt que de les prévenir !
Paradoxe ou expression d’une société malade ? En ce cas, quels sont les facteurs, les acteurs responsables ?
Et quelles seraient les voies conduisant à une santé partagée et contagieuse ?

Certes, les obstacles sont nombreux, mais les identifier et les décrire constitue déjà une étape décisive car tout problème bien posé est en bonne voie de résolution.

 

La distinction avec les notions voisines d'intérêt commun, d'intérêt public ou encore d'intérêt collectif, n'est pas évidente :

L'intérêt commun désigne une finalité définie comme la résultante de l'ensemble des intérêts exprimés par les membres d'une communauté. Ce qui pose bien entendu la question de la légitimité de cette expression, en raison des difficultés à mettre en place des règles de prise de décision et un périmètre des membres de la communauté (exhaustivité, représentativité, sincérité...).

L'expression « intérêt général » semble être apparue au milieu du XVIe siècle sous la plume des juristes et hommes d’État. Deux conceptions de l'intérêt général co-existent. La première conception, anglo-saxonne, définit l'intérêt général comme résultant de la somme des intérêts individuels. La deuxième conception, française, considère l'intérêt général comme une finalité d'ordre supérieur aux intérêts individuels, dont on sous-entend qu'elle dépasse l'intérêt commun dans la mesure où elle prétend être « quelque chose de plus ambitieux que la somme des intérêts individuels », soit une finalité à laquelle l'individu est censé se soumettre. Ainsi, l'intérêt national correspond-il à l'intérêt de la Nation selon la formule d'Ernest Renan : « Avoir fait de grandes choses ensemble et vouloir en faire encore ».

L'intérêt public concerne la mise en œuvre de l'intérêt général à travers le cadre juridique du droit public d'un pays ou d'une République. Il apparaît notamment dans les débats de la Révolution française, au cours de laquelle il tend à remplacer la notion plus ancienne d'utilité publique. Il est, par définition, défendu par les différentes branches de l'autorité de l'État (Santé publique, Instruction publique, Sécurité publique, Monuments publics, Environnement,...) représentées en justice pénale par le ministère public. La fonction de ce dernier est d'intervenir dans des actions existantes, ou d'engager des actions nouvelles au nom de l'intérêt public, dans des causes pour lesquelles il n'y a pas d'intérêt particulier à agir.

Cette notion est au cœur des débats politiques, économiques. Elle est abondamment citée pour justifier l'existence de services publics, des actions publiques, des lois et règlements d'ordre public, ainsi que des réglementations touchant aux droits fondamentaux (par exemple dans le cadre du Droit de propriété pour fixer les régimes des expropriations et des nationalisations). Elle met en jeu la finalité même de l'ensemble des collectivités publiques (depuis le niveau des collectivités locales jusqu'aux échelons les plus élevés de l'État). Wikipédia

Le 8 mars 2019

Biodiversités : des enjeux vitaux pour la santé !

Alors qu’en France, beaucoup s’interrogent sur leur avenir, sur les enjeux du futur et sur leur organisation politique, il n’est certainement pas inutile de revenir sur les enjeux des
biodiversités
, toujours et encore méconnus.

Rappeler les trois niveaux de diversité du vivant :
      diversité écologique (diversité et relations dans et entre les écosystèmes),
     diversité spécifique (diversité et relations des espèces),
     diversité génétique (patrimoine génétique des individus au sein d'une même espèce).

Rappeler également les trois catégories de biodiversités qui nécessitent des analyses et des
mesures spécifiques :
          biodiversité écotique (fruit de l’évolution),
          biodiversité domestique (issue de la sélection opérée par agriculteurs et éleveurs),             biodiversité de laboratoire (issue de manipulations génétiques).
Mais, nous n’entrerons pas, ici, dans la distinction de ces trois niveaux, car, si les mesures de valorisation sont particulières, leurs enjeux se rejoignent.
 

Afin de clarifier la présentation, les enjeux peuvent être regroupés en deux ensembles :
se nourrir et entretenir le vivant. Tous deux convergent vers une dynamique de santé du
vivant.
        Se nourrir :
Nous connaissons tous l’importance, pour notre santé, de la qualité de l’eau que nous buvons et de l’air que nous respirons. Nous ne pouvons nous en passer au-delà de quelques minutes pour l’un, de quelques jours pour l’autre !

 

L’importance de l’alimentation émerge de plus en plus à nos consciences.
Bien sûr, la quantité pour répondre à nos besoins énergétiques est une préoccupation
quotidienne, si cruciale et problématique encore pour une grande partie de l’humanité. Mais qui est certain d’être à l’abri de catastrophes ? Or, nous connaissons tous les abus, les gâchis et les fragilités de notre système de consommation…

 

La question de la qualité de nos aliments fait débat et préoccupe de plus en plus. Alors s’invite à la table la question des techniques agricoles et du recours aux intrants chimiques, engrais et pesticides.
Or, les choix de l’agriculture sont intimement corrélés aux biodiversités : domestiques avec les races animales et les variétés végétales, le recours aux OGM, la biodiversité des sols et donc leur vitalité et leur durabilité à produire… mais, également, la qualité de nos paysages, environnements et lieux de vie…

 

De plus, les incidences des cultures, déforestation et colonisation des prairies, sont trop
souvent facteurs de fragilisation d’espaces alors soumis aux risques naturels : érosion,
ruissellement, salinisation des sols…
Sans oublier les liens avec les perturbations climatiques !

 

Des incidences également sur la qualité des eaux, rivières et océans, qui concentrent les
surplus chimiques de l’agriculture, en plus de tous les déchets industriels...
Là encore, et là surtout, les effets de prélèvements irresponsables conduisent à la destruction inquiétante de populations halieutiques, voire la disparition de certaines espèces…

L’apport essentiel des biodiversités écotiques et domestiques à notre vie devrait au moins
nous inviter à plus de mesure dans nos activités, à en analyser minutieusement et
honnêtement les conséquences.
 

Rappelons au passage, que la diversité du vivant offre également une palette très précieuse de ‘’ressources’’ pour notre santé et pour une pharmacopée toujours vivace et d’actualité. Sans oublier que nous avons toujours à apprendre des ‘’solutions’’ que la vie a ‘’bricolées’’, puis adoptées pour répondre aux contraintes de leur environnement.
 

Cette vision anthropocentrée, ne doit pas nous faire oublier que les humains s’inscrivent
totalement dans le vaste domaine du vivant, de la biosphère.
Si de nombreux liens sont aujourd’hui connus et décrits, pas de doute que ces relations feront l’objet de nouvelles découvertes et théories. Au premier rang, viennent nos relations avec l’immense univers des micro-organismes encore si peu présenté et connu. L’excellent ouvrage de Marc-André Selosse ouvre de nouvelles perspectives déjà soulignées.

          Entretenir le vivant :
Depuis un demi siècle, les ‘’services écologiques’’ ont été bien documentés, en particulier avec ‘’l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire’’, rapport établi en 2005.

Les fonctions de pollinisation et d’épuration des eaux sont aujourd’hui largement reconnues.
Également connue l’importance de la vitalité des grands biomes : océans, récifs coralliens,
forêts, sols, prairies… qui, malgré des législations encore à renforcer, sont la proie de
prélèvements inconsidérés et de pollutions aussi diverses qu’écocides... Des  comportements suicidaires à courte échéance !

De plus en plus, les milieux urbains font l’objet de travaux de la part d’écologues qui auront fort à nous apprendre, au-delà du besoin d’espaces verts et de végétalisation,
quotidiennement ressenti par chacunE.
Les études menées avec des épidémiologues dans les villes tropicales, ainsi que les grandes épidémies récurrentes, devraient alerter encore plus notre attention…
Et nous faire prendre en compte les impacts considérables de nos vies citadines (bientôt 75 % de l’humanité!) sur l’ensemble des biodiversités… On estime que Paris mobilise l’équivalent de 300 fois sa superficie pour sa vie quotidienne !

Et, que dire des micro-organismes, 90% de la biodiversité en espèces et en masse, cet «océan de vie» dans lequel nous nous mouvons et dont nous dépendons ? Cet univers méconnu sans lequel nous ne pourrions ni nous alimenter, ni digérer, ni être en bonne santé ! Seule notre peur de la maladie nous en donne une image négative et déformée…
 

Il est devenu essentiel d’inclure ces enjeux vitaux dans les projets d’aménagement et les
exploitations industrielles, commerciales et agricoles…
Nous n’avons plus le choix, nous devons analyser et mesurer les impacts de nos activités sur le vivant et les ‘’ressources’’ de notre planète.
Nous disposons de suffisamment d’outils scientifiques et techniques pour évaluer et prévoir, pour mesurer, choisir et mettre en oeuvre des développements responsables…
Ainsi des progrès considérables ont été effectués, notamment dans la connaissance des cycles de l’eau, du carbone… et les changements climatiques. Mais, raison fait-elle leçon ?

         Cultiver la Santé, développer son capital santé :
Notre espèce, Homo sapiens, est partie indissociable de la biosphère.
Le vivant, tout le vivant, nous constitue et détermine notre santé.
(Prochainement, un nouvel éditorial développera plus largement ce sujet.)

Nous avons pleinement conscience de l’importance de nos environnements ‘’physiques’’, nous devrions dire ‘’biologiques’’ ou mieux ‘’écologiques’’.
 

Nous avons déjà parlé de la qualité de l’air, de l’eau, de notre alimentation, des paysages dans lesquels nous vivons… Nous le savons pour le cadre de vie quotidien de nos maisons et de nos lieux de travail…

Mais, avons-nous pleinement conscience des liens, des multiples relations avec les
écosystèmes qui constituent nos environnements de vie ?

 

Les micro-organismes ont été évoqués. La bonne santé des écosystèmes dont sont issus nos aliments est également essentielle.
Nous ne vivons pas dans une boîte, un cocon indépendant de la biosphère.
La biosphère est notre maison !

D’autre part, nos environnements sociétaux, culturels et psychosociologiques, sont également déterminants pour notre santé.
Nous le savons très bien en ce qui concerne nos relations avec notre famille, nos amis, nos
collègues… Qui ne connaît les effets redoutables des stress ?

L’OMS, dans sa définition de la santé, souligne « La santé est un état de complet bien-être
physique, mental et social…
». Son rapport de 2006 indique : « investir de manière avisée dans la création d'environnements favorables peut constituer une stratégie efficace pour améliorer la santé et parvenir à un développement qui soit durable."

 

Aujourd’hui, de nombreuses études scientifiques révèlent que près d’un 1/3 des maladies
seraient d’origine environnementale. Parmi les 10 premières causes mondiales de mauvaise santé, l'OMS cite l'analphabétisme et le chômage. On parle d’épidémies de cancers, de suicides ou de ‘’burn out’’...
Oui, nous sommes des êtres sociaux !

Nous aimerions penser que nous ne sommes pas asociaux au point de détruire notre maison commune, le vivant dans sa diversité !

Pour donner à comprendre les enjeux de biodiversité, Bernard Chevassus-au-Louis, actuel
président de l’association ‘’Humanité et Biodiversité’’, utilise trois métaphores :
     L’iceberg, nous ne connaissons qu’à peine 10 % de la biodiversité
    L’orchestre, chacun contribue à l’oeuvre musicale en tenant compte du jeu des autres
    La bicyclette, l’équilibre résulte du mouvement...
A noter que, pour les biodiversités, ce mouvement, ce chemin ne serait connu que par ce qui est visible dans le rétroviseur ! Une partie du paysage seulement, qui est déjà derrière nous au moment où nous pouvons l’observer…

Mais, gardons espoir car le vivant, dans sa diversité et lorsqu’il est en santé, constitue une force considérable…
A nous de savoir la cultiver avec raison, avec sagesse et durablement.

  Cap vers une transition écologique

 

Le 12 janvier 2018

Lorsque fleurissent révoltes et contestations
comme autant de convictions, d'interrogations et d'utopies...

Grands débats, doléances, mouvements, actions en justice, luttes sociales et environnementales, et bien d'autres manifestations publiques, témoignent d’un malaise certain, une insatisfaction profonde des orientations politiques…

Ils s'appellent Alternatiba, Marches pour le climat, pour une alimentation saine... Nous voulons des Coquelicots…

Hier, Bonnets rouges, aujourd’hui Gilets jaunes, Stylos rouges…
Mais aussi, actions en justice pour le climat, contre les projets inutiles…

Mobilisations de nombreuses ONG et collectifs, assemblées, groupes de réflexion et agora sur des thèmes sociétaux… Colloques, séminaires, congrès, think tank, COP, IPBES… locaux, régionaux, nationaux, mondiaux, officiels ici et ailleurs, spontanés parfois…

Surgissement de multiples initiatives, souvent répertoriées pour leur donner plus de sens, plus de cohérence et plus de force…Une grande volonté d’échanges, de rencontres, de prises de paroles citoyennes…

La vie sociale est en ébullition, les services publics mis à mal, l’entreprise interpellée, l’organisation politique bousculée...

Enfin, enfin ! les enjeux du climat et des biodiversités sont discutés ensemble. Et même, de plus en plus fréquemment, les liens avec les diverses problématiques sociales sont reconnus...

Ainsi, les inégalités sociales et environnementales sont dénoncées comme "une double peine",  parce qu'elles touchent prioritairement les plus précaires.

A cela s'ajoutent demandes et revendications émanant directement des citoyens , ou via des organisations citoyennes, notamment des collectifs d'associations :
 > le droit et le pouvoir d'agir sur les orientations politiques, grâce à une vraie démocratie dont chacun, chaque jour sera acteur…
> le partage équitable des richesses, produites par le travail des Hommes, bénéficiant des productions du Vivant, des biodiversités et des autres ressources de la planète…
> la reconnaissance et le respect des biens communs...

Ces aspirations citoyennes sont politiquement liées, mais exprimées séparément, voire isolément, au risque de devenir concurrentielles ou inaudibles...

Le gouvernement réagit comme tous les gouvernements… à grands renforts de coups (à quel coût !), brandissant mots d’ordre, menaces, forces de police, lois et justice…

Tandis que les médias continuent à jeter de l’huile sur le feu… à dramatiser, car c’est leur fond de commerce !
Quelles analyses en font-ils ? Comprennent-ils enjeux et dynamiques ? Certes, ils entendent... Mais quoi ? Qui ?
Ceux qui tiennent le devant de la scène semblent réagir avec leurs intérêts de classe… relayant à l’envie divisions et peurs instillées par les voies officielles…

La fracture, les fractures creusent et divisent la société…

Pourtant, de plus en plus de citoyens prennent conscience des liens qui existent entre les divers enjeux planétaires, nationaux, régionaux et locaux : santé, alimentation, droits, équité, climat, énergies, biodiversités, agriculture, économie, gouvernances, éducations, information, démocratie...

Le modèle économique, le modèle de développement est remis en question…
N’est-ce pas une révolution culturelle, profonde et puissante ?

Auquel cas, il est impérieux de faire advenir, enfin et universellement, pour le bien de tous,
Santé & Justice, sociales, environnementales et démocratiques.

 

Le 1er janvier 2019

Plus de justice & dignité en 2019

De retour de voyage, Esperanza21 retrouve une France socialement mécontente, voire révoltée.

Difficile de se faire une opinion dans la diversité contrastée des points de vue.
En revanche, il est certain que nombre d’injustices et d’indignités ne sont plus acceptées. Comment ont-elles pu l’être ?

La faim, la mal-bouffe, l’absence ou l’insalubrité de logement, les fins de mois insupportables, le chômage, le retrait progressif des droits, des personnes sans papiers, des migrants rejetés, tant de pressions sociales…
Et le travail sous-payé, et le vivant sauvagement pillé à des fins d’enrichissements privés…

Il est grand temps de reconstruire collectivement une vie sociale au service du bien commun.
N’est-ce pas le but d’une vraie démocratie ? Le devoir de notre République ? L’impératif de nos élus et de notre gouvernement ?

 

Esperanza21 ose encore rêver à l’île récemment parcourue, trop rapidement !
En un mois, elle n’a pu observer que l’écume du foisonnement de vies… Un bel échantillon de magnifiques paysages, variés, typés, marqués par diverses empreintes culturelles…

Une île, certes, mais, pas vraiment isolée. Partie intégrante de la biosphère, elle contribue à sa diversité. Et comment !
Comme toute la Terre, elle a été fécondée par la vie : microorganismes, végétaux, animaux…
Colonisée aussi, plus récemment, par divers groupes d’Hommes ! Aux conséquences souvent condamnables...

Là aussi, les hommes ont modifié et bouleversé les écosystèmes... Là aussi, ils ont imposé leurs monocultures… Là aussi, ils extraient, surexploitent, détruisent, polluent… probablement moins qu’ailleurs.

Pourtant, des hommes ont choisi une autre organisation sociétale, un autre système politique.
Hommes et femmes ont combattu pour leur liberté, leur souveraineté, pour un monde meilleur et plus juste, pour une vie plus humaine, plus conviviale, plus solidaire…

Y sont-ils parvenus ? Esperanza21 se gardera bien de porter jugement !
Certains, enfermés dans leur modèle, seront plus facilement critiques ! Ce qui ne les empêchera pas d’y aller et de consommer tous les plaisirs, sans respect…

Partout, Esperanza21 a vu - ou estimé, à défaut de pouvoir mesurer et analyser - une histoire commune, partagée dans tout le pays, par tout le pays. Une histoire qui fédère, rassemble et libère… avec des opinions et des espoirs contrastés toutefois : rencontres difficiles, coopérations délicates, confrontations parfois brutales, et assurément, de nombreuses incompréhensions…

Des femmes et des hommes, enfants comme plus âgés, vivent de rêves et d’espoirs, de travail et de jeux, d’amitiés et de conflits, de difficultés et de plaisirs, d’alliances et d’oppositions… Vies et désirs sont déclinés en de multiples paroles et récits, de multiples musiques et danses, de multiples silences aussi…

Dans cette île, ni favela, ni misère flagrante… Misère retrouvée sur les trottoirs de Paris !
Certes, des signes évidents montrent une économie qui reste à améliorer…

Ici, la sécurité et la dignité font partout société. Quel autre pays peut s’en prévaloir ?

Ici, il y a plus d’un siècle, le héros national disait : « Tout ce qui divise les hommes, tout ce qui les spécifie, les isole ou les parque, est un péché contre l'humanité. »

Ici, le leader politique disait : « Notre seul orgueil sera d’avoir peut-être été utiles... ».

Ici, une femme rencontrée au hasard d’un détour confie : « Sans la révolution, aujourd’hui, je serais esclave »...

Que 2019 soit une année de bonne santé,
avec toujours plus de sécurité et de justice,
plus de dignité et de solidarité…
Pour toutes et tous, partout. Siempre  !

 

Le 19 novembre 2018

«  Un océan de microbes et d’interactions... »

Jamais seul,
Marc-André Selosse, professeur au Museum national d’Histoire naturelle de Paris, raconte
« ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations »…

 

Il nous propose un nouveau récit de la Vie.

Une vie où les microbes occupent tous les espaces, tous les écosystèmes...
Une vie où les relations, les coopérations, les confrontations, les complémentarités,
les associations, les symbioses… dessinent de nouveaux paysages,
de nouveaux messages qui placent l’Homme et notre humanité dans un contexte,
des environnements, des dynamiques invitant à une nouvelle pensée de l’écologie...

A repenser notre ‘’être’’… ‘’Soi’’ dans ses environnements...

 

Cet éditorial très spécial - long mais le sujet est primordial -
est construit avec des mots, des phrases entières de MA. Selosse.
Il a pour but de souligner un ouvrage majeur qui ouvre de nouvelles perspectives,
et appelle de nouvelles responsabilités...

« Retrouver et rasséréner notre lien aux microbes est un enjeu pour les générations à venir, surtout pour nous Occidentaux, car c'est là que gisent les espoirs d'amélioration de notre santé.
La plupart de nos fonctions sont influencées par nos microbes : nutrition, immunité bien sûr, mais aussi développement, comportements, voire sociabilité…

Nous sommes, en grande partie, construits par un écosystème microbien.
Il y a comme un paradoxe à découvrir que les microbes, autrefois chargés de pouvoirs pathogènes, et de tous les maux, sont vitalement actifs au cœur de la santé…

On est encore loin de provoquer le bonheur, ou de comprendre les mécanismes de ces observations, mais, tout comme nos hormones, notre microbiote influence nos performances, notre état d'esprit et notre perception du monde.

> Les microbes ajoutent leurs propriétés à celles des plantes pour leur permettre un fonctionnement normal : un monde de symbiose ‘’à l'auberge espagnole’’ où chacun apporte des capacités préexistantes…
Les symbioses font émerger de nouvelles propriétés, d'abord aux niveaux physiologique et morphologique, au travers de l'exemple de la fixation de l'azote.

Ceci débouche sur une vision intégrée de l'organisme comme le produit non seulement de son génome, mais aussi de ses symbioses et de leur émergence.

Un organisme ‘’peut’’ et ‘’est’’ plus de choses que son seul génome ne le permet (ou ne le promet). Ses symbioses lui confèrent un phénotype étendu ; il faut parfois considérer plus l’holobionte, l'organisme adjoint de ses partenaires microbiens, que l'organisme seul, qui est une abstraction sans réalité écologique ni physiologique. Une plante n'est jamais seule, et cette présence microbienne s'inscrit dans sa forme, son fonctionnement et ses effets écologiques.

L’herbivore est rarement seul. Le microbiote digestif a un rôle majeur chez les vertébrés herbivores en leur permettant de digérer les molécules complexes des plantes, et en complétant leur alimentation, notamment en azote et en vitamines variées.

La symbiose corallienne construit vraiment l'écosystème corallien, non seulement en lui apportant de la nourriture mais aussi en constituant sa structure physique ! Ce qui n'est pas sans rappeler le rôle de l'arbre en forêt... On qualifie ‘’d'architectes’’ de telles espèces qui structurent le milieu d'une façon que d'autres espèces utilisent ensuite comme habitat.

> Les insectes ne sont jamais seuls : ils sont accompagnés individuellement, du tube digestif jusques à l'intérieur de leurs cellules, voire en groupe, dans le cas où une société d'insectes cultive des champignons ou échange des caecotrophes. Cette compagnie microbienne augmente leurs possibilités à la façon dont un plugin étend celles d'un logiciel.
Bien plus, on pense que ces symbiontes peuvent aider directement à la diversification des espèces.
Insectes et microbes s'adaptent en effet les uns aux autres ; or, cette coévolution peut suivre des trajets et des modalités différents dans des populations distinctes d'une même espèce d'insecte.
Tant et si bien que, finalement, les individus de deux populations peuvent devenir incapables de se croiser, car les hybrides, qui ne possèdent pas tous les gènes de chacun de leurs parents, ne sont bien adaptés à aucun des symbiontes que ceux-ci leur ont transmis !

> Les symbioses restent parce qu'elles sont adaptées grâce à la sélection qui trie, avec une forme de déterminisme, dans le fatras des possibles que le hasard des mutations propose…
Ce que nous observons ne doit secondairement plus rien au hasard, il est retouché par la sélection qui n'est, elle, pas aléatoire. L'existence d'un nombre limité de stratégies adaptées entraîne l'évolution de façon récurrente, convergente en un mot, de mécanismes et de structures semblables - comme par exemple, les types de symbioses qui nous intéressent.

> Nous sommes en grande partie construits par un écosystème microbien.
Notre physiologie résulte de mécanismes écologiques qui se déroulent en son sein : successions de colonisation chez l'enfant, compétitions en tous moments et notamment lors de diarrhée, perturbations écologiques après une antibiothérapie ou un changement d'alimentation, par exemple en voyage….

Le gros du microbiote, dont nous ne sommes au fond que l'enveloppe protectrice, est contenu dans l'intestin : avec plus de 4 000 espèces connues au total (près d'un demi-millier dans chaque individu), c’est 1 à 1,5 kg de bactéries et de levures par personne qui sont logées, chauffées et nourries par nous.
Plus le bol alimentaire progresse dans l'intestin, plus il est colonisé, tant et si bien qu'à la fin, les microbes représentent 60 % du volume des selles (soit 100 milliards de bactéries par gramme).

Une comparaison entre 20 personnes à révélé que chacune possède 80 % des espèces bactériennes en propre. La composition du microbiote intestinal est finalement une partie de l'identité, et elle est plutôt stable, ne variant que lentement.

Les espèces proches évolutivement ont souvent des microbiotes voisins, et nous-mêmes sommes ‘’microbiotement’’ proches des chimpanzés, des bonobos et des gorilles. Mais, alors qu’entre ces espèces, les différences de microbiote sont proportionnelles au temps écoulé depuis leurs ancêtres communs, témoignant d'un rythme d'évolution semblable entre elles, les différences se sont accumulées beaucoup plus vite chez l'homme.

Un individu de taille moyenne possède de l'ordre de 10 000 milliards de bactéries dans son intestin,
et 1 000 milliards sur la peau ; l'ensemble des bactéries des autres cavités du corps avoisinerait plutôt 100 milliards. On ne compte pas ici les levures, en nombre moindre. Cet individu possède lui-même 10 000 milliards de cellules en comptant les globules rouges (qui sont des cellules particulières, car plus petites que les autres et dépourvues d'ADN très nombreuses et qui représente 85 % de nos cellules).

On connaît plus de 10 000 espèces de microbes capables d'habiter notre corps.
Cette diversité a été fortement touchée par les habitudes culturelles occidentales qui font de chacun de nous une île très isolée de son voisinage et du milieu. Notre hygiénisme nous a protégés des maladies en nous éloignant des mécanismes naturels de colonisation et de développement du microbiote.

On voit émerger la possibilité de cultiver notre microbiote comme un jardin : on y sème les graines des espèces souhaitées (ce sont les probiotiques) et on y apporte amendements et engrais qui favorisent le développement de ces espèces (ce sont les prébiotiques).
Des bactéries soigneront peut-être demain non seulement les problèmes digestifs, inflammatoires, microbiens ou allergiques, mais aussi nos humeurs, voire notre sociabilité.

L'abondante communication du microbiote intestinal avec le système nerveux central, que l'on appelle axe cérébro-intestinal, passe donc à la fois par voie chimique et par voie nerveuse chez les souris…

De là, influençant à distance tout l'organisme, les microbiotes en modifient jusqu'au développement et à la reproduction. Tous les grands organismes, plantes et animaux, cachent une forêt de microbes au pouvoir desquels ils ne sont que des marionnettes…
Le microbiote non plus n'est pas autonome, qui serait bien en peine de se nourrir et de se protéger seul... L'influence est réciproque, car nous choisissons et ne trions nos microbes, chacun selon nos spécificités génétiques, nos comportements (alimentaires notamment) et notre culture ; nous les abritons et nous les nourrissons... Il faut envisager l'interaction symétriquement, comme une symbiose dont chacun dépend et que chacun construit.
Pour l'homme, le microbiote représente une formidable boîte à outils pour s'adapter à son milieu : les invités de notre microbiote totalisent 100 fois plus de gènes que notre propre génome. Ils peuvent donc considérablement modifier notre fonctionnement et les propriétés du consortium que nous formons avec eux..

Pouvons-nous, d'ailleurs, encore écrire « nous et nos microbes », quand ils sont tellement... nous-mêmes ? Et qui parle, quand ‘’je’’ dis « je » ?

> Les Eucaryotes, dont nous sommes, ne sont jamais seuls : ils ont acquis leurs principaux métabolismes énergétiques de bactéries qu’ils ont emballées dans leurs cellules et qui sont devenues héréditaires…

La respiration des Eucaryotes leur a été insufflée par les mitochondries, très précocement (sans doute dans leurs ancêtres communs) ; puis certains groupes ont secondairement appris la photosynthèse avec un plaste. Un ami à moi dit joliment que les plantes sont « des aquariums à cyanobactéries », en pensant aux plastes ; quant à nous, nous sommes des lotissements aménagés pour nos mitochondries.

Aujourd’hui, on peut voir la cellule eucaryote comme une chimère, non seulement parce qu’elle contient des bactéries endosymbiotiques, mais aussi plus intimement : la symbiose a fait du génome du noyau lui-même un mélange génétique, et elle mélange partout des protéines d’origines diverses.

La théorie de l’origine endosymbiotique des Eucaryotes ajoute un point d’orgue à l’importance de la symbiose dans la constitution des organismes et dans l’évolution. La présence de bactéries au tréfonds de nous-mêmes a de quoi fasciner.

> Nous sommes, les plantes sont, les animaux sont des symbioses, par essence cellulaires !
Un jour, mes ancêtres ont été une bactérie et un proto–eucaryote indépendants, puis un jour suivant il furent en symbiose, et maintenant celle-ci est devenue si étroite que je ne discerne plus, raisonnablement, qu’une seule espèce : l’homme.

On transcende la compétition et la prédation qui structurent la vision darwinienne ; ici les espèces coopèrent, et le mutualisme est l’acteur de l’évolution.

Au total, ni optimum ni équilibre dans la symbiose en dépit des apparences : la symbiose est une des façons de bricoler la survie dans un monde où rien n’est parfait.

Chaque partenaire influence donc l’évolution de l’ autre, quelque soit la direction prise, que la transmission se fasse par héritage ou par ré-acquisition : la coévolution fait rage dans la symbiose.

 

> La symbiose est l’un des moyens d’acquérir de nouvelles propriétés, même si ce n’est pas le seul, mais il assure souvent l’acquisition des propriétés les plus complexes. En matière d’évolution culturelle aussi, l’innovation se fait avec ou sans microbes, mais le plus souvent avec eux quand les fonctions acquises sont complexes.

Adopter un symbionte microbien est donc un mécanisme évolutif rendu possible par la petite taille, la multiplicité, et la diversité fonctionnelle des microbes.

Le monde est une foire aux microbes, et dans cette offre surabondante, facilement embarquée et qualitativement variée, des rencontres ont très souvent permis aux animaux ou aux plantes d’acquérir leurs propriétés auprès de petits partenaires, surtout les propriétés très complexes.

Vivre ensemble ouvre la porte à la perte de l’autonomie, et les symbiontes se rendent bientôt de nouveaux services que leurs ancêtres n’eussent pas exigés. Ces liens scellent davantage encore l’interaction, et l’interdépendance croissante est un autre aspect de la coévolution entre symbionte.

Les liens étroits unissant les microbes à leurs hôtes s’expliquent donc de façon double : à la fois par l’acquisition de fonctions microbiennes au cours de l’évolution, et par une coévolution régressive créant progressivement une dépendance accrue.

 

> Le milieu de vie riche pour lequel les variétés agricoles modernes ont été sélectionnées les a conduites à la perte du savoir-faire ancestral en matière de marché biologique et de choix du partenaire.

En conséquence, les plantes dépendent encore plus des engrais apportés par l’homme… Qui abolissent encore davantage l’interaction mycorhizienne…
C’est une spirale de dépendance aux pesticides et aux interventions agricoles que nous avons engagée.

Il va sans dire qu’on peut néanmoins espérer limiter un jour l’utilisation et les effets indésirables des intrants industriels en recréant des systèmes symbiotiques basés sur l’exploitation de sols pauvres, renouant en cela avec 400 millions d’années d’histoire végétale. Mais il faudra encore quelques années de recherche, et sans doute re-sélectionner, à partir de variétés anciennes ou sauvages, quelques nouvelles variétés cultivées !

Ces mécanismes portent la marque d’une dynamique évolutive où chaque partenaire influence la sélection naturelle de l’autre : la coévolution. C’est elle qui fait que les partenaires tricheurs sont exclus dans les mécanismes d’héritage…

Ainsi, les interactions biologiques forcent donc à évoluer, même lorsque l’environnement physique ne change pas. Or, l’évolution des organismes qui nous entourent est plus continue et rapide que celle de notre environnement physique : les interactions biologiques sont donc des accélérateurs de l’évolution.
On le comprend souvent à propos des parasites, auxquels il faut s’adapter en permanence, mais les mutualistes sont aussi une source de pression de sélection (ne fusse que par ce qu’ils peuvent en permanence évoluer en parasites par tricherie).

Ainsi toutes les espèces évoluent-elles à cause des autres ; la coévolution n’est pas seulement un mécanisme impliqué dans l’optimisation des symbioses, c’est aussi leur voie permanente vers la survie.

 

> Dans le fonctionnement des écosystèmes, interactions négatives et favorables se côtoient donc étroitement. Les symbioses ont encore des conséquences écologiques, que ce soit directement par le mutualisme, ou en contribuant indirectement à des interactions négatives, en auxiliaires de la compétition, du parasitisme ou de la prédation.

Derrière ce que nous voyons de la nature travaillent en fait des microbes (et des animaux minuscules), en une conspiration minime qui organise le visible sans en faire partie.

 

> Des microbes ont bel et bien été domestiqués : bactéries du yaourt, pénicilliums inoculés sur les fromages, levures inoculées à la bière ou au vin…

À côté de ceux qui ont été domestiqués, d’autres microbes sont simplement invités le temps d’une fermentation, avant de s’en repartir, pour quelques temps ou à jamais, vivre ‘’sauvages’’ dans l’environnement : c’est le cas des ferments des Gueuses et des Lambics bruxellois, ou des vins d’autrefois…

Les symbioses de l’homme avec les microbes alimentaires vont de rencontres opportunistes à des alliances étroites et durables, domestiquées celles-là. Il s’ensuit alors une dépendance complète de ces microbes à l’homme, à la façon dont autres microbes deviennent dépendants d’insectes.
 

Notre interaction avec les microbes fermentaires est un mutualisme, réciproquement bénéfique car nous nourrissons, voire protégeons, ces microbes qui préparent notre nourriture. Bien sûr, quelques-uns sont dévorés au passage, comme cela se produit aussi, par exemple, dans le rumen.

En particulier, ces traditions fermentaires nous montrent que nos cultures (nos savoirs transmissibles) retrouvent souvent des chemins déjà parcourus par le monde strictement biologique… Ce sont des points par lesquels notre évolution culturelle elle-même avoue qu’elle est une forme de l’évolution biologique au sens large. Il est intéressant de noter l’ambivalence des liens entre microbes fermentaires et culture.

 

> Tous les grands organismes que nos yeux voient, mais aussi les populations, les communautés et même les civilisations, sont habités de multiples microbes qui contribuent à leur fonctionnement.
Nous avons fait mentir l’idée reçue que la plante ou l’animal, dont l’homme, sont des entités autonomes.
Cette présence microbienne n’est pas une mauvaise nouvelle : les exemples qui précèdent nuancent l’image d’un monde d’interactions négatives, où domineraient compétition, parasitisme et prédation, en particulier quand il s’agit de microbes.

Un seul gramme de sol héberge plus de 1 milliard de cellules bactériennes, issues de plus de 1 million d’espèces différentes ; on n’y compte aussi pas moins de un à cent milliers d’espèces de champignons…

Une eau océanique de surface compte dans chaque millilitre (un cinquième de cuillère à café) de 10 000 à 1 million de bactéries et les algues unicellulaires (moins nombreuses, mais souvent plus grosses) y dépassent couramment le millier. Ainsi, les eaux qui nous entourent sont-elles plus plutôt un brouet clair de microbes… qui représentent 90 % de la biomasse marine totale !

Avec un ancêtre commun deux à trois fois plus ancien que celui des Eucaryotes, les bactéries ont eu plus de temps pour explorer l’espace des possibles biologiques, et pour produire des descendants bien plus diversifiés…

> En sciences, nous ne pouvons pas discuter de l’essence des choses, mais nous en proposons des représentations qui nous permettent de manipuler le monde, de donner des explications, de faire des prédictions ou de préconiser des actions.
Nos représentations ne sont ni vraies ni fausses ; elles sont juste plus ou moins pratiques, plus ou moins génératrices de compréhensions nouvelles – en un mot, plus ou moins heuristiques. J’ai moi-même utilisé le mot ‘’organisme’’ lorsque cela me permettait de désigner certains aspects du réel. Néanmoins, je pense qu’on doit à présent aussi voir au-delà des organismes.
Aujourd’hui, c’est une approche désuète que de se borner à conserver, en l’élargissant, la notion d’organismes.

En voici d’autres visions: celle du microbiologiste « un océan de microbes ».

Cette première vision d’un monde essentiellement microbien renvoie la notion d’organisme animal ou végétal à notre impuissance à nous affranchir du monde macroscopique où nous vivons.

La seconde vision est celle de l’écologue « un océan d’interactions ».
Chaque ‘’organisme’’ (c’est vrai aussi de chaque microbe) est un nœud dans un colossal réseau d’interactions.

 

Croire que le monde est fait d’organismes, c’est croire qu’une toile d’araignée est faite de points où se croisent les fils : c’est négliger… les fils eux-mêmes !

Où s’arrête le phénotype étendu d’une plante donnée, dès lors qu’elle échange parfois avec ses voisines, par le réseau mycorhizien, des nutriments et parfois des signaux ; et que celles-ci en font, à leur tour, autant avec leur propres voisines ?

Et d’ailleurs, insectes pollinisateurs et champignons mycorhiziens sont reliés en un réseau unique par les plantes qu’ils partagent !

Plutôt que des organismes dans le monde, nous avons vu un monde de microbes tout en interactions…
Où nos vies sont un complot du minime, et où le visible est l’écume des interactions microbiennes.
Or, ces dernières années ont révélé que l’écologie du monde microbien bricole les fonctions de la peau, de la bouche, du tube digestif, de la feuille, de la fleur, de la racine… Et que, sans compréhension des mécanismes écologiques structurant les interactions, il n’est pas de biologie des organismes modernes.
Nos pères ont fait erreur : écologie et physiologie sont interdépendantes : il est grand temps d’initier les plus jeunes à l’écologie aussi !

Montrer les microbes au cœur de la santé et des fonctions biologiques, alors que le XIXe siècle les avait découverts dans la maladie et comme agents de décomposition...
Cette longue tendance qui nous prive de plus en plus d’une place privilégiée dans le monde se poursuit avec l’émergence actuelle de notre contexture microbienne ! Elle fait de nous (et des organismes que nous voyons) l’écume visible d’un monde microbien structurant et omniprésent.

> Il nous faut renverser l’image trop exclusivement négative des microbes : nos usages alimentaires quotidiens des microbes en constituent une preuve patente, actée antérieurement à la notion même de microbe !

Toutes les lignes de cet ouvrage nous crient que la gestion des écosystèmes et des ressources naturelles, alimentaires surtout, passent par les microbes aussi.

Il nous faut donc retrouver notre lien et notre coexistence avec les microbes, que nous avons perdus.
Ils faisaient partie de notre animalité, et nous en avons historiquement construit nos civilisations et nos cultures.

Bien sûr, l’asepsie a été mère de la médecine moderne ; bien sûr nous avons gagné en éliminant les pathogènes, nul doute à cela ! Mais, n’en avons-nous pas trop fait ? Nous avons permis le développement de maladies annexes, comme l’allergie ou l’obésité…
Aujourd’hui, notre espoir de progrès se trouve dans la réintroduction d’un juste équilibre, d’une juste portion de microbes qui, dans nos corps, dans notre alimentation et dans notre environnement, rendra encore plus sûr le monde microbien.

Demain, il nous faudra savoir quels microbes souhaiter, dont la présence vaut mieux que l’absence, et qui sont donc plus ‘’propres’’ à nous aider.
Aujourd’hui, probiotiques et prébiotiques esquissent les premiers pas sur une piste qu’hier (et avant-hier) de nombreuses fermentations alimentaires avaient parcourue.

Finalement, je suis un écosystème microbien, riche de la diversité qui l’habite…

La maladie et le pourrissement sont bien microbiens, mais ils ne sont qu’un état exceptionnel :
le chef-d’œuvre quotidien de la vie animale et de la vie végétale est cousu de microbes symbiotiques en chaque instant, en chaque organe, en chaque fonction.
Ainsi, moi-même et tous ceux qui m’entourent sommes-nous construits comme des émanations de l’invisible qui est en nous, toujours et partout, en vertu de quoi ‘’nous ne sommes jamais seuls’’. »

‘’Jamais seul’’, MA. Selosse  : une œuvre à lire absolument...
écrite de façon précise, dense, dans un style élégant et plein d'humour...

 

Le 6 novembre 2018

Inégalités environnementales,
deuxième peine pour les pauvres  !!!

Le 8 septembre, l’association Notre affaire à Tous organisait une rencontre pour éclairer les conditions et enjeux des inégalités environnementales.
Le constat s’impose : les inégalités environnementales sont également sociales.
Elles frappent en premier les plus pauvres, avec les conséquence les plus graves ...

Alors que nous élaborons cet éditorial, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte sur les effets de la pollution de l’air, en organisant une conférence internationale à Genève.

« Le champ de l’environnement sous influence anthropique, défini par l’OMS en 2006, est vaste : pollution de l’air, de l’eau, du sol par des agents chimiques ou biologiques ; rayonnement ultraviolet et ionisant; environnement bâti (sécurité des bâtiments, infrastructures piétonnes, etc.) ; bruit, champs électromagnétiques ; risques professionnels, méthodes d’agriculture et schéma d’irrigations ; changements climatiques liés à l’activité humaine et dégradation des écosystèmes», ou encore «les comportements individuels liés à l’environnement».
Les domaines d’intervention sont donc multiples, ce qui justifie en particulier de promouvoir une vision large et transversale des questions de santé publique.

En 2015, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) publiait un rapport : Inégalités environnementales et sociales : identifier les urgences, créer des dynamiques

Son avis s’appuyait sur la typologie des inégalités environnementales qui distingue
> les inégalités d’exposition aux risques et aux nuisances,
> l’accès aux aménités environnementales,
> les inégalités distributives des politiques environnementales,
> les inégalités de participation aux politiques publiques
> les inégalités d’impact environnemental.

Le CESE considère que la connaissance et le traitement des inégalités environnementales de santé doivent constituer une priorité.

Alors que la recherche et l’information sur les inégalités sociales ont beaucoup progressé ces dernières années, les inégalités environnementales ne font que depuis peu l’objet d'études en France.

Le Comité français pour le sommet mondial du développement durable de Johannesburg (2002) les envisageait comme «une différence de situation entre des individus ou des groupes sociaux qui s’apprécie non seulement au regard de considérations « écologiques » au sens strict (pollutions, hygiène publique, milieux naturels...), mais aussi en termes d’espace vital, de ressources renouvelables accessibles, de qualité des établissements humains, de conditions de vie, de paysage, etc. que l’on considère comme contraire aux droits ou au respect de la personne humaine, et de surcroît susceptible d’engendrer des déséquilibres préjudiciables au bon fonctionnement de la collectivité. »

Tous les pays et les populations (toutes les personnes), ne sont pas à égalité face aux changements climatiques, à l’accès à l’énergie, à l’eau potable, aux pollutions, à la destruction des écosystèmes.

"Comment concrétiser aujourd’hui un mode de développement qui réponde aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs’’, comme le rapport Brundtland définissait le développement durable en 1987 ?

 

De nombreux paramètres interviennent dans la nécessité d’un changement de logique économique.
Le CESE souhaite une véritable évolution de notre modèle de développement, compatible avec une nouvelle approche écologique assurant la sauvegarde des systèmes naturels, le respect des droits fondamentaux et la satisfaction des besoins essentiels.

L’avis de ce Conseil et son rapport explorent la dimension nationale des inégalités environnementales et sociales en métropole et dans les outre-mer en s’efforçant de concilier impératifs environnementaux, sociaux et économiques. Des pistes d’action, des priorités, sont formulées en direction des pouvoirs publics comme des acteurs pour changer de paradigme.

Les préconisations avancées se concentrent sur certains aspects des liens entre inégalités environnementales et sociales, sans prétendre à l’exhaustivité, et visent à promouvoir dans tous les domaines une logique de prévention.
Elles se déclinent en quatre grands axes :
> Identifier et réduire les inégalités environnementales d’exposition et d’accès aux aménités
Agir sur les déterminants socio-économiques et environnementaux de santé, une priorité.
Réduire les inégalités dans les territoires ruraux en améliorant la qualité de vie et l’accès aux aménités environnementales en milieu urbain.
Lutter contre les inégalités d’exposition et d’accès environnementales outre-mer

> Anticiper les conséquence économiques et sociales des politiques environnementales

> Favoriser la participation aux politiques environnementales

> Développer responsabilité et réparation environnementale

En septembre 2013, la Stratégie nationale de santé, constate que la France est marquée par des inégalités sociales et territoriales de santé persistantes et en voie d’accroissement.
Ces inégalités traversent l’ensemble de la population et elles vont bien au-delà du constat d’un état de santé dégradé et de difficultés d’accès aux soins pour les personnes les plus démunies (dont le nombre ne cesse d’augmenter).

Les facteurs explicatifs de la surmortalité qui frappe les catégories les moins favorisées interviennent pour l’essentiel en amont de la prise en charge proprement médicale des différentes pathologies.

Ces catégories cumulent en effet les facteurs de risque :
> expositions plus fréquentes aux risques environnementaux (toxiques en milieu professionnel, polluants de l’habitat, pollution urbaine) ;
> prévalence plus élevée des facteurs de risques comportementaux liés aux modes de vie, moindre accès au dépistage précoce ;
> diagnostic plus tardif des pathologies graves.

L’augmentation des Maladies non transmissibles (MNT), regroupées depuis dans la nouvelle catégorie des ‘’maladies environnementales’’ (cancers, maladies cardiovasculaires, diabète, obésité, asthme, maladies chroniques physiques et/ou psychologiques…), résulteraient pour l’essentiel (80%) des conditions de vie (niveau d’exposition aux pollutions et nuisances, qualité nutritionnelle de l’alimentation, du logement, situation familiale, niveau d’activités…), elles-mêmes influencées par des facteurs socio-économiques (niveau de scolarité, emploi, niveau de revenu, sentiment d’appartenance à la collectivité…).

La vision curative de la santé, encore prédominante en France, doit être dépassée au profit d’une vision plus large, ainsi que cela a été rappelé lors de la troisième conférence environnementale à l’occasion de la table ronde ‘’Santé - environnement’’ et de la parution du troisième ‘’Plan national Santé Environnement’’.

Où en sommes nous aujourd'hui ?

Beaucoup d'avancées dans le monde de la recherche.
Une conscience de plus en plus éveillée de la population française.

Mais la volonté politique, si elle ne manque pas, est pour le moins peu attentive à ces engagements et perspectives… dont elle ne retient que l'intérêt marchand !

L’exposition aux altérations de nos environnements est très préjudiciable à la santé de tous.
Mais, très inégalement : plus pauvres, plus exposés !

 

Le 2 novembre 2018

Objectif « Santé pour tous »

La santé humaine est très dépendante de celle de nos environnements, Esperanza21 l’a abordé dans les éditos « Santé dévoyée ! » (mars 2017) et « Bonne santé , pas si simple ! » (Mai 2017).

L'OMS a d’abord proclamé : «la Santé, ce n'est pas seulement l'absence de maladie», puis «la santé est un état d’équilibre du bien-être physique, mental et social».
Elle a progressivement introduit l'idée qu'il ne s'agit pas d'un état figé, mais d'un équilibre dynamique, donc d'une quête permanente d'équilibre entre ces différentes composantes, auxquelles s'ajoutent les facteurs environnementaux.

Équilibre dynamique entre des facteurs individuels et collectifs, biologiques et psychiques... sociaux, sociétaux, économiques, écologiques, tous en lien plus ou moins directs avec les facteurs politiques.
La santé, personne ne l'a en soi, chacun doit la construire ou la restaurer au quotidien.
Ce n'est pas le domaine réservé de quelques catégories de professionnels.
Notre santé relève, aussi, de nos choix, de nos actes individuels et collectifs.

Alimentation suffisante et équilibrée, qualité de l’air et de l’eau, qualité des écosystèmes et des biodiversités, habitats dignes… en sont des facteurs déterminants, mais insuffisants.
Développer, consolider, voire regagner la santé nécessite un projet politique de SANTÉ , qui vise à terme la réduction à leur plus simple expression des politiques de SOINS.

Actuellement, nous constatons un effondrement de la biodiversité et une invasion toujours plus grande des diverses pollutions… Des espèces entières disparaissent. Pourquoi l’espèce humaine serait-elle à l’abri de ses propres (mauvaises) actions ?
Cessons de faire comme si nous n'étions pas directement concernés! Enfants de la biodiversité, confrontés aux mêmes agressions, notre sort est lié à celui de l'ensemble du vivant.
De nouvelles maladies, dites environnementales, se multiplient autour de nous. Nous en connaissons en partie les causes. Mais, nous nous heurtons à des forces économiques qui ont tout intérêt à faire prévaloir le doute, le manque de preuves, l'information falsifiée, face à l'évidente nécessité d'appliquer au moins le principe de précaution !

Réaffirmons encore et encore qu'être en bonne santé ne concerne pas seulement notre état biologique, psychologique et culturel. Notre santé est tributaire de la qualité de la santé sociale. Donc, l’objectif de « santé pour tous » implique de remettre en question nos modes d’organisation sociétale, actuellement si inégalitaires et injustes.

C'est précisément ce qui a été développé récemment dans le cadre d'un colloque du CESE :
« Santé environnementale et maladies chroniques : coût de l’action, coût de l’inaction »(1)

Le premier intervenant, André Cicolella (2), cite avec précision les développements spectaculaires de l'autisme, hyperactivité, obésité, AVC, cancers, etc.
Autant de signes de troubles mentaux et de maladies chroniques dont l'explosion est alarmante.

A l'évidence, on ne peut plus se contenter de poser la question des soins, sans poser celle des causes.

D'ailleurs, la prise de conscience, entre experts et dans l'opinion publique, fait consensus : l'envahissement de nos environnements par de nouvelles molécules chimiques coïncide avec ces nouvelles maladies. Les atteintes à la bonne santé sont liées, directement ou indirectement, aux modifications anthropiques des environnements.

Aussi, sommes-nous amenés à penser en termes de «santé environnementale» et de «responsabilité collective».
Le malade ne l'est pas du fait d'un mauvais choix individuel de vie, mais bien de mauvaises conditions de vie dont il n'a pas le choix car elles sont liées à des décisions pour lesquelles il n'est pas consulté ou pas entendu, ce qui est le cas le plus général.

Ce qui amène André Cicolella à conclure que «les crises écologiques sont des questions sociales».

Barbara Demeneix (3) insiste sur le risque que la présence de pesticides dans beaucoup d'environnements fait peser sur la bonne santé de la biodiversité ET de l'espèce humaine.

Les constats sont probants: espèces décimées, causes de mortalité identifiées, et, chez l'Homme, conséquences multiples et connues menaçant non seulement la vie au niveau individuel, mais aussi, la survie de l'espèce, en diminuant sa capacité à se reproduire.

Les recherches de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) sont parlantes. Sur 287 pesticides testés, 101 affectent l'hormone thyroïdienne humaine en se substituant à elle, les autres agissent sur notre développement neuronal.

Mais, dans la réalité, l'impact de chaque molécule est difficile à cerner et évaluer, du fait du fréquent usage de «cocktails» de compositions extrêmement variées.

Par contre, l'évaluation du coût des conséquences sur la santé humaine est possible :
États Unis: 157 milliards de dollars, Union Européenne: 120 millions d'euros .

Pragmatiquement, il reste à comparer le coût de l'action au coût de l'inaction !

D'urgence, il est nécessaire de réglementer l'usage des pesticides et d'en faire effectivement appliquer les prescriptions.

Éloi Laurent(4) s'appuie sur les points forts développés par les intervenants précédents. Il les organise ensemble pour construire une pensée collective. A la manière de la construction de la «sécurité sociale», il suggère de créer un système de protection par rapport aux injustices et inégalités actuelles.
Il nous rappelle que «la sécu» avait été pensée, après guerre, pour les populations les plus fragilisées, auxquelles elle devait garantir une sécurisation sociale.

Aujourd'hui, les risques écologiques entraînant de nouveaux risques sociaux, nous devons prendre en compte ces deux sources d'inégalité et d'insécurité.

C'est un vrai défi à relever : mutualiser ces risques pour les réduire et réduire les injustices qui y sont accolées, en créant une sécurité sociale-écologique.

Cet objectif nécessite que nous nous émancipions de l'effet paralysant du «doute» entretenu par les lobbies.

Sous prétexte qu'il ne serait pas sûr que les pesticides soient responsables des extinctions d'espèces, ni de nouvelles maladies pour l'Homme, on tergiverse , on repousse, on «sème le doute». Et, sans le moindre doute, cette fois, on continue à répandre les maladies et la mort dans l'eau, l'air, les sols, les aliments, etc...

Une véritable politique publique de promotion de la santé pour toutes et tous s’appuiera sur la volonté de connaître et valoriser, protéger et respecter la biosphère, les facteurs environnementaux, sociaux et sociétaux.
A condition de choisir lucidement les stratégies économiques compatibles…
...Dans un contexte démocratique qu'il est urgent de consolider.

 

  • Colloque du vendredi 21 septembre 2018 au CESE :
  • André Cicolella, président du Réseau Environnement Santé, de formation chimiste et toxicologue, il enseigne également à Sciences-Po Paris
  • Barbara Demeneix, professeure au Museum d'Histoire Naturelle: perturbateurs endocriniens, changer de paradigme, évaluer et comparer le coût de l'action au coût de l'inaction
  • Eloi Laurent, Economiste OFCE/EMI Sciences Po et Stanford University

 

Le 11 septembre 2018 

Tous trans-humains, déjà ?

Pour demain, on nous promet santé de fer, longue vie... voire l’immortalité !

Aujourd’hui, on observe l’allongement de la durée de vie, l’augmentation de taille, la diminution du temps de sommeil... On note aussi des progrès dans divers domaines: alimentation, médecine, préventions... Pour une partie de l’humanité seulement ! N’oublions surtout pas les nombreux exclus.

Par ailleurs, émergent de nombreuses maladies, dites environnementales: cancers, diabètes, maladies auto-immunes, hormonales et/ou neuronales... dont les victimes font plutôt partie des  populations pauvres. Toujours elles !!!

Dès 2012, le "rapport historique de l'Office Mondial de la Santé" (OMS) et le "Programme des Nations Unies pour l'Environnement" (PNUE) suspectait 800 molécules chimiques présentes dans les environnements de l'Homme d'être des « perturbateurs hormonaux », c'est à dire d'être capables d'interférer avec les processus endocriniens de synthèse des hormones.

Aujourd’hui, nos bébés naissent pré-pollués!

En 2015, selon le Monde, la contamination par au moins 43 substances chimiques différentes est avérée chez des nourrissons, probablement via le lait maternel.

Au cours de leur vie, ils auront de plus en plus de risque de contracter une ou plusieurs des nouvelles maladies environnementales.
Autant de conséquences des pollutions chimiques et du non respect des rythmes et des besoins biologiques, ainsi que des dimensions psychologique et culturelle humaines !...

Les générations futures, qu’elles soient d’ici ou d’ailleurs, risquent aussi de souffrir de malnutrition par insuffisance ou par excès, d’exclusion par chômage, d’illettrisme ou toutes autres formes de non reconnaissance sociale...
Autant de facteurs de mauvaise santé reconnus comme tels par l'OMS.

Demain, 12 septembre, sera lancé un appel à la résistance pour l’interdiction de tous les pesticides ‘’Nous Voulons des Coquelicots‘’ 

Incontestablement, les maladies émergentes nous concernent tous.
Mais, nous sommes tellement inégaux devant l’exposition, la prévention et l'accès aux soins !

Cependant, ‘’l’homme moderne’’ peut déjà être assisté de mille prothèses technologiques pour se déplacer, communiquer, se soigner, se distinguer...Il a organisé de multiples services sociaux qui lui permettent de prévoir, de partager, de multiplier ses possibilités, voire ses capacités...Mais aussi de dominer, de détruire, d’éliminer !

Considérons une personne victime d’une pathologie ou d’un accident important. Soignée dans un hôpital (nous sommes nombreux à pouvoir le faire, mais pas tous!), elle bénéficiera d’une organisation, de nombreuses techniques, de médicaments et de la solidarité de personnes aux savoirs faire précieux et complémentaires... Sa vie sera préservée, ou mieux, elle sera prolongée.

L’homme, animal social, a développé ses capacités culturelles et ses technologies au point d’élargir considérablement ses environnements de vie.

Pour autant, déjà aujourd’hui, serions-nous des transhumains ?

De nombreuses publications tentent d’argumenter le transhumanisme, ou encore l’homme augmenté.
Nous ne chercherons ici ni à en dresser une liste, ni même à présenter les projets de société que chacune laisse entrevoir.

On prédit : « Lorsque notre monde deviendra intelligent (sic!) et programmable, les algorithmes pourront devenir et agir comme des lois… » Mais, espérons : « Les humains collaborent (déjà) avec des programmes informatiques spécialisés en échecs, contre d’autres équipes hybrides, parfois appelées ‘’centaures’’... » Il en va de même dans les entreprises...

Selon Darwin, l’évolution naturelle fait intervenir le hasard (mutations) et la nécessité (sélection). Le projet de "trans-humanisme", quant à lui, en appelle à une ‘’évolution technologique’’: Homo sapiens (lesquels?) déciderait de l’adaptation souhaitée en fonction de ?.?.? Quelle culture ? Quelle société?
Quelle place, quel espace de liberté pour les diversités humaine, culturelle, sociale, économique, écologique... Donc, quel espace politique ?

Seule une infime partie de la population rêve de transhumanisme, ceux qui voudraient, et ainsi pourraient, prolonger et «augmenter» la jouissance de leurs ghettos dorés !
En pariant sur la maximisation du modèle de surexploitation et de pillage de toutes les ‘’ressources’’, y compris les biodiversités, projetteraient-ils une fracture encore plus profonde de l’humanité entre nantis et exclus ? Entre nature et techniques ?

Si le trans-humanisme est déjà là aujourd’hui, il semble tenir plus du cauchemar repoussant que du rêve attractif !...

Esperanza21, elle, aspire à un vrai grand projet humaniste pour nos  sociétés, des sociétés démocratiques : vivre et mourir en bonne santé !

 

Le 1er septembre 2018

"Remettons les priorités dans le bon ordre"

Le poids des mots…
Il aura fallu chercher pour trouver la transcription écrite, le verbatim complet de la déclaration de Nicolas Hulot annonçant sa démission ! Sur France Inter ce mardi 28 août 2018.

La démission du Ministre de la ‘’Transition écologique et solidaire’’. Pas de ‘’l’environnement’’ !
’Solidaire’’, ce mot que N. Hulot aurait voulu inscrire au fronton du ministère…et au moins côtoyer au sein du gouvernement d’Edouard Philippe.

Hélas, nous n’avons pu obtenir l’intégralité des propos ! Il faut payer !!!
Pourtant, n’est-ce pas un ministre d’État qui nous parlait ?
Comme pour la biodiversité, la parole publique est préemptée par les marchands !!!
Fort heureusement, l’émission radio reste accessible.

 

Mais, écoutons N. Hulot, entendons (en partie) ses propos…
Il espère que l'électrochoc permettra que "
nos sociétés se retrouvent sur l'essentiel".

« ...La Californie brûle, la Grèce brûle, l'Inde subit des inondations... Saint-Martin... l'invasion des sargasses en Guadeloupe... Et petit à petit, on s’accommode de la gravité et on se fait complice de la tragédie qui est en cours de gestation »

« Je vais prendre pour la première fois la décision la plus difficile de ma vie. Je ne veux plus me mentir. Je ne veux pas donner l’illusion que ma présence au gouvernement signifie qu’on est à la hauteur sur ces enjeux-là. Et donc je prends la décision de quitter le gouvernement. »

« ...Que personne n’en tire profit parce que la responsabilité, elle est collégiale, elle est collective, elle est sociétale. J’espère que cette décision, qui est lourde, qui me bouleverse, ne profitera pas à des joutes ou des récupérations politiciennes. »

« J’ai une immense amitié pour ce gouvernement auprès duquel je m’excuse de faire une mauvaise manière. Mais sur un enjeu aussi important, je me surprends tous les jours à me résigner, tous les jours à m’accommoder des petits pas. Alors que la situation universelle au moment où la planète devient une étuve mérite qu’on se retrouve et que l’on change de paradigme. »

« On s’évertue à entretenir un modèle économique, cause de tous ces désordres climatiques. (…) Nous faisons des petits pas, et la France en fait beaucoup plus que d’autres pays, mais est-ce que les petits pas suffisent ? …la réponse, elle est non. »

« Entre, soit m’accommoder des petits pas, en sachant que si je m’en vais je crains que ce soit pire. Ou, soit rester en craignant que par ma présence, nous nous mettions en France ou en Europe, dans une situation d’être à la hauteur sur le pire défi que l’humanité ait jamais rencontré. » « Je décide de prendre cette décision qui est une décision d’honnêteté et de responsabilité ».

« Je souhaite que personne ne récupère et ne fustige le gouvernement parce qu’à l’observation, c’est l’ensemble de la société — et je peux m’y mettre également — qui portons nos contradictions... »

«...J'espère que le geste que je viens de faire sera utile, pour qu'on se pose les bonnes questions et que chacun se pose la question de la responsabilité. »

« … J’espérais justement qu’à la rentrée, fort des longues discussions que j’ai eu avec le Premier ministre, le Président, il y aurait un affichage clair. Sur le fait que c’est l’ensemble du gouvernement. L’Industrie, l’Économie, le Budget, le Transport c’est déjà le cas, l’Agriculture, et bien d’autres, qui allaient être avec moi, à mes côtés, pour porter, incarner, inventer, cette société écologique. Je sais que seul je n’y arriverai pas. J’ai un peu d’influence, je n’ai pas de pouvoir. Je n’ai pas les moyens. »

"Dans cette équation des critères de Maastricht sur un plan budgétaire, est-ce qu'on essaye un peu d'être disruptif ? Cela pourrait être d'investir dans la transition écologique. Les investissements, qui permettent de réduire notre dépendance énergétique, ne sont pas des dépenses mais des investissements."

« Dans mes arbitrages et mes confrontations, qui n'ont échappé à personne, avec le ministre de l'Agriculture, au moment où ‘’les planètes’’ n'ont jamais été aussi alignées pour transformer profondément le modèle agricole au bénéfice des consommateurs, mais surtout au bénéfice des agriculteurs, franchement on est passé à côté. »

« Cela va paraître anecdotique, mais pour moi c’était symptomatique et c’est probablement un élément qui a achevé de me convaincre que ça ne fonctionne pas comme ça devrait fonctionner. On avait une réunion sur la chasse avec une réforme qui peut être importante pour les chasseurs mais surtout la biodiversité. Mais j’ai découvert la présence d’un lobbyiste qui n’était pas invité à cette réunion. C’est symptomatique de la présence des lobbys dans les cercles du pouvoir. Il faut à un moment poser ce problème sur la table. »

« Mais c’est surtout que je n’y crois plus. Pas en l’état, pas en ce mode de fonctionnement, pas tant que l’opposition ne sera pas capable de se hisser au dessus des querelles habituelles pour se retrouver sur un enjeu supérieur. »

« Il y a une telle urgence ! On me dit '’prends ton temps, sois patient'’, mais ça fait 30 ans qu'on est patients. Ça fait 30 ans qu'on laisse les phénomènes se dérouler mais ils sont en train de nous échapper. On me dit '’fixe-toi deux/trois priorités'’. Mais tout est prioritaire !"

Le poids des mots, versus le poids des maux…

Hélas, c’est encore et toujours le temps « des joutes ou des récupérations politiciennes » !

A l’université du MEDEF , le premier ministre a réaffirmé la « totale détermination du gouvernement à prendre en compte le sujet » de l’environnement... ‘’sujet !!!’’

Le Monde du 28 août : Démission de Nicolas Hulot : « Cela prouve que la politique n’arrive pas à traiter les questions écologiques » Daniel Boy, directeur de recherche émérite au Cevipof et spécialiste de l’écologie politique, analyse la place de l’environnement dans la sphère politique…. ‘’place de l’environnement !!!’’

Ce n’est pas mieux du coté des associations : « Hulot démissionne : pas nous ! Le gouvernement a sans doute perdu sa “caution verte”»… ‘’caution verte !!!’’

Quels sont les journalistes qui ont pris le temps d’analyser, et de comprendre, ce que N. Hulot a dit ?
Las ! Leur domaine c’est le métalangage, l’exégèse politicienne… la petite histoire des complots et des alliances de circonstance… des petits pas et des grands sauts… Les faits de cour ! Qu’ils nous imposent, toujours ! Comme si c’était cela que des citoyens sont en droit d’attendre d’eux !
Décernons la médaille à celui, qui du haut de son assurance d’éditorialiste patenté, insulte N. Hulot : « celui qui défend les oiseaux » !!! Quelle méprisante réduction !!!

Ignorance de la problématique ? de son ampleur, de sa diversité ?
Cécité ou routine journalistique ? Ou bien, intérêts de classe ?
Triste image de la méconnaissance des enjeux de la biosphère, de la vie, y compris de la survie de l’humanité…

N. Hulot à pris acte de l’incompatibilité entre le libéralisme économique, la recherche du profit maximal pour quelques-uns, et la nécessité d’organisations sociétales en accord avec la biosphère, dans une solidarité humaniste : « Il faut changer de paradigme » !
Mais combien l’ont entendu ? Qui s’en souvient ? Qui le rappellera ?

«  Relever les  défis de l’humanité »
« 
Remettre les priorités dans le bon ordre » !  souligne pourtant N. Hulot.

 

Le 20 aout 2018 :

Écotique, un nouveau tique ?

Comment remplacer cet horrible et inacceptable qualificatif de ‘’sôvage’’ dont on affuble encore la biodiversité née de l’évolution, la biodiversité du vivant ?

‘’Plantes, animaux... sauvages’’ fait ses choux gras de représentations archaïques, de la peur obscure de l’inconnu, de l’agression de l’autre, l’étranger, l’étrange… Une peur primitive !

Il est urgent de rompre avec cette connotation.

Quelles alternatives ?
Pour un animal non domestiqué, le qualificatif ‘’libre’’ pourrait convenir.
Mais pour une plante ? Sa liberté est bien éloignée de celle de nos idéologies...
Alors, une plante ‘’autonome’’ ?
Ce qualificatif ne convient pas au regard des relations étroites entre les vivants, les espèces et les organismes : tout un univers de relations de coopération (bien plus que ce qui a été retenu de la théorie de l’évolution darwinienne où le gagnant est toujours le mieux adapté, le plus fort...).
‘’Autonome’’ n’est donc pas satisfaisant dans un monde de partenariats, voire de symbioses, entrecroisés !

Comment qualifier la biodiversité non ‘’domestique’’ ?

Pour ‘domestique’, les dictionnaires disent :
CNRTL  [En parlant d'animaux] Choisi, élevé par l'homme, qui vit dans son entourage pour l'aider, le distraire, le nourrir. Bête, espèce domestique; canard, lapin, porc domestique. Synon. apprivoisé; anton. Sauvage. « Le genre « chien », qui comprend, outre l'espèce chien domestique, les espèces loup, renard, chacal (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p. 1) ».
[En parlant d'espèces végétales] Cultivé par l'homme pour son plaisir ou son alimentation. »

Wikipédia : Qui est de la maison, qui appartient à la maison.
(Par extension) Qualifie les animaux qui vivent dans la demeure de l’homme, qui y sont élevés et nourris.

Étymologie : De l’indo-européen commun *dṓm (construire, maison) dont sont également issus le grec ancien δέμω, démô (construire), δόμος, dómos (maison), δῶμα, dỗma (construction), le tchèque dům, le polonais dom, le russe дом dom...

Quel serait donc le qualificatif antonyme de ‘’domestique’’ : « qui est de la maison » ?
Ceux dont le lieu de vie est un éco-système non anthropisé, ‘’l’oïkos’’, seraient donc ‘’oïkos-tique’’ ?
Autant dire simplement : ‘’écotique’’.

Voilà un tique vertueux, bien sympathique pour lequel nous espérons un vrai développement durable…

Et ceux fabriqués dans les laboratoires, communément nommés OGM ? ‘’labotique’’ ?

Esperanza21 rappelle la nécessaire permanence de la vie à ‘’l’état naturel’’, libre et autonome. Et l’importance adaptative des évolutions de la biodiversité, en dehors de l’influence humaine.
Pour elle les animaux, les végétaux et les micro-organismes, tant qu’ils ont échappé à la domestication et aux manipulations génétiques, sont ‘’écotiques’’.
Ensemble, ils forment la biodiversité écotique, et non ‘’sauvage’’, au coté des biodiversités anthropisées.

Longue vie aux canards et lapins écotiques, aux fraises et framboises écotiques, aux champignons et bactéries écotiques… A tous les écotiques... même aux tiques et moustiques!

 

Le 1er Aout 2018

5 mois de dépassement !
Il faut changer… de lunettes, également !

Changer de mode de consommation, bien sûr !

Nous ne pouvons continuer à vivre à crédit sur les (in-)capacités de notre planète !
Sur les (in-)capacités de notre biosphère, surtout !

Nous maltraitons gravement  la branche qui nous fait vivre.
C’est nous mettre en danger grave nous-mêmes. Nous auto-mutiler !!!

Certes, l’analyse par pays et continents révèle des situations diversifiées, des pressions plus ou moins fortes.
Mais, cette grille masque des réalités bien plus graves et significatives !

Le calcul serait bien plus révélateur et opérant s’il détaillait les prédations en fonction des diversités de revenus, à défaut de pouvoir le faire sur les consommations.

Quel serait le panorama en découpant les catégories selon les déciles de revenus ?
      Le décile ‘’supérieur’’ : 1/10 des revenus ?
      Les 5 déciles ‘’inférieurs’’ : 1/2 des revenus ?
      Et, le centile (1%) des revenus les plus élevés ?

L’absence d’une telle analyse conduit à des recommandations contestables…
Voire indécentes pour ceux dont le seul horizon est de survivre, demain encore !

Oui, ce dépassement est dangereux pour la quasi totalité de notre espèce.
Homo sapiens est devenu une ‘’espèce à protéger’’ au même titre que les abeilles et les oiseaux, entre autres...

Pour cela, nous devons changer nos  modes de consommation.

Commençons par le plus facile : cesser de gaspiller.
Et puis, rejetons le ‘’merchandising’’ et le ‘’marketing’’ abêtissants, avilissants et exaspérants !
Le modèle de l’argent-roi, du ‘’toujours plus’’, est non seulement prédateur, prédateur du vivant, il est destructeur de l’humanité.
C’est celui de la domination contre la coopération !

Changer de système n’est ni une mode, ni une incantation, ni un retour à la bougie !
C’est une nécessité… urgente !

Ce dépassement est périlleux, nous devons changer de système économique !

 

Le 18 juillet 2018
Plan ‘’Biodiversité’’... "le commencement d’un tout"

Prenons acte de la prise de conscience d’enjeux importants énoncés en 90 propositions par le Ministère de la transition écologique et solidaire (MTES), en ce début juillet 2018.
 

Esperanza21 sait combien il est important de porter enfin ces enjeux au devant de la scène citoyenne.

Le Ministre d’État, Nicolas Hulot, répond au Sénat que « le plan n’est pas un tout, mais le commencement d’un tout ». Que les enjeux climatiques et ceux de biodiversité sont intimement liés. Certes, et c’est essentiel!

Mais, quand les politiques prendront-ils enfin la mesure de la situation ?
Et surtout les dispositions pour réorienter les options économiques, car c’est le principal levier vers des changements responsables.

Le moins que l’on puisse dire est que le sujet ne passionne pas les journalistes!
Le Mondial (les jeux) et les assassinats (les drames) se vendent certainement mieux !!!
Et pourtant, les évènements climatiques dramatiques et récurrents, ici comme à l’échelle planétaire, pourraient les alerter...

Eh bien non, tout comme les médias, la majorité de la population reste aveugle et sourde !

Le plan de mise en application de la loi biodiversité est bien trop faible pour faire face aux enjeux vitaux pourtant aujourd’hui identifiés !

La biodiversité naturelle, issue du temps long de l’évolution, ne peut se suffire de quelques ‘’musées’’, parcs ou territoires sanctuarisés… Ne nous trompons pas de combat !

Que ce soit pour l’air, l’eau, l’océan, les sols, les forêts, les prairies… comme pour tous les grands écosystèmes, l’enjeu Biodiversité - et donc celui de santé - doivent être au cœur des projets, des aménagements... donc, des économies en fait.
C’est le fondement de développements responsables et durables.
Heureusement, au niveau des territoires, de nombreuses réflexions, voire de nombreux projets semblent plus volontaristes.

La biodiversité domestique, sélectionnée par l’Homme depuis plus de 10 000 ans, nécessite une attention toute particulière. Tant pour en conserver la richesse que pour faire face aux changements à venir.

La biodiversité issue de l’ingénierie, celle des manipulations génétiques en laboratoire, nécessite absolument un contrôle des plus rigoureux, surtout lorsqu’elle est exportée en milieux ouverts.

Aujourd’hui, biodiversités domestique et de laboratoire sont de plus en plus métissées,
que ce soit pour l’agriculture, le maraîchage ou les élevages… Le plan biodiversité et la loi ‘’Agriculture-Alimentation’’ ne peuvent l’ignorer ou le garder sous silence !

Les microorganismes, qui constituent de loin la plus grande part des biodiversités, nécessitent encore de nombreuses recherches afin de mieux éclairer leurs rôles et leurs évolutions… Pour le moins, ces recherches doivent réunir biologistes, écologues et naturalistes, épidémiologistes et experts de la santé.
 

Les enjeux de biodiversités sont des enjeux politiques.

Qu’elles soient écologique, économique, sociale, démocratique, toutes les dimensions de notre organisation sociétale doivent être mobilisées.

Soulignons en particulier l’absence d’un véritable ‘’plan bonne santé’’, ce champ d’action et de réflexion ayant été confisqué par la médecine et l’industrie du soin. Enfin sortir d'une politique de gestion de soins et des maladies vers  une politique de préservation et développement de la santé... ce qui implique des environnements sains et dynamiques.

La loi ‘Agriculture-alimentation’’ ne prend pas la mesure de l'urgence tant de la situation des agriculteurs que des enjeux environnementaux liés aux pesticides pollueurs.

La loi ‘’transition énergétique’ et les divers ‘’plans énergies’’ ne font pas le poids au regard de la nécessaire mise en œuvre efficiente des transitions énergétique et sociétale absolument indispensables.

Qui pourrait encore ignorer que pauvreté et précarité conduisent à la maltraitance des territoires, des écosystèmes… et de leurs biodiversités ?

Ce n’est pas l’économie capitaliste, qui n’a de perspective que l’argent, qui pourra répondre aux besoins de justice et d’égalité sociales, ni préserver et valoriser des biodiversités qu’elle considère comme ‘’des ressources’’ exploitables et pillables à souhait !

 

Le temps du diagnostic est écoulé, la trajectoire de nos sociétés les conduisent vers des risques majeurs. Le temps de l’action responsable est entamé.

Alors que les 17 ODD définissent un horizon vertueux, quels gouvernements en ont fait leur feuille de route ?

Les 90 propositions, rendues publiques le 4 juillet 2018, ne font qu’un plan en demi-teinte.
Pourtant, mobilisons-nous pour qu’elles soient au moins mises en œuvre sans plus tarder. Quelles soient « le commencement d’un tout » !

Ceux qui, aujourd’hui, n’engagent pas les actions favorables au bien collectif devront en répondre.

La route reste longue vers une transition écologique et sociale, une société plus humaine et plus désirable...Réellement durable !

Le temps presse...

 

Le 4 juin 2018
Biodiversité, biodiversités… Tous citoyens responsables !

 Avant de faire voter un nouveau "plan Biodiversité" annoncé pour juillet 2018, le MTES lance une consultation citoyenne.

 Dans l’éditorial précédent, ci-après, nous avons remis au jour les enjeux que recouvrent LES biodiversités.

Au-delà du vivant et de ses dynamiques évolutives ou artificialisées,  c’est de notre santé qu’il s’agit.

 Il ne faudrait donc pas que ‘’la biodiversité’’ soit traitée à la découpe, comme c’est le plus souvent l’usage !!!
Ne considérer que ‘’ce qui se voit’’… Ou bien, rester à la vision romantique de quelques espèces devenues mythiques. Ou encore y voir un débat marginal, souvent qualifié avec mépris de ‘’bobo’’ ou ‘’d’écolo’’ ! Ou, plus grave, dénier les enjeux politiques !

Le sujet est central :  sociétal, social, économique, écologique,
donc éminemment politique.

Rappelons les enjeux de l’ensemble des biodiversités naturelle, domestique et de laboratoire :
Elles sont le patrimoine de la vie, le socle de notre santé ;
Elles fondent notre sécurité alimentaire ;
Elles assurent la constance et la qualité des cycles de l’air, de l’eau et du carbone ;
Elles composent nos paysages, nos cadres de vie ;
Elles recèlent des espèces pourvoyeuses de molécules précieuses pour notre pharmacopée
Patrimoine génétique, elles font les équilibres du vivant, de la biosphère dont nous faisons partie.

En particulier, l’équilibre du monde des microorganismes est garant de notre santé. 
C’est lui qui permet les nombreux processus de recyclage qui font la dynamique du vivant.
Pour chacun de nous, c’est notre microbiote qui assure notre digestion...
C’est un enjeu important des fortes concentrations humaines que sont nos villes. L’histoire montre que les déséquilibres majeurs ouvrent la porte aux épidémies.

A chaque échelle, la bonne santé et la diversité des écosystèmes est essentielle.
Nous ne pouvons plus polluer sans retenue !
Nous ne pouvons plus rejeter tous ces produits chimiques, biocides, gaz à effet de serre, et tant de déchets non biodégradables…

 La biodiversité naturelle, écotique, a besoin d’espaces et de temps pour évoluer.
Nous ne pouvons plus continuer à la maltraiter, à la ponctionner, à l’exploiter au point que nous sommes devenus agents d’une sixième extinction !

La biodiversité domestique est le fruit de longs et nombreux travaux de sélection.  Nous ne pouvons en abandonner la richesse sur l’hôtel de monocultures soi-disant plus performantes.
Les enjeux de l’agriculture et des élevages croisent de manière intime ceux de la biodiversité.
Les professionnels sont-ils prêts à intégrer ou réinventer les techniques qui respectent la vie, celle des sols, des plantes, des insectes, la qualité de l’eau, etc. ?
Les consommateurs sont-ils prêts à payer le juste prix de productions plus responsables ?

Quand seront réintroduits, en périphérie des villes, le maraîchage et les vergers qui, avec une distribution en circuits de voisinage, éviteraient les longs et coûteux transports de marchandises ? Coûteux en énergies et également pour les équilibres écologiques, comme pour la stabilité du climat…

Quant à la biodiversité de laboratoire, issue de manipulations génétiques, si elle est porteuse de promesses attendues, savons-nous en maîtriser les effets ? Les règles éthiques, énoncées par les plus sages d’entre nous, sont-elles bien respectées ?
Quel contrôle social de protocoles souvent jalousement gardés, voire cachés ?

Aujourd’hui, quelle force politique, quelle organisation démocratique peut encore lutter contre les méga structures du profit financier maximal et à court terme ?

Tant de questions qui impliquent de « changer de système », d’organisation pour notre bien vivre ensemble.

Pour être durable, la transition écologique sera sociétale, sociale, économique, démocratique et culturelle…  ou ne se fera pas, avec des conséquences aujourd’hui prévisibles !
Ces dimensions doivent donc être considérées dans leur totalité, la biodiversité ne se vend ni ne se négocie à la découpe !

Pour cela, il est possible d’agir sur trois piliers :

>        Une économie responsable en capacité d'intégrer les droits sociaux pour un développement réellement durable.

>      Une justice sociale avec des droits et des devoirs, particuliers et collectifs, pour une société solidaire et conviviale.   

➢ La prise en compte des enjeux écologiques considérées en même temps et avec le même sérieux et la même volonté que les questions climatiques.

Sinon, le risque serait grand de conflits sociaux aboutissant à une grave détérioration de l’ensemble des conditions du vivre ensemble.

Seules des économies responsables et équitables seront durables, garantes de la bonne santé de l’ensemble du vivant.
Les 17 objectifs du développement, négociés et reconnus de manière universelle, doivent absolument trouver leurs déclinaisons opérationnelles dans chaque pays, dans chaque région, dans chaque territoire. 

Nous devons donc être tous vigilants, mobilisés vers des projets et des objectifs, favorables à un développement responsable :
> Quels outils pour développer l’économie, quelles régulations et quelles évaluations pour que nos actions engendrent un minimum de nuisance ?
> Quelles possibilités d’évaluation, de flexibilité, de réorientation et de réversibilité ?  Ce sont autant de conditions nécessaires et minimales pour une véritable durabilité.

Nous devons changer d’objectifs, sortir d’une société de consommation dont les nuisances sont plus qu’inquiétantes, et assurément dramatiques à terme. 

Notre intelligence collective peut être mobilisée vers un « vivre ensemble » plus heureux. 

Déjà sociologues et économistes proposent des méthodes et des indicateurs de développement autres que le PIB qui, avec la croissance, mesure de fait la vitesse de fragmentation de nos sociétés !

La consultation du MTES regroupe cinq problématiques vertueuses : Qualité de vie & santé / Produire et consommer / Nature et territoires / Engager la société / Action internationale. 

En revanche, aucune ne met en question le modèle économique et de consommation qui conduit à la situation dramatique d’une sixième extinction dont l’Homme (ou du moins certains d’entre-eux) est l’agent.
Il est de notre devoir citoyen d’interroger cette dimension économique et sociale.

Sans un équilibre des trois piliers, économie responsable, justice sociale et bonne santé des écosystèmes, ce serait prendre des risques mortels, voire la fin annoncée et prématurée d’Homo sapiens... 

Une bagatelle pour la planète Terre !

"La biodiversité, c’est une assurance vie pour le futur" dit Pascal Picq.  
Voulons-nous vivre, bien vivre, vivre mieux ?

 

Le 28 mai 2018
Biodiversité, biodiversités… Tous vivants !

Avant de faire voter un nouveau "plan Biodiversité"** annoncé pour juillet 2018,
le MTES lance une consultation citoyenne

Il n’est probablement pas inutile de remettre au jour les enjeux que recouvrent LES biodiversités*. 
En effet, au-delà des enjeux pour le vivant et ses dynamiques évolutives ou artificialisées,
 c’est de notre santé qu’il s’agit !
Il ne faudrait pas que ‘’la biodiversité’’ soit, comme c’est le plus souvent l’usage, traitée à la découpe !!!
Ne considérer que ce qui se voit…
Ou bien, rester à la vision romantique de quelques espèces devenues mythiques.
Ou encore y voir un débat marginal, souvent qualifié avec mépris de ‘’bobo’’ ou ‘’d’écolo’’ !

Le sujet est central, éminemment politique.
Nous y reviendrons dans un prochain éditorial.

*Pour Esperanza21, le pluriel s’impose tant leurs paradigmes sont différents…
**Voir le plan «préservation de la biodiversité » du 9 aout 2016 :

 

Préserver et entretenir les biodiversités
Des enjeux vitaux, Pourquoi ?

La biodiversité, c’est notre patrimoine, notre potentiel de vie dont nous sommes issus et auquel nous appartenons.
Nous ne sommes pas les seuls à penser que les enjeux de biodiversité sont aussi importants que ceux du réchauffement climatique, auxquels ils sont le plus souvent liés ;
Qu’il faut mettre fin à la surexploitation de notre biosphère et de notre planète;
Que, pour cela, il faut changer de modes de vie, de consommation et de production...

 

La biodiversité, c’est la vie ! Voulons-nous bien vivre ?

Qu’est-ce que la biodiversité ? 
Tout le monde en parle, ou y fait référence, mais le terme recouvre des sens bien différents. 
Au plan scientifique, le concept de biodiversité désigne l’ensemble du vivant : microorganismes, plantes et animaux.
C’est donc la biosphère, mince et fragile pellicule à la surface de la Terre.
Elle allie : 
> La diversité des espèces et l’importance de leurs populations
➢ La diversité des écosystèmes et leurs équilibres dynamiques
➢ La diversité des patrimoines génétiques, exprimés et latents : le fruit d’une très longue et lente co-évolution. 
C’est également l’ensemble des interrelations entre ces diversités et leurs environnements physico- chimiques. 

Nous sommes donc loin des usages fréquents qui font référence globalement à ‘’la nature’’ ou aux espaces verts, etc... Le plus souvent en ignorant les microorganismes qui représentent pourtant la plus grande part de la biodiversité ! 

Rappelons que notre espèce, Homo sapiens, est le fruit de longues et lentes co-évolutions qui ont intégré de nombreuses espèces de microorganismes. Et que, sans notre microbiote - des milliards de microorganismes intimement associés au fonctionnement de notre corps - marqueur de l’identité de chacun de nous, nous ne pourrions pas vivre !
Chacun de nous est une biodiversité !

Trois biodiversités
Naturelle (écotique), elle est le fruit de 4 milliards d’années de co-évolutions sur notre planète.
Elle constitue un patrimoine génétique dont la richesse diminue à chaque disparition d’espèce ou d’écosystème. Nous devons donc préserver sa capacité à évoluer, car elle est une condition nécessaire au vivant pour réagir et s’adapter aux changements à venir. 

Domestique, elle résulte de milliers d’années de sélection et d’amélioration d’un nombre réduit d’espèces par l’élevage et la culture.
C’est un potentiel de diversité auquel nous pourrions avoir recours en cas de crise sanitaire du tout petit peu de variétés les plus communément exploitées aujourd’hui. 

>De laboratoire, cette nouvelle diversité est issue de manipulations génétiques.
Nous n’en connaissons pas les effets à long terme, a fortiori transférée en plein champ !!!
En existe-t-il une liste exhaustive ? Qui en assure la surveillance ?

Il est nécessaire de distinguer ces trois biodiversités, car leurs temps d’évolution n’est pas le même, et l’échelle de leurs enjeux est très différent. Bien sûr, il y a des recoupements, des interfaces… ce qui ne manque pas de poser quelques problèmes…

La biodiversité c’est notre santé : fonctions et enjeux 
L’humain s’approprie nombre de fonctions de la biodiversité. Comme si elle était à son ‘’service’’ !!! 

Elle contribue aux cycles naturels, notamment de l’eau et de l’air dont elle assure la qualité.
Par photosynthèse, les végétaux verts absorbent du gaz carbonique ( dioxyde de carbone CO2) et rejettent de l’oxygène(di-oxygène O2) dont nous avons besoin.
Les microorganismes recyclent la matière organique en matière minérale.
Rien ne se perd, seul l’homme génère des déchets non recyclables ! 

La biodiversité assure notre alimentation !
Il faut donc préserver et enrichir la diversité des animaux et des plantes domestiqués.
La biodiversité des sols est essentielle aux bons rendements agricoles car elle assure le recyclage du carbone et aère les sols. Les méthodes d’éco-agriculture ou d’agro-diversité, s’appuient sur cette diversité en évitant ou réduisant le recours aux engrais et pesticides. 

La biodiversité modèle nos paysages, nos cadres de vie.
Des écosystèmes en équilibre sont favorables à notre santé.
Nous faisons partie de la diversité biologique et en avons besoin car la biodiversité offre des paysages apaisants. Ce sont forêts et montagnes de nos promenades, fleurs et fruits de nos jardins... 

➢ La biodiversité recèle des espèces ou molécules précieuses pour notre pharmacopée. La moitié d’entre elles aurait une origine ‘’naturelle’’. Aussi, avons-nous intérêt à préserver les plantes médicinales connues et poursuivre les recherches pour en découvrir de nouvelles. L’homme a tout intérêt à ne pas amputer un potentiel encore trop peu connu. 

➢ Nous connaissons encore très peu le vaste univers des microorganismes !
Ils continuent probablement d’évoluer rapidement, en dehors des emprises humaines, mais dans un contexte assurément modifié par nos activités. Vers quel devenir ?
Ainsi se pose la question d’éventuelles pandémies favorisées par la destruction d’équilibres issus de la co-évolution. Cela est d’autant plus préoccupant dans le cas des grandes concentrations urbaines. 

➢ Certes, tout n’est pas «bon pour l’homme» dans la biodiversité !
Cf. moustiques, parasites, plantes toxiques ou animaux vénéneux, agents pathogènes...
Mais ils participent aux équilibres écologiques, et, parfois, apportent remèdes à certains maux ! 

En conséquence : 
➢ Toute l’alimentation humaine ne peut reposer seulement sur quelques espèces végétales ou animales, qui de plus ne seraient entretenues que sous forme de quelques variétés ou races ! 

➢ Toute culture ou tout élevage mono-spécifique est fragile, susceptible d’être altéré par une modification environnementale, la prolifération d’une espèce invasive... Seule l’assistance humaine en assure la survie ! A quels coûts ?
Cf. La vigne européenne sauvée du Phylloxéra par celles d’Amérique.
Les riz de Chine sauvés par une variété importée de l’Himalaya... 

➢ Pour les fortes concentrations humaines, celle de nos villes, la rupture de biodiversité se traduit par les grandes épidémies : variole, typhus, grippes, choléra, pestes, Ebola... 
De plus, elles sont si fragiles face aux conditions d’alimentation imposées aujourd’hui par un commerce globalisé, à la merci de transports trop couteux en énergies !

➢ Les causes de l’érosion de la biodiversité sont en partie les mêmes que celles qui conduisent au réchauffement et au dérèglement climatiques.
Il convient de les traiter de pair, avec le même sérieux et la même volonté politique.

Une transition énergétique promouvant la sobriété et le remplacement des énergies fossiles et carbonées constitue un premier pas devenu incontournable, nécessaire mais insuffisant. 

> In fine, c'est au niveau des gènes que cette biodiversité est notre bien le plus précieux. La riche palette des gènes est l'assurance vie pour l'équilibre de la biosphère toute entière et la survie de l'espèce humaine en particulier, trésor de santé et de potentiel adaptatif. 

La biodiversité, diversité des formes du vivant, est une richesse
permettant l’organisation et les équilibres de la vie dans des écosystèmes divers.

La consultation du MTES regroupe les questions mises en débat en cinq chapitres : 
Qualité de vie & santé / Produire et consommer / Nature et territoires / Engager la société / Action internationale. https://www.consultation-plan-biodiversite.gouv.fr/
Le protocole de consultation permet de voter et également de proposer de nouvelles questions.

 Ce sont effectivement 5 problématiques sociétales.
En revanche, aucune ne met en question le modèle économique qui conduit à la situation dramatique d’une sixième extinction dont l’Homme (ou du moins certains d’entre-eux) est l’agent.
Il est de notre devoir citoyen d’interroger, pour le moins, cette dimension économique et sociale.
En effet, pour être durable, la transition sera sociale, économique, écologique, sociétale, démocratique et culturelle… ou ne sera pas !

" Les biodiversités, ainsi que les agricultures, doivent être mobilisées pour contribuer à répondre aux questions centrales d'aujourd'hui : santé humaine, sécurité alimentaire, bon fonctionnement des écosystèmes, atténuation du changement climatique, approvisionnement énergétique, lutte contre la pauvreté, développement rural…" Cf. Cultiver la biodiversité pour transformer l'agriculture / Etienne Hainzelin CIRAD / Quae éditions 2013

« La biodiversité, c’est une assurance vie pour le futur », dit Pascal Picq.

 

 

Le 6 avril 2018 :

Capital humain : une inversion des valeurs ?

Quoi de plus ‘’naturel’’, après avoir indiqué l’idée de « capital naturel » que d’interroger celle de « capital humain ». D’autant qu’elle est, en filigrane, au cœur d’une actualité politique brulante…

Il est plus fréquent de parler de « ressources humaines ».
Une expression presque anodine mais qui laisse supposer, ou qui donne à croire, que c’est l’entreprise, ou l’institution, qui est l’objectif premier.
Une vision politique qu’il est nécessaire de discuter…
« Entreprise first ! » est largement ressassé en ce moment. Le ruissellement (‘’naturel’’ évidemment) viendra… demain !
Dieu argent n’a d’yeux que pour les ’’ressources’’, SES ressources… et ses bénéfices !

Mais, allons plus avant dans la réflexion.

Que penser du milliard d’humains qui survivent dans la précarité la plus grande ?
Ne mangent pas à leur faim, n’ont pas de sécurité, n’ont pas accès aux soins, ni à l’éducation…
Exclus, indignes du ‘’capital humain’’ ?

Que penser des deux autres milliards qui survivent d’expédients et sont exclus d’un revenu décent ?

Que penser des deux ou trois autres milliards dont la rémunération ne permet pas une vie digne et sûre, pour eux et leurs enfants ?

Deux tiers des humains exclus du ‘’capital’’ !!!
Et, la tendance, observe Louis Chauvel, conduit à la paupérisation des classes moyennes…

Pour que quelques-uns puissent ‘’gagner plus’’, dans une quête effrénée de vivre sans limites,  toujours ‘’plus’’, faudrait-il que la grande majorité soit exclue du ‘’capital humain’’ ?
Il nous faut, collectivement, changer de perspective.

Certes, la durée de vie a été allongée significativement depuis plus d’un demi-siècle. Essentiellement parce que la lutte contre la mortalité infantile a connu de bons résultats.
Mais, les démographes signalent des poches de régression. En Grèce, par exemple, où il faut ‘’assainir les finances publiques’’ ! Au bénéfice de qui ?
De plus, là où l'espérance de vie a progressé en nombre d’années, combien la voient progresser aussi en qualité de vie ?

Et maintenant, surgit le ‘’concept’’ de ‘’capital d’identité’’ !!! Profiler les bonnes cases sera assurément ‘’vendeur’’ !!!

Que penser, à propos de vies, de tous les suicides dont la cause principale prend force dans les difficultés financières ? L’impasse face à un revenu insuffisant, voire une faillite. Ou bien une situation professionnelle insupportable, le fameux ‘’burn out’’ ?

Un revers collatéral ou un défaut structurel du ‘’capital humain’’ ?

Que penser de toutes les victimes des conflits, des guerres ? Ignorées et éliminées au nom du ‘’capital humain’’ ? Au bénéfice de qui ?

Comment le discours vertueux du ‘’développement durable’’ s’inscrit-il réellement dans les politiques publiques ?

Ne serait-il temps d’organiser collectivement un large débat démocratique sur les valeurs que nous voulons promouvoir ? De repenser une coopération et une convivialité plus humaines ?
Plus en accord avec « notre destin intimement lié à celui de la biosphère » ?
Débattre, repenser et mettre en œuvre !

Donner valeur à la vie humaine, à toutes les vies…
et non au ‘’capital’’, fût-il humain ou naturel !

 

Le 22 mars 2018 :  Capital naturel

C'est l'idée force de ‘’La Terre en péril, en quête de la soutenabilité’’,  livre de Laurence Tubiana et Claude Henry, édité en anglais pour l’instant.

Il a été présenté, pour la première fois,  à l’AFD ce lundi 19 mars.

Capital parce que la biosphère est une richesse.
Elle peut prospérer, ou bien être gaspillée comme c'est le cas aujourd'hui.

 Naturel parce que constitué d'éléments de la nature, issus de l’évolution.

Capital naturel parce que il est capital pour notre vie !

Le capital naturel n'est pas que la somme  des écosystèmes. Il inclut aussi les économies.
L'expression traduit une tension politique entre le développement des sociétés humaines et leurs contextes de ressources limitées.

Une tension qui souligne l'importance de l'information et des connaissances scientifiques dont elle se nourrit, des prises de conscience et des organisations citoyennes qui permettent, ou permettront, de gérer cette tension et les conflits.

Dans ce contexte, la problématique devient :
            Comment mieux gérer les communs ?
            Quelles normes et quelles règles établir ?
            Quelles nouvelles institutions pour organiser notre vie collective ?

Espérons que ce livre soit rapidement disponible en français également…

Et, que le Capital naturel, ces ressources que nous puisons (sans compter aujourd’hui), le fruit de longues années de coévolutions puissent se reconstituer et prospérer afin que nos enfants, et leurs enfants, bénéficient à leur tour des conditions nécessaires pour vivre dignement.

Nota : Voir le jugement du tribunal administratif de Cergy-Pontoise sur le projet Europacity, sur le triangle de Gonesse (95)

Earth at Risk - Natural Capital and the quest for sustainability 
Laurence Tubiana, économiste et diplomate française. Elle est professeure et directrice de la chaire "développement durable" de Sciences Po Paris. Elle a fondé l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). Elle fut également ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique et représentante spéciale du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dans le cadre de la COP 21. Laurence Tubiana préside aujourd’hui le Conseil d'administration de l'Agence française de développement (AFD). Fin 2013, elle a rejoint le Conseil consultatif scientifique de l'ONU. Elle dirige actuellement la Fondation européenne pour le climat

Claude Henry, physicien et économiste. Il est ancien directeur du laboratoire d'économétrie de l'École Polytechnique et a été, de 1997 à 2002, membre du Conseil d'analyse économique. Il préside le conseil scientifique de l’Iddri. Il est également professeur de développement durable à l’Université Columbia ainsi qu’à Sciences Po Paris.

Nous épuisons à un rythme insoutenable l’héritage de capital naturel qui nous a été légué.
Pour l’illustrer, Laurence Tubiana et Claude Henry présentent, lors de cette conférence à l'AFD, les principales conclusions de leur dernier ouvrage : Earth at Risk - Natural Capital and the quest for sustainability. [https://vimeo.com/260915181].

Ce livre expose, dans sa première partie, les principales manifestations en ce qui concerne la biodiversité, les ressources en eau douce et en sol fertile, les sources d’énergie, le changement climatique.

Un arsenal d’instruments - scientifiques et techniques, légaux et institutionnels, économiques et organisationnels - sont ensuite analysés et évalués, instruments qui pourraient être mobilisés pour inverser la tendance actuelle et diriger le développement sur une trajectoire plus soutenable. Les sciences et les techniques sont à la racine de nos problèmes mais elles sont aussi susceptibles de fournir une contribution essentielle au changement de trajectoire.

Peut-on néanmoins penser qu’elles seront déployées de manière adéquate et en temps utile ?
 Il est clair que de nombreux changements et initiatives en cours vont dans la bonne direction, mais ils n’ont pas (encore ?) la force collective et la cohérence pour surmonter les obstacles formidables à affronter.
Dans L’Ancien Régime et la Révolution, Alexis de Tocqueville montre comment une incroyable diversité de visions nouvelles et d’initiatives d’actions ont convergé pendant la deuxième moitié du XVIIIe siècle pour renverser l’Ancien Régime millénaire et engendrer un ordre nouveau.
Nous observons aujourd’hui des manifestations similaires. Par exemple, de nouvelles visions et initiatives ont convergé en décembre 2015, conduisant 195 pays à se mettre d’accord sur ce qui apparaît comme un cadre et une rampe de lancement pour promouvoir, coordonner et contrôler les actions nécessaires pour contenir le changement climatique. En dépit de ses faiblesses, l’Accord de Paris illustre le type d’innovations institutionnelles nécessaires pour structurer la transition vers un développement plus soutenable et écarter un péril qui, sinon, pourrait s’avérer mortel.

 

Le 19 février 2018

Où mènent les voiles de l’Éducation Nationale ?

 Quels sont les dessous de cette réforme du Bac ?…
En ce début 2018, le Ministère de l’Education nationale (MEN) annonce une réforme du Baccalauréat (Bac).

Un arbre qui cache la forêt... même aux yeux des médias !
En modifiant l’examen de fin d’études secondaires, de fait, en amont, c’est tout le projet éducatif de toute l’Ecole qui est impacté. L’équilibre entre les « disciplines » se trouve modifié, il se traduira inévitablement dans les « programmes » en heures ‘’d’enseignement’’ correspondantes. L’examen orientera forcément les programmes.

Emoi dans les milieux professionnels. A juste titre car ce sont des emplois qui sont en jeu.

Pas que des emplois…
Depuis la fin 2017, plusieurs Académies savantes sont montées au créneau. Qui défend les sciences de la vie, qui les mathématiques, qui la physique-chimie, qui l’informatique, qui…

C’est maintenant au tour des syndicats de prendre position et de dénoncer ce qui est attribué à l’une au détriment des autres…

Chacun joue sa partition depuis son pré carré !
Discuter sa part de gâteau ne peut apporter de solution collectivement efficiente !

Une réforme du lycée serait pourtant une belle opportunité pour moderniser les méthodes pédagogiques et la construction des apprentissages par les élèves.

D’ailleurs le débat révèle d’excellents arguments, fondés sur une ‘’éducation’’ absolument indispensable à nos jeunes citoyens qui devront faire face à de nombreux enjeux collectifs. Aujourd’hui assez bien identifiés, ils sont sur la table politique internationale, et, dans un monde globalisé, au programme de tous (ou presque !) les gouvernements nationaux : perte de biodiversité, alimentation, énergies, pollutions, justices sociales et climatiques… 

Autant de problématiques qui nécessitent des réflexions bien documentées et convoquent toutes les sciences…

Nous serions en droit de penser que la référence conceptuelle d’une réforme du lycée puiserait dans les lieux de construction des connaissances les plus actuelles : la recherche. Aujourd’hui, aucune recherche notamment sur des enjeux d’actualité ne saurait être efficiente sans complémentarité et transdisciplinarité des approches scientifiques.

Eh bien non !
A l’école persiste encore le modèle académique du XIXème siècle, avec ses ‘’disciplines’’ bien instituées, bien ‘’encadrées’’ et ses ‘’maîtres’’, debout en bon gardiens du système…

De plus, il est admis que celui qui a usé ses culottes sur les bancs de l’école détient une ‘’expertise’’ pour parler doctement ‘’éducation’’ ! Car le métier de pédagogie professionnelle n’est pas reconnu dans notre pays. L’école des ‘’enseignements’’ s’avère une formidable machine à reproduire, sans s’adapter ni innover !

 

Un ministre ‘’plombier’’ dans un monde de relations…

Assez sidérante la fin d’un entretien de notre ministre de l’EN sur une chaine de télévision :
Non seulement il s’occupe de la tuyauterie, mais également des flux qui y circulent, affirmait-il sérieusement !

A quel modèle de pensée se réfère-t-il ?

Etonnant de la part d’un ministre qui met en place une commission ‘’d’experts’’, pour la majorité spécialistes des neurosciences. Ces neurosciences qui montrent l’importance des relations de tous types dans la constitution et la vie de notre ‘’appareil neural’’, notre ‘’appareil de connaissance’’,  ainsi que pour notre pensée.

Alors que toute recherche mobilise de plus en plus de sciences, en interrelations, afin de décrire et prédire causes et effets des phénomènes, des actuelles crises environnementales, sociales et démocratiques, l’école serait encore bâtie sur le modèle de cellules cloisonnées…

Est-il nécessaire de décliner la très grande diversité des sciences ? Sciences de l’Homme, sciences de l’écologie, sciences de la matière…

Toutes déclinées en de multiples spécialisations mais toujours pensées de manière systémique…
Plusieurs d'entre elles sont représentées à l'Ecole sous le nom de ‘’disciplines’’, hélas jusqu'ici bien difficiles à connecter entre elles. L'interdisciplinarité est timide, et la transdisciplinarité se heurte à des obstacles quasi insurmontables, parmi lesquels un certain corporatisme.

Le panel des sciences est aussi riche que divers. Croisé avec les grandes problématiques collectives, il offre un socle rationnel et signifiant aux objectifs et programmes de l’Ecole, jusqu’au bac.

L’Ecole ne peut constituer un univers hors sol, déconnecté des enjeux d’aujourd’hui. Nos jeunes n’y trouveraient aucun sens ! Donner du sens c’est permettre aux jeunes citoyens de devenir des adultes autonomes, critiques, capables de se forger un avis éclairé, capables d’agir… c’est là une dimension politique de l’école. Pourquoi le voiler ?

Dans le nouveau projet du lycée, quelle attention a été portée aux sciences de l’éducation ?

Et que dire de la pédagogie ?
Une autre approche qui s’appuie totalement sur les relations humaines, sur les relations de soi avec les autres et avec ses environnements familiaux, culturels, sociaux et écologiques… En un mot sur des relations plurielles et ‘’politiques’’ !

Mais, qu’est devenue la formation à la pédagogie ?

Un technicien à un poste hautement politique !

De fait, le Ministère de l’EN est l’un des plus politiques…

Certains gouvernements l’ont affiché en le confiant à des personnalités politiques reconnues comme telles.

Comment interpréter, comment comprendre qu’un ministre intervienne, sur tel ou tel aspect technique d’enseignement ?
Voit-on le Ministre de l’industrie intervenir sur les choix à retenir pour un moteur ? Fort heureusement, non !

En revanche, un ministère doit orienter, conduire, encadrer les méthodes. On attend de celui de l'Education Nationale, qu’il donne la direction politique des objectifs, voire des méthodologies, de manière à ce qu’ils soient en harmonie, qu’ils contribuent aux équilibres sociaux et sociétaux.
Participer activement au projet politique du gouvernement, légitimé démocratiquement.

A cette fin, il dispose d’un outil : la formation professionnelle de pédagogues.

Cela nécessite également explications et transparence.

Quel est le projet politique de cette réforme du bac et des pédagogies qui accompagnent les élèves vers cet examen devenu rituel ?

Quel est le projet social et sociétal de l’actuel Ministère de l’Education nationale ?

Toujours la bonne vieille recette :
Quel que soit le problème social identifié, ce serait à l’Ecole d’y trouver solution !

Trouver solution ! C’est bien évidemment affaire d’éducation… N’est-ce pas ?

De préférence avec une forte dose d’injonction contre l’incivilité, l’individualisme, les pollutions, les gaspillages, les inégalités… ?

Autant de problèmes que ne résoudront pas quelques bonnes heures d’éducation civique !

Ni, assurément, un service ‘’national’’ supplétif d’un autoritarisme désuet…

Pourquoi l’Ecole ne remplit-elle pas, ou si mal, son rôle de formation citoyenne ?
Voilà pourtant un bel enjeu politique.

Ainsi, favoriser la construction des moyens et méthodes pour documenter, mesurer, analyser, comparer, décrire… une situation, une question ou un sujet, c’est procurer la possibilité de percevoir, de comprendre, voire de prendre conscience de problématiques et d’enjeux. C’est ouvrir la possibilité, individuelle et collective, d’être pleinement acteur citoyen, de faire société.

Alors que nous écrivons cet éditorial, le vendredi 9 février 2018, la commission de l’Assemblée nationale qui cherche des solutions pour répondre à la situation particulière des ‘’élèves pauvres’’ (enfants de familles pauvres), n’évoque même pas l’objectif politique d’éradiquer la pauvreté !
Facile et pervers dédouanement démagogique !

Il rappelle la fameuse directive environnementale ERC : Eviter, réduire, compenser !!! Dont on privilégie directement la troisième proposition…

Et pourtant, l’efficience politique serait bien de trouver remède à la pauvreté !

L’ONU estime que 100 milliards, 1/1 000 du PIB mondial, suffiraient à l’éradiquer de la planète entière… Mais, plus d’équité n’est toujours pas inscrit aux objectifs politiciens…
Au contraire, les plus riches ont besoin d’accaparer  toujours plus de niches de revenus, même celle de l’économie sociale : la Santé, la Sécurité sociale, la Fonction publique… l’Education nationale, demain ?

Soyons clairs, il n’est pas question de faire entrer les luttes politiciennes au sein de l’école !

Mais, l’école peut-elle être hors du champ politique ?

A défaut d’être clairvoyant;

A défaut de s’appuyer sur les méthodes les plus modernes de l’acquisition des connaissances;

En occultant les interrelations conceptuelles et rationnelles de perception et de compréhension du monde actuel;

En déniant la dimension politique de l’Ecole, de l’éducation et des apprentissages (‘’ces apprentissages’’ que chacun construit dans sa vie pour sa vie, expression de sa liberté, et non pas ‘’l’apprentissage’’, si mal nommé, qui propose à un apprenti une situation contrainte pour un futur professionnel déterminé !);

En jetant des voiles (pudiques ?) sur les réalités sociales et sociétales;

On en arrive à ne pas penser et encore moins discuter démocratiquement cette dimension politique,

C’est à coup sûr prendre, en aveugle, le risque d’orientations, voire de décisions à contre courant, vent debout !

 Voir quelques articles regroupés : http://esperanza21.org/actualites

 

Le 14 janvier 2018 

Les sciences fondent notre conscience du monde !

L’APBG (Association des professeurs de biologie et de géologie) et les professeurs de SVT (sciences de la Vie et de la Terre) s’inquiètent d’une possible réforme du lycée dans laquelle leurs spécialités n’auraient pas une place suffisante au regard de la formation de nos jeunes…

 …« Des notions de biologie, géologie, physique et chimie, mais aussi mathématiques, sont nécessaires si l’on souhaite argumenter, critiquer, se faire un avis sur des thématiques variées telles que le développement durable, le réchauffement climatique, les énergies, les enjeux de la vaccination et de la contraception... »  APBG extrait de la pétition en ligne
 

Des ‘’notions’’ dites-vous ?

La gravité des enjeux de notre humanité, ceux des biodiversités et des solidarités, appelle bien plus d’exigence !!!

Les sciences devraient structurer le système nerveux d'une éducation moderne et citoyenne !
Toutes les sciences, non pas dans leurs académismes, mais alliées à l'histoire et à la philosophie car elles fondent notre conscience du monde dans lequel nous vivons.
... Nos responsables de l’Education nationale ne peuvent l'ignorer !
Sauf à penser que nos sacro saintes ‘’vérités’’ se construisent par des enquêtes d’opinion ou autres audiences !

Aujourd'hui, les recherches et les technologies y puisent leurs dynamismes. Les dynamismes des méthodes, des outils et des analyses qui croisent, confrontent et fédèrent les regards pour mieux percevoir les enjeux, mieux anticiper le futur…

Et l'école pourrait en faire l'impasse ? Le lycée porterait encore le modèle de siècles passés aux ‘’disciplines’’ sectorisées ?

Les sciences ne sont pas des "matières", elles organisent notre mode d’appréhension, de compréhension et d'action du monde... Elles fondent notre démocratie !

Seule une compréhension incessamment interrogée de nos univers - humain, biologique et physique – peut nous guider dans nos actions et notre devenir, en nous permettant des choix éclairés.

L’exigence de notre pensée et de nos solidarités implique une éducation scientifique et technique du plus haut niveau, mobilisant toutes les sciences et les philosophies, toutes les énergies humaines.

 Sciences et philosophies constituent le socle de nos apprentissages, de notre vie démocratique et de notre santé.

L’école ne peut les présenter à la découpe via des programmes d’un autre temps !
Il est essentiel d’en repenser radicalement les méthodes et les pédagogies.

 Nota : La page "Actualités" propose quelques textes qui viennent épauler cette interpellation.
 

Le 17 novembre 2017

Justice climatique & Droits de l’Homme au sein de la biosphère

Suite au colloque Le droit au service de la justice climatique, et alors que la COP23, réunie à Bonn sous la présidence des Iles Fidji, s’achemine vers ses conclusions, recommandations et décisions face à l’urgence climatique, Esperanza21 rappelle à nouveau l’importance des enjeux de biodiversités. Et, elle n’est pas la seule !

15 000 scientifiques de 184 pays lancent un cri d’alerte, le second après celui de 1992, sur l’état de la Terre

Dans ce contexte, le droit devient un nouveau levier de transition et de protection, des Hommes comme des écosystèmes.

Les législations et jurisprudences actuelles, nationales et internationales, offrent des possibilités de sanctions mais il est nécessaire de les faire évoluer, notamment des droits de l’Homme vers des droits du Vivant. Vers une inversion de la preuve et des causalités, dans le cadre du principe de précaution : « agir malgré les incertitudes ».
Aux « pollueurs ou prédateurs» de prouver que leurs activités ne sont pas nuisibles à la santé du vivant.

 

Il en découle :

> Une exigence de définition, non pas de ‘’l’environnement’’, notion trop floue et globale, mais des composantes environnementales, qu’elles soient écologiques ou sociétales : biodiversités, alimentation, air, eau, sols, océans, forêts, énergies, climat, déchets, pollutions, disparités et injustices sociales, diversités culturelles, modèles économiques, paix, démocratie, gouvernance…

 > La prise en compte de la complexité de leurs interrelations et leurs effets cumulatifs selon trois dimensions :

1/la multitude des intérêts à défendre, non seulement pour les humains actuels et futurs (intergénérations) mais également pour les écosystèmes puisque nous en faisons partie.

2/ les difficultés techniques et les incertitudes scientifiques au regard des questions de preuve et de causalité

3/ la question de la responsabilité et de l’imputabilité tant aux niveaux locaux qu’au niveau global, ce qui appelle à écrire une loi universelle.

Cf. 2 projets de pacte qui s’appuient sur des concertations internationales sur les grands enjeux humains et planétaires

De plus, il ne s'agit plus de défendre seulement les humains vivants, mais également les générations futures, en particulier au travers de la notion d’abus de pouvoir vis-à-vis de leur dignité de vie.
Les risques, pensés dans toute la complexité des causes et des effets, doivent être traités comme intemporels.

Les atteintes à l'intérêt supérieur commun seront alors considérées comme des crimes, au même titre que les guerres, génocides, et tout crime contre l'Humanité.
Les pollutions de l'air, de l'eau, des sols...Les dommages infligés aux écosystèmes, à la vie et à la biosphère, au climat, à l’atmosphère, à l’eau… sont de fait des écocides intolérables.

Le risque d’irréversibilité, les causes de migrations en augmentation et les menaces contre la paix… obligent gouvernements et Etats au principe de vigilance.

Pour l’instant, les lois internationales (ONU) restent inefficaces parce que trop sectorialisées.
Les engagements de Paris 2015 ne sont pas suffisants, dans leurs objectifs et dans leur procédure.

Il convient d’intégrer la nature, la biosphère dans les droits humains, d’établir un cadre juridique contraignant et de nommer les responsables.

Le droit international ou planétaire, le droit universel doit être repensé au regard de l’intérêt général.

Remettre l’Homme à sa vraie place dans le vivant, à sa bonne place dans la biosphère,
 ce n’est pas diminuer sa position ou son statut,
mais, au contraire, c’est le mettre en face de ses responsabilités
et ainsi lui ouvrir les voies d’un futur plus convivial et heureux.

Les nouveaux ‘’’Droits de l’Homme’’ doivent s’inscrire au sein de la biosphère.

 

Le 11 octobre 2017

Biodiversité et transition énergétique :
enquêtes sur des liaisons, dangereuses et/ou vertueuses.

Sur cette interrogation, la Fondation pour la Recherche sur la biodiversité (FRB) organisait sa journée de réflexion annuelle, le jeudi 5 octobre 2017.

De nombreuses ‘’liaisons’’ ont été soulignées et, si le développement de certaines énergies  comporte des risques, le plus souvent, les énergies renouvelables (ENR), non carbonées, offrent des perspectives plutôt favorables à la biodiversité. ‘’Aux biodiversités’’ dirait Esperanza21.
 

A cette occasion, Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire (MTES) appelle à l’humilité dans nos actions et à la sobriété dans nos comportements, en soulignant l’importance des diversités naturelles et culturelles :
«L’Homme est la partie consciente de la nature, mais qu’en fait-il ?
Dans l’univers, la vie est l’exception, soyons à la hauteur de cet apanage !
 »

Aussi, invite-il les habitants des pays riches à se dégriser du pétrole et de ses produits dérivés.
Par contre, souligne-t-il, les enjeux de biodiversité et la transition énergétique sont intimement liés, comme les deux faces d’une même pièce.

A ce propos, après avoir été mobilisé par la loi sur les hydrocarbures, le Ministre d’Etat entend consacrer son énergie à faire savoir que la biodiversité est un enjeu aussi important que le changement climatique.
 Pour lui, au niveau mondial, l’IPBES, Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, doit devenir, pour la biodiversité, l’équivalent de ce que le GIEC est au climat.
En France, il annonce la création d’un nouvel outil de recherche alliant l’AFB, le MNHN & le CNRS pour renforcer connaissances et expertises.
 

Le président Jean-François Silvain a rappelé la mission principale de la FRB, interface entre recherche et société civile.
Rappelant le titre de la journée et la question « des liaisons dangereuses entre transition énergétique et biodiversité», il décline avantages, opportunités et risques des diverses énergies renouvelables, non carbonées, vues depuis la biodiversité.

Ensuite, Yann Laurans, économiste à l’IDDRI, fera le même exercice : analyser le plan climat 2017 du point de vue de la biodiversité :
Toute économie d’énergie est bonne pour la biodiversité ;
Il existe une corrélation entre sobriétés démographique, alimentaire et énergétique ;
La résilience de la nature est un atout pour l’adaptation climatique ;
Toute ENR présente des risques, il nous faut donc apprendre à hiérarchiser les nuisances ;
Par exemple, évitons d’importer en France, sous forme de bois énergie, la responsabilité de la déforestation ailleurs.
La volonté de neutralité carbone, tout à fait nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique, ne doit pas occulter la nécessité, tout aussi importante, de préserver et renforcer la dynamique des écosystèmes.

La réflexion naturaliste sur les espèces et leurs populations doit maintenant s’ouvrir aux enjeux des écosystèmes et des ‘’services’’ que nous pouvons en espérer.

En définitive, la biodiversité se révèle intégrée dans tous les enjeux, elle ne peut plus être ignorée.
Aussi, tout projet responsable analysera et prendra en compte ses conséquences sur le vivant.

Par ailleurs, les enjeux écologiques renvoient aux enjeux démocratiques pour organiser et contrôler les actions humaines, dans tous les domaines.

 

Esperanza21 applaudit, elle qui place notre santé, et celle de toute la biosphère, au cœur de ses préoccupations !

Elle renvoie au site de la FRB pour suivre plus en détail le fil des arguments qui, tout au long de la journée, auront constitué un bain de culture et de réflexion.
Plusieurs entreprises et institutions ont témoigné de leurs engagements dans ces transitions économiques, énergétiques et écologiques.

             Les dimensions sociale et démocratique impliquent une forte volonté d’information et d’éducation, une volonté politique afin que, de la connaissance à la conscience, les liaisons résolument vertueuses portent l’avenir de sociétés plus humaines.
 

La FRB publie divers rapports disponibles sur leur site :
http://www.fondationbiodiversite.fr/fr/societe/avec-la-societe/diffusion...  

 

Le 7 septembre 2017 

Le vivant, interactions et diversité… pour notre santé

Après deux ans de documentation, d’échanges et de réflexion, Esperanza21 juge utile de revisiter le vivant, son histoire, ses dynamiques et ses enjeux. Donc, de porter un regard sur ses représentations, actuelles et passées.

En effet, pour donner à réfléchir aux enjeux de l’Anthropocène, l’ère historique marquée par les multiples empreintes négatives d’Homo dit sapiens, pour mieux poser la question d’un avenir heureux de l’Humanité, il est essentiel de resituer l’homme dans la biosphère, de le percevoir, de nous percevoir dans les dynamiques du vivant.

En bibliographie de notre site , nous recommandons une liste de lectures. Cependant, aujourd’hui, nous prêterons plus particulièrement attention à La sculpture du vivant de Jean-Claude Ameisen.

« L'espérance de vie de nos corps a été sculptée, de génération en génération,
depuis l'apparition des premiers corps multicellulaires, il y a 800 millions à un milliard d'années,
par la confrontation contingente et toujours recommencée de nos êtres avec leur environnement
et par la manière dont ils ont pu eux-mêmes, par hasard, le modifier.

… Ainsi, l'environnement extérieur a le pouvoir de sculpter le vivant. »

JCA cite François Jacob : « Nous sommes,  un mélange de protéines et de souvenirs,
d'acides nucléiques et de rêves. »

…de souvenirs… et de rêves !
Ainsi notre environnement, nos environnements ne sont pas seulement écologiques, mais également sociaux, culturels, psychologiques… réels et rêvés.

Comment peut-on oublier dans nos expressions quotidiennes, sous-estimer la dimension sociétale alors que plus de la moitié de l’humanité est citadine ?
Comment faire l’impasse sur l’importance des relations humaines, des relations culturelles et sociales si importantes pour notre santé ?
Nos environnements sont multiples… pas seulement écologiques !

Le fameux « développement durable » a tout simplement oublié le pilier, un quatrième, qui l’alimente : le culturel !!!
Comme si la culture (les cultures) n’était pas partout ! Alors qu’elle conditionne nos regards et notre vie quotidienne, mieux vaut donc la conceptualiser.

Rendons justice aux objectifs 2015-30 (17 ODD) dont l’un encourage l’éducation.
Mais, la diversité culturelle est-elle suffisamment présente dans ces objectifs ?
Reconnaissons la diversité des éducations : familiales, scolaires, professionnelles, amicales, communautaires, religieuses, idéologiques, politiques… L’école de la vie.

 

La vie est donc interactions et relations.
Les unes et les autres, dans le buissonnement de l’Histoire, aboutissent aux diversités actuelles dont nous ne connaissons et ne percevons qu’une infime partie… dont nous ne pouvons connaitre qu’une part !

Peu avant la COP 21, au Collège de France, Philippe Descola tirait leçon de deux jours de séminaire en plaidant pour un rapprochement entre les sciences de l’écologie (celles du vivant) et celles de l’anthropologie (toutes celles de l’Homme).
Et ainsi lier intimement place et rôle de cet être vivant qui impacte ses environnements par sa dimension biologique, mais désormais encore plus dans sa dimension culturelle.

En fait, toute recherche devrait associer, confronter, fédérer les enseignements de plusieurs sciences, sinon de toutes. A la condition que chacune garde technicité et spécificité de son regard scientifique dans la diversité de ses investigations.

Que dire alors des autres sciences, géophysiques, chimiques… et des techniques ?
Comment ne pas les inviter à la table des humanités, alors que nous connaissons certains ravages d’applications technologiques prédatrices et polluantes, guerrières ou seulement ignorantes de leurs conséquences environnementales ?

 Voilà un enjeu politique qui englobe tous les autres…

Associée à ce texte, Jacqueline Fihey invite à réfléchir sur les niveaux d'organisation du vivant, de la molécule d'acide nucléique à la biosphère.

Les niveaux d’organisation dont le concept fut introduit en France, il y a un demi-siècle déjà, par Henri Laborit dans le domaine de la biologie, par Edgar Morin dans celui de la sociologie.

Un concept encore trop peu sollicité dans les analyses des systèmes et dont on pourrait croire qu’il est encore ignoré de nos politiciens !

L’enjeu suprême : notre santé, pour notre « bien vivre » individuel et collectif !
Car nous ne pouvons «vivre pleinement», «bien vivre», sans des environnements favorables : écologiquement diversifiés et nourriciers, culturellement variés et créatifs, sociétalement tolérants, équitables et solidaires.

 Nous ne pouvons pas vivre une vie accomplie…  sans rêver !
Ce qui implique déjà, très pragmatiquement, de pouvoir accéder à ses droits fondamentaux : se nourrir et vivre paisiblement en liberté, en liberté et en sociétés démocratiquement organisées.

« S'il est une contribution que les sciences du vivant peuvent apporter à nos sociétés, c'est de stimuler le questionnement et la réflexion éthiques,
et non pas d'essayer de s'y substituer en apportant des réponses ;
c'est de nous révéler le récit tumultueux de nos origines, non pour nous y enfermer,
mais pour permettre d'inventer, de choisir et de bâtir librement notre avenir
dans le respect de l'altérité et de la dignité humaine. »

Jean-Claude Ameisen, La sculpture du vivant

*Le biotope désigne un milieu (espace, territoire) défini par des caractéristiques physicochimiques,
dont les variations sont décrites, et où vit une communauté d'êtres vivants : la biocénose.
Le biotope et sa biocénose constituent un écosystème.
La biosphère est l’ensemble des biotopes ; 
a biodiversité, l’ensemble des biocénoses.

L'homme a son avenir entre les mains, et il y pense...
mais, saura-t-il se responsabiliser ?

 

Le 19 juillet 2017 

Transition énergétique
Comment atteindre les objectifs de la loi ?

Les «8èmes rencontres pour les énergies renouvelables» ont réuni plus de 250 participants, ce mercredi 12 juillet, à la Maison de la Chimie, rue Saint Dominique à Paris.

Dès le début, Benjamin Fremaux, auteur du rapport de l’Institut Montaigne « Energie : priorité au climat » déclinait les enjeux ouverts aux débats d’un panel d’intervenants impressionnant de qualité.

Aussi, est-il impossible de restituer la richesse des réflexions et des arguments déployés !
Tout au plus, essayons de relayer quelques idées ou tendances qui, une fois encore, confortent Esperanza21 dans son diagnostic et sa vision…

Evidemment, nous vous tiendrons informés d’actes ou de verbatim qui seraient édités par les organisateurs. https://twitter.com/hashtag/RencontresEnR

En revanche, écouter Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire, en audience auprès du Sénat le même jour, donnera le sens de transitions déjà en cours et dont le développement est urgemment souhaité.
 

François-Michel Lambert, député des Bouches du Rhône, insiste sur le caractère systémique d’une situation complexe, aux objectifs multiples qui requièrent des solutions complexes, cohérentes et coordonnées.
Outre la question des énergies et du climat, il cite les problématiques des mobilités, de la biodiversité, des pollutions, des déchets… Chacune porte sa propre dynamique, mais aucune ne trouvera de réponse satisfaisante sans qu’elle soit en accord avec les options choisies pour les autres.

C’est donc une question de gouvernance à divers niveaux, celui de l’Etat et celui des territoires, ceux de l’Europe aussi, voire de la planète.

Cette ambition, qui appelle des mesures techniques, nécessite un changement de méthodes.

Elle demande une planification des choix transparente,
> sur des temps courts et avec une vision à plus longs termes;
> sur des territoires cohérents coordonnés avec des niveaux plus larges...
De plus, un contrôle démocratique des enjeux financiers doit pouvoir s'exercer.

"Tout mensonge, même par omission, serait un crime contre la transition !" annonce Jean-François Carenco, président de la Commission de régulation de l'énergie (CER)

Des expérimentations sincères sont revendiquées, c'est-à-dire avec des évaluations rigoureuses aboutissant à des décisions collectives.

Ainsi plusieurs objectifs sont formulés :

  • Un mixte énergétique vers des énergies décarbonées et renouvelables, soit la fin des exploitations du charbon, du pétrole et du nucléaire
  • Une indispensable économie d’énergie avec une efficacité accrue dans les usages de la chaleur
  • Un recours raisonnable à l’électricité. Le gaz, peu producteur de CO2, offrant une solution au moins transitoire avant de devenir une énergie renouvelable à partir de la biomasse
  • La mobilisation d’importants financements qui peuvent recevoir des contributions participatives citoyennes.
  • L’importance des réseaux de distribution, de partage, de complémentarités, de communication, de réflexion… donc de l’intelligence collective.
  • Le besoin de simplification administrative pour des mises en œuvre plus efficientes mais qui accordent toute leur place aux dialogues et aux décisions démocratiques.
  • La nécessité de compatibilité, de cohérence, si possible de convergences dans les divers projets, selon leurs espaces et leurs temps de réalisation.

            " Des objectifs à atteindre collectivement, sans gagnant ni perdant."

Ces transitions ne pourront être réussies que si elles sont acceptées, mais également avec une participation active des citoyens, donc grâce à une information claire et partagée ce qui implique un changement culturel d’importance.

Il ne s’agit rien moins qu’une ‘’révolution industrielle’’, organisée par une stratégie planifiée, y compris dans la mutation inévitable de nombreux emplois.

Nous ne reprendrons pas ici la liste des nombreux obstacles à des transitions devenues indispensables car vitales.

Retenons que « il n’y aura pas de transformation sans la participation des citoyens ».

D’où l’impérieuse question de l’éducation (nationale) dont, à cet horizon, les objectifs de formation scientifique et de formation technique semblent aujourd’hui réduits à portion bien congrue !
Développer des apprentissages de méthode et une réflexion systémique, des démarches de découverte et de recherche, correspond à merveille aux motivations, intérêts et aptitudes des jeunes. Ce n’est pas un enseignement académique qui en sera le levier…

Une transition dans les méthodes pédagogiques est nécessaire pour porter et faire aboutir les transitions technologiques, culturelles et sociétales d’un nouveau rapport à nos environnements proches et à notre biosphère.

Nourrissons l’espoir d’un tel renouvellement !

 

Le 10 mai 2017

« Bonne santé », pas si simple !

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré, depuis plus de 50 ans, que la santé ne pouvait se réduire à l'absence de maladie.
Progressivement, elle décrit la santé comme un complet état de bien-être physique, psychologique et social.

Puis, elle introduit l'idée qu'il ne s'agit pas d'un état figé, mais d'un équilibre dynamique entre ces différentes composantes, auxquelles elle ajoute les facteurs environnementaux.
Plus récemment, elle précise le rôle essentiel de la décision politique, notamment en ce qui concerne les pratiques de gestion, résorption, contrôle et prévention des facteurs susceptibles d'agir sur la santé.

L'évolution des définitions de l'OMS semblent faire consensus.
Elles sont citées par le Plan national Santé Environnement (PNSE) et aussi tout récemment lors du dernier débat citoyen (le 3 mai) au Ministère de l'Environnement, de l’Energie et de la Mer (MEEM) qui a traité de ‘’ Environnement et santé’’, en posant la question de la survie de notre espèce.

Pourtant le questionnaire joint au projet du PNSE3 (2015-2019), tout comme les interventions lors du débat citoyen continuent d'aborder la santé par le biais de la maladie, des progrès quant aux soins et à la connaissance de leurs causes. Ces informations et précisions sont bien sûr d'un grand intérêt.

Le 3 mai, Esperanza21 a interpelé les intervenants en faisant remarquer que la santé était, encore une fois, abordée par la maladie ! Il a été répondu avec humour que c'était sans doute parce qu'il était plus facile d’utiliser des indicateurs comme la durée moyenne de vie, ou l'augmentation de la taille adulte, que de mesurer le bonheur !

Hormis le clin d'œil, il est vrai que l'augmentation conjuguée de la durée de vie et celle de la taille d'Homo sapiens adulte, prises comme repère d'un équilibre de vie positif pour notre espèce, constatée pendant 30 ans, est en train de passer par un palier.
On observe même, dans certains pays, des signes d’inversion. En Égypte, par exemple, on constate une diminution de la taille des jeunes adultes. S’il est trop tôt pour conclure quant à la durée de vie, nous pouvons quand même faire l’hypothèse d’une corrélation avec un bonheur bien précaire dans ces régions du monde.

Mais, de la santé au bonheur, il y a un grand pas… malgré l’adage populaire !

Revenons donc aux critères qui pourraient mesurer notre santé et celle de la biosphère.
Le bien être : si mesurer la subjectivité est hasardeux, en établir une cote, du moins une tendance est réalisable !
La santé physique : les critères ne manquent pas…
La santé psychologique : moins difficile que le ‘‘bien être’’
La santé sociale : les critères ne manquent pas…
La vitalité culturelle : les critères ne manquent pas, non plus…
Quant à la biosphère, les critères sont nombreux, là encore !!!

Conclusion : établir un indice de santé de la biosphère, d’une collectivité, d’individus…
C’est possible, mais c’est politique ! Hautement politique…

Tandis  que le trop fameux PIB renseigne surtout sur la capacité des Etats, et des riches, à accumuler encore plus !!! Un pas est entrepris avec l’Indice de Développement Humain (IDH), un pas important pour l’humanité…

En attendant ceux du bonheur, espérons de bons indicateurs de santé, pour notre biosphère et pour nous-mêmes…,

Esperanza21 vous souhaite « bonne santé », en toute simplicité !

 

Le 5 mars 2017 :   « Santé dévoyée ! »

 « Bonne Année, Bonne Santé » Nous le souhaitons à nos proches et amis chers.
En formulant ce vœu bienveillant pensons-nous à la même chose que les professionnels de « santé » ?

Deux conférences de la dernière semaine de février, ont mis en éveil la saine curiosité d'Esperanza21 :
        à l’AFP : Santé urbaine : nouveau défi des villes
        à l’UMPC de Jussieu : Pleine lumière sur la santé ! (R)évolutions de l’écosystème santé (Cycle ‘’Sciences à Cœur’’)

Enfin, croyait-elle, la santé allait être vue dans sa dimension humaine et environnementale.
Urbaine dans le premier cas, elle concerne plus de la moitié de l’humanité.
Le second titre était encore plus prometteur : « (R)évolutions de l'écosystème santé » !

Même si Esperanza21 reconnaît ne pas avoir perdu son temps et avoir appris sur des objectifs louables de lutte contre les maladies et d’accès aux soins, elle mesure avec déception le pas énorme qui reste à franchir pour que le mot Santé prenne enfin son sens global et complet, comme l'Organisation Mondiale de la Santé l'a progressivement construit depuis le tournant des années 1970. L'OMS a d’abord proclamé : « la Santé, ce n'est pas seulement l'absence de maladie », puis  « la santé est un état d’équilibre du bien-être physique, mental et social »
Quarante quatre ans plus tard, à propos de santé, il est trop souvent parlé seulement de maladies et de thérapies.

Or, la définition de la Santé a continué à considérablement évoluer. Equilibre dynamique entre des facteurs individuels et collectifs, biologiques et psychiques, la santé, on ne l'a pas, on la construit ou la restaure au quotidien.
Ce n'est pas le domaine réservé de quelques catégories de  professionnels (dits de santé) et de produits (de santé), de traitements chimiques, physiques, etc.

Pour Esperanza21, la santé est l’objectif premier, l’objectif vital !
C’est la clé de voute de tout développement humain. C'est un projet de société, c’est  donc être un projet politique majeur.
Alimentation suffisante et équilibrée, qualité de l’air et de l’eau, qualités des écosystèmes et biodiversités, habitats dignes… en sont des facteurs déterminants, mais insuffisants. Non moins importants sont
Convivialité,  fraternité, solidarité, accès aux aménités, mobilités pratiques…
Droits à la paix, à l’information, à l’éducation, à la diversité des cultures…
Tout participe, contribue et mobilise en faveur de notre santé, pour la santé de nos environnements écologiques et humains !

La mauvaise santé est trop souvent la conséquence du monde dans lequel nous vivons. Avec des degrés divers selon les classes sociales et à l'échelle de la planète.

La réalité est sombre : guerres, appropriations, injustices, inégalités, violences, addictions, prédations… Santé dévoyée, bafouée, rudoyée, maltraitée, violentée…
Pouvons-nous encore espérer une humanité apaisée, solidaire, équitable ?
Une organisation sociétale où nos forces et nos valeurs seraient orientées vers la meilleure santé de tous ?
Des sciences et des technologies dont le plein aboutissement serait la santé ?

Commençons par employer les bons mots : soins et accès aux soins, thérapeutiques ont bien pour objectif un retour à la santé. Mais, il nous faut sortir de la ‘’consommation de santé’’ et du commerce. La santé ne s'achète pas surtout que les vendeurs de « produits de santé » vendent en parallèle des produits nuisibles à notre santé.
Business, business… détruire pour reconstruire, ça peut rapporter gros!

L’objectif de « santé pour tous » implique de remettre en question nos modes d’organisation sociétale. A commencer par l’économie dominante qui vise à gagner toujours plus… pour quelques uns ! Performances, compétitivité…

Une réelle politique de la santé irait bien au delà de quelques messages en faveur de la nutrition, vertueux certes, mais bien souvent proches du slogan !

« Ce que je fais sert (ou au contraire altère) la santé d’autrui ou celle de nos environnements ? »
La réponse à cette question devrait être la clé d'assemblage, la colonne vertébrale de nos choix d'actions, de dynamiques…
Une véritable  politique publique de promotion de la santé s’appuierait  sur la volonté de choisir ou protéger les facteurs environnementaux, sociaux et sociétaux, et de retenir les stratégies économiques compatibles.

 Voilà une évolution qui pourrait bien s’avérer une vraie révolution !  
 

Le 24 février 2017 : « Faire humanité ensemble »

C’est l’objectif consensuel formulé le 16 février, lors du « Forum pour un engagement culturel, citoyen et solidaire » , organisé par l’UFISC et le CAC au Sénat.

La réflexion, placée sur le registre des droits humains fondamentaux, faisait suite à une année de travail au travers de quatre ateliers : LE CADRE ETHIQUE DE NOTRE ENGAGEMENT / ACTION CITOYENNE ET COMMUNS / TRAVAIL ET SOLIDARITES / COOPERATION ET COCONSTRUCTION.

Il a été souligné que nombre d’associations adhérentes au CAC et à l’UFISC, agissent vers et avec des personnes qui ont, pour certaines, besoin de trouver ou retrouver leur dignité. Dignité qui est condition sine qua non, pour elles, afin de se reconsidérer en tant que citoyens, de reconnaître leur pouvoir personnel et partagé, et ainsi agir en société.

Comment assurer une dignité personnelle, culturelle afin de réendosser son pouvoir de citoyen ? En effet, tout citoyen est politique, il n’a que délégué son ‘’pouvoir’’ aux élus de la République. Mais qu’en ont-ils fait ?

Interrogeant les défaillances de notre société, dans ses fondements, ses objectifs et ses fonctionnements, quelques principes préalables pour un modèle économique et social plus équitable et solidaire ont été posés.

La nécessité de vivre sa propre liberté tout en accordant aux autres leur liberté d’être libre. « Etre ainsi architecte de la liberté des Autres… »
Un principe de vigilance éthique fondamental qui invite à interroger toutes nos actions sous cet angle : « Ce que je fais sert et respecte, ou non, les autres ? ».
Auquel Esperanza21 ajoute volontiers : « Ce que je fais respecte et valorise, ou non, la biosphère ? »

On ne peut penser les droits culturels, indivisibles, interdépendants et universels, sans les droits sociaux et économiques.
Comment les sociétés font-elles économie ?
Comment sont réparties, redistribuées les richesses crées par le travail ?
Souhaiter une économie (plus) solidaire oblige à interroger le politique.

Sortir d’un ‘’secteur culturel’’, ‘’d’objets culturels’’, évalués de manière marchande vers des valeurs socialement partagées ouvre un nouveau projet politique. Faire que les besoins personnels, ceux qui sont communs, s’inscrivent dans un projet collectif.

La protection des services publics, les démarches et l’économie solidaires, ainsi que la valorisation de nos environnements humains et écologiques sont une nécessité première.

Assurément, nous ne pouvons traduire la diversité et la richesse des réflexions de ce forum, mais elles seront synthétisées prochainement sur le site Cultures & solidarités.

Il est inttéressant de noter que la dernière prise  de parole a regretté l’absence de ‘’l’environnement’’ au cours du débat. Pourtant, toute la journée a été dédiée à discuter des tenants et aboutissants de nos environnements humains, sociaux et sociétaux ! Probablement la remarque  faisait-elle référence aux enjeux écologiques…

Tandis qu’à la conférence "Migration et biodiversité, une histoire ancienne?" organisée la même soirée au MEEM (http://www.developpement-durable.gouv.fr/Jeudi-16-fevrier-2017-Migration...), la réflexion finale interrogeait, elle aussi : « Quel modèle social et économique permettra de préserver et de valoriser la biodiversité ? »

Ces double regards montrent que nos places dans les sociétés humaines comme dans la biosphère, nos environnements humains et écologiques, sont de plus en plus pensés et reconnus dans leurs relations intimement associées, intimement entrelacées.

« Faire humanité ensemble » c’est à la fois accorder les plus grandes attention, reconnaissance et tolérance aux Autres et à soi-même, à nos cultures et, simultanément, agir pour que nos écosystèmes gardent leurs valeurs vitales et évolutives.

 

Le 22 janvier 2017

Cet article a retenu toute l’attention d’Esperanza21 qui vous le propose en édito.

… « L’Homme n’est jamais aussi « efficace » que dos au mur."
C’est moins une question de sagesse que de survie ! Nous sommes « programmés », voire « condamnés » à surmonter les épreuves. Notre dénuement absolu, l’impossibilité à demeurer à l’état de nature, sauf à disparaître, a fait des Hommes des machines de guerre. Et c’est là sans doute aujourd’hui notre force mais aussi notre principal défi. Il nous faut désormais nous réinventer. Ce sera sans doute l’étape la plus difficile, puisqu’elle consiste à sortir de notre toute puissance, à renoncer au mythe des technosciences qui travaillent à notre salut, pour envisager d’autres voies. Le tout, pour rendre notre empreinte sur terre plus légère, et, retour à la première question, s’inscrire à nouveau dans le temps long.

Les signes de ces changements sont déjà là et dans tous les domaines. L’aspiration à être mieux gouverné, par exemple, peut conduire dans un premier temps à faire triompher les populismes, qui proposent de mauvaises réponses aux vrais problèmes et s’adressent à nos peurs (le déclassement, le remplacement…). Elle peut aussi réinventer le lien entre citoyens et responsables politiques autour d’un nouveau pacte et de nouvelles pratiques : consultations régulières, participation citoyenne directe, ouverture de la classe politique à la société civile (etc.) en vue de son renouvellement, pour plus de légitimité…

Deuxième exemple, la révolution numérique. Impactant l’ensemble des secteurs de la vie des Hommes, elle balaye tout sur son passage. Elle fascine autant qu’elle inquiète. Mais c’est aussi une formidable opportunité. Elle a déjà contribué en moins de vingt ans à désenclaver l’Afrique. Elle lui a permis, tout autant que les politiques d’aide publique, d’être un acteur de plein exercice de son développement dans le contexte de la mondialisation. Pour nos économies, cette révolution, à la condition d’en clarifier les règles du jeu, peut être également un facteur de progrès majeur. La connaissance, via la recherche, mais aussi les échanges, occupe désormais une place centrale. Elle conditionne le succès ou le déclin des Nations. Et pour la France, terre d’ingénieurs et de grandes découvertes, c’est une bonne nouvelle !

Enfin, et ce n’est pas des moindres, l’environnement. Là aussi, le changement de paradigme est en cours. Nous avons toujours le pire : des mégalopoles asphyxiées, des terres arables rongées par l’avancée du désert, des conflits pour accéder à l’eau, la disparition d’espèces vitales à nos écosystèmes, la déforestation massive…Mais nous avons aussi désormais le meilleur : une prise de conscience collective et un foisonnement d’initiatives, qui nous invitent à revisiter nos modes de vie. Cette prise de conscience s’est traduite par deux résultats auxquels on ne croyait plus : un accord historique entre les deux principaux pollueurs de la planète, la Chine et les États-Unis, pour limiter leurs émissions de carbone ; la relance lors de la COP 21 à Paris d’un processus qui vise à enrayer les tendances actuelles en fixant un seuil de réchauffement à ne pas dépasser. Un fait pour illustrer le caractère réversible du chaos des hommes : la mer d’Aral, illustration absolue du désastre écologique, contre toute attente, après avoir perdu 75% de sa surface, est de nouveau en train de se reconstituer. Grâce à la volonté des hommes. »

 L’homme au défi des crises – Didier Le Bret : Lettre de l’IRIS N°618 - 19 janvier 2017
Voir l’article complet :
http://www.iris-france.org/87075-lhomme-au-defi-des-crises-3-questions-a...

Diplomate, Didier Le Bret répond aux questions de Pascal Boniface, à l’occasion de la parution de son ouvrage : « L’homme au défi des crises : pourquoi le pire n’est jamais certain », aux éditions Robert Laffont.

 

Le 6 janvier 2017 : Impressions de Madagascar ! 

Madagascar, la grande île rouge,
Madagascar, terre de sourires, de couleurs, de fleurs et de fruits…
Terre de fierté, à juste titre… Terre de promesses… Terre d’avenir…

Evidemment, comment ne pas noter l’état déplorable des routes, les déforestations meurtrières, l’insupportable écart entre pauvreté et opulence, une électrification encore partielle, une scolarisation et un système de soins insuffisants…

En revanche, partout tant d’activités, tant de commerces, tant d’artisanats… Partout une importante activité agricole nourricière… Partout, ou presque, l’impression de formidables potentialités qui réchauffent le cœur !

Nombre de Malgaches témoignent de la dégradation de leurs situations.
Mais, n’est-ce pas un refrain universel ? N’est-ce pas le même mal qui sévit ici et ailleurs ?
Celui de disparités insupportables, d’égocentrismes coupables, d’exploitations injustes, de responsabilités détournées, de pillages mafieux…

Madagascar vit un nouveau tournant de son histoire.
Sa démocratie croissante, sa population jeune invitent, incitent à de nouvelles voies économiques. Développer les services à la population, développer des industries, résoudre la question des énergies…
Mais surtout, surtout, ne pas condamner les productions vivrières ! Au contraire, augmenter encore leurs rendements pour plus de riz, de céréales, de légumes, de tubercules, de fruits, de viande, de poissons… et en tirer un meilleur parti.

C’est une chance pour la Grande île.
Quelle ne soit pas sacrifiée sur l’autel d’un développement copié sur les pays dits « riches » !
Nous savons (hélas pas assez) les ravages de l’industrialisation de nos agricultures ! Nous prenons conscience, aujourd’hui, de la nécessité vitale de changer nos énergies, de réhabiliter nos systèmes naturels… Et, par conséquent, de modifier notre modèle économique si destructeur et trop générateur d’inégalités, d’injustices, de souffrances...

Oui, Madagascar est porteuse d’un immense espoir !
Formulons le vœu que notre Général Président avait tord en prédisant que le futur de l’île rouge resterait en friches ! Assurément Madagascar est un pays d’avenir.

Nous avons été témoins des effets positifs d’organisations communautaires locales pour valoriser ici un territoire, ailleurs des savoir-faire, souvent des patrimoines…

Le dynamisme, la créativité, la convivialité et la jeunesse des Malgaches,  la fertilité des sols, la générosité du climat (malgré ses colères saisonnières !) sont autant d’atouts qui invitent à découvrir, à habiter, à vivre sur l’île rouge. A partager les sourires de l’espoir… L’antithèse de Mars, la planète rouge porteuse d’un rêve désespéré et élitiste !!!

Merci pour les heures merveilleuses que nous avons dégustées tout au long de notre parcours. Merci pour les convivialités humaines et amicales.

Souhaitons bons choix, bons vents et bonne route à Madagascar et ses enfants ! smiley

 

Le 12 novembre 2016

De l’indécision à l’action, les pas en avant deviennent de plus en plus difficiles !

Le rendez-vous international du climat, la COP 22, se déroule à Marrakech sous le signe de l'action, de la décision à l’action… Vaste programme !

L'accord de Paris (COP 21) est maintenant ratifié par un nombre suffisant de pays. Mais, combien d'entre eux s'engagent vraiment à la hauteur des enjeux ? En l'état, leurs promesses conduisent à un réchauffement moyen de + 3°C. Soit à un bouleversement climatique suicidaire dans nombre de régions du monde.

Chaque jour naissent 10 000 enfants. Malgré une transition démographique à l'œuvre depuis plus d'un demi-siècle, mais qui reste encore à améliorer, la démographie actuelle peut également être un facteur de déstabilisation.
D’autant que les nouvelles générations sont tentées, elles aussi, par plus de consommation.

Le réchauffement climatique, ce n’est pas « demain » ! En 2016, mois après mois, les records de température ont été battus… Triste constat pour la grande majorité de l’humanité ! Le phénomène a commencé il y a 200 ans, avec l’industrie chimique et thermo-énergétique. Les ‘’records’’ d'élévation de température seront encore dépassés puisque les activités humaines continuent à rejeter bien de trop de gaz à effet de serre et de pollutions ! Dramatique !

Pire encore, à l’Est de la Méditerranée, sur les rives de l'Euphrate, berceau d'une belle civilisation, les hommes s'entretuent pour quelques ressources devenues trop rares… et au nom de religions pourtant cousines.

Aux USA, tout a été permis pour prendre d'assaut la présidence de la première puissance militaire du monde, qui montre les signes d'une décadence aux sinistres présages. Les interrogations sur le programme, enfin relayées par la presse au lendemain de l’élection du nouveau président, dureront-elles au delà de la semaine médiatique ?

Quant à l´Europe, elle s'étiole, s'effrite, se divise… incapable d'un projet qui éclaire l'avenir. Notre avenir.

En France, les médias fourbissent les rings de joutes, d'affrontements qui laisseront dans l'ombre des programmes politiciens dont on connaît déjà l'indigence politique vis-à-vis du futur…

Pourtant, partout, des citoyens réfléchissent, se mobilisent, se réunissent... espèrent !
Ils espèrent  plus de convivialité et plus de partage, plus de respect et d’équité. Ils espèrent la paix et l'accomplissement de leurs droits. Des droits difficilement négociés, parfois reconnus… par la loi.

 

Comment s'organiser mieux ?

Nous faut-il aller jusqu'au bord du gouffre pour que les gouvernements prennent enfin les décisions, certes difficiles, mais reconnues nécessaires par toute une partie de la population ?  Quelle mauvaise stratégie d'adaptation !

Le Vivant a pu évoluer, s'adapter aux changements antérieurs, grâce à de nombreux essais, soumis à la sélection naturelle. Processus qui a fait ses preuves à l'échelle d'un temps long.

Mais il n'en est pas de même cette fois-ci: il nous faut changer notre mode de vie sans plus tarder...

Alors que la montée se fait de plus en plus raide, il nous faut aller de plus en plus vite ! 
Il est temps, encore, pour arriver au col ! Et de là, percevoir un horizon plus serein … un espace où il fait bon partager ses provisions, dans la beauté et la poésie des lieux... Sans oublier de se remettre en marche avec ses quelques déchets... recyclables ou non!

Esperanza 21 a semé sa dernière ‘’Graine d'espoir’’ il y a trois mois maintenant…
Elle regrette ce silence, mais elle s'offre une pause pour respirer un peu jusqu'à la fin de l'année.

Reviendra-t-elle, en 2017, avec de nouvelles énergies ? Nous le souhaitons.
Car Esperanza21 reste décidée à contribuer aux bonnes décisions, celles qui font appel à la connaissance et la réflexion, à la convivialité et la responsabilité 
!

 

Le 13 septembre 2016

 

Canicule ! Chaud devant…

Vague de chaleur, canicule ?
Ce n'est pas tant les définitions qui nous motivent, mais bien cette sorte d'exercice d'entrainement à une situation future que nous semblons accepter sans véritable crainte.
A propos de réchauffement climatique, on nous incite à juguler la montée des températures à + 1,5°C. Et pourtant, elles montent !

L’Accord de Paris entrera en vigueur 30 jours après la ratification officielle du texte par au moins 55 pays représentant au moins 55 % des émissions mondiales. Mi septembre, seulement 26 Etats, représentant 39 % des émissions mondiales, l’ont ratifié avec notamment la Chine et les Etats-Unis.
A l’occasion de sa conférence de rentrée, Ségolène Royal, présidente de la COP21, a souligné que le 1er enjeu pour le climat était l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris. Elle a bon espoir de le voir ratifié avant la fin de l’année.

Pourtant, mois après mois, les climatologues annoncent les records de températures battus, à la hausse !

Ces dernières semaines d'été 2016, en France, nous avons connu de fortes chaleurs, au dessus de 35° et dans certaines régions dépassant les 40°C.

La mémoire des morts de la canicule de 2003, (environ 15 000 en France et 70 000 en Europe, mais combien y en a-t-il, chaque année, dans le monde ?) est encore bien présente et nous en avons gardé quelques recommandations-réflexes qui ont été largement rediffusées cet été 2016, par les pouvoirs publics : hydratation conséquente, ne pas ou peu sortir en évitant les heures les plus chaudes, aller vers des lieux climatisés : pièce collective, cinéma, grandes surfaces, etc.

Ces mesures sont salutaires en effet.... Mais seront-elles soutenables si ces températures élevées deviennent la nouvelle norme ? Si elles durent plus qu'une ou 2 semaines d'affilé ? Et surtout, peuvent- elles être garanties à chacun-e ? Indépendamment de ses revenus, de son activité, de son lieu de vie… ? La réponse est évidemment : NON !

Pourtant, nous savons bien que les méthodes de construction peuvent éviter de recourir à la climatisation, consommatrice d'énergie et productrice de chaleur. Avons-nous rendu obligatoire ou au moins incité à intégrer dans tout projet de construction le choix de matériaux isolants thermiques, de l'orientation par rapport au soleil… et de tous facteurs favorables à la protection passive contre la chaleur ?

Outre le logement, la façon de se nourrir, de cultiver, de sélectionner les graines à semer… autant de nouveaux savoir-faire à promouvoir, de nouvelles habitudes à adopter. 

En fait, c'est notre mode de vie qui est à modifier volontairement pour que l'espèce humaine survive. Qu’elle s'adapte à vivre avec les conséquences du réchauffement climatique, alors que notre physiologie a une marge d'acceptabilité à la chaleur beaucoup moins développée qu'au froid. De plus, les solutions technologiques de lutte contre le froid sont moins agressives pour notre environnement que les quelques moyens actuels de lutte contre les chaleurs extrêmes.

Pouvons nous espérer que parmi les bonnes résolutions de la rentrée, il y ait pour chacun de nous, celle d'économiser l'eau et l'énergie, de préserver la qualité de l'air et de l'eau?

Tous ces « biens » naturels s'épuisent du fait de notre insatiabilité et une grande partie d'entre eux sont pollués par nombre de nos activités professionnelles et domestiques.

L'important c'est d'anticiper... Il n'est jamais trop tard, mais, le plus tôt sera mieux !        

 Les spécialistes abasourdis !

Preuve du caractère alarmant de ces données, en février dernier, Gavin Schmidt, climatologue qui dirige l'Institut Goddard d'études spatiales de la NASA, s'est senti obligé de les commenter : "D'habitude, je ne commente pas les résultats pour un seul mois mais le dernier était extraordinaire", a-t-il affirmé sur twitter.
 

En mai 2016, le climatologue Ed Hawkins, chercheur à l'université de Reading a publié avant l'été 2016 une spectaculaire animation montrant l'évolution des températures mois après mois depuis le début des mesures.

 

Le 10 septembre 2016

Difficile d’échapper à la rentrée !
Les moissons d’antan ont fait place aux nécessaires congés d’été… très appréciés par les travailleurs (dont font partie les élèves) pour se ressourcer, ils sont également nécessaires à l’économie du tourisme.

Après deux mois de silence relatif, Esperanza21 saisit l’opportunité du rite de ‘’la rentrée’’ avec un florilège placé sous un titre emprunté à Jacques Attali :

L’important, c’est de gagner !

Gagner la médaille d’or  !
« Alors que tous les pédagogues du monde répètent aujourd’hui, sur tous les tons, que rien n’est pire que le classement et qu’il faut apprendre aux enfants à être eux-mêmes sans se comparer aux autres, tout, dans notre société, nous rappelle sans cesse l’importance croissante qu’en réalité nous attachons à la hiérarchie des notes et aux rangs de chacun.

Les Jeux olympiques en apportent une démonstration éclatante. Et plus encore ceux de Rio que les éditions précédentes. Il est loin, le temps où le baron Pierre de Coubertin, rénovateur des Olympiades, pouvait dire, selon la légende en tout cas, que « l’important, c’est de participer »**. Il est même loin, le temps où un pays était heureux d’accumuler des médailles, quel qu’en soit le métal. Les jeux de Rio apportent en effet une nouveauté qui n’est pas anecdotique : on ne s’intéresse plus qu’aux vainqueurs. C’est médaille d’or, ou rien…

Cette fascination pour les seuls vainqueurs est l’un de ces signaux faibles qu’il nous faut prendre au sérieux parce qu’ils nous disent beaucoup sur notre temps. » Jacques Attali http://www.attali.com/actualite/blog/sociologie/limportant-cest-de-gagner

En effet, pour le moins, il est convenu de citer le nombre de médailles obtenues par les athlètes de chaque pays. A Rio, avant les épreuves paralympiques, 2488 médailles ont été attribuées (812 en or, autant en argent, 864 en bronze).

Sans interroger l’exploitation médiatique des sports, ne serait-il pas opportun de mettre en avant d’autres statistiques ? Hélas, il n’est pas facile de les trouver !
Combien d’athlètes ? Quelle proportion hommes/femmes ?  Quelle répartition en âge… Combien d’accompagnateurs ? Quels métiers ? Quel budget général ?

Sous le drapeau français, 521 athlètes auraient participé dont 126 paralympiques. Combien de personnes pour la délégation ?
Combien d’argent investi par chaque pays pour leur seule délégation à Rio ?

En revanche, les médias et Internet informent largement sur le ‘’marché’’ des médailles, très fluctuant en fonction des conditions de leur vente : http://www.bilan.ch/argent-finances-plus-de-redaction/combien-coutent-me...
Rassurez-vous, il reste de la marge pour rejoindre le foot !!!

** L’Olympisme : « une philosophie de la vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’Olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple et le respect des principes éthiques fondamentaux universels » (article 2).

Gagner Mars !
Une aventure technologique, un zeste scientifique, qui fait beaucoup rêver… ingénieurs et industriels. Hélas, la vie sur Terre les intéresse beaucoup moins ! Il reste tant à explorer…
Laisser de l’espace et du temps aux biodiversités ne mobilise pas autant d’attention et de moyens ! Pourtant, il s’agit d’enjeux très concrètement liés à notre avenir, celui de nos enfants. https://www.youtube.com/watch?v=vi39Z0i0G1s

Il est vrai que les industries des armements et de la guerre ont moins à y gagner !!! Du moins dans le court terme…
 

Gagner plus en pillant les ressources de la planète !

Point n’est besoin de développer le sujet, nombre d’associations se mobilisent pour dénoncer abus et méfaits. Citons Scène de crime sous-marine  « Le corail n'est pas mort tout seul, il a été tué. » http://350.org/fr/exxon/?akid=15688.2556710.7YQCE0&rd=1&t=4&utm_medium=e...

Des ‘’crimes environnementaux’’, la formule est exacte car il y a mort d’espèces et mort d’hommes !  Le terme de ‘’terrorisme environnemental’’ apparait même lorsque pollutions ou destructions sont intentionnelles.
Quel terme employer pour les morts quotidiennes de faim, de soif ou de pollutions multiples ?

Le Jour du dépassement : estimé par l'ONG Global Footprint Network, en 2016, il a été atteint le lundi 8 août. A cette date, l’humanité a consommé toutes les ressources naturelles que la Terre pouvait produire en un an et puise désormais dans ses réserves augmentant la dette écologique.
http://www.maxisciences.com/jour-du-depassement/jour-du-depassement-l-03...
La date a commencé à régresser drastiquement dans les années 2000, pour arriver en octobre, septembre puis août. Bien sûr, ce n'est qu'une estimation. Mais le sens de sa progression d'année en année est incontestable.
L'important est de cesser de procrastiner, de remettre aux lendemains… il est grand temps d'agir !

Gagner la présidentielle !
Voilà qui va mobiliser les médias durant les semaines et les mois prochains…
Des enjeux citoyens transformés en ‘’combats’’ exacerbés pour vendre papiers et audiences…
Les belles promesses et les beaux mots -pimentés ou assassins parfois- enroberont des intentions quelques fois mesquines. Souvent cachées !

Mais, qu’en sera-t-il des programmes ? Comment seront-ils présentés, débattus, analysés ?
 Et pourtant, ils influeront nos avenirs. C’est pour eux que nous devrions voter…
Esperanza21 reviendra sur la rhétorique des discours faussement démocratiques et humanitaires.

Faire gagner nos enfants ?
Voilà que les éducations, un enjeu politique majeur, deviennent directement enjeux de luttes politiciennes ! Les objectifs, comme les budgets, sont si importants !
Pour accaparer tel ou tel créneau, les initiatives fleurissent… Nous ne les citerons pas !

La canicule ? Rien à gagner !
Nous connaissons des mesures salutaires, mais seront-elles soutenables si ces températures élevées deviennent la nouvelle norme ? La réponse est évidemment : NON !
L'important c'est d'anticiper... Un jour, il sera trop tard, il est donc évident que le plus tôt sera le mieux !
Esperanza21 en reparle très bientôt…

Gagner avec l’humanitaire ?
Esperanza 21 continue à participer aux rencontres liées aux sujets qui représentent des enjeux pour l’avenir de l’humanité. Elle témoignera rapidement du Forum des Convergences : Zéro Exclusion, Zéro pauvreté, Zéro carbone…
Comme il y a beaucoup à gagner, il y a beaucoup d’idées et de belles paroles !!!

Pour gagner vraiment, gagner en humanité, il faut changer :
changer de perspectives, d’objectifs, de méthodes et de comportements…
Mais, il ne suffit pas de changer, il faut savoir quel monde est souhaitable pour le plus grand nombre ! Seule une démarche ouverte à tous pourra en garantir les valeurs et leur concrétisation.

 

Le 18 juillet 2016 : 

Argumentation & éducation scientifique

Suite à notre précédent éditorial, Argumentation & citoyenneté, s’appuyant sur l’article de Marie Gaussel ‘’Développer l’esprit critique par l’argumentation : de l’élève au citoyen’’**, Esperanza 21 souhaite prolonger la réflexion par un focus  sur la pédagogie appliquée à la construction d’une culture scientifique.

Apprendre à exercer son esprit critique est également apprendre à documenter son propos, ce qui prépare au rôle de citoyen.

Notre propos se situe dans le cadre très ouvert de ‘’l’école de la vie’’.

Dans ce vaste espace-temps, nous pouvons  repérer des étapes dans la construction progressive des compétences nécessaires pour savoir argumenter.
Ces étapes soit se succèdent, plus particulièrement dans l’enfance, soit peuvent cohabiter et être utilisées par la même personne, même adulte, en fonction des situations sollicitant la capacité à argumenter.

La première de ces étapes  est incontestablement 100 % affective : « parce que j’aime ou n’aime pas ». Ce positionnement est le degré zéro de l’argumentation : son domaine de validité est restreint à son auteur. Les autres n’ont pas d’autre choix que d’être pareils ou opposés, ce qui se confond souvent avec  ’’être pour ou contre’’… sans la moindre discussion possible. Bien des situations liées à la  croyance (superstition, religion, idéologie …)
« Un argument se discute, une superstition ne se discute pas.» Amin Maalouf / Le périple de Baldassare, Livre de poche

Une étape suivante consiste à ‘’constater’’. Elle s’émancipe de l’affectivité. 
Ce n’est pas parce que «j’aime ou pas, je veux ou pas, cela me plait ou pas … c’est comme ça, c’est juste un fait ! ». C’est pour l’enfant une étape importante qui le bouscule: il ne serait donc pas le centre du monde ?
Cette question le met en quête de trouver un autre sens aux évènements qui l’entourent, un sens autre que ses seuls besoins, désirs, plaisirs, intérêts.

Une porte s’ouvre alors vers la communication qui amplifiera la découverte que les besoins, désirs, plaisirs intérêts des autres peuvent être différents, voire opposés ou concurrents des siens. C’est une porte qui s’ouvre vers et avec les autres.

Si tout se passe bien, si l’enfant est suffisamment sécurisé affectivement par son entourage, alors il affrontera avec curiosité ces « autres », cet « Autre ».

Il découvrira sa liberté de choix, qu’il cherche paradoxalement à restreindre chez autrui. Pour cela il cherchera à convaincre, donc argumenter… Il en viendra même à accepter d’entendre les arguments de l’autre au risque de conclure qu’il a avantage à modifier sa propre  pensée, antérieure à cette confrontation.

Ce rapide survol du cheminement vers la capacité à argumenter montre que devenir citoyen est bien une question d’éducation. L’Ecole doit y contribuer, mais nous sommes tous à la fois éducateurs potentiels et apprenants permanents.

 

La vie quotidienne nous apporte diverses occasions que nous sommes plus ou moins disposés à saisir, selon l’humeur, l’enjeu…
A propos de cuisine, de bricolage, de la lecture d’un livre, en préparant un voyage, en parlant… nous sommes amenés, souvent à la manière de Mr Jourdain, à argumenter.

Si argumenter signifie présenter une preuve ou des éléments probants, ou encore des raisons qui appuient une affirmation, qui concourent à la justifier… alors, le lien avec le raisonnement, la démarche scientifique s’impose… et l’Ecole n’est pas la seule à en être le théâtre.

La moindre panne d’un moteur de  voiture ou d’un appareil électroménager requiert une ‘’attitude objective et rationnelle’’. Par exemple: lister les facteurs intervenant dans le bon fonctionnement et les tester séparément, un par un ; noter les corrélations entre la manifestation de la panne et un autre évènement.
Voilà deux manières de tenter d’obtenir une preuve quant à la cause précise de la panne. Elles visent à diagnostiquer, analyser.

D’autres situations peuvent nécessiter de mesurer, de comparer, de modéliser ou de reproduire…
Le plus souvent, nous sommes amenés aussi à nous documenter.

Ces divers moyens nous permettent de construire un ou plusieurs arguments, qui peuvent n’être encore que des hypothèses, qu’il nous faut  communiquer. C’est le rôle du discours argumentatif.

On reconnaitra la plupart des principes d’une démarche scientifique et de la pensée philosophique.

Toutes deux contribuent, pour chacun, à mieux connaitre les autres, mieux comprendre le monde. De ce fait, mieux se situer dans ses environnements humains et écologiques.

Dans le cadre d’un débat citoyen, chaque locuteur prend la parole pour exprimer son point vue. Il est attendu de lui qu’il énonce ses arguments, mais qu’il sache aussi écouter ceux des autres. Le débat s’installe entre les arguments, et non plus entre les personnes qui les portent. Ce qui fait débat, ce sont les idées et non les personnes.

A partir des arguments énoncés, de nouveaux peuvent apparaitre. Leur validité est interrogée, mise en question, mise à l’épreuve. Là encore, ce n’est pas la personne du porteur de l’argument qui est interpelée, mais bien la validité de l’argument lui-même.

Le débat citoyen est un creuset d’une grande richesse, il permet potentiellement à tous ceux qui en acceptent les règles de participer en exprimant ses idées ou en discutant celles des autres. Dans ce cadre, le conflit est à valoriser. Il pousse les tenants des affirmations ou propositions contraires à approfondir toujours plus  leurs analyses, aidés en cela par les arguments de leurs contradicteurs. S’y ajoutent les approches souvent différentes de ceux qui entrent avec un «regard neuf» dans un débat qui n’était pas à priori le leur.
Cette richesse est recherchée quand on préconise ‘’l’intelligence collective’’.

Ne perdons pas de vue que ce type de débat, s’il permet d’élargir le champ des contributeurs et des arguments, doit aboutir à des ‘’choix éclairés’’, c’est à dire des choix étayés, dont les critères sont énoncés et dont les effets sont anticipés en fonction des données disponibles.

Il est urgent, en société, que nous procédions ainsi et que nous exigions que les décisions importantes soient prises à l’issue d’un tel processus. La clarification des critères de toute décision et l’anticipation de ses effets probables seront la garantie d’une démocratie réelle et d’une citoyenneté responsable.
L’espèce humaine porterait enfin à juste titre son double qualificatif de « sapiens sapiens », savant et sage!

 

 

Le 20 juin 2016 : Argumentation & citoyenneté

Esperanza 21 se réjouit de constater que l’école s’intéresse de plus en plus aux « pratiques argumentatives ». Leur lien avec la naissance et le développement de l’esprit critique est quasi unanimement reconnu. Il en découle qu’apprendre à exercer son esprit critique prépare l’élève à son rôle de citoyen.

Ainsi, Marie Gaussel, chargée d’étude et de recherche à l’Institut français de l’Éducation (IFÉ), développe une analyse fort intéressante ‘’Développer l’esprit critique par l’argumentation : de l’élève au citoyen’’.
Nous reprenons ci-après les idées forces de ce Dossier n° 108 de l’IFÉ (Février 2016), que nous avons publié à http://www.esperanza21.org/cultures

C’est une mission de l’école que  de permettre à chacun d’accéder à la capacité de juger par soi-même, tout en ayant conscience de son appartenance à une même société, de ses pouvoirs et devoirs citoyens, de chercher à améliorer la vie de tous, en partageant les valeurs humanistes de respect, de solidarité  et de responsabilité.

Cela passe par la construction de la  pensée réflexive et de l’esprit critique dans les débats qui peuvent être suscités dans la quasi-totalité des situations et apprentissages scolaires. Nécessitant des dispositifs pédagogiques appropriés, cette compétence professionnelle doit être acquise ou développée par  la formation des professeurs.

 

Que veut dire « argumenter » ?

Argumenter ne peut pas être réduit à chercher à  convaincre.
C’est communiquer, mettre en débat sa propre opinion en donnant les critères et éléments susceptibles de la fonder. C’est aussi entendre et discuter l’opinion d’autrui. Ce  discours spécifique est en interaction avec la pensée réflexive. Tous deux se développent en synergie.

En visant à modifier les opinions des autres, l’argumentation permet de mettre les siennes à l’épreuve. Argumenter c’est autant agir sur l’opinion des autres que sur la sienne. Elle permet à  l’opinion de gagner en objectivité jusqu’à devenir connaissance.

C’est pourquoi  on s’entend à reconnaitre qu’argumenter, échanger des arguments,  est vital en démocratie.
L’argumentation devient alors un moyen de réguler la vie démocratique en cherchant des solutions élaborées et plausibles.
Certes argumenter a pour objet de convaincre l’autre, mais celui-ci doit rester libre de choisir d’adhérer ou non au raisonnement, donc  l’orateur doit n’utiliser que des techniques éthiques, à minima non coercitives.
A ces conditions, il s’établit un climat de confiance entre les interlocuteurs, rendant crédible celui qui prend la parole, priorisant le raisonnement logique, pourtant non dénué d’émotion de part et d’autre.

 

Apprendre à argumenter à l’école ?

Le programme du nouvel ‘’enseignement moral et civique’’ met en œuvre des principes :

  • penser et agir par soi-même et avec les autres ; pouvoir argumenter ses positions et ses choix (principe d’autonomie);
  • comprendre le bien-fondé des normes et des règles régissant les comportements individuels et collectifs, les respecter et agir conformément à elles (principe de discipline);
  • reconnaître le pluralisme des opinions, des convictions, des croyances et des modes de vie (principe de la coexistence des libertés).

« Il s’agit d’un enseignement de la règle et du droit, qui porte sur l’apprentissage progressif des normes de la vie démocratique, sur la formation du jugement moral conçu comme jugement raisonné, dialogique et critique, ou encore sur la compréhension du principe de l’égale considération des personnes » (Pierre Kahn, 2015).

 

Quelles formes peut prendre cet apprentissage ?

En premier, très concrètement, les élèves peuvent être sollicités pour mieux organiser leur vie collective au sein de l’établissement.
Des expériences pédagogiques dès les écoles maternelles et primaires, se développent en France depuis plusieurs années sous la forme de débats argumentés, « débats citoyens », discussions à visées démocratique et philosophique. C’est une approche pertinente pour encourager les jeunes élèves à confronter leurs idées et à adopter une distance critique face à des éléments de leur vie sociale, familiale, culturelle et citoyenne.

Cette approche mobilise souvent la lecture, la documentation, le questionnement et la discussion ou le dialogue.

Mais l’élément le plus important du dispositif est la mise en place d’une communauté de recherche qui favorise l’échange des idées et les interactions sociales. On considère que cette pédagogie initie l’élève à la pensée logique, lui fournissant des outils pour comprendre, examiner et juger plus objectivement.

Ce dispositif pédagogique a été précédé par nombre de méthodes actives qui placent l’élève au centre des processus d’apprentissages.
Voici plus de trente années, la « pédagogie d’éveil» a elle-même donné naissance à des démarches constructivistes, comme la démarche scientifique alliant créativité et rigueur. Peu à peu, l’enseignant « transmetteur de savoirs » a fait place au professeur accompagnant l’élève qui remanie ses opinions ou représentations, éminemment subjectives, vers des connaissances de plus en plus objectivées.

Le rôle de l’enseignant pédagogue n’est plus de transmettre les savoirs, mais de stimuler la pensée des élèves de façon à les amener vers la conceptualisation par transformation, catégorisation et reformulation à partir d’une pratique régulière de débats, traversant, autant que possible, les frontières des disciplines.

Ce type de débat, qui doit être régulé, est considéré comme une discussion sur une question controversée entre plusieurs élèves qui essayent de modifier les opinions ou les attitudes des uns et des autres, dans l’objectif idéalement de trouver une position commune, étayée par des arguments raisonnés. « Dans cette optique, le travail scolaire du débat régulé porte sur les modes de mise en jeu de sa propre position sous la forme d’un développement d’arguments et d’énoncés, sur la possibilité pour chacun d’intervenir librement; sur le respect de la parole des autres et sur son intégration  dans son propre discours » (Gagnon, 2010).

La pratique du débat fait appel à des capacités linguistiques (reformulation, concession, réfutation, intégration), cognitives (stratégies argumentatives, pensée critique, prise de position) et sociales (analyse du contexte de production et de réception du discours).

Le thème choisi se rapproche de ceux des débats actuels et des enjeux réels pour la société, ils se basent sur les capacités d’étonnement, d’interrogation et de doute des élèves.
Le questionnement (sur le monde physique, sur le monde social, sur soi et les autres)  amorce le processus de la pensée. « Le travail de l’élève à travers le questionnement, consiste donc à apprendre, à analyser, à essayer de comprendre et de mettre à jour les contradictions qui sont à l’œuvre dans une affirmation, ou une proposition » (Cazenave, 2008).

Mais il s’agit bien du questionnement de l’élève, de celui qui apprend. Et non plus du questionnement de ‘’l’enseignant’’ qui connait déjà la réponse, une réponse, et simule de ne pas savoir!

 Outre l’enjeu de construction de savoirs disciplinaires, il s’agit aussi d’éducation à la citoyenneté autour de deux approches complémentaires :

  • l’apprentissage du respect de soi et des autres, des responsabilités, de l’écoute et de la prise de parole
  • l’apprentissage dans des situations d’échange, de coopération et des principes démocratiques sur lesquels sont fondées les valeurs de la République.

Autant de compétences que le pédagogue devra veiller à consolider dans la durée, en lien avec le plus grand nombre de  disciplines et  de situations variées, pour favoriser l’apprentissage de compétences transversales et opérationnelles.

Ainsi, l’Ecole peut et doit  être celle de la citoyenneté, mais cela nécessite une autre conception de l’élève, acteur de ses apprentissages, et du professeur pédagogue, bâtisseur de situations pertinentes à cet effet. Accompagnateur vigilant de l’élève qui apprend.

Cela ne se fera pas sans une formation professionnelle clairement orientée dans le même sens, continue et participative.
 

 

Le 3 juin 2016 : Catastrophe "naturelle" ?

Elle a bon dos, la Nature !

Chacun sait bien que les aménagements humains ne prennent pas toujours en compte ce que nous savons des risques probables… Mais, l’urgence du moment, des intérêts trop souvent privés, nombre de déraisons… font que certains projets sont réalisés en dépit de l’intérêt collectif et des règles élémentaires de prudence !

L’école de l’eau est trop «écolo» ! Le «ciel» trop imprévisible ! Changer nos comportements peu attendre ! C’est la faute des autres ! Foin des rabats joie ! Les assurances paieront ! Demain sera meilleur... Etc.

Mais, que diront nos enfants, en fin de ce siècle, lorsque le niveau de l’océan aura monté ?
Les prévisions actuelles s’établissent autour de 2 mètres au moins…
Que diront-ils lorsque des villes entières seront les pieds dans l’eau et que des millions de personnes devront prendre le chemin de l’exode ?
Diront-ils que c’est « une catastrophe naturelle » ? Qu’elle n’était pas prévisible ?
S’en remettront-ils au ciel ? Ou bien accuseront-ils l’imprévoyance de leurs ainés ?

Quand et comment seront pris en compte nos savoirs établis collectivement ?
Ils nous permettent d’envisager des scénarios du futur. Des scénarios de la raison… Espérer encore !

Car, la nature avance avec ses propres dynamiques, et nos environnements construits, modelés, voire chamboulés… restent soumis à ses forces !
Des forces naturelles et des responsabilités humaines… ou inhumaines.

 

 

Le vendredi 22 avril 2016, au siège des Nations Unies de New-York, les chefs ou représentants de 175 Etats se sont réunis pour signer l’accord COP 21 de Paris.

Esperanza21 compte sur Elles et Eux pour que cette confirmation de promesses soit rétifiée officiellement d'ici un an. En effet, pour être adopté, "l'accord de Paris 2015" devra être ratifié par au moins 55 pays représentant au minimum 55% des émissions de gaz à effet de serre.

Quel sera l’effet de promesses qui ne sont pas contraignantes ?

Pour l’instant, la tendance dégagée à Paris entrainerait un réchauffement moyen de + 3° C.
Alors que de nombreuses régions souffrent déjà, c’est beaucoup trop disent les experts.

 

Le 10 avril 2016

Transition, transitions… Tous ensemble, soyons les jardiniers de l’avenir !

Beaucoup en parlent, au singulier ou au pluriel: transition(s) énergétique, écologique, citoyenne …
«Changer de système…» Beaucoup d’espoirs, de grands souhaits…Mais si on sait (et encore pas vraiment !) d’où on part, on ne sait pas très bien où on souhaite aller. Et encore moins comment y arriver…

Pourtant, nous savons au moins ce dont nous ne voulons plus :
- un monde où les inégalités entre les humains sont insupportables et ne cessent de s'aggraver.
- un monde où l’Homme utilise la biosphère et la planète entière de façon irresponsable : surexploitations, surconsommations, destructions…
- un monde de conflits, de violences, d’agressions...

Nous rêvons d'un «monde meilleur» qui aurait pour projet partagé de réduire sans cesse les inégalités, d'inventer une consommation responsable et respectueuse des biens communs, en pensant non seulement à la qualité de vie des êtres humains d’aujourd’hui , mais tout autant à celle des générations futures…
Et pas seulement pour l’espèce humaine, mais pour l’ensemble des espèces actuelles, macroscopiques et microscopiques, ainsi que pour celles qui apparaitront dans les temps futurs.

Nous rêvons d’un « monde meilleur » qui éviterait de manière drastique pollutions et violences, laissant toute sa place à l’épanouissement de la diversité du vivant…

La concrétisation de ce qui n’est encore qu’une idée du monde de demain nécessite donc une transition entre nos modes de vie actuels et ceux qui seront appelés à les remplacer. Cette transition est voulue non violente, issue de la réflexion citoyenne. De nombreux mouvements, ainsi que des institutions ont entamé cette réflexion et s’organisent pour rassembler des propositions éparses, les discuter et les construire ensemble. De nombreux projets et réalisations sont en cours. C’est assurément une première étape de «transition».
Beaucoup pensent que celle-ci va se faire en marchant. D’ailleurs, comment l’anticiper ou la planifier d’avance ?

Si nous ne savons pas vraiment de quoi « la transition » sera faite, ni combien de temps elle prendra, nous pouvons d'ores et déjà identifier quelques domaines sur lesquels elle portera.

La transition appelle de notre part une évolution culturelle : imaginer et mettre en oeuvre de nouvelles relations au sein des sociétés humaines, mais aussi avec l’ensemble du Vivant et la planète elle-même. Elle sera le fruit d’une nouvelle valorisation de la qualité de vie, et tout spécifiquement de la santé: bonne santé des individus, des populations, des écosystèmes, de la biosphère dans son ensemble, comme la définit dorénavant l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé).
Cette synergie est rompue aujourd’hui!

Cette définition met en évidence qu’être en « bonne santé » est bien plus que « ne pas être malade ».
La Santé est une question d’équilibre entre les dimensions individuelles, collectives et environnementales. C’est l’objectif premier! Il n’y a pas que l’individu qui puisse «aller mal» : biodiversités appauvries; air, eau et sols pollués; rivières et océans-poubelles; forêts massacrées; espèces condamnées; territoires et cultures colonisées…

Il ne s'agit pas seulement de dégâts collatéraux dus à nos modes de vie et notamment à notre système de production, il s'agit aussi d'atteintes graves aux droits universels et indivisibles dont nous nous sommes pourtant dotés législativement.
La course aux profits générés par l’économie capitaliste dérégulée a montré qu’elle n’est pas en mesure de gérer sagement et équitablement les potentialités de notre planète, considérées comme des «ressources» à disposition du pouvoir inhumain de quelques-uns.

« Les Hommes naissent libres et égaux en droits», le premier des droits fondamentaux est bafoué sur les plans sociaux et économiques avec l’aggravation des inégalités. Le droit à la santé requiert aussi, et entre autres, des environnements sains donc une bonne qualité de l'eau, de l'air et de la nourriture, ainsi que des sols vivaces et une riche biodiversité, alors que leurs appauvrissements sont actuellement alarmants.

Esperanza 21 est convaincue que les vrais progrès d'avenir sont d’ordre culturel...
Ce ne sont pas les plus faciles, ni les plus rapides à réaliser. Ils exigent une information factuelle, argumentée et transparente. Ils dépendent des éducations familiales, collectives, scientifiques, philosophiques et sociétales…
Avec la société civile, les citoyens engagés doivent construire une société civique, éclairée, active et réactive.

Esperanza 21 continuera à prendre part à cet immense effort d'information et d’éducation, magnifique enjeu pour l'humanité toute entière, pour le bien être de tous.
Homo sapiens sapiens (savant et sage) reste un projet, un but à atteindre sans plus tarder …

Ensemble, semons les graines de l’avenir :
> graines d’humilité : Homo sapiens acceptant enfin ses origines, fruit de l’évolution, parmi tant d’autres. Nous sommes donc redevables des biodiversités qui se sont succédées depuis des millions d’années. Notre dette s’effacera si nous cessons de les éroder et si nous préservons les chaines de l’évolution ;

> graines de solidarité: tous différents mais tous humains, nos destins sont liés non seulement à l’ensemble de l’humanité mais également à l’ensemble du Vivant ;

> graines de créativité: nous serons bientôt 9 milliards, cette situation est nouvelle ne s'est jamais produite encore. Elle nous invite à de nouvelles façons de vivre, produire, consommer qui soient équitables dans le temps présent et le demeurent pour les générations à venir ;

> graines de qualités que nous portons déjà, mais qui ont été mises au service d’un modèle capitaliste qui s’est de plus en plus écarté du respect des droits de chacun, jusqu’à les nier ;

> graines d’espoir, car nos savoirs cumulés et partagés sont les pièces d’un immense puzzle que nous devons reconstituer, restructurer dans une nouvelle organisation des valeurs et des priorités.

C’est à ce grand projet qu’Esperanza 21 nous invite… Tous jardiniers de l’avenir !
Il ne suffit pas de le croire, d'en applaudir l’idée…
Debout! Les jardins nous attendent, le printemps est là… Ne le ratons pas!

 

   "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait !" Marc Twain
 

Le 27 mars 2016

Croire ? Savoir ? ou croire savoir ? Du doute à la tolérance…

 

Dans  Savoir et croire : vers une pédagogie de la laïcité ? 

Philippe Meirieu, aborde un sujet d'actualité, délicat. Il le fait à sa façon, toujours aussi directe, émaillée d'arguments concrets, clairement exprimée et plutôt courageuse.

Esperanza 21 a savouré la lecture de ce texte et tient particulièrement à souligner les idées fortes qu'elle partage.
« C'est l'œuvre de toute une vie de tenter de séparer totalement « croire » et « savoir » ! »

L’auteur s'appuie sur une enquête du CNRS et de l’Institut d’Etudes politiques de Grenoble sous la direction de Sébastian Roché. Il en ressort une emprise du « religieux » sur les jeunes, la prégnance de représentations issues de traditions religieuses et contraires aux principes républicains, la confusion entre le registre de la foi et celui du savoir.

Puis, il cite les recherches actuelles de Jérôme Fatet et Romuald Josserand concernant des mineurs en prison, imprégnés de culture religieuse musulmane pour certains, ou  catholique pour d'autres. Mais ils ont en commun la même  tentation de l'intégrisme si rassurant par ses certitudes et ses effets identitaires.

Ces constats concordants nous alertent tous.
La ministre de l’Éducation nationale réaffirme «L’école doit  rappeler que la laïcité garantit aux jeunes la liberté de croire, ou de ne pas croire, en étant assurés d’être traités de manière égale ».

D'accord, mais comment doit-elle faire ?
Philippe Meirieu décrit le protocole conçu et imaginé par Jérôme Fatet et Romuald Josserand, qui a pour objectif l'apprentissage par leurs élèves, en prison, de la distinction fondatrice entre le « savoir » et le « croire ».

Ils montrent par là même que la démarche scientifique, rigoureuse et différenciée, est à la fois libératrice et constructive pour ces élèves privés de liberté. Et pourtant, ‘’Dieu’’ finit toujours par s'inviter...

Comment permettre à ces jeunes gens d'accéder à la distinction fondamentale entre la pensée scientifique et la pensée religieuse ?
La pensée religieuse relève de la sphère privée, elle propose des réponses aux « Pourquoi ? » et ne nécessite pas, voire ne permet pas, d'être interrogée.

En revanche, toutes les sciences nous amènent à échanger et partager des hypothèses, expérimentations, conclusions, théories en vue de répondre à la question « Comment ? ».

La pensée scientifique engendre des ‘’savoirs’’, certes stabilisés pour un temps, mais toujours provisoires. C'est cela qui permet aux sciences de construire de nouveaux  savoirs et concepts qui peuvent conduire à redéfinir les conditions de validité de savoirs antérieurs. Pourtant, ils auraient pu passer pour définitifs, voire être tenus pour ‘’la vérité’’ !
La démarche scientifique permet d’améliorer la connaissance du réel, grâce à la fécondité du doute : ce que nous savons aujourd’hui au regard des observations et faits connus, sera probablement réinterrogé demain en fonction de nouveaux concepts ou de nouveaux outils.

De même, le sujet qui apprend avance sur un chemin qui le conduit de modèles explicatifs, de représentations mentales basées sur des observations -souvent trop vite généralisées- vers des modèles successivement rectifiés, affinés, précisés... Ces représentations de moins en moins fausses, de plus en plus justes, sont de plus en plus proches de la ‘’réalité’’.

Cela nous demande d’accepter que nos « savoirs » ne sont jamais totalement exempts de croyances … et vice et versa.

C'est l'œuvre de toute une vie de tenter de séparer totalement « croire » et « savoir ». Cette quête est essentielle, mais sans fin.
Elle est nécessaire à la liberté de penser et la meilleure garante de la tolérance des uns envers les autres. Donc de la laïcité.

 

Mardi 8 mars 2016 : Questions au gouvernement à l’Assemblée nationale
                                                http://videos.assemblee-nationale.fr/video.3713895_56ded90478555.1ere-se...

Monsieur Christophe Priou, député de Loire Atlantique, interroge le gouvernement sur le projet d’amendement, « précipitamment retiré », qui pourrait permettre de déroger au principe pollueur- payeur.

Madame Barbara Pompili, Secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, répond que ‘’le principe pollueur- payeur’’ n’est pas en danger.
Elle annonce un nouveau droit, à voter : « le préjudice écologique » qui imposerait aux pollueurs de « réparer ou compenser des dommages qu’ils ont fait subir à l’environnement ».

Pas un mot pour souligner que polluer est inadmissible!
Ainsi, l’argent permettrait de ‘’réparer’’- ce qui n’est évidemment pas possible !-  ou bien de ‘’compenser’’…
 

Au risque de nous répéter : Polluer n’est pas acceptable ! C’est notre santé qui est en jeu !
Nous avons le droit de vivre dans des écosystèmes sains.
De respirer un air sain, de boire une eau potable, de manger une nourriture saine, équilibrée et suffisante.

En second, aucun quitus ne peut être donné aux pollueurs !
La dynamique d’un écosystème, son équilibre, son histoire ne se réparent pas…

 

Même en cas d’accident, même en dépit des autorisations, alors même que toutes les précautions ont été prises, la remise en état du territoire endommagé doit être la plus complète possible.
 

Quant au délit, il doit être sanctionné par une amende, avec réparation dans la mesure du possible.
Aucune compensation ne peut dédouaner un pollueur !
 

Le gouvernement s’attaquerait au préjudice écologique !

L’inscription du préjudice écologique dans le code civil devait être l’une des avancées majeures du projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, qui, après son adoption en première lecture par l’Assemblée nationale, en mars 2015, puis par le Sénat, en janvier 2016, reviendra devant les députés, en deuxième lecture, à partir du 15 mars. Préalablement à cet examen en séance publique, le texte doit être débattu, à compter de mardi 1er mars, en commission du développement durable de l’Assemblée nationale.

 Le texte issu des travaux du Sénat introduisait dans le code civil le fait que « toute personne qui cause un dommage grave et durable à l’environnement est tenue de le réparer ». Il précisait que cette réparation «s’effectue prioritairement en nature », c’est-à-dire par une restauration aux frais de celui qui l’a dégradé. Ou, si cette remise en état est impossible, par « une compensation financière versée à l’Etat ou à un organisme désigné par lui et affectée (…) à la protection de l’environnement ». (Le Monde du 29 février 2016)

 « Régression incompréhensible »
L
e gouvernement proposerait: « n’est pas réparable, sur le fondement du présent titre, le préjudice résultant d’une atteinte autorisée par les lois, règlements et engagements internationaux de la France ou par un titre délivré pour leur application ».
En clair, au motif qu’ils résulteraient d’activités autorisées, les dégâts causés à l’environnement, par exemple par un accident industriel, n’appelleraient pas de réparation !
Et les responsables des dommages seraient dispensés d’en supporter le coût !!!

Cet amendement n’est pas acceptable ! C’est notre santé qui est en jeu !

En premier, parce que nous avons le droit de vivre dans des écosystèmes sains.
De respirer un air sain, de boire une eau potable, de manger une nourriture saine, équilibrée et suffisante.

En second, aucun quitus ne peut être donné aux pollueurs !
La dynamique d’un écosystème, son équilibre, son histoire ne se réparent pas…
En cas d’accident en dépit des autorisations - c'est-à-dire lorsque toutes les précautions ont été prises - la remise en état du territoire affecté doit être la plus complète possible.
Quant au délit, il doit être sanctionné par une amende.

Aucune compensation financière ne peut dédouaner le pollueur !
Qui sont les victimes ? Qui serait le bénéficiaire de la compensation? Au regard de quels dommages ? Sur quelle durée ?

 

La vie ne se marchande pas !
En effet, la biodiversité d’aujourd’hui est le fruit d’une très longue histoire. Elle est l’expression de nombreuses et lentes  coévolutions.
Aucun homme, aucune entreprise ne peut s’arroger le droit d’y porter atteinte.

La Doctrine ministérielle "Eviter, réduire et compenser" en date du 10 juillet 2012 édicte qu’en premier, il faut éviter toutes nuisances, et à défaut, les réduire drastiquement.
La compensation signe l'échec ou la négligence, volontaire ou non, des deux premières étapes.
 

Toute activité étant génératrice de pollution, elle doit prendre en compte l’intérêt général et se soumettre aux normes collectivement établies. Ce principe n’entrave pas les activités humaines, il impose de les contenir dans des limites socialement acceptables. De manière responsable.

La loi défend l’intérêt commun, elle ne peut préserver les fautifs !
Ou alors, le chaos s’installerait ! Avec tous les débordements prédictibles…


 

Le 25 février 2016 : Le temps est venu de changer…

Après la lecture de l’entretien avec Edgar Morin « Le temps est venu de changer de civilisation», Esperanza 21, confortée par la proximité de ce texte avec sa propre réflexion, tente ici de les faire s'entrecroiser et peut être, se répondre...

Attentats à Paris, chômage toujours élevé… la société est en mauvaise santé.

Pas seulement en France! L'humanité elle même est en crise, une «triple crise planétaire»: crise de civilisation, de société, d'économie. Au lieu de se solidariser, l'humanité se morcelle, la peur de l'étranger s'hypertrophie dans une angoisse planétaire et l'absence d'espérance dans un avenir lui-même incertain.

En occident, cette absence d'espérance à la fois individuelle et collective se développe sur fond de monde marchand, capitaliste, consumériste et ultra technologique. Ce monde là génère une forme de barbarie, celle du chiffre, du toujours plus compétitif, qui a pour corollaire des comportements de plus en plus inhumains, autant dire, barbares...
Tout se passe comme si la progression de nos savoirs et savoir faire, de plus en plus pointus, et de moins en moins transdisciplinaires, nous conduisaient à refuser la complexité de la réalité de notre monde. Comme le rappelle l'étymologie du mot «complexus», dans le monde où nous vivons, tout est tissé, entrelacé, lié.

Cela devrait nous inciter à cultiver fraternité et solidarité, l'humanisme étant la muraille la plus efficace contre la barbarie. Or se découvre, notamment en France, une véritable psychose anti-migrants, alors que dans d'autres pays européens aujourd'hui, et en France même, dans son histoire, des vagues importantes d'immigration ont été accueillies et leur intégration réussie...

Que s'est il passé depuis?
Certaines causes sont inhérentes à l'échec de l'Europe dont le système économique a été pourri par la financiarisation exacerbée, la spéculation éhontée, les multinationales agressives. Ce pourrissement a gagné le social, le culturel et le politique. Au lieu d'aider les citoyens à vaincre leurs peurs, l'Europe passe à leurs yeux pour responsable de l'immigration en ayant affaibli l'indépendance nationale.

Mais d'autres causes nous sont propres: le délitement de nos partis politiques républicains, en l'absence de naissance de nouvelles forces, fait se tourner toute une partie de la population vers le Front national dont la rhétorique populiste séduit. Parmi les jeunes générations, un nombre non négligeable d'entre eux a rejoint les groupes terroristes, probablement par idéal d'une moralisation religieuse extrémiste.

Pourtant, il faut aussi souligner l'émergence, ici et là, d'initiatives conviviales visant à assainir et ré-humaniser les rapports humains, revivifier les responsabilités individuelles et de groupes, réincarner la citoyenneté et ranimer la démocratie collective.
Prometteuses, elles butteront contre un obstacle aussi invisible qu'implacable, fait du conglomérat de nos visions du monde, consensuelles ou pas, mais que nous ne questionnons plus.

Nous devons modifier notre représentation mentale de la planète: sa finitude est incontestable.
Elle remet en cause notre manière de la surexploiter, bien sûr, mais aussi de l'exploiter. En retirer de quoi satisfaire nos besoins vitaux, seulement et juste confortablement.

Nous devons prendre conscience des échelles de temps : celui de la planète et celui des conséquences des activités humaines sur elle.
Nous devons nous émanciper du besoin de "voir pour croire" qui produit de simples croyances et prive de toute curiosité et à fortiori, de regards et de recherche scientifiques à l'égard de ce qui ne se voit pas.

Notre vie est liée à la diversité biologique, à la santé des écosystèmes. Le monde des microorganismes, si peu étudié encore, se limite pour beaucoup aux microorganismes utiles ou nuisibles à notre santé et à notre alimentation.

Un autre obstacle est notre propension à raisonner en " tout ou rien". Est-ce lié à un déficit de cadre scientifique lors de l'élaboration de nouveaux savoirs ? A un défaut d’éducation, d’information, de politique, de démocratie ?
Une "solution" n'en est une qu'en présence de conditions décrites, quantifiées et éprouvées. Or, nous raisonnons en "tout voiture", "tout pétrole"... et quand nous développons une solution alternative, immédiatement, nous la considérons comme "la" solution. Nous la généralisons abusivement, avec nombre d'échecs pourtant prévisibles.
En résumé, nous ne savons penser ni la diversité, ni la complexité...

Il est urgent que nous élaborions une nouvelle façon de penser le passé, le présent et le futur.
Pour cela, les éducations sont convoquées dans leurs diversités, pour offrir une culture de l'ouverture, du dialogue, de la coopération, de la coélaboration...
Elles devront permettre à tous, et tout au long de la vie, d'affronter les problèmes fondamentaux qui se présenteront, assurément différents de ceux que nous avons connus.

La recherche de solutions nouvelles devra absolument respecter les valeurs humanistes inscrites dans notre constitution. Il serait souhaitable que cette dernière, fondée sur la déclaration des droits de l'Homme, et enrichie de la charte de l'environnement, se dote de lois pénales pour que les atteintes à nos biens communs soient susceptibles d'être réprimées, car criminelles.

La recherche de solutions nouvelles devra absolument être le fruit, l’aboutissement de réflexions et de concertations collectives. Nous devons en organiser les modalités démocratiques.

La recherche de solutions nouvelles implique un nouvel horizon d’espoirs, d’objectifs de partage, de solidarité et d’empathie.

Le temps est venu de changer concepts et objectifs pour repenser le monde.
 

Le 25 février 2016

Esperanza21 sème une première "Graine d'espoir", début d'une série qui explorera quelques contradictions, paradoxes, voire indignités...
Autant de défis à relever pour réaliser des développements responsables.
A suivre... et à faire connaître avec générosité.

smiley Merci de diffuser à vos réseaux amicaux smiley
 

Le 22 février 2016,

Nos amis les microorganismes, grands oubliés de la biodiversité !

Chacun sait qu’ils sont les plus nombreux, qu’ils représentent la plus grande diversité, la plus grande biomasse… Qu’ils sont les plus anciennes formes organisées du vivant. Qu’ils se reproduisent très rapidement, au rythme de plusieurs générations par jour, pour certains…

Qui sont-ils ? Quelle place tiennent-ils dans le grand système du Vivant ? Comment évoluent-ils ?
Nous les connaissons si mal !

Et pourtant, ils font notre pain, notre vin, nos fromages…
Ils recyclent nos déchets. Ils sont la vie de nos sols.
Sans eux, pas de digestion !
Grace à eux, nous pouvons assimiler l’oxygène et notre nourriture…
car, ils sont en nous, participant, collaborant au travail de nos cellules.

 

Nous ne leur accordons que l’image négative de « microbes ».
Eh oui, il arrive que certains d’entre eux, pathogènes, altèrent notre santé !
Le plus souvent, lorsque nous avons rompu les équilibres des écosystèmes en les surexploitant, en les détruisant, en les polluant !!!

 

La journée technique « Les sols en ville* », organisée par le lycée Fénelon du paysage et de l’environnement (Vaujours (93 410), a souligné l’importance des microorganismes du sol. Arthropodes, algues, champignons, bactéries… Ils sont des agents essentiels de la fertilité des terres.

Et pourtant, nous aurions souhaité qu’ils soient encore plus au centre des débats.

Les sols en ville, lorsqu’ils ne sont par recouverts, artificialisés, perforés, bétonnés, urbanisés, sont le lieu de trop rares espaces verts, quels qu’ils soient, du pot de fleurs ou parc urbain.

Pas seulement !
Demain, utilisés pour une horticulture de complément ? Espérons-le !
Veillons surtout à ce que l’étalement urbain soit maitrisé pour préserver terres agricoles et forêts. Qu’une agriculture maraichère « urbaine » rende les villes plus autonomes en alimentation de proximité. Que les périmètres de captage d’eau soient préservés par des écosystèmes sains et dynamiques…

Plus qu’une question de paysages, en ville, les sols constituent un réel enjeu de santé.

Enjeu de santé ? Mais qui se préoccupe de la diversité des microorganismes en ville ?
A Paris, ils représentent le poids de plusieurs Tour Eiffel ! Fort heureusement car ils nettoient et recyclent, silencieusement et gracieusement, une bonne part de nos déchets.
Mais, ce ne sont pas les « naturalistes » qui étudient les microorganismes… Ce sont les médecins, les biologistes, les épidémiologues… Et encore si peu !

Dans certaines villes tropicales, l’enjeu est maintenant identifié.
Les épidémies virales sont mises en relation avec les destructions des environnements écologiques : destruction des forêts, systèmes hydrologiques bouleversés, monocultures sous chimiothérapies…

Les monocultures assistées par engrais et pesticides conduisent à des catastrophes dont nous ne pouvons même pas imaginer la gravité potentielle**. Il est temps de rendre vie à nos sols, en nous alliant avec la diversité des microorganismes.

Espérons que les promoteurs de « l’agriculture urbaine (si mal nommée !) », du verdissement des terrasses et des façades, des jardins urbains… prennent les meilleurs conseils auprès d’agronomes responsables !

 

Mais, comment observer et connaitre la vie des microorganismes ? Leurs fonctions dans le métabolisme de la ville ? Comment en mesurer les enjeux ?

Ne pas répondre à ces questions, serait s’exposer à des risques sanitaires majeurs, pourtant prévisibles…

 

* Des comptes-rendus seront prochainement disponibles sur le site www.fenelon.fr
** Cf. deux témoignages de Claude Bourguignon  https://www.youtube.com/watch?v=DVhkQgdCCvg

 

Des sciences au chevet des sols http://www.universcience.tv/video-la-science-au-chevet-des-sols-5951.html
7 min, 2013
Le sol héberge le plus grand réservoir de biodiversité de la planète. Collemboles, micro-arthropodes, bactéries et champignons participent à la dégradation de la matière organique en matière minérale essentielle pour nourrir les plantes. Ce que l'agriculture intensive pratiquée depuis des décennies a ignoré... Le Laboratoire d'analyses microbiologiques des sols de Lydia et Claude Bourguignon, ainsi que le Genosol de l'Inra à Dijon concourent aujourd'hui à une prise de conscience de l'importance des sols et du nécessaire changement des pratiques culturales.

 

  • 29 janvier 2016,

A l'invitation d'amis du Foyer rural de Montmélian (73), nous nous lançons dans une conférence-débat, de deux heures, pour tricoter quelques idées sur les grands enjeux actuels : réchauffement climatique, érosion des biodiversités, inégalités sociales scandaleuses, injustices de tous bords...

Autant de questions de santé, de développements, de sociétés, de droits, de convivialités...
Tant de questions de cultures et d'humanité.
Vastes sujets !         

A l'aurore de nos vies, nous avions besoin de parler... parler encore !
Dire quelques balises fermement ancrées dans l'océan de nos ignorances, quelques îles où reposer nos errances...
Dire ce que des contraintes institutionnelles  étouffent, directement ou non...

 

La pédagogie, métier si mal connu et si mal reconnu, oblige à détricoter et retricoter  savoirs et concepts...
Sa vertu première: l'écoute. Son inspiration: les sciences. Son modèle: la recherche. Son exigence: le questionnement.

Sa bête noire: ‘’La Vérité’’… Ses désespoirs : cloisonnements et enfermements !
Son espoir : la liberté.

Et voilà que quelques rencontres réveillent nos "pensées les plus audacieuses": l'histoire des hominidés à l'Institut d'Anthropologie humaine, l'hommage à l'écologue Robert Barbault, les lectures de Gilles Boeuf, Pascal Picq, Yves Paccalet, Philippe Descola, Jean-Claude Ameisen et quelques autres… qui ont filé la  laine, qui ont organisé mailles et rangs de nos pensées vagabondes. Pensées mises à l'épreuve du quotidien, des voyages, des rencontres humaines, des comportements inhumains...des joies et des peines... des révoltes et de l'espoir, toujours.

Et voilà que s'ouvre l'horizon de la COP21 avec ses multiples colloques et débats : dérèglements et réchauffement du climat, enjeux et défis majeurs qui ne peuvent être pensés et repensés seuls ! L'érosion de nos biodiversités, les injustices insupportables de la pauvreté, de la faim, de la soif, des maladies, des ignorances, des isolements, des guerres...
Autant de questions, autant de défis de santé, d'équité, de solidarités, d'humanité...
Autant de défis pédagogiques…

Apprendre...
Apprendre des autres, apprendre avec les autres, apprendre pour les autres...
Et, apprendre pour soi, ses amis, ses proches...
Penser avec et pour les autres…

Apprendre et penser l'Humanité...
Ce qu'il faut d'utopie !

Ce qu'il faut d'utopies pour espérer, pour espérer un monde meilleur, un monde de liberté, d'équité, de solidarités... Un monde responsable.

Beaucoup pensent que c'est impossible, ensemble ils le feront ! Esperanza21

 

Le 13 janvier 2016 : Sur les épaules de Darwin : La sculpture du vivant

« Mieux vaut tard que jamais ! » Le dicton permettra-t-il d’atténuer le regret de n’avoir pu lire qu’en 2016 cette admirable et fondamentale œuvre de Jean-Claude Ameisen ?

La sculpture du vivant, éditée par Le Seuil en 1999, propose une synthèse lumineuse des recherches qui ont conduit au concept d’apoptose. Un double lien entre vie et mort, entre vivant et environnements.

Dans une écriture agréable et imagée,  JC Ameisen explique très clairement, en analysant en priorité les processus  des niveaux moléculaire et cellulaire, la dialectique entre la vie, l’évolution de la vie et la « nécessaire » autodestruction d’une partie des cellules.

L’évolution du vivant se construit en permanence, à chaque instant, à partir de la mémoire et de l’expression génétiques, des gènes aux protéines, par une double dynamique d’élaboration et de destruction cellulaires. Des  équilibres dynamiques autoprogrammés mais conditionnés par les relations avec leurs environnements.

 

Les environnements, car ils sont fondés sur des relations entre molécules, cellules, organes… entre individus et collectivités. Ils sont également relations à l’ensemble du vivant, donc aux Autres.

C’est une permanente communication systémique, écologique, mais aussi émotionnelle et socioculturelle. Même les bactéries forment sociétés…

 

Voilà qui est fondamental !
Darwin a expliqué le processus de la sélection naturelle, à laquelle participe la sélection sexuelle.
JC Ameisen révèle une autre modalité, un autre niveau de régulation : les communications avec les environnements, dès le niveau moléculaire. Autrement dit, c’est une conjonction de relations, compétitions, coopérations ou associations, qui fait « évolution », qui conduit et oriente l’évolution du vivant.

 

Voilà qui donne à réfléchir sur la prédation qu’Homo sapiens a instaurée avec l’évolution naturelle, sur la destruction en cours des biodiversités.

Voilà qui donne à réfléchir sur notre organisation culturelle, si peu efficace que des théories, des champs de savoirs comme l’évolution, la communication, la systémique… mettent tant de temps à atteindre une large audience, la majorité des citoyens.
A l’instar de la tectonique des plaques (60 ans), de la place de la Terre dans l’univers (combien de siècles ?), de la place de l’Homme dans le vivant (encore à repenser !)…

 

Aujourd’hui, alors que l’urgence est chaque jour plus forte, au point d’en devenir dramatique, comment prenons-nous en compte les enjeux, structurellement liés, du réchauffement climatique, de la destruction des biodiversités, des injustices sociales, du pillage des « ressources » terrestres ?

Nous continuons à regarder ailleurs…
A nous préoccuper de croissance financière, quand ce n’est de la grasse rémunération de quelques actionnaires ou de la tranquillité d’avides spéculateurs !!!

 

Voilà qui remet sur le chantier les questions de nos modes d’information et de nos stratégies d’éducation.
Comment rendre efficient le lien entre la recherche, les connaissances qu’elle génère, et l’accompagnement des apprentissages de nos enfants et de nos jeunes ? Mais également, comment organiser notre coéducation de citoyens ? Comment améliorer nos démocraties ?

 

Jean-Claude Ameisen nous invite in fine à sculpter différemment nos sociétés.
Il nous invite à repenser notre vivre ensemble, entre nous et avec la totalité du vivant.
Merci à lui, d’ouvrir et d’argumenter, avec tant de talent, des voies si essentielles pour aujourd’hui et demain !

 

Dans « Les battements du temps », il dit :

« Apprendre, c’est devenir autre.
Et, à mesure que nous apprenons, tout au long de notre vie, nous devenons autre…

Avant d’être nés à nous-mêmes, nous sommes nés des autres, et nés aux autres.
Et les autres sont une partie de nous…

Peut-être qu’en essayant d’en apprendre plus sur eux, nous en apprenons davantage sur nous que sur eux.

… Cette ignorance féconde a remplacé ce qui apparaissait comme une certitude, comme une évidence qu’il était inutile, voire absurde de questionner…

Mais cette ignorance est une ignorance récente, riche de questionnements, de recherches à venir, et de réponses encore imprévisibles. »

Il cite Ben Okri in Une manière d’être libre : « Lorsque nous aurons appris ce qu’être humain, nous saurons ce que signifie être libre, et nous saurons que la liberté est réellement le commencement de notre avenir commun. »

Bons vents de fin d'année ! smiley
 

Cher Père Noël,
Tes livraisons terminées, pourrais-tu donner un coup de pouce à Esperanza21 ?
Métisse belle et rebelle, blonde crépue, passionnée de cuisines et de cultures du monde.

Recherche compagnes ou compagnons de PAX pour réinventer et ré-enchanter le Monde.
Complicité, voire plus, si affinités solidaires…

Citoyenneté responsable et bonne moralité exigées. 
Espoir des plus  beaux enfants dont le Monde a tant besoin…

 

Son adresse : Contact@esperanza21.org

smiley Bons vents de fin d'année ! smiley
 « Contact@esperanza21.org »

 

Le 18 décembre 2015 Un accord à Paris 2015 ? Oui, mais comment ?

A l'heure des décryptages, plusieurs associations citoyennes se sont déjà exprimées.
Il est difficile de les relayer toutes, cependant, des convergences apparaissent.

En premier, l’accord n’est pas signé. Pas encore !
Les ‘’signatures’’, ‘’approbations’’ ou ‘’acceptations’’ de chacun des 195 Etats, se feront (ou pas) entre le 22 avril 2016 et le 21 avril 2017. A cet égard, il est particulièrement important d’observer le positionnement des USA !

Puisque le texte ne fixe pas de contrainte juridique avec des indicateurs vérifiables accompagnés des modalités d’évaluation et de sanctions éventuelles. S’il devient réellement un « accord international », quel sera son degré de contrainte politique ?

Le ‘’consensus’’ du 12 décembre (au mieux consensus, car il peut rester au stade des ‘’promesses’’…) est perçu comme une avancée importante vers une possibilité de contenir le réchauffement climatique en dessous de +2°C, voire de 1.5 °C, en moyenne et à l’horizon 2 100 (400 ou 350 ppm de CO2 atmosphérique).

Mais, le compte n’y est pas encore car les propositions des Etats (INDC) conduisent pour l’instant à une augmentation de + 3°C. Ce qui est considéré comme un niveau bien trop élevé par les experts du Giec. Des associations parlent de « crime climatique ».

Pour l’Europe, les charges des engagements  communément exprimés doivent encore être réparties entre les pays membres. Des négociations qui ne manqueront pas de piments… et d’enseignements !

 

La notion de « justice climatique » a été largement débattue sans qu’elle soit traduite concrètement dans le texte. Les pays en voie de développement, en particulier ceux de l’hémisphère Sud, ont pourtant revendiqué une reconnaissance forte du fait qu’ils subissent déjà les conséquences des dérèglements climatiques, alors qu’ils ne participent que très peu aux émissions de gaz à effet de serre (GES).
 

A Copenhague, en 2009, une compensation de 100 milliards de $ par an a été décidée, à partir de 2020.
Mais le financement de cette aumône n’est même pas assuré ! Alors que l'extraction des énergies fossiles est subventionnée par 650 milliards de dollards, chaque année ! Le PIB mondial annuel est de l’ordre de 80 000 milliards… (1% = 800 milliards soit la seule capitalisation boursière d’Apple !

Par ailleurs, la Banque mondiale estime le coût du réchauffement climatique à  4 000 milliards de $/an ! Il faudrait en investir seulement 1% (40) pour doper de manière efficace la transition énergétique…

Mais, ceux qui paient les pots cassés, ne sont pas ceux qui pourraient investir ! Et, investir aujourd’hui pour des effets dans 15 ou 20 ans n’a pas sa place dans le système capitaliste.

Quelle seront les attitudes des banques ? Pourtant, le signal est clair en faveur des énergies renouvelables, et contre la combustion du charbon. Il faudrait laisser 80% du stock connu dans le sol, 50% du gaz et du pétrole.

 

A ce propos, il serait souhaitable d’affiner les grilles de lecture des émissions GES, habituellement comptabilisées par pays. Déjà apparaissent des analyses qui prennent en compte la consommation des biens et non seulement leur production. La visibilité des responsabilités en est bouleversée.
Mais, dans un pays, le niveau d’émission est fort différent par personne, par classe sociale ou par entreprise… Les moyennes révèlent mal les réalités lorsqu’elles ne sont pas accompagnées des écarts ! L’association Oxfam propose une analyse éclairante. Savoir qui pollue, devrait permettre de mieux cerner les solutions, voire les alternatives…

 

Les peuples autochtones, très représentés à la COP 21, ajoutent, à juste titre, les conséquences souvent désastreuses de l’exploitation des ressources de leurs territoires. Que ce soit la biodiversité, l’eau, les hydrocarbures, les minéraux ou les terres… Non seulement c’est leur santé qui est menacée, mais également leurs cultures, souvent en dépit des droits de l’Homme et des Conventions nationales !
Qu’en est-il sur le territoire français ? Et en Europe ?

 

Esperanza21 essaie de tisser les relations entre les différents enjeux.
C'est probablement l'acquis principal de cette COP 21 Paris 2015 : le climat doit être mis en lien avec les autres enjeux majeurs, ceux des 17 ODD de l'ONU.

Cependant, il en est un qui n’est pas suffisamment pris en compte : celui des éducations !
Nous pourrions dire de « l’information », depuis la fabrique des connaissances par la recherche jusqu’aux dispositifs d’éducation. En soulignant le rôle majeur que jouent les médias.

A noter que les institutions de recherche françaises ont beaucoup communiqué avant et pendant la COP. Voir notre page « Agir avec Esperanza21 ». Sciences écologiques et anthropologiques se mobilisent et communiquent pour mieux cerner enjeux et problèmes.
 

Pour conclure, observons que toutes les associations s’accordent à dire que les mobilisations citoyennes doivent, non seulement se poursuivre, mais s’intensifier.

L’enjeu est la qualité de notre vie, à commencer par celle de notre santé.

L'enjeu est le « bien vivre » de l'humanité et sa pérennité.

 

Le 13 décembre Un consensus vers des développements responsables ?

Un consensus qui, en fin de journée, hier, 12 décembre 2015, a illuminé de sourires les négociateurs réunis au Bourget.
Ne boudons pas leurs joies !

« Nous étions au bord du gouffre, nous avons fait un pas en avant ! »

Probablement dans la bonne direction, et c’est très important, mais le chemin est encore très long des « bonnes intentions » à leur concrétisation vers des énergies renouvelables et non fossiles.

Un consensus, car l’accord doit encore être « signé », « adopté » ou « accepté » par chacun des 195 Etats ou gouvernements, entre avril 2016 et avril 2017. Il n'entrera en vigueur qu'après sa ratification par au moins 55 signataires représentant au moins 55 % des émissions totales.

 

Mais, les idées évoluent. C’est assurément l’acquis le plus important de cette COP 21 – Paris 2015.
Greenpeace en dresse un premier bilan en demi-teinte :
http://energie-climat.greenpeace.fr/lavenir-en-demi-teinte?utm_source=ca...

Observons également comment cet «accord historique» sera traduit dans les actes par notre Education nationale. Et les associations mobilisées dans les éducations et l’information citoyennes.

Car, les conceptions (à défaut de concepts !) doivent également évoluer.

Ainsi, il est nécessaire d’interroger la ‘’durabilité du développement’’ et le champ de ‘’l’environnement’’, autant social et humain que ‘’naturel’’. (voir : http://esperanza21.org/concepts).

Esperanza21 propose l’objectif de ‘’développements responsables »**.
En effet, aucun développement n’est universel, ni durable ! Au contraire, tout développement mérite d’être analysé dans son périmètre, ses aspects positifs et ses revers, sa durée, son contexte de réalisation…

Etant confrontés au réchauffement climatique, nous devrions prendre conscience que ce qui était « développement » hier et ici, peut devenir nuisance aujourd’hui et ailleurs ! L’Histoire est faite de développements réussis puis remis en question…

« Responsables » suggère les limites de développements diversifiés et territorialisés, prenant en compte les autres, la vie, la planète, dans une durée négociée. A l’analyse, le qualificatif convient mieux que «soutenable», plus globalisant.

 

Cette COP21, institutionnelle et citoyenne, marquera un virage dans la pensée. Maintenant, il n’est raisonnablement plus possible de parler de réchauffement climatique sans se référer aux autres enjeux : justice, paix, équité, droits, solidarité, tolérance, gouvernance, démocraties, cultures, éducations et… biodiversités, autre enjeu essentiel.

Un consensus qui va se confronter aux puissances de l’argent, de la financiarisation, des profits de quelques-uns !

Et pourtant, pour être plus « responsables », il nous faut repenser les développements au regard de l’équité et de la justice.

 Il en va de la paix sur notre planète. Cela, chacun l’a bien entendu.

** Nota : Pour l’éducateur scientifique, il est stupéfiant de constater comment deux idées, « le développement durable » (au demeurant beau slogan pour marketing !) et « l’environnement » ont enflammé toute la planète en quelques années seulement !

Combien de temps pour la tectonique des plaques, l’évolution, la systémique, l’écologie scientifique… ?
Il y a plus d’un demi siècle, Jakobson analysait le processus de communication, puis Barthes introduisait la sémiologie… et nous continuons de « transférer », « diffuser », « programmer », « remplir » des cerveaux comme autant de cruches tenues pour vides et à transformer en « Têtes bien pleines et têtes bien faites » !

Oui, les processus pédagogiques d’éducation doivent être révisés. En ce domaine également, l’évolution des sciences indiquent des voies prometteuses : transdisciplinarité et prise en compte des expertises citoyennes.

 

Le 9 décembre, un nouveau "brouillon d’accord" mondial sur le climat vient d’être publié.  Tous les choix déterminants sont encore [entre crochets].

Paroles aux associations qui témoignent des débats dans l'enceinte NU.

L'association 4D propose un décryptage du texte servant de base à la discussion, en vue d'un accord.

Réseau Climat ne veut pas d’un accord climaticide !

Aurora (Greenpeace) a investi l'espace des négociation au Bourget.

 

  • Ce 8 décembre, Esperanza21 a assisté à l'assemblée générale qui dresse le bilan des négociations de la journée. Pas de quoi se réjouir !!!

Les représentants des citoyens actifs parlent de "bulle", de "hors sol", d'un autre monde... Ils invitent à la mobilisation...
Plus analyste, Nicolas Hulot souligne que, pour lutter contre le réchauffement climatique, il est nécessaire de traiter de pair  toutes les crises : énergétiques, sociales, économiques...  Et il termine en insistant sur l'importance de restaurer les écosystèmes et les biodiversités. Une argumentation que nous apprécions particulièrement.
Mais, cher Nicolas, n'oubliez pas les éducations qui font les citoyens d'aujourd'hui et demain !

A ce propos, donnons la parole à Benjamin Franklin (1706 - 1790)

Oui, un père fondateur de la Constitution américaine ! Précisons : la constitution des Etats d'Amérique du Nord, parlant anglais... Les fameux USA !

Une fable écrite au début du XVIIIème siècle, alors que les Anglais sont colonisateurs de son pays :
"Un bateau partant de Guinée embarqua un jeune lionceau qui devait être offert à un Américain.
L'animal était apprivoisé et aussi inoffensif qu'un chaton, on ne l'enfermait donc pas et on le laissait se promener sur le vaisseau à sa guise.
Le Capitaine possédaitt un dogue anglais imposant, qui, méprisant la faiblesse du jeune lion, lui dérobait sa nourriture avant de la cacher dans sa niche où il faisait mine de se reposer. Le lionceau, malgré tout, grandissait chaque jour en taille et en force.
Le voyage étant long, vers la fin il était devenu un adversaire à la mesure du dogue. Celui-ci persistait dans ses affronts et recut un coup de patte formidable qui lui arracha la peau des oreilles et le dissuada assez fortement de toute future contestation.
Il regretta alors de n'avoir pas recherché son amitié au lieu de provoquer son hostilité.
"

Benjamin Franklin, écrivain, éditeur, scientifique, inventeur du paratonnerre, homme politique...  est réédité en 2013 par "Le livre de poche" : L'art de choisir sa maitresse.

A qui dédier cette fable ?
Aux USA qui en méritent le retour ? Aux spéculateurs de tout genre ? A tous nos élus négociateurs ?
L'histoire répondra, n'en doutons pas ! :-)

 


 

Le 7 décembre 2015, donnons la parole au Réseau Action Climat : Les ministres doivent trancher entre deux visions du monde.
 

Ce dimanche 6 décembre, espérons que les négociateurs ONU se sont bien reposés...
Esperanza21 était au Village mondial des alternatives, à Montreuil.
Les comptes-rendus vont arriver, mais la semaine prochaine est encore semaine de mobilisation citoyenne...

Hier, invités par Terre des  Hommes, nous étions sur le stand de Coordination SUD, espace Générations, au Bourget 93.

 

Le 5 décembre 2015 Eduquer, est-ce politique ?

Hier, était journée Education, en marge des négociations de la COP21.
Une première après 20 éditions, 20 ans = une génération !!!

Mais, les éducations, comme les cultures ont été les grandes oubliées du DD (comprendre « développement durable ») !!! Petit détail, alors que la dynamique relève de réflexions culturelles…
Mais, ce n’est ni le lieu, ni le temps d’argumenter ce sujet qui prête trop souvent à susceptibilités…

Hélas, je n’ai pu participer qu’à la dernière session du jour « Education, levier de la transition ».
Chaque intervenant a largement fait référence à la nécessité de méthodes citoyennes, démocratiques, participatives, collaboratives, créatives… pour une éducation à l’environnement vers un développement durable. La chanson est connue !
Las, personne n’a jugé utile de définir ni « L’environnement », ni le « DD » !

Fort heureusement, nos ami-es Belges, ont introduit la dimension politique.

Quels sont les objectifs des éducations, de tous les âges, intergénérationnelles, de tous les territoires, durant toutes les vies, dans tous les contextes et par tous les médiateurs ou médias… ?

Vous aurez compris qu’il ne s’agit pas de querelles politiciennes ! mais d'enjeux importants...

Oui, nous devons « changer de paradigme », changer de vision !
L’EDD des années Rio 92 ne répond plus aux défis d’aujourd’hui.

Nous devons organiser une transition rapide car les enjeux sont urgents, urgents et graves.
Pas de panique, mais regardons les défis en face !

Nous savons tous qu’aucun « développement » peut-être « durable ». L’histoire regorge d’exemples…

Ce que nous pouvons considérer comme « bon », ici et maintenant, pour une population donnée… ne l’est probablement pas pour d’autres, ni ne le sera encore demain. Aucune stratégie n’est universelle, ni durable !
Ce n’est pas grave, si nous pouvons changer, parler, négocier, évoluer… avec nos singularités et nos identités. C’est la vie !

Il est donc urgent de changer de « paradigme », de paysage culturel… et éducationnel.
En effet, le défi (quel beau mot !) est bien de nous adapter à des conditions environnementales  dont nous n’avions pas perçu toutes les dimensions.

Tous, nous savons que la trajectoire actuelle n’est plus viable. Nous devons changer de route… peut-être même de direction…

La grande question est « COMMENT » ?

Les co-élaborations, la démocratie participante ouvrent une première voie.

Mais, regardons ce qui se passe du coté des sciences.
Aujourd’hui, les chercheurs du vivant se posent la question de repenser l’articulation entre les deux grands domaines de la vie : l’écologie et l’anthropologie.
Comment mieux travailler en commun,  articuler, fédérer, complémenter, mettre en synergies… ?

Et pendant ce temps, l’éducation formelle, qui voudrait préparer l’avenir, compartimente, sectorise, divise, règlemente à l’excès, impose…

Oui, il est urgent de changer de perspectives éducationnelles.

Il suffirait d’adopter cet objectif pour que les forces de progrès se mobilisent et se fécondent.

 

Le 4 décembre 2015 La faute au changement climatique ?

Retour de "l’Espace Générations  climat ", les sentiments (aujourd’hui, il serait bon de dire « les ressentis » !) sont mitigés.

En premier, une impression de luxe, sous bonne surveillance.
Qui s’en plaindrait, en ces temps d’Etat d’urgence ?
En toute confiance,  après avoir gouté l’eau de mon sac à dos… je suis entré , avec sourires !

Des tonnes de conférences, « side events », proposent autant de réflexions d’intérêt majeur… Laquelle choisir ?
J’ai opté pour une réflexion sur les  peuples "autochtones", "originaires", "indigènes", "premiers"… Chaque adjectif à son poids d'histoire politique !

Ces femmes et ces hommes s’organisent pour revendiquer leurs droits. Ils ont bien raison car elles et ils sont menacés, depuis longtemps déjà…

Mais, où se situe la limite, la rupture, le clivage… entre "autochtones" et non ?

 

Voilà une première question importante :
Les éleveurs fromagers des hautes vallées savoyardes (choix de clocher !) qui vivent en symbioses avec leurs environnements « naturels » ne seraient pas des « peuples autochtones » ? Malgré ou avec la pression des stations de ski ? La pression des mines locales ? Les barrages et les villes installé-es en creux de vallée ?

Nous pourrions ainsi évoquer tous les paysans familiaux qui jardinent (amoureusement) notre planète…

 

La seconde est essentielle : Où se situe la limite ? Voire la frontière ?
Quels sont les critères d’inclusion (il fallait que je place the mot !) ou d’exclusion (politiquement moins correct !) ?

 

Et, il en vient une autre, encore  plus existentielle :
Il est bon de s’exprimer, de dire ses amours et ses malheurs…
Mais, comment, d’une opinion partagée, allons-nous passer à une analyse lucide, puis à une organisation active, efficace ?
Comment rendre perméable la membrane qui sépare les émetteurs d'idées et de d'arguments des programmateurs de décisions et d'actions ? Osmose ou diffusion ? Nos cellules le font en permanance jusqu'à leur mort... De quoi nous inspirer !

A coté, dans la « zone bleue UN», les négociateurs s’expriment, se concertent, s’allient, débattent, mesurent, comptent, analysent… et vont proposer une « synthèse ».
Une synthèse pour tous ! Donc, pour nous… Pour Nous aussi !

La question devient donc : « Comment pouvons-nous nous organiser pour agir ? »

Car, le changement climatique n’est pas responsable de tous les malheurs du monde.
Il est une conséquence d’activités insupportables. Et ce n’est pas « durable » !

Nous devons faire le tri entre les faits et leurs conséquences.

La solution, nous la connaissons tous : « abandonner  l’exploitation des gisements carbonés (progressivement…  le qualificatif aurait-il parenté avec le progrès ?)  et nous réconcilier avec les biodiversités ». Comment le faire ? Comment y parvenir ? Par quels accords ? Avec qui ? Contre qui ? angry

 

Il reste encore une dizaine de jours… de négociations !
smiley Longue vie à vous  smiley

 

 

  • Le 1er décembre, second jour de la COP 21.

L'inspiration n'est pas au rendez-vous... Probablement suite aux débordements Place de la République, à Paris, le dimanche 29 novembre. Ils ne peuvent que susciter de multiples interrogations...

Politis.fr en fait un descriptif assez détaillé et imagé.

A propos d'images, celles du jour d'hier sont affichées sur le site du Ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie.

Le décorum est planté. Espérons que le scénario sera bon !

smiley Bons vents & bonnes négociations smiley

 

Le 29 novembre 2015, nous marchons pour l’avenir… et pour notre santé smiley

Climat : Il change et ce n’est pas nouveau !
Ce qui est nouveau, c’est qu’il change sous l’effet des activités d’une espèce : Homo (pas très) sapiens !

Les scientifiques ont établi un lien direct entre le taux de CO2 dans l’atmosphère et la température globale de la Terre.

 L’élévation de la température, comme la fièvre, se traduit par des évènements extrêmes (cyclones, sécheresses), la fonte des glaciers, l’élévation et l’acidification de l’océan, la mort chez de nombreuses espèces…

Impératif : Maintenir en dessous de 400 ppm le taux de CO2 atmosphérique, soit moins de 2°C d’augmentation de la température globale.

Les + 2°C, en moyenne, sont déjà inévitables !
La question est de savoir à quelle échéance : 2 030 ? ou 2 100 ?

Ce qui n’est rien dans l’histoire de la vie…
Nos enfants le subiront, et nos petits enfants encore plus !

Des équations complexes, mais le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) indique la voie de résolution du problème :
Ne pas extraire 30% des hydrocarbures connus, 50% du gaz, 80% du charbon, car il ne faut plus augmenter le taux de CO2 dans l’atmosphère et dans l’océan.

 

Biodiversités : Plantes, animaux et microorganismes sont sensibles à la température.

Beaucoup d’espèces, ou d’individus, ne résistent pas à son élévation trop rapide et brutale.

Forêts abattues, sols épuisés, océans surpêchés…beaucoup d’écosystèmes sont surexploités.

Les pollutions physiques et chimiques envahissent de vastes territoires…

Nos écosystèmes sont sous pression, partout sur la planète…

Ce sont de grands risques pour nous, notre santé et notre avenir !

 

Impératif : mieux nourrir 10 milliards d’humains…

Esperanza21 affirme qu’il faut absolument préserver le maximum de biodiversités et d’écosystèmes, car ils sont notre histoire et l’essence de notre vie actuelle…
Ils sont garants de notre avenir J

 

Sociétés : En 2 siècles seulement, la population humaine passera de 1 à 9 milliards de personnes, 1850 > 2050 !

Depuis 5 siècles, mais surtout depuis 50 ans, les communications et les échanges ont abouti à une mondialisation qui change profondément le fonctionnement et la survie de nombre de sociétés.

 

Aujourd’hui, 1 milliard de personnes ont faim, à en mourir ! Combien demain ?

Aujourd’hui, 3 milliards de personnes sont mal nourries ! Combien demain ?

Aujourd’hui, 2 milliards de personnes ont de la difficulté pour trouver de l’eau ! Combien demain ?

Aujourd’hui, 2 milliards de personnes souffrent d’extrême pauvreté ! Combien demain ?

Aujourd’hui, combien de personnes meurent prématurément des effets de pollutions ?

Combien de personnes devront quitter leur pays pour continuer à vivre ?

 

Impératif : réduire les inégalités insoutenables, créer des modes de solidarité efficaces.

Vivre dans un monde en paix et en sécurité.

 

Nous devons changer nos modes d’organisation, de production et de consommation…

Cela nécessite une meilleure information et des éducations plus efficientes.

 

Nous pouvons nous ressaisir.

Pour cela, nous avons besoin de la détermination active de nos élus…

Nous sommes en attente de sagesse et raison de la part des dirigeants d’entreprises.

 

Durant toute la COP 21, nous serons mobilisés pour le leur rappeler smiley

 

Le 27 novembre 2015
Ensemble, nous sommes une force immense ! Appel d'Alternatiba
Le Collectif des Associations Citoyennes communique à propos de l'Etat d'urgence.

 

En ce 21 novembre,
Esperanza21 va vers ses 6 mois !

Est-elle vieille comme le monde ?
Ou bien éphémère comme un papillon ?
Son destin appartient à chacune et chacun,
selon son regard, selon son tempo…

 

Esperanza21 est porteuse d’avenir !
Comme une langue,
elle offre le meilleur… au risque du pire !
Elle se décline en langages, poèmes, prose ou slogans…
Elle exprime nos réflexions.
Pour elle, vos avis sont vitaux !

Elle diffuse, développe, entrecroise arguments et convictions,
elle colporte probablement quelques erreurs et mal entendus…
Exprimés, ils peuvent être corrigés !

Sa date de naissance officielle : 25 mai 2015 !
Et la voilà déjà adulte !
Prête à s’exprimer dans les débats de la COP21

Nous, ses parents, en sommes heureux
car les réflexions de cette conférence,
celles qui se nourriront de multiples expériences parallèles…
toutes ces paroles marqueront probablement le cours de notre histoire.

 

Une histoire aujourd’hui attristée,
malmenée par de lâches attaques criminelles !
Une histoire qui ne devrait pas être menacée par un Etat d’urgence…
Une histoire de démocratie que nous défendrons becs et ongles…

Esperanza21 souhaite que tous les enjeux majeurs soient abordés :
Le climat, les biodiversités, les inégalités, les droits…
La santé et la sécurité,
l’alimentation, un air sain, une eau potable,
des menus en quantité suffisante et de bonne qualité,
des écosystèmes dynamiques et variés…
Des éducations modernes, partagées, concrètes…
Une démocratie participative, collaborative, tolérante…

Esperanza21 souhaite porter vos questions et propositions
à propos de ces enjeux, tous liés entre eux.

Tous ces paramètres de notre vie en sociétés
doivent être discutés, organisés, interrogés en permanence

Nous ne pouvons plus subir le dictat de quelques profiteurs !

Nous voulons que cessent les traitements inhumains,
les surexploitations cupides, les gaspillages scandaleux...

Nous, Esperanza21, voulons vivre ensemble, solidairement,
dans des environnements sains et apaisés,
en cultivant les biodiversités dont nous sommes nés,
en partageant nos idées et discutant nos convictions

 

le 16 novembre 2015 Esperanza21 est en deuil !

En deuil des nouvelles victimes innocentes d'un terrorisme barbare, au cœur de Paris ce 13 novembre 2015 !

En deuil, des milliers de personnes qui sont mortes de faim dans le monde, ce même 13 novembre 2015,

En deuil, des milliers de personnes mortes prématurément des conséquences des pollutions,

En deuil, des milliers de personnes mortes de violences issues de conflits territoriaux,

En deuil, des milliers d'espèces victimes quotidiennes de nos activités inhumaines,

En deuil, des milliers d'hectares de forêts détruites, hier ou demain, pour des intérêts particuliers,

En deuil, des milliers d’hectares de fonds sous-marins dévastés pour quelques maigres poissons,

En deuil, de tant de maltraitances subies chaque jour,  hier vendredi 13 novembre 2015, comme ce samedi 14 novembre, comme... chaque jour, toujours !

Esperanza21 est en deuil !

Mais, elle œuvre  pour qu'une nouvelle organisation fasse prospérer nos valeurs de convivialité, de solidarité, de coopération, d'amitié, d'écoute, de fraternité et de liberté.

La COP 21, tous nos représentants élus, toutes les entreprises, nous tous, citoyens du monde...

portons la lourde responsabilité de la réconciliation apaisée de l'Homme avec ses environnements, naturels et sociétaux, en valorisant au mieux la diversité des humains et de leurs cultures.
 

En tolérance des autres, mais sans faiblesse face à toutes les prédations !

En deuil, Esperanza21 reste confiante

et vous remercie de votre solidarité. 16 novembre 2015
 

le 14 novembre 2015, Hier, Esperanza21 mettait en ligne, sur You Tube,

les paroles de convivialité, de solidarité, de coopération, d'amitié,

portées par Roland Gérard lors d'Alternatiba Paris 2015

https://www.youtube.com/watch?v=fyDyE_gARdk

Hier, éclatait à nouveau, en plein Paris, l'horreur de la barbarie.

Esperanza21 est en deuil !

Avec elle, nous serons persévérants dans l'écoute, l'initiative, la fraternité et la liberté.

Avec elle, nous poursuivrons, à notre échelle,

notre objectif de réconciliation apaisée de l'Homme avec ses environnements,

nécessaire et favorable à sa réconciliation avec ses semblables, dans leur diversité.
 

Esperanza21 vous serre dans ses bras

  •  
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  • (12 novembre 2015) Pourquoi le message de l'urgence climatique a tant de mal à passer ?
  • Si les constats de l'ampleur des crises qui affectent nos environnements, nos santés, la biodiversité, l'air, l'eau, les sols, le climat, font de plus en plus consensus dans les sphères de la recherche...
     
  • Si nous sommes désormais de plus en plus nombreux à le savoir...
  • - Pourquoi l'urgence de la transformation de nos comportements a-t-elle tant de difficulté à atteindre un bon nombre de citoyens ? Et aussi beaucoup de nos élus? 
  • - Pourquoi, ceux qui ne se sentent  pas prêts à prendre eux mêmes l'initiative de ces transformations, ne font-ils pas clairement savoir aux dirigeants ce qu'ils attendent d'eux :  des mesures fortes pour se tourner résolument vers des modes de vie plus sobres, plus respectueux de la planète et de toutes les formes de vie qui l'habitent ?
     
  • L'information serait-elle trop catastrophiste? Trop complexe?
  • Ou, au contraire, trop édulcorée  pour la  dédramatiser ?
  • «Arrêt sur image» a posé ces questions et tenté d'y répondre à propos de la thématique du dérèglement  climatique:
  •  http://www.arretsurimages.net/emissions/2015-11-06/Climat-L-ours-blanc-n...
  • Esperanza21 (http://esperanza21.org/obstacles)  a aussi développé une analyse des obstacles à la compréhension de la situation de crise et à la prise de décision, plus particulièrement à propos de l'effondrement de la biodiversité et de ses causes.
  • «Le plus inquiétant, ce n'est pas tant la disparition d'espèces, mais l'effondrement du nombre de spécimens de la plupart des espèces non encore disparues» rappelle inlassablement Gilles Boeuf.
  • Ce rappel a entre autres mérites, celui de souligner que seuls les problèmes bien posés trouvent des solutions adaptées. Or, bien poser un problème est le fruit d'un apprentissage réussi.
  • L'éducation de tous, tout au long de la vie est plus que jamais une nécessité d'actualité flagrante.
  •      Bons vents, Esperanza21
  •  
  • (8 novembre 2015) "La COP21, négociation politique, sera-t-elle scientifique ?"
  • Au lendemain du colloque « Comment penser l’Anthropocène ? » au Collège de France, revient en mémoire le débat organisé lundi dernier, 2 novembre, sur une chaine TV d’information continue : "COP21, politique ou scientifique ?"
  • Les  invités sont présentés comme deux "scientifiques" (dont Jean Jouzel) d'une part, contre 2 "climato-sceptiques" (dont l'un soulignera d'ailleurs, en cours d'émission, qu'il est scientifique).
  • Avec une telle scène (un tel ring ?), il n’est pas étonnant que le débat (le combat ?) finisse dans les invectives et les (petits) gros mots !
  • En effet, une telle présentation, à caractère spectaculaire, amène fatalement à une confrontation idéologique, assez stérile « conviction contre conviction » !
  • Selon Bruno Latour, parler climat avec un climato-sceptique est comparable à parler d’évolution avec un créationniste !
  • Mais, revenons à la question posée : "COP21, politique ou scientifique ?", probablement excellente pour stimuler l’audience !
  •  
  • Au plan citoyen, elle peut inquiéter…
  • La COP21 est en effet une négociation politique, clairement annoncée comme telle par les organisateurs, ONU et Etats participants. Il en sortira des accords ou désaccords ‘’politiques’’.
  • La question est donc : "La COP21, négociation politique, sera-t-elle scientifique ?"
  •  C’est-à-dire, prendra-t-elle suffisamment en compte les données scientifiquement établies ?
  • Nous pourrions l'espérer ! Nous pouvons en douter ! En tous cas,  nous devons l'exiger!
  • C’est le but des mobilisations de nombreux citoyens actifs. (formulation préférable à «société civile » !).
  • Cet épisode désigne, pas très bien, la problématique des relations entre chercheurs d'une part, entre les savoirs scientifiques avérés et les décisions ou orientations politiques d'autre part. 
  • Il  pose également la question de la responsabilité des médias dans les dynamiques culturelles, éducationnelles et politiques…
  • Il ressort clairement du colloque « Comment penser l’Anthropocène ? » que le débat n’est plus scientifique, il y a consensus, mais que l’enjeu est celui de la gouvernance, d’une gouvernance mondiale avec des règles acceptées par tous.
  • Comment les médias, dans leur diversité, en porteront-ils les témoignages ?
  • La COP 21 sera-t-elle présentée comme une joute oratoire ?
  • Comme la confrontation de représentants d’Etats ? de Nations ? de citoyens ?
  • Ou bien, comme la recherche commune, à long terme, d’une organisation, d’un « mieux vivre » en faveur de tous ?
  •  Hélas, la réponse est loin d’être certaine!
  • Essentielle pour l'avenir de la biodiversité, dont l'espèce humaine fait partie, elle pose de façon aigue les questions de la place et du rôle des cultures et des éducations.
  • Bons vents, Esperanza21 le 8 novembre 2015
  •  
  • (1er novembre 2015) "Le livre blanc de la jeunesse" Les enfants ont la parole, sur France Info
  • Un évènement qui devrait être banal... En effet, quoi de plus normal que de demander leur avis à tous ceux qui sont concernés ?
  • Mais dans le contexte de déficits de plus en plus graves et flagrants de notre Démocratie, cela devient un évènement!
  •  
  • Aussi, ne boudons pas notre plaisir: une chaine nationale de radio, France Info, a sollicité des jeunes collégiens de tous les pays pour réaliser  "Le livre blanc de la jeunesse", compilant leurs idées et propositions de solutions pour endiguer le réchauffement climatique.
  • Ils l'apporteront mardi 3 novembre à l'Auditorium de France Inter.
  • Ce livre sera ensuite remis aux organisateurs de la COP 21 pour faire entendre la voix des enfants auprès des dirigeants du monde entier.
  •  
  • Comme pour le reste, cela peut n'être qu'un coup de pub, du "faire semblant", et du" cause toujours, je n'en ai rien à faire"...
  •  
  • Esperanza21, elle, aspire à cette transformation urgente des éducations, afin qu'elles deviennent très vite modernes, partagées, concrètes, à la hauteur des enjeux…
  • Les enfants, adolescents et jeunes adultes, doivent pouvoir être de véritables acteurs de leur vie présente et future. Ils doivent acquérir les outils pour contribuer à réorganiser le monde pour qu'il devienne plus sain et respectueux de l'ensemble de nos environnements, de l’ensemùble du Vivant.
  • ÉCOUTER L’ÉMISSION disponible jusqu'au 05/03/2018
  • http://www.franceinfo.fr/emission/france-info-junior/2015/cop21-les-enfa...
  • Une classe parisienne de CM1 a posé des questions à Pierre Radanne, président de 4D, sur France Info junior
  • Bons vents, Esperanza21 le 1er novembre 2015
  •  
  • Bon jour, (28 octobre 2015)
  • Heureux de vous rencontrer ou de vous retrouver sur votre site "Esperanza21"
  • Alors que la Cop21 approche (J - 33), il nous fallait un moyen
  • de communiquer plus directement et de parler "actualité",
  • en attendant que nous soyons en mesure de mettre en fonction les forums.
  • Merci à Sylvain, notre webmaster dévoué, de nous le permettre.
  • Par exemple, nous vous recommandons le film "La glace et le ciel"
  • qui relate l'aventure scientifique de Claude Lorius et ses partenaires, en Antarctique.
  • Elle a permis de retracer l'évolution du climat depuis plus de 400 000 ans.
  • Et de nous alerter sur les conséquences de activités humaines,
  • productrices de gaz à effet de serre (GES) dont le CO2.
  • Par ailleurs, nous observons avec satisfaction qu'aujourd'hui, dans les conférences ou les débats,
  • la question climatique est quasi toujours accompagnée d'une réflexion sur l'érosion de la biodiversité
  • et l'importance des inégalités sociales.
  • C'est notre objectif principal. Il est loin d'être gagné !
  • Vous pouvez nous écrire à "Contact@esperanza21.org"
  • Bons vents, Esperanza21, le 28 octobre 2015
  •  

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